Anciennes méditations, prières, poésies, textes divers

« J'enlèverai votre cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. » (Ez 36.26)
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etienne lorant
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Lampe pour mes pas...

Message non lu par etienne lorant » mar. 27 oct. 2009, 19:56

"C'est Toi, ma lampe, mon Dieu, éclaire ma ténèbre" (Ps 18:29)

Tandis que les jours raccourcissent et que la nuit semble envahir les places, les rues, les couloirs, je me tourne vers le Seigneur, dont la Parole est bien "la lampe pour mes pas et la lumière pour ma route". De sorte que je ne serai pas seulement guidé pour traverser cette soirée et cette nuit, mais aussi toutes les soirées et les journées qui suivront aussi. Et certains jours sont comme des nuits, mais certaines nuits seront illuminées, car la Lumière a sa place dans le coeur, jour et nuit. La confiance, c'est de veiller. Par moi-même, je ne suis que la mèche de la lampe, une mèche qui attend la grâce, la grâce qui est souffle de l'Esprit, et l'Esprit qui est Vie. Viens, Seigneur Jésus !
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Le temps des lampes allumées

Message non lu par etienne lorant » lun. 09 nov. 2009, 18:39

"Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation" (Matth. 26, 41)

Lorsqu'il dit ses mots, Jésus est au coeur de son agonie à Gethsémani, et il s'adresse aux disciples qui se sont endormis d'un sommeil d'abattement, un sommeil qui est comme un refuge contre l'angoisse. Jésus ne leur a-t-il pas prédit au cours de la dernière cène: "En vérité, je vous le dis, je ne boirai plus du produit de la vigne jusqu'au jour où je boirai le vin nouveau dans le Royaume de Dieu." C'est assez explicite pour indiquer que cette Pâques cache un événement décisif... Les disciples ont tout de même retenu cette parole qu'ils nous livrent, et nous sommes tous appelés à veiller et prier. La tentation est toujours proche si nous ne veillons pas et la prière est la meilleure façon de veiller. J'y ajouterai facilement: le fait de pardonner à ceux qui nous ont causé de la peine, chercher le bien dans les devoirs d'état, respecter une discipline de vie et de demander la grâce d'actes de miséricorde. Il faut encore veiller, me sus-je dit, à couper sa télévision afin de ne pas entrer dans l'esprit du monde (du "siècle" comme on disait autrefois). La majeure partie des programmes, désormais, sont "négativistes". C'est-à-dire qu'il n'y a plus ni bien, ni mal, mais uniquement de l'information. Tout est neutre, mais neutre c'est gris... comme une poussière qui s'infiltre partout et engourdit la conscience.

Jésus dit bien: "entrer en tentation"... cela ressemble fort à un glissement, d'abord insensible, mais en réalité d'autant plus rapide, jusqu'au moment où l'on se retrouve en pleine tentation. Hélas, j'ai assez expérimenté ce processus ! Il suffit d'un peu d'ennui, le manque de travail, ou tout au contraire: un gain inattendu, une sensation de bien-être qui entraîne à "rajouter de la sauce" sur son plat du jour.

Seigneur, que ce mois de novembre soit donc le mois des lampes allumées ! Ne vivons pas comme si nous avions du temps devant nous, car le temps est devenu court dès le moment où nous avons cru.
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Anciennes méditations, prières, poésies, textes divers

Message non lu par etienne lorant » lun. 25 déc. 2017, 18:38

Présentation-Introduction



Des personnes proches, qui ne disposent pas d'un ordinateur et qui s'estiment trop âgées pour y venir, m'ont demandé de leur imprimer quelques-uns de mes partages. Comme je me suis senti flatté ! Et j'ai donc laissé tourner l'imprimante. Puis je suis passé à la relecture...

Horreur et stupéfaction ! J'ai trouvé des phrases trop lourdes, de multiples répétitions, des mots passe-partout (chose, faire, arranger, etc.), des expressions qui me dérangent (quoi qu'il en soit, toujours est-il que, encore faut-il que, etc.) Sans rien dire des fautes d'orthographe, des phrases à six lignes sans la moindre pause, des erreurs de subjonctifs, des omissions de prépositions, etc . Je me suis mis au travail d'abord au crayon, puis au traitement de texte.

Au moment d'imprimer de nouveau, j'ai manqué d'encre. Ensuite, j'ai décidé de ne garder que le meilleur, puis j'ai changé d'avis: c'est tricher, il faut l'un et l'autre, comme dans ma vie. Au bout de trois semaines, j'ai péniblement "accouché" d'un petit fascicule de vingt pages. J'avais lu cette note chez Julien Green : "Trois heures pour avancer mon roman de six lignes"... mais il ne s'en plaignait pas. Lui-même s'était jugé en écrivant: "je suis un paresseux qui travaille". (Paresseux ? Qu'est-ce que je devrais dire!) Mais le bouquet, c'est qu'en effectuant des corrections, je crains de perdre le principal, qui consiste à poursuivre, à écrire encore, à me laisser inspirer et me raconter, à me libérer dans l'écrit et laisser le Seigneur employer ce pauvre instrument, le seul que j'ai pour Le servir... Soudain, je me rends compte de la situation de ce mauvais intendant, celui qui n'avait reçu qu'un seul Talent et qui l'avait enterré enveloppé dans un tissu: "Voilà, Seigneur, tu as ce qui t'appartient". Faux ! Les dons de Dieu qui restent inemployés s'épuisent et se dégradent et celui qui n'a rien à rendre en plus, ne peut même pas justifier le peu qu'il a ! Il faut travailler plus, encore et toujours

Etienne Lorant
Dernière modification par etienne lorant le lun. 25 déc. 2017, 19:08, modifié 2 fois.
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Re: Anciennes méditations, prières, poésies, testes dives

Message non lu par etienne lorant » lun. 25 déc. 2017, 18:48

Donner c'est aussi recevoir


Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc (Lc 6, 36-)
Jésus disait à la foule: "Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux.
Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés.
Donnez, et vous recevrez : une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans votre tablier ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous. »


Pour un homme qui donne à son prochain, la mesure dont il s'est servi sera toujours un peu courte, et cependant, même ainsi, il aura difficile d'arracher son aumône à la dureté de son coeur. Néanmoins, à la fin, il recevra plus que ce qu'il a donné lui-même. Pourquoi?
Parce ce n'est pas le prochain - celui qui a reçu l'aumône, qui rendra le bienfait, mais c'est le Père ! C'est une mesure de générosité. Celui qui voit dans le secret a vu la peine que s'est donnée le bienfaiteur, Il a vu son débat intérieur, Il a vu l'obole de la pauvre veuve: elle est ridicule comparée à toutes les autres, mais c'est elle qui a déposé le plus, car elle a mis "tout son nécessaire". Il lui sera donc rendu plus qu'à tous les autres. Le texte dit aussi que cette mesure sera "bien pleine, tassée, débordante", ce qui montre bien la largesse du Seigneur.
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Re: Anciennes méditations, prières, poésies, testes dives

Message non lu par etienne lorant » lun. 25 déc. 2017, 19:28

Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc (Lc 6, 36-)

36i Jésus disait à la foule: "Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux.
37 Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés.
38 Donnez, et vous recevrez : une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans votre tablier ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous. »



Pour un homme qui donne à son prochain, la mesure dont il s'est servi sera toujours un peu courte, et cependant, même ainsi, il aura difficile d'arracher son aumône à la dureté de son cœur. Néanmoins, à la fin, il recevra plus que ce qu'il a donné lui-même. Pourquoi?
Parce ce n'est pas le prochain - celui qui a reçu l'aumône, qui rendra le bienfait, mais c'est le Père ! C'est une mesure de générosité. Celui qui voit dans le secret a vu la peine que s'est donnée le bienfaiteur, Il a vu son débat intérieur, Il a vu l'obole de la pauvre veuve: elle est ridicule comparée à toutes les autres, mais c'est elle qui a déposé le plus, car elle a mis "tout son nécessaire". Il lui sera donc rendu plus qu'à tous les autres. Le texte dit aussi que cette mesure sera "bien pleine, tassée, débordante", ce qui montre bien la largesse du Seigneur.
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Re: Anciennes méditations, prières, poésies, testes dives

Message non lu par etienne lorant » lun. 25 déc. 2017, 19:31

Evangile de Jésus-Christ selon saint Marc (Mc 8, 27-33)

27 Jésus s'en alla avec ses disciples vers les villages situés dans la région de Césarée-de-Philippe. Chemin faisant, il les interrogeait : « Pour les gens, qui suis-je ? »
28 Ils répondirent : « Jean Baptiste ; pour d'autres, Élie ; pour d'autres, un des prophètes. »
29 Il les interrogeait de nouveau : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre prend la parole et répond : « Tu es le Messie. »
30 Il leur défendit alors vivement de parler de lui à personne.
31 Et, pour la première fois, il leur enseigna qu'il fallait que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu'il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite.
32 Jésus disait cela ouvertement. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches.
33 Mais Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »



Marc réussit le raccourci extraordinaire (mais souvent source d'introspection en profondeur pour le lecteur) de poser Pierre déclarant ouvertement que Jésus est le Messie, en même temps qu'il le montre se faire traiter, devant tous les autres, de "Satan" par le Christ ! Puisque Jésus demande par ailleurs: qui dîtes-vous que je suis ?, je répondrai pour moi-même... en priant le Seigneur de me garder dans l'humilité. Je me crois donc capable de reconnaître aussi Jésus comme le Messie, et le Messie présent dans ma vie d'instant en instant d'une manière que je ne puis expliquer. Et en même temps, je ne cesse de me reprocher mon incrédulité "massive", mon penchant à toujours revendiquer, ma crainte devant le monde, ainsi que mon ego si difficile à réduire.

En relisant le texte, il me semble que Jésus, en parlant de tous ces malheurs auxquels il est destiné, jusqu'à la Résurrection, a cherché d'emblée à soulever la pierre d'achoppement sur laquelle Pierre, Pierre l'élu, va trébucher aussitôt, lamentablement, devant tous les autres réunis. Il me semble qu'à travers Pierre et les disciples, Jésus veut ainsi s'adresser à nous tous et nous prévenir: "Attention, méfiez-vous de vos pensées, aussi élevées qu'elles soient, car vos pensées sont toujours des pensées d'homme". Et j'ajoute ceci que j'ai lu dans les pages de ma formation théologique: les mystères divins sont là pour être sondés, aussi profondément que l'homme le peut, mais jamais pour être éclaircis, solutionnés. Autrement dit: même notre renaissance dans la vié éternelle, après la mort, ne nous apportera pas la "soluce complète" (comme disent les amateurs de jeux vidéos): la Vérité est la Vérité parce qu'elle est insondable. La Vérité est le principe même de la vie, de toutes les formes de vie, et ce mystère restera mystère - mais pour l'adoration parfaite et la parfaite félicité.

Du reste, s'il n'en était pas ainsi, nous cesserions vite d'aimer, car l'amour ne demeure que dans une quête perpétuelle : si l'autre n'est plus capable de m'étonner, de me surprendre, comment l'aimer encore ?
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Re: Anciennes méditations, prières, poésies, testes dives

Message non lu par etienne lorant » lun. 25 déc. 2017, 19:37

Evangile de Jésus-Christ selon saint Marc (Mc 6, 14-29)
25 Aussitôt la jeune fille s'empressa de retourner auprès du roi, et lui fit cette demande : « Je veux que tout de suite tu me donnes sur un plat la tête de Jean Baptiste. »

De tout le long texte où Marc rapporte les circonstances de la mort de Jean, j'ai retenu ce seul verset car il montre qu'un homme, quels que soient sa fortune et son pouvoir, s'il n'est pas soumis au Seigneur, n'arrivera pas à se dégager de situations semblables à celle-ci. Hérode est prisonnier de ses pulsions, mais non seulement cela, il se voit contraint de faire exécuter le Baptiste sur le champ et d'exposer sa tête de la manière indiquée. C'est qu'il a exagéré son propre pouvoir au point que s'il n'avait pas obéi, toute sa cour l'eut considéré comme un faible.

Ce qui me fascine c'est d'une part qu'un homme de Dieu tel que Jean peut être mis à mort de manière sordide et pour des raisons aussi futile: un jeu de séduction d'une part et une imprudence de langage de l'autre. Mais plus fascinant encore, du moins pour moi, c'est l'état de péché - c'est-à-dire aussi de faiblesse d'Hérode. Cet homme est roi et il n'a pas hésité à trucider les enfants de Bethléem dans le but de faire périr Jésus et de préserver son pouvoir. Mais ce pouvoir, qu'il aime par dessus tout le reste, à quoi tient-il en fait ? Hérode n'est même pas maître de ses désirs, comment conserverait-il le contrôle de ses sujets ?

Le vainqueur de l'histoire, de la petite histoire comme de la grande, c'est bien Jean. Avant même son exécution, le baptiste, totalement soumis à Dieu, était déjà en possession du Royaume. Il entre d'emblée dans la lignée des saints martyrs de la foi. C'est-à-dire vraiment qu'à partir de l'ère chrétienne, la définition même du pouvoir est remise en question. Naturellement, les hommes feront vite des distinctions entre "pouvoir temporel" et "pouvoir spirituel", mais dans la pratique, au jour le jour, un vrai maître c'est quelqu'un qui s'est soumis de lui-même et "à la vie à la mort" à une Loi qui ne vient pas des hommes mais de Dieu seul. Il n'existe pas de contraintes possibles sur de tels croyants. Jésus en parlera à Nicodème et lui donnera la leçon que je repends ici:

"Ne sois pas étonné si je t'ai dit qu'il vous faut renaître. Le vent souffle où il veut : tu entends le bruit qu'il fait, mais tu ne sais pas d'où il vient ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né du souffle de l'Esprit. »

Notre baptême est une renaissance. Si nous avions réellement conscience, dans la foi, de ce que nous avons reçu par notre baptême, nous serions tous comme Jean le Baptiste. Mais le sommes-nous ?
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Re: Anciennes méditations, prières, poésies, testes dives

Message non lu par etienne lorant » mar. 26 déc. 2017, 21:31

PSAUME 56 :
Je suis au milieu de lions et gisant parmi des bêtes féroces ; ils ont pour langue une arme tranchante, pour dents, des lances et des flèches.

Voilà ce que l'on pourrait dire lorsqu'on se sent dénigré ou attaqué de toutes parts. Mais il ne faut pas oublier que nous pouvons très bien être nous-mêmes ces lions et ces bêtes féroces, car il y a toujours certaines paroles en nous capables de trancher au point qu'aucune réconciliation n'est plus possible. Comment donc survivre en milieu hostile sans devenir soi-même une bête féroce ? C'est uniquement l'entente profonde avec Dieu qui permet cela, une relation cultivée avec soin, comme on cultive son jardin secret. Aujourd'hui, j'ai dit à mon confesseur: je suis un homme heureux, car si j'avais des péchés assez nombreux pour remplir toute une page, il m'en faudrait trois pour dire aussi - et ce ne serait qu’ humilité, toutes les grâces obtenues dans le même temps !

D'un sacrement à l'autre, de la nuit à la lumière, sans que quiconque sans doute dans l'entourage: n'est-il pas curieux de vivre ainsi ? Pour moi, désormais, c'est tous les jours. Tous les jours, j'entends des personnes hostiles et agressives, qui ont des solutions radicales (et souvent mortelles) pour venir à bout des problèmes de société. Ils en parlent à voix haute comme s'ils avaient besoin de mon auditoire, comme si j’allais les approuver. Mais je garde le silence - ou plutôt, comme dit un personnage de Bernanos: c'est le silence qui me garde !
Et, parfois, comme l'auteur du Psaume, comme certain(e)s parmi nous sur ce forum (dans leur milieu de travail) je me sens comme "gisant" au milieu d'une faune d'hommes que le monde a changé en rapaces... Seulement, cette vie-là, je sais désormais que ce n'est plus vraiment ma vie. Ma vie, elle commence le matin par une prière à Dieu, et s'achève le soir en un remerciement. Cette vie qui est une autre vie, mais qui colle à la première comme un film transparent et invisible, c’est l’espérance envers et contre tout. Et l’espérance n’est pas quelque chose qui peut s’acquérir par l’exercice, mais c’est un don gratuit de Dieu.

Louez et bénissez mon Seigneur, rendez-lui grâces et servez-le avec grande humilité…
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Re: Anciennes méditations, prières, poésies, testes dives

Message non lu par etienne lorant » mar. 26 déc. 2017, 21:46

Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 8, 28-34)

28 Comme Jésus arrivait sur l'autre rive du lac, dans le pays des Gadaréniens, deux possédés sortirent du cimetière à sa rencontre ; ils étaient si méchants que personne ne pouvait passer par ce chemin.
29 Et voilà qu'ils se mirent à crier : « Que nous veux-tu, Fils de Dieu ? Es-tu venu pour nous faire souffrir avant le moment fixé ? »
30 Or, il y avait au loin un grand troupeau de porcs qui cherchait sa nourriture.
31 Les démons suppliaient Jésus : « Si tu nous expulses, envoie-nous dans le troupeau de porcs. »
32 Il leur répondit : « Allez-y. » Ils sortirent et ils s'en allèrent dans les porcs ; et voilà que, du haut de la falaise, tout le troupeau se précipita dans la mer, et les porcs moururent dans les flots.
33 Les gardiens prirent la fuite et s'en allèrent en ville annoncer tout cela, avec l'affaire des possédés.
34 Et voilà que toute la ville sortit à la rencontre de Jésus ; et lorsqu'ils le virent, les gens le supplièrent de partir de leur région.

Jésus franchit les limites d'Israël, et d'emblée, il tombe sur deux hommes possédés par des démons, lesquels les ont à ce point sous leur contrôle que personne n'ose s'approcher du cimetière où ils résident, en y rôdant déjà comme s'ils étaient devenus de vivants fantômes. "Ce n'est pas le temps fixé !", se plaignent les démons - parce qu'ils savent que le salut est d'abord apporté aux Juifs. Jésus ne répond pas, il n'entre pas en dialogue avec eux, voilà qui doit retenir notre attention. A la fin du récit, même les porcs ne supportent pas les démons et préfèrent d'eux mêmes se précipiter dans la mer.


En lisant cet Évangile, j'ai songé à mon ami Pascal, à qui j'avais présenté sa future femme, dans les années 80. De tous ceux que j'avais croisés, Pascal était semble-t-il le seul à avoir surmonté son origine incertaine: né de père inconnu et issu d'un milieu difficile, il avait été placé très tôt dans une institution de protection de la jeunesse. Au début des années 90, il avait réussi, il était devenu contremaître d'une usine d'extrusion de PVC, il était spécialisé dans les réglages des machines, ce qui faisait de lui un homme "incontournable". Marié, trois beaux enfants, dont deux grands sportifs. Chaque année, j'étais invité par le couple à leur table.

Et puis, en l'espace de deux ans, Pascal a dégringolé. Je n'en ai rien su jusqu'au moment où j'ai appris qu'il s'était pendu. Ensuite, j'ai mené ma propre enquête... Pascal doutait de lui-même: il était, à l'intérieur, tout ce qu'il ne montrait pas à l'extérieur. Miné par la question de savoir qui était son père, il avait fini par consulter des médiums et des voyants. (S'il n'était pas venu me voir, m'a dit sa veuve, c'est justement parce qu'il me savait catholique !) Nous avons sauté un repas annuel, ce qui ne m'a pas inquiété outre mesure. C'est après sa mort que j'ai appris: son comportement avait totalement changé : il ne buvait pas, il était devenu ivrogne; il ne fumait pas, il s'y était mis; il était fidèle avant, il courrait les jupons ensuite; il s'était également procuré un livre de magie blanche.

Véronique, son épouse, s'est lassée, d'autant que quelques gestes violents avait remplacé le dialogue dans le couple. Elle partie, avec les enfants, il était rapidement tombé en dépression, et avait suivi plusieurs cures de sommeil (j'ai su que bien souvent ces cures servent à tester de nouveaux médicaments...) C'est pour ne pas retomber en milieu hospitalier, d'après un mot trouvé près de son corps, que Pascal s'est pendu. Cependant, ne pouvant m'imaginer son au-delà sans la miséricorde, je m'étais rendu au funérarium et j'avais communié devant lui. Dans les derniers mois de sa dérive, toujours d'après Véronique, Pascal avait beaucoup parlé de Jésus et d'une meilleure vie possible... cela m'a suffi pour croire qu'au moment de mourir, il s'était repenti.

Ce long témoignage pour dire: quel que soit votre problème dans l'existence, n'allez pas consulter les mages, les voyants, les montreurs de cartes, ne vous mettez pas à essayer de parler avec les défunts ! Si vous avez une connaissance issue d'un milieu chrétien, allez lui parler, ne vous enfermez pas dans les idées du monde qui font des chrétiens des crétins. Il y a danger à faire tourner les tables !!!

Du reste, si les démons sont agressifs et dangereux, ce n'est plus moi qui le dis, mais saint Ignace de Loyola, dont j'ai découvert ce commentaire (l'Evangile au Quotidien) de ce jour - considérez combien une oeuvre peut paraître bonne au commencement et se dévoile mauvaise à la fin !!!

Le propre de Dieu et de ses anges est de donner, dans leurs incitations, une véritable allégresse et joie spirituelle, en écartant toute tristesse et trouble que suscite l'ennemi. Au contraire, le propre de ce dernier est de lutter contre cette joie et cette consolation spirituelle, en proposant des raisons apparentes, des subtilités et de continuels sophismes. Seul Dieu notre Seigneur donne à l'âme la consolation sans cause précédente. C'est en effet le propre du Créateur d'entrer, de sortir, de produire des motions dans l'âme, l'attirant tout entière à l'amour de sa divine Majesté. Je dis : sans cause, c'est-à-dire, sans aucun sentiment préalable ni de connaissance d'un objet grâce auquel viendrait cette consolation...

C'est le propre de l'ange mauvais, qui se transforme en « ange de lumière » (2Co 11,14), d'aller d'abord dans le sens de l'âme fidèle et de l'amener ensuite dans le sien. C'est à dire qu'il propose des pensées bonnes et saintes, en accord avec l'âme juste, et ensuite, peu à peu, il tâche de l'amener à ses fins en entraînant l'âme dans ses tromperies secrètes et ses intentions perverses.

Nous devons être très attentifs au déroulement de nos pensées. Si le début, le milieu et la fin sont entièrement bons, orientés entièrement vers le bien, c'est le signe du bon ange. Mais si le déroulement de nos pensées nous amène finalement à quelque chose de mauvais ou de distrayant ou de moins bon que ce que l'âme projetait d'abord, ou qui affaiblit, qui inquiète ou qui trouble l'âme en lui enlevant la paix, la tranquillité et le repos qu'elle avait auparavant, c'est un signe clair que cela vient du mauvais esprit, ennemi de notre progrès et de notre salut éternel... Chez ceux qui avancent de bien en mieux, le bon ange touche l'âme de façon douce, légère et suave, comme une goutte d'eau qui entre dans une éponge. Le mauvais la touche de façon aiguë, avec bruit et agitation....

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«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Re: Anciennes méditations, prières, poésies, testes dives

Message non lu par TREBLA » mar. 26 déc. 2017, 23:07

Cher Étienne,

Que le Seigneur vous bénisse pour votre gentillesse :
Etienne Lorant : lun. 25 déc. 2017

Des personnes proches, qui ne disposent pas d'un ordinateur et qui s'estiment trop âgées pour y venir, m'ont demandé de leur imprimer quelques-uns de mes partages. Comme je me suis senti flatté ! Et j'ai donc laissé tourner l'imprimante.
Vous mentionnez le Baptiste et Hérode.
etienne lorant a écrit :Etienne Lorant : lun. 25 déc. 2017

Evangile de Jésus-Christ selon saint Marc (Mc 6, 14-29)
25 Aussitôt la jeune fille s'empressa de retourner auprès du roi, et lui fit cette demande : « Je veux que tout de suite tu me donnes sur un plat la tête de Jean Baptiste. »

[1) Hérode Antipas]
[...] Hérode est prisonnier de ses pulsions, mais non seulement cela, il se voit contraint de faire exécuter le Baptiste sur le champ et d'exposer sa tête de la manière indiquée.
[...]
[2) Hérode le Grand]
Cet homme est roi et il n'a pas hésité à trucider les enfants de Bethléem dans le but de faire périr Jésus et de préserver son pouvoir.
Ci-dessus, il ne s'agit pas du même Hérode.

1) Hérode Antipas est celui qui a fait exécuter le Baptiste. (C'est le fils d'Hérode le Grand.) Il était tétrarque de Galilée et de Pérée. Il était au pouvoir dès la mort de son père à 39 ap. J.-C.

2) Hérode le Grand est le roi qui a fait tuer les enfants de Bethléem.

Jésus étant né à Bethléem de Judée, aux jours du roi Hérode, voici que des mages d'Orient arrivèrent à Jérusalem (Matthieu 2, 1)
[...]
Après leur départ, voici qu'un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph et lui dit : " Lève-toi, prends l'enfant et sa mère, fuis en Egypte et restes-y jusqu'à ce que je t'avertisse; car Hérode va rechercher l'enfant pour le faire périr. " (Matthieu 2, 13)
[...]
Alors Hérode, voyant que les mages s'étaient joués de lui, entra dans une grande colère, et il envoya tuer tous les enfants qui étaient à Bethléem et dans tout son territoire, depuis l'âge de deux ans et au-dessous, d'après le temps qu'il connaissait exactement par les mages. (Matthieu 2, 16)
[...]
Hérode étant mort, voici qu'un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph en Egypte, et lui dit: " Lève-toi, prends l'enfant et sa mère, et va dans la terre d'Israël, car ceux qui en voulaient à la vie de l'enfant sont morts. " (Matthieu 2, 19-20)

Que le Seigneur vous bénisse.

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Re: Anciennes méditations, prières, poésies, testes dives

Message non lu par etienne lorant » mer. 27 déc. 2017, 0:55

En effet, j'ai pu confondre l'un et l'autre ... merci pour cette précision !
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Prière de Charles de Foucault

Message non lu par etienne lorant » mer. 27 déc. 2017, 20:56

Je ne sais s'il est possible à certaines âmes
De vous voir pauvre et de rester volontiers riches,
De se voir tellement plus grandes que le Maître
Et de ne pas vouloir vous ressembler en tout,
Autant qu'il dépend d'elles
Et surtout dans vous abaissements.

Pour moi, Seigneur, je ne puis concevoir l'amour
Sans un besoin impérieux de conformité,
De ressemblance et surtout de partage
De toutes les peines, de toutes les difficultés
Et de toutes les duretés de la vie.

Etre riche, à mon aise,
Vivre doucement de mes biens,
Quand vous êtes pauvre, gêné,
Vivant péniblement d'un dur labeur...
Pour moi, je ne le puis, mon Dieu
Je ne puis aimer ainsi

Il ne convient pas que le serviteur soit plus grand que le Maître
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Re: Anciennes méditations, prières, poésies, testes dives

Message non lu par etienne lorant » dim. 31 déc. 2017, 21:39

Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc (Lc 18, 35-44) :

"Comme Jésus approchait de Jéricho, un aveugle qui mendiait était assis au bord de la route. Entendant une foule arriver, il demanda ce qu'il y avait. On lui apprit que c'était Jésus le Nazaréen qui passait. Il s'écria : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! »bCeux qui marchaient en tête l'interpellaient pour le faire taire. Mais lui criait de plus belle : « Fils de David, aie pitié de moi ! »
Jésus s'arrêta et ordonna qu'on le lui amène. Quand il se fut approché, Jésus lui demanda : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? - Seigneur, que je voie ! » Et Jésus lui dit : « Vois. Ta foi t'a sauvé. » A l'instant même, l'homme se mit à voir, et il suivait Jésus en rendant gloire à Dieu. Et tout le peuple, voyant cela, adressa ses louanges à Dieu."





Pour moi, voici un de plus beaux passages de l’Évangile. J'y reviens souvent, avec une émotion toujours neuve. L'aveugle était assis et il
mendiait : comment autrement gagner de quoi se nourrir ? Je l'imagine aussi mal vêtu que mal lavé. Mais aussitôt qu'il apprend que c'est Jésus qui passe, il devient un autre homme. Tout d'un coup, l'espoir est revenu: il crie, il appelle, et plus on essaie de le faire terre, plus il crie, plus il appelle : "Jésus, fils de David, aie pitié de moi !" Au fait, d'où lui vient la connaissance de ce nom donné à Jésus ? Il en aura entendu parler, sur une place ou l'autre, quand la chaleur du jour se mêle au vent pour créer de petits tourbillons de sable. Il a aussi entendu parler des miracles que Jésus accomplit ici et là, en soulevant l'étonnement des foules. Et voici qu'il passe ! Oh, surtout, ne pas le manquer !

Et Jésus pose cette question toute simple, comme s'il n'était pas tout à fait évident qu'un aveugle désire recouvrer la vue: "Que veux-tu que je fasse pour toi ?" Eh bien, que je voie ! Et là, il se passe quelque chose en plus que la guérison de la cécité. L'homme va voir, en effet, mais pas seulement avec ses yeux de chair, mais aussi avec les yeux qui servent la foi. Nous qui pensons voir clair avec nos yeux de chair, ne sommes nous pas aveugles du point de vue de l'amour de Dieu ? Certes, nous y voyons quelque peu, mais juste assez pour ne pas tomber trop souvent ! Bref, je crois que lorsque Jésus a posé la question à l'aveugle de Jéricho, il lui a en même temps révélé les ténèbres spirituelles dans lesquelles il croupit, et tout cela pour l'en délivrer aussitôt.

Et l'homme vit... non, le texte dit bien: "I'homme se mit à voir", ce qui rend bien l'idée d'une compréhension en deux étapes: il se mit à voir et il voyant Jésus, il se mit à croire, et non seulement à croire mais à suivre Jésus et glorifier Dieu. Ce qui est tout à fait logique, puisque: "Nul ne connaît le Père, si ce n'est le Fils et celui à qui le Fils veut bien Le révéler".

Je me dis souvent que le Seigneur a fait pour cet homme ce qu'il a fait pour moi. J'étais vraiment l'esclave du tabac, et je lui avais demandé la délivrance... avec toutefois beaucoup moins de force que l'aveugle. Mais Jésus, malgré mon peu de foi, a été plus loin que ma demande: Il a fait de moi un homme qui ne fume pas. J'ai vraiment le sentiment d'avoir subi une sorte de "re-création". Il m'a remodelé. Tout de même, je me connais et je sais dire si j'ai changé en profondeur.

Pour en revenir au texte, ce qui me touche le plus, c'est le cri de l'aveugle : "Que je voie !" Ah, si je savais crier ainsi quand je prie, le bon Dieu, comme un aigle, fondrait tout de suite du plus haut des cieux pour embrasser sa créature !


.
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Le prologue de Jean

Message non lu par etienne lorant » ven. 19 janv. 2018, 0:45

Le prologue de Jean


Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 1,1-18.
Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement auprès de Dieu.
Par lui, tout s'est fait, et rien de ce qui s'est fait ne s'est fait sans lui.
En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ;
la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas arrêtée.

Il y eut un homme envoyé par Dieu. Son nom était Jean.
Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui.
Cet homme n'était pas la Lumière, mais il était là pour lui rendre témoignage.
Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde.
Il était dans le monde, lui par qui le monde s'était fait, mais le monde ne l'a pas reconnu.
Il est venu chez les siens, et les siens ne l'ont pas reçu.

Mais tous ceux qui l'ont reçu, ceux qui croient en son nom, il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. Ils ne sont pas nés de la chair et du sang, ni d'une volonté charnelle, ni d'une volonté d'homme : ils sont nés de Dieu.

Et le Verbe s'est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu'il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. Jean Baptiste lui rend témoignage en proclamant : « Voici celui dont j'ai dit : Lui qui vient derrière moi, il a pris place devant moi, car avant moi il était. »
Tous nous avons eu part à sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce : après la Loi communiquée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ.

Dieu, personne ne l'a jamais vu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c'est lui qui a conduit à le connaître.


Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

Pour mieux pénétrer ce texte extraordinaire,  je l'ai scindé par paragraphes car, en le relisant et en le contemplant, j'ai ressenti que l'apôtre avait voulu, en quelque sorte, reproduire le mouvement d'enroulement et déroulement des vagues comme elles viennent s'échouer sur une plage. C'est que ce prologue reprend continuellement un temps de contemplation, pour l'enrichir ensuite d'une autre.

Pour me faire mieux comprendre, je dirais que, selon son inspiration, Jean a voulu montrer comment le dessein de l'Amour, s'est révélé et s'est épanché, vague après vague, sur les plages diverses de l'histoire des hommes.

A l'analyse, on y retrouve des éléments historiques, dont le témoignage de Jean Baptiste, puis le témoignage des apôtres, mêlés à l'évènement de la Lumière qui, progressivement, depuis celle émise dans le buisson ardent, est venue pénétrer l'histoire des hommes et lui conférer un sens, une direction et aussi un contenu de lumière et d'ombre, de ténèbres.

Il est difficile d'exprimer ces choses, mais l'essentiel est que ceux qui ont reconnu le Christ comme étant la Lumière venue dans le monde, sont entrés eux aussi dans une autre histoire, qui ne se peut résumer comme une collection d'événements successifs.  

Certes, les hommes et les femmes vivent le temps que la nature leur a donné, mais avez-vous songé à ceci : leur mouvement personnel, intérieur, n'est pas fondamentalement lié à la nature, à l'actualité, à l'économie, etc. Mais les êtres humains aiment (ou ils n'aiment pas), et cela change tout !  Beaucoup peuvent l'ignorer, mais mais tous vivent de la contemplation de la Lumière apparue dans le monde en la personne de Jésus-Christ, en même temps homme et Dieu.

Et à vivre ainsi, ayant part à la plénitude de la Lumière, recevant grâce après grâce, leur présence dans le monde devient une inconnue aux yeux de ceux qui ne croient pas.

C'est la dernière ligne qui le révèle: il y a eu la loi - et les hommes des ténèbres en ont tiré des idéologies de toute nature - et il y a désormais: la grâce et la vérité. Quiconque parmi nous a voulu de la grâce de la Lumière, est entré dans la Vérité, et est véritablement né de Dieu.

Tôt ou tard, je vous le dis comme le sens en moi, tout homme, toute femme qui sont nés de Dieu, apparaîtront comme tels - tandis que les autres se noieront et seront dissous dans les ténèbres du temps. Cela pourrait bien se réaliser sous nos yeux, globalement, au cœur de cette époque secouée en tout sens...


.
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Superbe méditation : Jésus et la Samaritaine

Message non lu par etienne lorant » lun. 26 mars 2018, 11:38

Voici une très belle et profonde médiation de Monique Hébrard, recopiée "à chaud":
"La Samaritaine ou l'étincelle de deux désirs
" (Ed DDB)

Il s'était assis au bord du puits. Pas n'importe quel puits; celui de Jacob.
Le puits ! Source de fraîcheur et de vie en ces terres arides.
Reflet des profondeur de l'âme humaine.
Margelle de repos et de méditation.
Lieu biblique de grandes rencontres amoureuses. Puits d'alliance. Le bon juif qu'était Jésus ne devait pas manquer d'être sensible à un tel lieu !

C'était dans la chaleur brûlante de midi, il avait marché, il était fatigué et il avait soif... D'eau fraîche, mais surtout de rencontre vraie, de relation profonde. D'ailleurs dans la suite de l'histoire, il n'y aura pas mention au moindre verre d'eau échangé !
Mais est-ce possible que le Fils de Dieu, tellement uni à son Père, tellement habité par la Source d'Amour de son Père, ait encore soif de rencontre humaine ? Bien sûr puisque cette soif était précisément greffée au coeur même de sa soif d'amour du Père ! Et puis, il ne s'était pas incarné pour rire, le Fils de Dieu, il avait également soif d'un coeur à coeur humain.
D'ailleurs, il se sentait parfois seul, incompris de ses frères juifs, et même de ces lourdauds d'apôtres; c'étaient encore les femmes qui le comprenaient le mieux... et il était peut-être inconsciemment en attente de pouvoir rencontrer quelqu'un qui ait le coeur assez ouvert et disponible pour l'écouter avec un désir d'une telle intensité que cela permettrait que puisse jaillir et se dire l'essentiel.

Elle est arrivée, comme chaque jour, avec sa cruche. Travail quotidien de bonne ménagère, avec parfois la tête et le coeur complètement ailleurs. Le sien était sans doute blessé. Quand on a eu cinq maris, il y a quelque chose qui ne va pas ! Ou bien on est une "pute" ou bien une assoiffée d'amour, d'amour toujours insatisfait. D'ailleurs, combien parmi celles qu'on qualifie ainsi sont des femmes au coeur immense et toujours insatisfait !
Les hommes, elle connaissait ! Tout de même, qu'il était beau celui qui était assis près de "son" puits. Ce n'était pas un homme du pays.
Son regard ne s'attarda pas sur lui: elle se savait doublement infréquentable aux yeux de cet étranger, comme femme et comme Samaritaine, infidèle à l'Alliance ! Et encore, il ne savait pas ce qu'était sa vie ! Cela n'allait pas l'empêcher de puiser tranquillement son eau et de repartir sans lui adresser la parole.
Mais pourquoi avait-elle le coeur qui battait si fort ?

Et voilà que, contre toute attente, c'est lui qui lui adresse la parole ! Et, comble du comble, il lui demande à boire ! Cet homme, ce juif, a l'audace d'outrepasser les règles sociales et religieuses de la bonne conduite ! Bien sûr, elle ignore que l'homme qui est près d'elle n'a vraiment rien à faire du "religieusement correct". Il y a seulement la soif, ce puits chargé de tant de symboles et cette femme qu'il devine également assoiffée...
Toujours est-il que par cette demande, Jésus se rend vulnérable.

La Samaritaine se protège; elle préfère raisonner, d'ailleurs elle n'a pas la langue dans sa poche; elle s'étonne: "Comment, toi, qui es juif, tu me demandes à boire, à moi qui suis une femme samaritaine ?" Manifestement, cet homme l'intrigue et elle cherche à savoir qui il est vraiment.
Jésus le sent. Et comme le Fils de Dieu ne se révèle vraiment que dans la relation, il renouvelle son invitation: si elle connaissait le "don de Dieu" et celui qui lui parle, c'est elle qui aurait demandé à boire ! Et il lui aurait donné de "l'eau vive".

Qu'est-ce que tout cela signifie ? Elle ne comprend pas mais son coeur bat encore plus vite, comme si quelque chose avait été touché au plus profond d'elle-même qui réveillait en elle une soif inconnue. Cette soif qui habite tout être, elle a toujours cherché à l'apaiser, sans succès, dans l'amour humain. Comment cet homme devine-t-il qu'elle est toujours assoiffée mais que cette soif est terriblement douloureuse ? L'eau dont elle emplit sa cruche serait-elle à l'image de l'amour humain, qu'elle essaie de retenir et qui finalement l'emprisonne elle-même ? On en boit mais on a toujours soif. Et en plus de la gorge sèche, on a mal à l'âme.

Allons, allons, une femme de caractère comme elle ne va pas se laisser égarer par de telles pensées! Restons réalistes ! La Samaritaine se ressaisit, résiste encore en se raccrochant à un registre très concret et un brin provocateur : "Seigneur, tu n'as rien pour puiser et le puits est profond. D'où l'as-tu donc, l'eau vive ?"
Mais c'est trop tard, la porte de son coeur a été ouverte sur une autre Réalité, et elle est déjà touchée par ce mystérieux flot de vie. Cet homme n'est pas un homme comme les autres. Il la séduit, lui aussi, mais à une profondeur telle qu'elle n'a jamais éprouvée. Comme s'il touchait la vraie personne en elle, le vrai elle-même enseveli sous ses habitudes de séductrice. Cependant, elle avance avec précaution, pour essayer d'y voir plus clair : "Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui a donné ce puits et y a bu lui-même" ?
Il se passe alors quelque chose de magique dans la rencontre de ces deux êtres de désir.
Jésus poursuit sur son registre mystérieux, et il fait vibrer le plus profond de l'être de la femme: "Quiconque boit de cette eau aura encore soif; mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif; l'eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissant en vie éternelle."
Mais quelle est donc cette eau ? C'est bien séduisant mais incompréhensible. L'eau, pour elle, ne peut venir que de ce puits, il faut la puiser et la cruche est lourde à porter, elle se vide très vite et il faut recommencer. Mais elle est curieuse et son désir continue de s'éveiller: "Donne-moi de cette eau." Si c'était vrai, non seulement elle n'aurait plus à venir au puits mais qui sait si cette eau ne laverait pas aussi le sel de ses larmes ?"

En se rendant vulnérable, en s'exposant à une demande de relation, Jésus a fait s'écrouler les barrières de protection de la Samaritaine. Et voilà qu'au lieu de lui répondre qu'il va lui donner cette eau, Jésus lui demande d'aller chercher son mari ! Dialogue de choc :
- Je n'en ai pas.
- Tu en as eu cinq et l'homme avec qui tu vis n'est pas ton mari !
Il se joue là quelque chose de très important: pour que coule l'eau vive entre ces deux êtres, entre Dieu et chacun de nous, il ne suffit pas d'avoir soif de rencontre profonde, il faut se mettre dans la vérité et cela peut être très coûteux ! Pour que jaillisse la source d'eau vive, il faut exposer sa vie à la Vérité, à la lumière. Jésus le dira : "Celui qui fait la Vérité, vient à la Lumière". Il dira aussi: "Je suis la Vérité." S'exposer à Jésus. Accepter une Alliance avec Jésus.

Il faut tout de même être déjà dans un dialogue de confiance et d'amour très profonds pour dire ainsi à l'autre sa vérité, avec douceur et fermeté, sans l'accuser, avec le désir de le désembourber de son marécage, de l'aider à émerger de son marécage, de l'aider à émerger de ce qui lui fait mal.
Alors, la Samaritaine craque; elle a compris: "Tu es un prophète !"
Cette intuition fait basculer l'échange dans un registre plus profond encore, théologique, spirituel. Où convient-il d'adorer Dieu, demande la femme dont le peuple adore de faux dieux : sur notre montagne, le mont Garizim, ou à Jérusalem ? Echos de querelles théologiques. Jésus les dépasse et répond dans l'ordre de l'Esprit, de la vie éternelle, de la Vérité qui dépasse tous les lieux et tous les cultes. "Crois-moi, femme, l'heure vient où ce n'est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père". Certes, le salut vient des juifs, mais l'heure vient "où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité". Le lieu de la communion avec Dieu, n'est ni tel temple ni tel église, mais Jésus qui est là devant cette femme et qui est le Prêtre, "l'autel du Père." Plus besoin de temples de pierre. Jésus ouvre le temps d'un coeur à coeur en tous lieux.

Mais cette raisonneuse questionne encore, comme pour retarder l'aboutissement et les conséquences de cette rencontre tellement désirée et redoutée. "Je sais qu'un Messie doit venir, celui qu'on appelle Christ. Lorsqu'il viendra, il nous enseignera toutes choses".
A-t-elle eu une intuition ?
En entrant dans cette relation profonde, la Samaritaine et Jésus sont entrés en vulnérabilité, car toute relation rend vulnérable. Et jésus est amené lui aussi à dire la vérité profonde de ce qu'il est:
"Je le suis, moi qui te parle."...
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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