La pastorale nouvelle du pape François (Un jour ...)

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Re: La pastorale nouvelle du pape François (Un jour ...)

Message non lu par Cinci » jeu. 05 oct. 2017, 5:25

Voici un document produit à l'issue d'un synode d'évêques tenu au Québec et condensant des réflexions sur la Joie de l'Évangile et le tournant missionnaire que l'Église doit prendre de nos jours. Une petite découverte supplémentaire pour moi.



La finalité de l’activité missionnaire de l’Église ne peut être autre que la vie, la joie et le
bonheur des hommes, des femmes et des enfants d’aujourd’hui. En d’autres termes, la fin
poursuivie ne peut être de l’ordre de la reconquête.

Ce qui est fondamentalement en jeu, ce n’est pas de permettre à l’Église de retrouver sa place
centrale dans la société ou de retrouver des masses de chrétiens.

La finalité est celle même de la mission du Fils : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie et la vie
en abondance. » (Jn 10, 10) « Sortons, sortons pour offrir à tous la vie de Jésus-Christ. » (EG 49)
Cela suppose un décentrement de l’Église. « Je ne veux pas une Église préoccupée d’être le
centre et qui finit renfermée dans un enchevêtrement de fixations et de procédures. » (EG 49)

p.10

http://www.eveques.qc.ca/fr/news-item/l ... l-evangile

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Re: La pastorale nouvelle du pape François (Un jour ...)

Message non lu par Cinci » jeu. 05 oct. 2017, 13:56

Mais comment recevoir ceci?


"Ainsi, en amont, l’amour immense de Dieu, origine, source et fondement de l’activité missionnaire et, en aval, le monde dont Dieu veut le bonheur, conduit l’Église à un décentrement radical.

Il ne s’agit pas simplement de sortir physiquement pour aller sur un autre terrain. Il s’agit, pour l’Église, de sortir de son monde (ses programmes, son organisation, ses règles, son langage), de son système autoréférentiel, et de vivre décentrée par rapport à elle-même afin de trouver son centre dans ce que Dieu fait et dans l’humanité vers laquelle elle est envoyée.

Inscrire l’activité de l’Église dans un cadre missionnaire supposera des choix courageux, car cela implique de nous centrer sur l’humanité à servir plutôt que sur « l’autopréservation» (EG 27) de l’institution ecclésiale qu’il s’agirait de sauver du naufrage.


Cela engage une véritable « conversion pastorale » (EG 27), conversion des pratiques et des programmes pastoraux et conversion de l’organisation de l’Église. Ce sont « les habitudes, les styles, les horaires, le langage et toute structure ecclésiale » (EG 27) qui
seront touchés. C’est dire que le tournant missionnaire va affecter en profondeur la totalité de la vie de l’Église."

p.12

cf Le tournant missionnaire _document de l'Assemblée des évêques

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Re: La pastorale nouvelle du pape François (Un jour ...)

Message non lu par saperlipopette » jeu. 05 oct. 2017, 20:13

Saperlipopette a écrit :
:-D Ben voyons... C'est un jésuite, c'est normal que personne comprenne rien! ;)
Non, je ne dirais pas cela.
Oui, bon, c'était de l'humour... :-D :p

Plus précisément, et sans aller aussi loin que vous dans une recherche axée sur la spiritualité, j'ai pensé que ça pouvait être parce qu'il est trop intelligent. Il a quelques siècles d’avance, on comprendra un jour. Chaque confidence aux médias seraient dûment raisonnée, calculée... jésuitiquement, si l'on veut forcer la caricature.
A vrai dire, il faut que je l'avoue, je n'ai pas encore eu le temps d'ingurgiter tous vos documents sur Jean Vanier et autres. Pour l'instant, paresse intellectuelle sur le pape François. Je procrastine. Spirituellement, je joue à la niaise qui ne comprend rien.
... et d'un point de vue politique, je joue à l'autruche qui met sa tête dans le sable. <:
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Re: La pastorale nouvelle du pape François (Un jour ...)

Message non lu par Cinci » ven. 06 oct. 2017, 13:15

Saperlipopette a écrit :
A vrai dire, il faut que je l'avoue, je n'ai pas encore eu le temps d'ingurgiter tous vos documents sur Jean Vanier et autres.
Ingurgiter? Il ne s'agit pas d'une pénitence.

Mais je me questionne, je cherche. Je suis un peu "interdit" devant des formulations de demandes épiscopales comme indiquées plus haut dans le document de l'Assemblée des évêques.

D'un côté l'on devrait comprendre que nous vivons dans la société postmoderne et dans le postchristianisme et où plus rien n'est vrai, quand les repères se dissolvent, quand la raison de trouverait discréditer face à des sceptiques, le débat contradictoire frappé de nullité et illusoire aussi la volonté de se réfugier dans un catholicisme de l'an 1850. Et de l'autre côté, mais voici qu'il faudrait répondre au défi en se disposant soi-même à tout chambarder, tout changer et tout révolutionner.

:?:


Thierry-Dominique Humbrecht écrit :
Quel est le rôle du chrétien placé dans un monde postmoderne?

N'oublions pas qu'il est plus difficile de parler du Christ une seconde fois que la première à un auditeur qui vous regarde en souriant. Le postmoderne est revenu de tout, il s'amuse de l'évangélisateur naïf. Surtout si le postmoderne est pénétré de culture chrétienne, dont par ailleurs il ne veut plus, et que l'évangélisateur en est dépourvu, quoi qu'il la promeuve.

Entendons-nous : s'il s'agit d'annoncer le Christ, qui est le Chemin, la Vérité et la Vie, c'est avec les mots de l'Évangile qu'il faut l'annoncer, sans se soucier du reste. S'il s'agit de l'annoncer à quelqu'un, il convient aussi de tenir compte de ce quelqu'un, de sa personne et aussi de sa culture, c'est à dire de ses questions, de sa pensée, de sa vie, en somme de sa condition. Non pour soumettre l'Évangile à une situation donnée mais pour savoir à qui l'on parle quand on parle, peut-être aussi pour s'intéresser à la personne à qui l'on parle (et pas seulement à soi-même en train de parler, fût-ce du Christ). On ne vante pas de la même façon les bienfaits du mariage à des fiancés ou bien à un veuf. De même, on n'annonce pas l'évangile de la même manière à un chercheur de Dieu et à un chrétien enivré de relativisme postmoderne. [...]

Or notre postmoderne enivré est plus un adulte revenu de tout qu'un enfant émerveillé. Il a souvent perdu sa capacité d'admiration, ou du moins l'a laissé s'enfouir sous la jouissance, l'amertume, le respect humain, l'habitude, bref, sous son nihilisme à visage humain. Il n'a rien perdu en revanche de son esprit critique. Le postmoderne ainsi tancé ne se laisse pas conduire. Il va critiquer le message que l'évangélisateur lui soumet, et aussi l'évangélisateur lui-même. Il va déconstruire l'un et l'autre.

p. 144

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Re: La pastorale nouvelle du pape François (Un jour ...)

Message non lu par saperlipopette » ven. 06 oct. 2017, 21:00

Ingurgiter? Il ne s'agit pas d'une pénitence
Nenni. De pure paresse... ;) Il y a des gens qui peuvent méditer naturellement et sans effort; d'autres qui s'intéressent à la spiritualité avec l'empressement que certains mettent à regarder des séries américaines. Même si je sens tout l'enjeu intellectuel et spirituel de la question, et que ça me titille, j'ai quelque réticence de consommateurs végétant. Mais je vais m'y mettre.
D'un côté l'on devrait comprendre que nous vivons dans la société postmoderne et dans le postchristianisme et où plus rien n'est vrai, quand les repères se dissolvent, quand la raison de trouverait discréditer face à des sceptiques, le débat contradictoire frappé de nullité et illusoire aussi la volonté de se réfugier dans un catholicisme de l'an 1850. Et de l'autre côté, mais voici qu'il faudrait répondre au défi en se disposant soi-même à tout chambarder, tout changer et tout révolutionner.
Comme dans tout, le juste milieu entre les deux tendances, pour répondre au besoin de notre temps, semble se situer sur une crête aiguë d'une montagne redoutable. Être chrétien serait jouer au funambule. Mais ça ne nous change pas. Gageons que dans deux cents ans on nous reprochera nos excès dans l'une ou l'autre pente, comme nous, nous critiquons l'Eglise du 15e s ou l'Eglise de 1970.
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Re: La pastorale nouvelle du pape François (Un jour ...)

Message non lu par Cinci » sam. 07 oct. 2017, 20:56

O.K. Merci pour l'Intérêt.


:)


Ici c'est un peu comme un atelier de recherche. Dans mon esprit à tout le moins. J'essaie de voir, j'essaie de trouver un angle.

On se fait souvent charrier entre des positions apparemment contraires. Funambule? Oui, c'est un peu ça. Mais pour avancer, le funambule a quand même besoin d'acquérir quelque chose, une certaine assurance provenant peut-être d'une certaine disposition intérieure, une vision claire de ce qui est possible de faire sans risquer l'accident grave, la chute dans le vide. Puis comment être à l'aise ... en pratique, dans la vraie vie ... rencontrant ces personnes avec qui échanger un peu, à aider ou à aimer ...

Ma difficulté vient aussi qu'en lisant de ces directives ou juste en recevant verbalement des consignes d'Église via ceci ou cela : j'aurais une impression prégnante à l'effet que l'on me demande de me taire, garder le silence, continuer de pratiquer la vieille politique d'enfouissement. Le sentiment c'est qu'il faudrait jouer les infirmières ou la bonne maman, sans jamais trop de soucier de doctrine, de contenu, dogme. Un petit quelque chose m'insatisfait avec ce qui pourrait apparaître comme la posture catholique du fantôme universel ... levain dans la pâte, caché, invisible, être témoin de ce qu'il y a de beau chez l'autre, pas besoin de défendre notre patrimoine ... Évangélisons, chers frères, chères soeurs ... mais sans prosélytisme attention ! sans mots! Parce que c'est l'Esprit ... Ah c'est l'Esprit! Mais si c'est l'Esprit ...

A la base, c'est pourquoi j'aurai songé à faire un parallèle entre un auteur comme T.-D. Humbrecht qui m'apparaîtrait comme un bon contre-poids à la politique du silence, parce que ce dernier parle et recommande aussi aux chrétiens de parler. "Parles!"; "Ouvre la bouche!"

Comment agencer tout cela harmonieusement? Parle, parle pas ... De l'audace, soyez humble ... Pas de forfanterie, tout le monde est pareil et tout le monde il est beau ... mais il faut savoir vendre la perle rare ...

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Re: La pastorale nouvelle du pape François (Un jour ...)

Message non lu par Cinci » ven. 27 oct. 2017, 18:13

Qu'est-ce que la nouvelle évangélisation?

https://www.collegedesbernardins.fr/con ... gelisation

Vidéo - conférence de Mgr Jérôme Beau, évêque auxiliaire de Paris
Collège des Bernardins

(Une pièce documentaire à examiner)
:)

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Re: La pastorale nouvelle du pape François (Un jour ...)

Message non lu par Cinci » sam. 04 nov. 2017, 2:26

Lecture à conseiller

Documents du magistère :

Paul VI, Evangelii Nuntiandi, Exhortation apostolique post-synodale sur l'évangélisation dans le monde moderne, 1975
Jean-Paul II, Christifideles Laici, Exhortation apostolique post-synodale sur la vocation et la mission des laïcs dans l'Église et dans le monde, 1988
Jean-Paul II, Redemptoris Missio, Lettre encyclique sur la valeur permanente du précepte missionnaire, 1991
Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia, Lettre encyclique sur l'eucharistie dans son rapport avec l'Église, 2003
Benoit XVI, Deus Caritas Est, Lettre encyclique sur l'amour chrétien, 2005
Benoit XVI, Sacramentum Caritatis, Exhortation apostolique post-synodale sur l'eucharistie source et sommet de la vie et de la mission de l'Église, 2007
Benoit XVI, Verbum Domini, Exhortation apostolique post-synodale sur la Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l'Église, 2010


Église de France

Assemblée plénière de l'Épiscopat français, Église Signe de salut au milieu des hommes, Lourdes 1971-1972
Assemblée plénière de l'Épiscopat français, Annoncer l'Évangile aujourd'hui en France, en Europe, Lourdes 1992
Les évêques de France, Proposer la foi dans la société actuelle. Lettre aux catholiques de France, préface de Mgr Louis-Marie Billé, Les Éditions du Cerf, Paris, 1996

Bibliographie :


Barbotin, Edmond, Le témoignage, Culture et Vérité, 1995
Cantalamessa, Raniero, La vie dans la seigneurie du Christ, 1997
Chautard, dom J.B,. L'âme de tout apostolat, Éditions Saint-Paul, Paris/Fribourg, 1979
Daniel-Ange, La mission. Faire aimer l'amour, Éditions des Béatitudes, 2006
Giffard, Pierre-Alain, Mission intégrale dans l'église locale, Thèse sur la croissance de l'Église à consulter en ligne sur le site www.geocities"dot"com
Maillard, Jean-Baptiste, Dieu est de retour. La nouvelle évangélisation en France, Éditions de l'oeuvre, 2009
Moens, Jean-Luc, L'évangélisation. Pourquoi? Comment?, Éditions de l'Emmanuel, 1998
Prado Flores, Jose H, Comment évangéliser les baptisés, Éditions Anne Sigier/Éditions du lion de Juda, 1989
Ratzinger, Joseph, Liturgie et mission, Éditions Tempora, 2007
Tetamanzi, Denis, Allez annoncer l'Évangile en Église vivante, joyeuse et missionnaire, Éditions du Cerf, 2004

Hamman, Adalbert G, La vie quotidienne des premiers chrétiens, 3e édition revue et corrigée. Hachette, Paris, 1971, "Deuxième partie : la contamination de la foi"
Myre, André, "Jésus avait-il une maison", in "Où demeures-tu?" (Jn 1,38), La maison depuis le monde biblique, Fides, Montréal, 1994

Colloque :

Si Dieu donne son salut à tout homme, pourquoi évangéliser? Post-modernité et nouvelle évangélisation, Actes du colloque de Rome du 5 au 8 février 2006, présenté par Jean-Luc Moens, Éditions de l'Emmanuel, 2007

Paroisses et nouvelle évangélisation. L'apport des mouvements ecclésiaux et nouvelles communautés, Acte du 4e colloque de Rome, présenté par Jean-Luc Moens, Éditions de l'Emmnanuel, 2009

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Re: La pastorale nouvelle du pape François (Un jour ...)

Message non lu par Cinci » mar. 07 nov. 2017, 15:34

Tout à fait en phase avec la "thématique" de ce fil, je retiendrais au passage ce que le journaliste québécois Louis Cornellier écrivait, hier, dans sa chronique et se rapportant à Jean-Louis Guillebaud, un autre journaliste mais français cette fois :

Le journaliste français Jean-Claude Guillebaud, de passage au Québec ces jours-ci pour présenter son nouvel essai La foi qui reste (L’Iconoclaste, 2017, 256 pages), constate lui aussi cette tendance à l’effacement du discours chrétien dans l’espace public. On le moque sans retenue, on plaide pour son confinement dans l’espace privé et on se fait souvent une gloire de s’en ficher. « Dans les médias, note Guillebaud, nombre d’invités des émissions littéraires, politiques, économiques ou scientifiques se croient tenus de glisser à un moment ou à un autre : “Moi, je suis athée”. » Plus par réflexe conformiste que par réflexion, la plupart du temps.

Dans cet environnement plutôt hostile à l’expression de la foi, trois tentations guettent les croyants, explique l’essayiste : le refuge dans l’indifférence — le « désespoir-faiblesse » diagnostiqué par Kierkegaard —, « la tentation de la citadelle », du repli communautaire, et celle du défi, qu’incarnent les catholiques dits identitaires en France.


http://www.ledevoir.com/societe/ethique ... enihilisme
Il continue plus loin :
Guillebaud n’annonce pas la solution chrétienne à ce marasme. Son intention est plus modeste. « On attend des chrétiens, écrit-il, une présence, un témoignage, une exemplarité, une joie, un engagement de nature plus spirituelle que politicienne. » Pas de nostalgie ou de prosélytisme, donc, mais une attitude et une manière de vivre inspirées par cette espérance que donne la foi pour surmonter la tristesse. Pour Guillebaud, le théologien dissident nonagénaire Maurice Bellet et notre regretté Benoît Lacroix incarnent cette « jeunesse du christianisme ».

Sévère, comme son maître Bernanos, à l’endroit d’une certaine « médiocrité chrétienne » souvent oublieuse des pauvres et accrochée au cléricalisme ainsi qu’à la figure d’un Dieu tout-puissant, alors que celui des Évangiles « est faible et a besoin de nous, autant que nous avons besoin de lui », Guillebaud trouve des alliés chez les convivialistes, de même que chez « les innombrables animateurs et animatrices d’ONG, de clubs, de fermes bio, d’élevages fermiers, de rencontres internationales », chez ces « lilliputiens » qui s’activent à surmonter le désespoir en érigeant « un rempart contre l’érosion continue des valeurs qui conduit les sociétés à l’anomie (sans aucune valeur partagée) ».
... bien que je crois que le mot "faible" s'agissant de Dieu nécessiterait sans doute une petite mise au point. Tantôt il faudrait peut-être préciser de quelle nature serait cette faiblesse.

:)

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Re: La pastorale nouvelle du pape François (Un jour ...)

Message non lu par Cinci » mar. 07 nov. 2017, 22:48

René Latourelle faisait déjà remarquer :
... quand nous parlons de nouvelle évangélisation, nous pensons aux nations qui ont été christianisées et qui ont vécu, durant des siècles, des valeurs chrétiennes solidement implantées. Il s'agit d'une foi qui a engendré ce chefs-d'oeuvre d'humanité que sont les saints et les martyrs; d'une foi qui a fait surgir des milliers de monastères et d'abbayes, dont les membres ont essaimé sur tous les continents; qui a nourri l'enseignement des collèges et des grandes universités d'Europe et d'Amérique; qui a inspiré l'architecture, la peinture et la poésie; d'une foi qui a suscité ces géants de la théologie qui s'appelle Bonaventure, Thomas d'Aquin, Robert Bellarmin, Pierre Canisius, Jean de la Croix, Thérèse d'Avila, sans oublier les théologiens du XXe siècle [...]

Or, ces mêmes chrétientés présentent aujourd'hui le paysage d'un champ de ruines, comme si un ouragan nucléaire avait tout détruit et pulvérisé. Les populations de l'ancien Occident vivent dans un air privé d'oxygène, où l'on meurt dans l'indifférence et le vide religieux. Les survivants sont condamnés à la marginalisation ou, pire encore, ridiculisés par les médias. Nous vivons sur une terre brisée et stérile.

Le plus grand défi du monde présent, c'est l'indifférence religieuse du premier monde [...] on se trouve parfois devant un vide total. Il s'agit en effet d'un abandon total des valeurs chrétiennes, remplacées par les puissances de l'argent, du pouvoir, d'un hédonisme universel et planifié. Seul subsiste un vague souci de transmettre à nos descendants une planète encore habitable.

Le partenaire de la nouvelle évangélisation, c'est l'indifférent, à savoir l'homme qui est passé en deux siècles d'une religion en apparence ferme et fondée à la contestation, puis de la contestation à l'émancipation, et enfin à l'indifférence.

Cette crise de l'Occident révolté, amer ou déçu, est la crise de toute une civilisation, façonnée par le christianisme, mais devenue exsangue, d'une ignorance abyssale, qui ne voit plus ce que le christianisme pourrait lui apporter, car elle ne comprend même pas ce qu'il est pour l'homme, à savoir la seule interprétation authentique de son existence. On se trouve face à un manque total d'intérêt pour les questions religieuses, à une évacuation de la dimension religieuse.

Nous n'avons pas tracé ce portrait de l'indifférence par souci morbide d'étalage, mais pour illustrer le contexte immédiat de la nouvelle évangélisation au niveau des personnes. Un nouveau type d'homme est apparu, caractérisé par le rejet de toute tradition, par le culte d'un moi égoïste et arrogant qui a déclassé Dieu pour se revêtir de ses attributs, par une indifférence léthargique, pire que l'agressivité, car rien ne la trouble : le pouls a cessé de battre, le froid a gagné le coeur et l'esprit.

L'optimisme de commande, ici, ne peut rien résoudre, pas plus que le mirage des espoirs à court terme, mais seuls un regard lucide, une formation religieuse plus poussée que jamais, un témoignage de vie plus contagieux, et surtout beaucoup de prière et d'espérance; une espérance qui s'appuie sur Dieu, qui se manifeste à son heure.
il continue
Comme si cette rencontre avec l'indifférence ne suffisait pas à qualifier la nouvelle évangélisation de généreuse utopie, elle doit encore affronter un collectif plus dangereux, parce qu'omniprésent et difficile à identifier, à savoir le pluralisme multiforme de la société occidentale.

Pour une foule de raisons, le pluralisme caractérise la société occidentale. La philosophie occidentale a mis l'accent sur le rôle du sujet dans l'acte de connaissance : il en résulte qu'on prête surtout attention aux aspects personnels et situationnels de cet acte, à l'évolution des points de vue et des perspectives, plutôt qu'à la stabilité et à la permanence de certaines vérités et valeurs.

Dans une même nation, voire dans une même ville, coexistent toutes les religions : christianisme, bouddhisme, hindouisme, islam, comme aussi toutes les formes de christianismes dérivés de la réforme protestante, dans ses structures les plus intransigeante, tel le fondamentalisme, ou les plus libérales, représentées par Bultmann. A ces religions, historiquement définies, s'ajoutent les sectes, qui prolifèrent par milliers, minuscules et fermées ou dévorantes et acharnées. Le Nouvel Âge est la marmite où bouillonnent religions, cultures et sciences occultes, où chacun puise ce qui lui plaît, étant d'abord entendu que les forces cosmiques anonymes remplacent tout Dieu personnel.

A ces déplacements culturels ou religieux s'ajoute l'Interférence des médias qui mettent fin à l'isolement culturel et livrent la marchandise dans la plus totale incohérence, sans évaluation critique, de l'abberation au délire, de l'ésotérisme à l'excentricité.

Touts ces multi en interaction continuelle tendent à placer sur un pied d'égalité tous les points de vue et toutes les religions. Le spécifique chrétien est aboli. Toutes les religions se valent. Le christianisme n'est qu'une voie de salut parmi tant d'autres aussi valables. On en arrive ainsi à un christianisme aplati, délavé, insignifiant à force de vouloir retenir ses fidèles en dérive : bref, une sorte de planète perdue dans la galaxie des religions, des sectes et des idéologies.

René Latourelle, Quête de sens et don du sens, 1995, p.224

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Re: La pastorale nouvelle du pape François (Un jour ...)

Message non lu par Cinci » sam. 11 nov. 2017, 1:19

Le frère Samuel des Conférences de Samarie

https://www.youtube.com/watch?time_cont ... fevjQgYuWg

Tous les chrétiens doivent-ils être catholiques?
(Attention, le vidéo est pour la secte des modernistes ou pour les conciliaires d'avant-garde)

Le frère ébauche une réflexion intéressante. C'est peut-être la bonne façon pour parvenir à mieux s'extraire des divisions.

http://conferencedesamarie.com/videogal ... 004-03-04/
(sur le site lui-même ...)

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Re: La pastorale nouvelle du pape François (Un jour ...)

Message non lu par Cinci » jeu. 30 nov. 2017, 5:40

Une petite pensée :
"J'ai conscience des semences d'hypocrisie qui sont en moi, dit Jean Vanier, c'est pourquoi je peux en parler!" Stephen Verney, dans son livre Into the New Age, dit que ce qui est le plus beau dans l'homme, sa capacité d'être généreux, peut très vite devenir ce qu'il y a de pire : le désir d'imposer et de dominer sous une apparence de bonté; le désir d'être reconnu et estimé pour sa valeur spirituelle. C'est de l'orgueil.

Si le disciple de Jésus se croit fort et généreux, il ne pourra entrer profondément en contact avec les pauvres et les blessés, avec ceux qu'il croit plus faibles que lui. Il se mettra toujours un peu sur le piédestal de sa supériorité et de sa générosité. Le volontariste et le perfectionniste cachent souvent la peur de regarder leurs propres faiblesses.

Fred Blum, psychoanalyste jungien, dit que seul celui qui est en contact avec ses propres blessures et misères peut guérir une autre personne. Celui qui rationalise tout, y compris ses erreurs, et qui refuse de voir sa propre vulnérabilité aura toujours tendance à devenir dominant et surprotecteur. Il tombera d'ailleurs dans le piège des relations trop dépendantes; car quiconque n'a pas encore apprivoiser son propre coeur ne peut pas apprivoiser le coeur d'un autre.

Être pauvre, redevenir enfant, c'est la seule démarche qui nous ouvre vraiment à la grâce de Dieu. Il n'y a pas d'apostolat sans la croix, sans souffrance et sans pauvreté. C'est pourquoi un disciple de Jésus doit tendre à redevenir un pauvre au coeur de miséricorde; sans cela, il sera dominateur et vivra une certaine hypocrisie sous une apparence de bonté.

Tiré de :
Au coeur de la miséricorde, p. 201

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