Conseils pour le pénitent

« J'enlèverai votre cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. » (Ez 36.26)
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Cinci
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Re: Conseils pour le pénitent

Message non lu par Cinci » lun. 30 janv. 2017, 16:15

La dévotion à la sainte Vierge
- Ma dévotion à la sainte Vierge est-elle quelconque, ou joue-t-elle un rôle appréciable dans ma vie?
- Cette dévotion est-elle simplement sentimentale? Ou ai-je conscience de répondre par là à la volonté divine qui a assigné à Marie une fonction importante dans l'oeuvre du salut?
- Cette dévotion est-elle bien éclairée? Ai-je le souci de mieux connaître la personne de Marie ainsi que sa mission?
- Est-ce j'aime Marie comme ma Mère, avec une affection vraiment filiale?
- Est-ce que par elle je cherche à entrer davantage dans l'intimité du Christ?
- Est-ce que je confie à Marie ma vie spirituelle et lui demande de m'y faire progresser?
- Est-ce à Marie que je confie plus particulièrement mes efforts apostoliques, mon activité pour toucher les âmes? Est-ce que je la prends comme guide dans mon apostolat?
- Est-ce que je l'implore pour les âmes qui se ferment obstinément à la grâce, pour les cas difficiles ou apparemment désespérés?
- Est-ce que je la prie souvent, et avec grande confiance?

Source : J. Galot SJ, Examen de conscience, Bibliotheca Alphonsiana, 1958 (5e édition)
Ce sont bien là des éléments confessables au banc des accusés.

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Re: Conseils pour le pénitent

Message non lu par Cinci » lun. 30 janv. 2017, 16:43

§ I. — DU NOM ET DE LA VERTU DE PÉNITENCE.



[...]





En premier lieu on doit donc exhorter les Fidèles à faire tous leurs efforts et à déployer toute leur ardeur pour obtenir ce repentir du cœur, que nous appelons la vertu de Pénitence. Sans lui, la Pénitence extérieure est peu profitable. Or cette Pénitence intérieure consiste à retourner à Dieu du fond du cœur, à détester sincèrement les péchés que nous avons commis, et à être fermement décidés et absolument résolus à réformer nos mauvaises habitudes et nos mœurs corrompues.

Mais en même temps nous devons avoir l’espérance que Dieu nous pardonnera, et nous fera miséricorde. A cette Pénitence vient toujours se joindre, comme inséparable compagne de la détestation du péché, une douleur, une tristesse, qui est une véritable émotion, un trouble, et même une passion, comme plusieurs l’appellent. Voilà pourquoi quelques saints Pères définissent la Pénitence par ces sortes de tourments de l’âme. Cependant il est nécessaire que la Foi précède la Pénitence. Personne sans la Foi ne peut se convertir à Dieu.

D’où il suit qu’on ne peut en aucune façon considérer la Foi comme une partie de la Pénitence.

Mais que cette Pénitence intérieure soit une vertu, comme nous l’avons dit, c’est ce que démontrent clairement les nombreux Commandements que Dieu nous en fait. Car la Loi ne prescrit que les actes qui s’accomplissent par vertu. Or, personne ne peut nier qu’il ne soit bon et louable de se repentir quand, comment, et comme il le faut.

Et c’est là précisément ce qui fait la vertu de Pénitence.

Il arrive quelquefois que les hommes n’ont pas un repentir proportionné à leurs péchés ; et même, comme le dit Salomon : « Il y en a qui se réjouissent, lorsqu’ils ont fait le mal. » D’autres, au contraire, s’abandonnent à tel point au chagrin et à la désolation, qu’ils viennent à désespérer entièrement de leur salut. Tel semble avoir été Caïn, qui disait : « Mon crime est trop grand pour obtenir le pardon. » Et tel fut certainement Judas que « le repentir de son crime conduisit à se pendre lui-même, » perdant ainsi la vie et son âme tout ensemble. La vertu de Pénitence nous aide donc à garder une juste mesure dans notre douleur.

Ce qui prouve encore que la Pénitence est une vertu, c’est la fin que se propose celui qui se repent véritablement de son péché. Il veut d’abord effacer sa faute et laver toutes les taches et toutes les souillures de son âme.

Ensuite il désire satisfaire à Dieu pour ses iniquités. Or c’est là évidemment un acte de justice. Car s’il ne peut y avoir de justice stricte et rigoureuse entre Dieu et les hommes, puisqu’ils sont séparés par un intervalle infini, cependant il est certain qu’il existe entre eux une sorte de justice, que l’on peut comparer à celle que nous trouvons entre un père et ses enfants, entre un maître et ses serviteurs.

La troisième fin que se propose celui qui se repent, c’est de rentrer en grâce avec Dieu, dont il a encouru l’inimitié et la disgrâce par la laideur de son péché. toutes choses qui montrent assez que la Pénitence est véritablement une vertu.

Mais il est nécessaire d’apprendre aux Fidèles par quels degrés on peut s’élever jusqu’à cette vertu divine.

D’abord la miséricorde de Dieu nous prévient, et tourne nos cœur s vers Lui, pour nous convertir. C’est cette grâce que demandait le Prophète, quand il disait : « Convertissez-nous à vous, Seigneur, et nous serons convertis ! »

Ensuite illuminés par cette lumière, nous tendons vers Dieu par la Foi. Car comme l’Apôtre nous l’assure : « Celui qui veut aller à Dieu doit croire qu’il existe, et qu’il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent. »

Puis viennent les mouvements de crainte, c’est alors que frappé par la considération des supplices rigoureux qu’il a mérités, le pécheur détache son cœur du péché. C’est à cet état d’âme que semblent se rapporter ces paroles d’Isaïe: « Nous sommes devenus comme celle qui approche du temps où elle doit enfanter, et qui crie au milieu des douleurs qu’elle ressent. »

A ces sentiments se joint l’espérance d’obtenir miséricorde du Seigneur, espérance qui nous relève de notre abattement, et nous fait prendre la résolution d’amender notre vie et nos mœurs.

Enfin la Charité enflamme nos cœurs et fait naître en nous cette crainte filiale qui convient à des enfants généreux et bien nés. Dés lors ne craignant plus qu’une seule chose, qui est de blesser en quoi que ce soit la majesté de Dieu, nous abandonnons entièrement l’habitude du péché.

Tels sont les degrés par lesquels on parvient à cette sublime vertu de la Pénitence, vertu qui doit être à nos yeux toute céleste et toute divine, car la sainte Ecriture lui promet le Royaume des cieux. Ainsi il est écrit dans Saint Matthieu: « Faites pénitence, car le Royaume des cieux est proche. » Et dans Ezéchiel: « Si l’impie fait pénitence de tous les péchés qu’il a commis ; s’il garde tous mes préceptes ; s’il accomplit le jugement et la justice, il vivra et ne mourra point. » Et dans un autre endroit: « je ne veux point la mort de l’impie, mais qu’il se convertisse de sa voie, et qu’il vive » Or, toutes ces paroles doivent évidemment s’entendre de la Vie Eternelle et bienheureuse.

- Catéchisme du concile de Trente

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Re: Conseils pour le pénitent

Message non lu par Cinci » mar. 31 janv. 2017, 1:45

- Oui, mais moi je me confesse directement à Dieu. C'est plus pratique, plus rapide. Pas d'intermédiaire. Je trouve que c'est plus intelligent, bon!

Voyons voir ... p. 107, 109, 110 ... 111 ...

Ah voilà!

Ce sacrement est donc par excellence celui de l'Amour et de la consolation du Seigneur; et pourtant, il est souvent source de difficultés pour les chrétiens : l'aveu est une démarche exigeante, que beaucoup estiment inutilement humiliante. On sera donc tenté de délaisser ce sacrement, pour "se confesser directement à Dieu".

Il est beau de confier au Seigneur tes pauvretés et tes péchés dans ta prière personnelle, pour qu'il t'aide et te pardonne. Mais pourquoi n'est-ce pas suffisant?

Parce que demander pardon à quelqu'un, c'est toujours te faire vulnérable, prendre un risque. Ainsi, qu'est-ce qui est préférable pour des époux qui se sont disputés : de rester dans un vague "De toute façon, il (ou elle) me pardonnera, hein!", ou bien prendre le risque de reconnaître leurs torts l'un devant l'autre, et de se demander pardon?

C'est bien par la démarche la plus difficile, celle de l'aveu, qu'ils guérissent en vérité les blessures qu'Ils s'étaient infligées; au contraire, leur amour risque échec et affadissement s'ils laissent s'accumuler entre eux des blessures. Il en est de même par rapport au Seigneur.

Te confesser directement, c'est rechercher un "pardon tout confort". Tu court-circuites le risque, la vulnérabilité, qui font partie du vrai pardon, et tu laisses s'accumuler en toi toutes sortes de blessures que seule, une démarche de vérité pourrait vraiment guérir.

Faut voir
Le pardon n'est pas un dû que tu peux réclamer, mais une grâce que tu implores. C'est pourquoi recevoir le pardon comporte une si grande joie : celle d'un cadeau gratuit, immérité. Ainsi en est-il devant le Seigneur; te confesser directement, c'est rechercher un pardon qui s'effectuerait automatiquement, quasiment une parole que tu te donnerais à toi-même : "Une prière, et hop! je suis pardonné ..." Cette démarche ne peut pas te conduire à cette joie et à cette libération intérieure que donne le sacrement du Pardon, parole de tendresse du Seigneur, de consolation et de guérison, que tu reçois de sa part comme un don gratuit, un cadeau immérité.

Le meilleur ...
Le pardon ne te procure de vraie libération que si tu as la certitude d'être vraiment remis dans l'amitié de celui que tu avais trahi. Or "te confesser directement à Dieu" ne peut jamais te donner cette certitude : c'est vrai, Dieu ne cesse de te poursuivre de son Pardon; mais peux-tu être sûr, de ton côté, d'y être ouvert, de ne pas te cacher à toi-même bien des manières de vivre ou des décisions plus ou moins consciemment contraires à l'amour du Seigneur? C'est que "le coeur de l'homme est compliqué et malade; qui peut le pénétrer?" (Jér 17,9). En ses zones les plus profondes, pas même toi.

Le sacrement du Pardon comporte un aveu, c'est à dire un acte d'ouverture de ton coeur au pardon du Seigneur. Et lorsque tu entends le prêtre te dire :"Je te pardonne tous tes péchés", la promesse de Jésus te garantit que tu es totalement remis dans son Amitié, quelle que soit la gravité des fautes et des blessures que tu portais. Par son sacrement, Jésus guérit même des zones de ton coeur que tu ne connaissais pas, car "Il est le Seigneur qui sonde les coeurs et les reins". Et une telle certitude de pardon total est pour toi source de force pour te convertir vraiment et progresser dans l'amour.
Conclusion
C'est spécialement par le sacrement du Pardon que tu peux expérimenter à quel point le Seigneur t'aime personnellement. Autant une demande de pardon "directement à Dieu" peut te laisser dans l'abstrait et dans le vague, autant le sacrement te fait découvrir que le Seigneur est tout proche de toi et qu'il t'aime concrètement : dans telle faiblesse, telle blessure, tel péché de ta vie, que Jésus connaît, souffre avec toi et vient guérir de sa Paix.

Source : Croire n'est pas si compliqué. Petit guide de la foi chrétienne, p.111-114

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Re: Conseils pour le pénitent

Message non lu par Cinci » mar. 31 janv. 2017, 2:17

(autres choses à examiner)

- Ai-je l'esprit large, ou est-ce que je m'accroche à des petits manques d'égards, à des futilités ou mesquineries?
- N'ai-je pas tendance à me singulariser, à mener une vie à part?
- Dans les mots plaisants, est-ce que j'évite toute ironie blessante, tout ce qui pourrait peiner autrui?
- Est-ce que je domine les sursauts de ma sensibilité, et est-ce que j'oublie aussitôt les indélicatesses des autres?
- Ne suis-je pas porté à me replier sur moi-même?
- Est-ce que je tiens à prendre ma part des charges qui retombent sur tous?
- Est-ce que j'aime vraiment, d'un amour profond, chacun de mes frères (chacune de mes soeurs) ? N'y en-a-t-il aucun que je délaisse ou que j'évite systématiquement?


- N'ai-je pas été brutal? N'ai-je pas blessé autrui par du sans-gêne ou des paroles violentes?
- Est-ce que je sais encourager les autres? les réconforter? les consoler?
- Mon amabilité a-t-elle le but surnaturel de faire parvenir au prochain l'amour du Christ, et non le but égoïste de m'attirer l'affection ou l'estime d'autrui?

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Re: Conseils pour le pénitent

Message non lu par PaxetBonum » mar. 31 janv. 2017, 9:57

Je vous conseille cet examen de conscience :
http://casimir.kuczaj.free.fr/Francais/ ... ession.htm
Pax et Bonum !
"Deus meus et Omnia"
"Prêchez l'Évangile en tout temps et utilisez des mots quand cela est nécessaire"

St François d'Assise

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Re: Conseils pour le pénitent

Message non lu par Cinci » mar. 31 janv. 2017, 13:27

Excellent! Très bonne suggestion, Pax. J'ai mis un signet.

:)

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Re: Conseils pour le pénitent

Message non lu par Cinci » ven. 03 févr. 2017, 2:44

Des remarques d'Adrienne von Speyr sur la confession :


La confession, en tant que miracle, est avant tout un événement : c'est la grande transformation d'un pécheur en saint, donc l'actualisation de l'acte de la rédemption en chaque vie. L'eucharistie est davantage le don et la communication d'une présence constante du Seigneur, de son être et de son essence, tandis que la confession est la transmission de l'événement de la croix, de l'absolution de la terre par le ciel.

Ainsi dans les miracles également, l'homme - par exemple le sourd-muet, l'aveugle, le paralytique, le mort ou le possédé - est considéré et comblé dans sa situation particulière. Il s,agit toujours d'une situation de manque, l'homme est toujours malade et affamé dans son âme ou dans son corps. Par le miracle, cette situation passe soudain entre les mains du Seigneur. Il la prend en charge, il en assume la responsabilité, il la guérit. Il est allé trouver l'indigent là où il se trouvait. Maintenant qu'il est monté au ciel, c'est à l'homme de se mettre en route pour aller vers lui, mais le Seigneur a dit où et comment il peut être trouvé. La situation du manque, chacun doit la découvrir dans son propre état de pécheur, mais en même temps il lui faut voir qu'elle peut être guérie par un miracle du Seigneur.



La confession est le cadeau personnel et toujours unique de la rédemption, tel que chacun peut l'accueillir et l'utiliser. C'est pourquoi elle est [...] une participation particulièrement intense à la communion des saints : chaque confession, chaque attitude de confession complète toutes les autres, non seulement parce que tous les péchés sont en relation les uns avec les autres, mais bien plus essentiellement parce que toutes les confessions sont reprises les unes avec les autres dans le Seigneur et dans son sacrement, et rendues possibles dans cette unité.

Dans ces paroles, le pécheur se détache de lui-même, non seulement pour un moment, mais de telle manière que la grâce du Seigneur descend en lui et le pénètre jusqu'au plus profond de lui-même en le purifiant. Le Père voit comment ce qui est du Fils passe dans le pénitent. Et de même que le grâce entre en celui-ci, ainsi sa parole également, qui est une forme de sa grâce. Toutes ses paroles ont un rapport avec le processus de la confession , toutes font corps avec l'acte unique par lequel il nous a rachetés, nous et le monde entier. [...] avec sa grâce, quelque chose de sa qualité de Verbe descend en nous, chaque grâce est en tant que sa grâce une grâce de la Parole éternelle et chacune nous rend capable de parler avec Dieu.



Le sermon sur la montagne, le discours d'adieu, chacune des paroles de sa prédication est capable de créer, en qui l'écoute, la pureté et la disponibilité pour Dieu, mais il faut faire pour cela un aveu au Seigneur. Celui qui veut demeurer dans la parole du Seigneur, doit avouer et se confesser à lui. Nul ne peut admirer et vénérer la parole de Dieu et demeurer parallèlement fermé en son coeur. Il doit se soumettre au commandement de l'aveu de ses fautes, au ministère qui lie et délie.

Ainsi le veut la parole qui a conféré aux disciples l'Esprit Saint. Seul celui qui avoue son péché dans le cadre ecclésial a accès à la compréhension de toute la Parole. Sinon, il la comprendrait de manière seulement philologique et seulement ecléctique. La parole de Dieu doit être saisie là où elle purifie et illumine en même temps, opère comme prédication et comme sacrement en même temps.

Tant que le Seigneur demeurait au milieu des disciples , il n'y avait pas lieu de confesser son péché à quelqu'un d'autre qu'à lui. A présent, il commence sa vie dans l'Église mystique et hiérarchique [après la Pentecôte].

[...]

L'Esprit et l'Église vont de pair. Quand le Fils se révélait lui-même sur la terre, c'était dans la double intention de renvoyer en amont au Père et à l'Esprit, et en aval à la future communion des saints. Il est essentiellement médiateur, il renvoie toujours au-delà de lui-même. Et nulle part il ne noue les deux extrémités, l'Esprit et l'Église, plus indissolublement que dans la confession, où l'homme rencontre l'homme dans le pécheur qui se repent et le ministre chargé par l'Esprit de remettre les péchés. En empruntant ce chemin que le Seigneur a tracé et lui-même parcouru, l'homme parvient jusqu'au Père. Et l'Esprit du chemin qu'est le Christ, et l'Esprit du but qu'est le Père sont un seul et même Esprit.

Source : A. Von Speyr, La confession, pp. 98-108

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Re: Conseils pour le pénitent

Message non lu par Cinci » lun. 27 févr. 2017, 14:28

Rompre avec le péché : la confession

Aujourd'hui s'approcher de Dieu c'est vivre une conversion permanente en décidant de rompre avec le péché.

Sois de bonne foi avec le Seigneur en acceptant d'appeler péché ce que Dieu appelle péché et fais preuve de sincérité, d'honnêteté et de bonne volonté.

Le péché non confessé et non pardonné nous empêche de communier avec Dieu et de connaître pleinement sa volonté. Tant que cet obstacle n'est pas enlevé nous sommes encombrés et affaiblis. Confesser notre péché est la preuve de notre bonne volonté de laisser l'Esprit Saint accomplir en nous l'oeuvre du Christ.

Quant tu vas vivre le sacrement de la réconciliation, ne sois pas tenté de cacher un péché par honte ou par orgueil. Dans la foi, sois sûr que Jésus lui-même a institué ce sacrement de la miséricorde (cf Jn 20, 22-23) Sache que la repentance n'est pas un sentiment, mais une décision de tourner le dos au diable, de se soumettre à Dieu, de dire son péché.

"Oui, je me lèverai, j'irai vers mon Père, je lui dirai : Père, j'ai péché" (Lc 15,18). C'est une démarche de réconciliation avec Dieu et le frère offensé.

"La vérité vous libérera" (Jn 8,32) Il s'agira par exemple d'opérer une rupture totale avec l'idolâtrie pour ne pas ouvrir de portes à Satan. Il faudra dénoncer et rejeter tout ce qui est de la part du diable chez vous. Cette coopération avec l'Esprit Saint vous libérera de l'emprise du mal, et vous pourrez entrer dans la victoire du Christ en vous soumettant pleinement à sa Seigneurie. (Jean Pliya, Le combat spirituel, p.86)




Saint Augustin a deux formules parfaites, reprises par le Concile : le mal du pécheur est une desertio meliorum, une fuite devant l'attirance du meilleur; et Non deserens nisi deseratur, Dieu n'abandonne jamais que ceux qui l'abandonnent.

On cherche à tout justifier en évoquant la "tendresse de Dieu". Il faudrait que Dieu soit comme nous et qu'il connaisse aussi la souffrance comme nous, à notre manière. On imagine sa bonté d'une manière molle. Un effet second en résulte : celui de la réaction d'un intégrisme et d'un légalisme et d'un juridisme récurrents.

Il faut aller plus loin, car il s'agit finalement de l'originalité propre au christianisme : le rapport entre deux personnes, Dieu et l'homme qui s'aiment réciproquement. Ni le bouddhisme ni le shintoïsme, ni le taoïsme ne peuvent avoir une idée de cette réciprocité puisque pour eux Dieu ou le divin ne sont pas une personne; quant à l'islam, il répugne avec violence au pressentiment même qu'il y aurait un échange mutuel entre Dieu et sa créature.

Depuis que le Christ est venu sur terre, on ne découvre la profondeur du péché qu'en découvrant Sa personne, et réciproquement. Deux exemples sont significatifs à cet égard : les larmes de Pierre [...]

Pierre connaissait Jésus, ou plutôt croyait le connaître. Mais l'expérience de son reniement lui ouvre la porte d'un nouveau visage du Christ, découvert lorsque Jésus le regarde après le chant du coq.

Dans ce regard, Pierre reçoit à la fois la révélation du coeur du Christ et celle de son péché. Il comprend que sa trahison ne date pas du petit matin. Tel est son péché (non pas le seul en stricte rigueur), mais le seul que Dieu veuille vraiment lui voir pleurer, les autres étant soit négligeables, soit conséquences de ce péché fondamental. Pierre ne peut comprendre ce péché tant qu'il n'a pas entrevu le visage d'un amour infini qu'il persécute, mais il ne peut découvrir ce visage sans découvrir en même temps qu'il le persécute : le péché de Pierre consistant précisément à ignorer par sa faute le visage le plus profond et le plus précieux de son maître. Impossible de découvrir ce visage sans découvrir en même temps qu'il le repoussait au fond de son coeur, qu'Il ne voulait pas descendre jusque-là pour s'y perdre dans la confiance et l'adoration, comme le disciple que Jésus aimait et qui reposait sur sa poitrine.

On ne le redira jamais assez, le propre de la foi n'est pas d'abord de procurer une satisfaction intellectuelle, philosophique, sociologique, historique, scientifique ou esthétique, pas plus que de poursuivre avec fièvre une efficacité, fût-elle religieuse, pas plus que de chercher à reproduire une "belle" image de soi. Le but de la foi est de nous aider à adhérer à une Personne sans laquelle plus rien n'a de sens sur terre. Elle ne se livre donc à la connaissance que si on la cherche avec sympathie et affection. (Bernard Bro, Aime et tu sauras tout, p. 214)

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Re: Conseils pour le pénitent

Message non lu par Cinci » lun. 14 août 2017, 16:57

Une autre réflexion pertinente :

"Il ne faut pas confonde le sacrement de pénitence et la psychanalyse. Pour la psychanalyse, allez voir le médecin; le sacrement de pénitence est tout autre chose. Il n'est pas un instrument de sécurité. Je ne vais pas me confesser pour être intérieurement tranquille. Le sacrement n'est pas fait pour cela. Dieu sait si nous avons abusé de cet argument en soulignant la chance qu'ont les catholiques par comparaison avec les protestants qui n'ont pas le sacrement de pénitence. Nous, catholiques, nous allons nous faire blanchir et nous sortons du confessionnal en paix. Comme c'est merveilleux! Je ne dis pas que ce soit faux, mais le sacrement de pénitence n'est pas fait pour cela, absolument pas. Il est un hommage au pardon divin, une adoration, une adoration pénitente.

Saint Augustin ne s'est jamais confessé, de grands saints ne se sont confessés que sur leur lit de mort. La confession individuelle de bouche à oreille date du VIIe siècle; elle a été importée par les moines d'Irlande. Un philosophe tout ce qu'il y a de plus thomiste comme Jacques Maritain, qui n'a rien d'un farfelu, parle de ce meuble "sinistrement cocasse" qu'est le confessionnal dans nos églises; ils parlent aussi de ces gens qui préparent leur confession comme des cuisinières font la liste des choses qu'elles vont acheter au marché et l'on s'en va se confesser avec sa liste de péchés.

[A éviter ...]

"Pourvu que je me sauve, peu importe l'abondance de vie. Je me soucie peu ou point que le Père soit plus ou moins connu et aimé pendant l'éternité. Je songe au Jugement en épluchant ma conscience non pas pour plaire davantage à Dieu mais pour qu'il ne puisse rien trouver à me reprocher. "

C'est presque commettre un péché de plus que de vouloir se confesser pour que Dieu ne trouve rien à nous reprocher; c'est presque un péché supplémentaire que vous commettez, au moment même où vous voulez être absous de vos péchés. Cette idée, est d'ailleurs inspirée de saint François de Sales.

"Je compte, pour le pardon de mes péchés, plus sur l'exactitude de mes comptes que sur son amour." On dit "J'ai fait une bonne confession, je n'ai rien oublié." Voilà qui est horrible! Qu'appelez-vous une bonne confession? Une confession où vraiment vous n'avez rien oublié, c'est là-dessus que vous comptez pour être pardonnés?

[Le véritable objectif ...]

Je veux changer, devenir comme un enfant qui se sait pauvre, faible, besogneux, mais qui sait que son Père est miséricordieux, et qui connaît le coeur de son Père, un enfant qui ne compte pas sur soi mais sur son Père. Un enfant qui est franc, simple, nature, droit et bon avec son Père. La loi est formelle : Si vous ne vous convertissez pas et ne devenez pas tout petit, vous n'entrerez pas dans le royaume de Dieu.

Dieu ne veut avoir affaire qu'à des enfants.

Être bon avec Dieu : quelle phrase merveilleuse! Vous n'êtes pas bons avec Dieu si vous le prenez pour ce qu'il n'est pas; vous manquez de bonté envers Dieu si vous le prenez pour un simple juge."

tiré de :

F. Varillon, Vivre le christianisme, l'humilité de Dieu, la souffrance de Dieu, p. 152

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Re: Conseils pour le pénitent

Message non lu par Cinci » mar. 15 août 2017, 6:05

Comment ne pas être un enfant ...

Quand un enfant a peur la nuit, sa maman va vers lui; elle le prend dans ses bras et lui dit : "tout est bien", et l'enfant s'apaise peu à peu. Mai si elle a dans les bras un jeune prodige qui lui rétorque : "Mais, maman, quelles hypothèses épistémologiques et métaphysiques fais-tu dans cette affirmation, et quelles sont les évidences empiriques que tu invoques pour l'étayer?", alors la maman a vraiment un problème sur les bras.

Dans la prière, nous agissons comme cet enfant impossible; nous refusons d'écouter Dieu avant qu'il ne soit à la mesure des critères que nous jugeons bon de fixer.

tiré de :
Le Dieu de surprises, p. 78

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Re: Conseils pour le pénitent

Message non lu par Dominus vobiscum » mar. 22 août 2017, 20:03

Bonjour,

Et en quoi c'est mal de préparer sa confession en marquant ses péchés sur un papier? Personnellement je marque mes péchés sur un papier sinon, je ne me souviens de rien. Je vois pas en quoi c'est mal.
"l' amour ne se paie que par l amour." St jean de la croix

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Re: Conseils pour le pénitent

Message non lu par Cinci » mar. 22 août 2017, 20:23

Moi aussi il m'arrive de le faire.

:)

J'ai mis la réflexion du Père parce que je la trouvais équilibrante. Juste pour nous faire penser de ne pas "trop" compter sur des recettes de cuisine. C'est vrai qu'il y a un petit risque de verser dans un travers et où l'on pourrait s'encombrer l'esprit à se regarder soi, mécontent de ce que notre performance n'aurait pas été suffisamment bonne cf. ai-je bien tout dit? avais-je le degré de contrition minimal acceptable? etc. Le Père rappelait opportunément que notre confiance ne repose pas dans nous-même ou dans notre méthode, mais dans notre Père qui est aux Cieux.

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