Carême 2019

« Quant à vous, menez une vie digne de l’Évangile du Christ. » (Ph 1.27)
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Fée Violine
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Carême 2019

Message non lu par Fée Violine » lun. 18 mars 2019, 11:08

La méditation du jour, sur le site Retraite dans la ville
http://go.communaute.retraitedanslavill ... NnqmuBDkN0
Seigneur, donne-moi de cette eau.
Évangile selon saint Jean, chapitre 4, verset 15

Frère Matthew Jarvis
Couvent de Leicester

J’ai souvent entendu des beaux parleurs promettre monts et merveilles, richesse, réussite, gloire. Jésus est plus réaliste : « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. »*
Oui, ils seront rassasiés dans le Royaume de Dieu, mais ils sont déjà heureux ici ! Assoiffés et heureux !
La samaritaine dans l’Évangile de Jean avait soif. Nous connaissons la joie de boire de l’eau fraîche, de se désaltérer après une longue journée de travail ou après le sport. Sans la soif, cette joie n'existerait pas. Mais la soif nous coûte. Ainsi, la samaritaine ne veut plus puiser l’eau sous la chaleur de midi. Et même, si l'eau vient à manquer trop longtemps, on risque la mort ! Voilà pourquoi le corps a soif, pour nous avertir qu'il faut boire. Heureux ceux qui connaissent leur besoin et désirent être rassasiés.
Le désir d'une eau matérielle conduit la samaritaine à un autre désir caché en elle, la soif d'eau vive, celle du vrai Dieu. « Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant. » Même une petite soif peut nous conduire sur le bon chemin. Deux pièges sont à éviter : l'indifférence, ne plus même désirer le bien, et la désespérance, croire l'eau vive à jamais inaccessible.
Jésus réveille notre désir, car il est l'infiniment désirable. Au puits et sur la croix, il a soif, car il est animé d’un grand désir. Il veut manger et boire à notre table, entrer en communion avec nous et nous désaltérer de son amour. « Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive, [...] de son cœur couleront des fleuves d'eau vive. »**

* Évangile selon saint Matthieu, ch. 5, v. 6.
** Évangile selon saint Jean, ch. 7, v. 37-38.

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Re: Carême 2019

Message non lu par Fée Violine » mar. 19 mars 2019, 11:04

La méditation d'aujourd'hui :
Je tiens mon âme égale et silencieuse.
Livre des Psaumes, Psaume 130, verset 2

Frère Matthew Jarvis
Couvent de Leicester

Les portes claquent – métal contre métal – des voix s'élèvent, des bagarres. Aucune chance d’avoir cinq minutes de paix. Je ne vous parle pas de mon couvent, mais de la prison où j’ai travaillé pendant ma formation de prêtre. J’ai été frappé de voir combien les prisonniers souffrent du manque de silence.
En rentrant chez moi, je retrouvais le bruit de la ville d’Oxford : les klaxons, les foules pressées. Même dans notre couvent des Blackfriars, un grand effort est nécessaire pour préserver le calme indispensable à l’étude et à la prière. Un frère sage me disait qu’on n’a pas encore appris comment vivre en communauté tant qu’on ne sait pas fermer les portes doucement. Le silence extérieur aide à trouver le silence intérieur, pour la paix entre les frères et la paix dans mon cœur. J'irai plus loin, le silence intérieur est la condition de la connaissance de Dieu. Jean Tauler, mystique dominicain, a écrit : « Pour que Dieu parle, il faut se taire. »
C’est la leçon de saint Joseph qui se prépare à écouter le message de Dieu. Dans l’Évangile, il est l’homme du silence. Non pas un silence mort, mais un silence attentif et actif. D'ailleurs, quand cet homme juste reçoit la parole de Dieu, immédiatement « il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit »*.
Le silence de Joseph est déjà une communion d’amour. Comme ces vieux couples qu’on voit ensemble, silencieux, mais tout heureux. Voilà un silence de présence, aussi plein et aussi beau que la musique. Après tout, « la musique est dans le silence entre les notes ».
* Évangile selon saint Matthieu, ch. 1, v. 24.

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Re: Carême 2019

Message non lu par Fée Violine » ven. 22 mars 2019, 21:53

La méditation du jour :
Don du sang, urgent
Voici comment nous avons reconnu l’amour: lui, Jésus, a donné sa vie pour nous. Nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères.
Première lettre de saint Jean, chapitre 3, verset 16

Frère Matthew Jarvis
Couvent de Leicester

J’ai eu récemment une mauvaise expérience en donnant du sang. Normalement, ça ne fait pas très mal, mais cette fois-ci, la douleur était forte. J’ai essayé de prier, mais j'hésitais. Pourquoi déranger le Bon Dieu pour une si petite peine ? Je me sentais ridicule. Ridicule ou pas, cette prière m'a aidé. Dieu n'était pas indifférent. À ses yeux, mon petit don avait de la valeur. « Dieu nous a créés pour que nous réalisions de petites choses avec un grand amour », répétait Mère Teresa.
Ces petits dons participent à un plus grand don qui les dépasse : le don de son corps, de son sang par Jésus. La croix est l'accomplissement de sa vie donnée dans les rencontres, les enseignements, les guérisons. Quand un soldat perce le cœur de Jésus sur la croix, « aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau ».* Pour les juifs, le sang c'est la vie. Le Christ continue à donner sa vie, même au-delà de sa mort, dans les sacrements et dans l'Esprit. Il n'était pas obligé de la donner. Il agit librement, sans contrainte. Ce ne sont pas les clous qui ont tenu Jésus sur la croix, écrit Catherine de Sienne, c’est son amour pour nous.**
La mort de Jésus n'a aucun sens si on n'y voit pas un don. Il est amour et amour veut dire don de soi envers l'autre. À travers les yeux de la foi, la croix nous ouvre un monde immense, l'amour infini de Dieu. Dieu est défini par le don. Il est Trinité, c'est-à-dire don réciproque d'amour entre le Père, le Fils et l'Esprit. Cet amour se répand dans le monde.
Moi qui croyais que l’amour était en forme de ♡, je vois maintenant qu’il forme une †.

* Évangile selon saint Jean, ch. 19, v. 34.
** Lettre à Monna Agnese (T38).

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Re: Carême 2019

Message non lu par Fée Violine » dim. 24 mars 2019, 10:24

Aujourd'hui :
Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas.
Évangile selon saint Luc, chapitre 13, verset 9

Estelle

Je vis sur la péninsule arabique et je tente de faire survivre mon petit jardin aux températures estivales qui montent à 50 °C. Chaque année, je regarde mon figuier jaunir et mon bougainvillier se rabougrir. Et chaque année, je crains de les perdre. Alors j’arrose, j’en prends soin. La laïque dominicaine que je suis voit parfois la Bible comme l’almanach de Michel le Jardinier. Entre vignes, figuiers, graines de moutarde, blés, on pourrait presque se lancer dans l’agriculture.
Je me suis demandé pourquoi le maître et le vigneron étaient frustrés de ne pas trouver du fruit sur leur figuier. Mais quand j’ai regardé le mien, la réponse m’est venue : ils l’aiment.
Je ne sais si les plantes ont une âme et répondent aux soins qu’on leur donne, mais je sais que des hommes, même brûlés par la vie, donnent des fruits quand ils sont aimés, choyés. Rien n’est jamais foutu. Mais cela ne suffit pas ! Nous avons besoin de savoir que nous sommes aimés ! Cela peut paraître impossible dans les difficultés. Pourtant, même dans ces moments nous recevons de la bienveillance. Apprenons à reconnaître que nous recevons des autres. De Dieu. Puis remercier, louer et reverdir. S’épanouir. Et porter des fruits. Cette reconnaissance de l’amour reçu de Dieu est ce premier pas qui nous sauve. Porter des fruits, c’est donner chair à l’amour, à l’espérance, à la foi.
Quel jardinier suis-je si je ne prends pas soin du jardin de Dieu ? Jardiner les hommes nous demande de la patience et de mettre de côté nos jugements. Qui suis-je pour dire que telle ou telle personne est foutue, bonne à rien ? Ma foi de chrétienne, c’est de reconnaître qu’il y a un grand Jardinier* et qu’Il prend soin de nous retourner le cœur et nous permet peut-être de décupler ces fruits, de les rendre plus gros, plus sucrés, plus juteux. L’amour, la joie, la compassion sont nos fruits. Entendre « peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir », c’est entendre cette espérance venue de Dieu que peut-être nous ne sommes pas des « bons à rien », mais des porteurs de bienfaits.

* Évangile selon saint Jean, ch. 20, v. 15.
(Elle, pensant que c'était le jardinier, lui dit : Seigneur, si c'est toi qui l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis, et je le prendrai. Jn 20, 15)

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Re: Carême 2019

Message non lu par Fée Violine » lun. 25 mars 2019, 17:47

Aujourd'hui, jour de l'Annonciation :
Oui
Pour les hommes, c’est impossible, mais pour Dieu tout est possible.
Évangile selon saint Matthieu, chapitre 19, verset 26

Catherine Dacquin

Que faisait Marie quand elle reçut l’annonce de l’ange ? Des peintres l’ont représentée tenant le livre des Écritures ouvert : trop beau pour être vrai ? Je l’imagine plutôt en train de cuisiner ou de coudre sa robe de mariée. Pourtant, ces peintres n’ont-ils pas eu une belle intuition ? Dans l’Évangile de Luc, une femme interpelle Jésus : heureuse celle qui t’a porté et allaité ! Jésus répond : heureux plutôt ceux qui écoutent la Parole et la gardent ! Marie a accueilli la Parole de Dieu dans son cœur et se laisse toucher par les paroles de l’ange malgré son trouble.
Infirmière, j’ai longtemps accompagné des enfants en soins palliatifs. Pour des parents, il est inacceptable que leur enfant ne puisse être guéri : « ce n’est pas possible, docteur, au XXIe siècle ! Et ce ne sont pas vos belles paroles qui vont nous aider ! » Je garde en mémoire le témoignage d’une maman après le décès de sa fille qui me confiait : je n’accepterai jamais la mort de mon enfant. Mais, après un temps de colère et de révolte légitimes, elle a commencé à accepter la réalité de sa mort et à envisager d’aider d’autres parents.
Ce processus très lent s’est développé en elle grâce à un accompagnement, à la prière, à la fréquentation quotidienne de la Bible. Elle parvient à dire « oui » à la vie reçue de Dieu, même si elle n’est pas sans épreuves, elle avance là où il semblait impossible de passer.
Marie nous enseigne cette écoute de la Parole de Dieu. Son « oui » a permis à cette maman d’accueillir l’impossible. Elle a laissé la Parole mûrir en elle, s’incarner dans sa vie.

* Évangile selon saint Luc, ch. 11, v. 27-28.

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Re: Carême 2019

Message non lu par Fée Violine » dim. 31 mars 2019, 20:28

Aujourd'hui :
Des miettes en or
Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi.
Évangile selon saint Luc, chapitre 15, verset 31

Frère Dominique Motte
Couvent de Lille

On entend ce dimanche la parabole de l’enfant prodigue. Je crois pourtant que plus fondamentalement, c’est le Père qui est prodigue. A-t-il manifesté une préférence entre ses fils ? Eh bien, non ! Il préfère… les deux. En Jésus, le Père aime tous ses enfants et parce qu'il nous aime, il nous fait collaborer chacun à notre propre salut. Cinq témoins cette semaine vont tour à tour nous en convaincre.
Commençons par la Cananéenne, une païenne au regard des juifs pieux, femme de toutes les audaces. Elle se fait accuser par Jésus d’ôter le pain de la bouche des enfants de la Promesse, tel un petit chien. Et elle de lui répondre :
« Justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. »*
Si j’avais pris femme et si nous avions donné le jour à une fille, j’aurais aimé la prénommer « Miette ». N’est-ce pas un des plus beaux mots de l’Évangile que cette trouvaille de la Cananéenne et cela pour au moins cinq raisons :
D’abord, c’est une réplique qui perce l’écran. Ah ! je suis un petit chien ? Eh bien oui, je me contente des miettes sous la table, et je compte bien sur elles. Ensuite, c’est une répartie jaillie de son expérience, balai à la main plusieurs fois par jour. Les miettes, elle connaît.
Des miettes justement. N’est-ce pas la réalité la plus banale qui soit ? Comme la poussière du chemin, la graine de moutarde, la moindre mèche de cheveux, toutes ces réalités d’apparence anodines qui reflètent autant la grandeur de la création que les pierres séculaires du temple de Jérusalem !
Deux raisons encore élèvent le débat :
La voix de cette Cananéenne, c’est l’appel d’une étrangère « hors Église » qui évangélise Jésus en lui disant : « Viens chez nous aussi. »
Enfin, c’est donc que le Très-Haut lui-même s’est comme approprié ce cri du cœur, jailli de très bas, d’une mère prête à tout pour sauver son enfant. Voilà que, dans la « Parole de Dieu », les miettes sous la table sont revêtues de la même dignité que les confidences les plus intimes de Jésus sur son propre mystère.
Femme, que ta foi est grande.
* Évangile selon saint Matthieu, ch. 15, v 27.

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Re: Carême 2019

Message non lu par Fée Violine » mar. 02 avr. 2019, 12:51

La méditation d'aujourd'hui :
Une soeur aînée d'abord
Marie dit alors : “Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !
Évangile selon saint Luc, chapitre 1, versets 46-47

Frère Dominique Motte
Couvent de Lille

J’aurais dû commencer par elle, par sa foi à elle, « une petite fille, cette reine des anges »*.
Il y a son fiat, bien sûr, mais je préfère ici laisser parler son magnificat. Il déborde de sens par au moins trois attitudes qui s’entrelacent, tels trois fils tressant une gerbe.
D’abord, elle explose de joie. Elle exulte. Elle exalte. Elle, si petite, ne peut rien refuser, ne veut rien refuser à celui qui est tout. Elle a foi en lui, elle est foi en lui.
Ensuite, elle annonce la victoire des humbles sur toute forme de domination. Et elle insiste. Inversion typiquement évangélique dont elle bénéficie, la première, par choix divin. Ce bouleversement marquera toute sa vie. Un seul exemple, le recouvrement de Jésus au temple. En marche vers Jérusalem, il y eut deux chemins pour ses parents. Le premier, celui de la religion, du rite ancestral rempli avec tous ; le second, celui de la foi, de leur foi, chemin vers l’enfant à eux confié, devenu brebis perdue, échappé à leur pouvoir.
Enfin, le Magnificat nous révèle une troisième attitude : Marie s’offre à une nouvelle signification du temps et de l’histoire humaine. Elle nous invite à l’y suivre. Qu’est-ce à dire ?
Je pense à cette magnifique garantie sur le temps qui passe : « Il se souvient de son amour ! » Nous n’avons plus besoin d’un autre fondement à notre fidélité au jour le jour : « Il se souvient de son amour. »
Quand Marie vit ce mystère du temps, elle est bien dans sa foi, notre sœur aînée. Et ayant reçu la grâce de contribuer à nous y enfanter, elle est bien devenue notre mère.

* Bernanos, Journal d’un curé de campagne.

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