Message non lu
par zelie » lun. 01 oct. 2018, 11:03
Vous ne vous sentez pas à votre place à la messe au milieu d'étrangers qui ont trop peu en commun (ou rien) avec vous?
C'est quelque chose qu'on a tous partagé à un moment de notre vie, comme lors d'un déménagement par exemple.
Vous pourriez vous ouvrir de votre malaise à votre prêtre, peut-être connait-il un groupe de prière, ou de fidèles, prêts à vous accueillir?
Pour revenir en arrière un instant, il faut savoir qu'il y a 100 ans par exemple, la vie de chacun était nettement théocentrée, mais dans un registre totalement différent; le cadre principal était extérieur, et servait d'architecture pour construire son espace religieux intime. Par exemple, si un fidèle manquait la messe, il avait intérêt à avoir une bonne excuse. Dans les villages et les bourgs, les gens se connaissaient tous, et tous étaient fédérés autour d'une religion unique. Les journées étaient entièrement tournées vers le travail, qu'il soit agricole ou d'usine. Le soir la prière se faisait à genoux et en famille, la messe était incontournable, les fêtes aussi, mais même si cela n'empêchait pas une vraie relation à Dieu, le temps de réflexion était nettement plus court qu'aujourd'hui. On naissait catho, on vivait catho (ou protestant, juif, etc.). Dans les familles pieuses, le soir était un moment de prédilection pour transmettre aux plus jeunes sa connaissance de la bible et faire un catéchisme familial, prier le chapelet, mais ensuite on ne verbalisait pas sur son ressenti, sa relation intime à Dieu. Beaucoup se contentaient de vivre leur foi dans une simplicité et une acceptation qui n'a plus lieu de nos jours.
Vous, vous soulignez plus le non-accueil que l'on ressent dans une nouvelle paroisse, à tel point que vous en fuyez la messe. C'est exactement un des points que dénonce le Pape François : l'entre-soi, où ceux qui se reconnaissent ne s'ouvrent pas aux nouveaux venus que parfois ils ne remarquent même pas, et où ceux qui sont les nouveaux venus n'ont aucun repère pour aller vers les autres, ou ne vont pas vers les autochtones par repli sur soi.
C'est vrai que c'est une des difficultés de l'Eglise d'aujourd'hui, qui souligne en filigrane un autre malaise, plus confus: à qui puis-je faire confiance? Vers qui puis-je aller, même dans mon église, pour trouver aide et accueil? Nous avons pris l'habitude d'être refoulés à une sphère de plus en plus privée, à être de plus en plus discrets, à être de plus en plus isolés dans notre foi, au point que nous nous y sentons bien seuls, coupés des autres; la conséquence est que la pratique tombe doucement d'elle-même en désuétude. Ritualiser une pratique religieuse n'a de sens que dans la communion avec d'autres. Si on se sent coupés des autres au fond de soi, on finit par se couper extérieurement; on fuit la messe.
Cela est le résultat de 250 ans de dénigrement systématique du christianisme ; beaucoup de chrétiens taisent leur religion, en ont parfois honte en public; il n'y a pas plus has been que le christianisme, abattu par tous les philosophes, psy et autres intellectuels et par-dessus le marché, l'Eglise a tellement dysfonctionné qu'elle se retrouve aujourd'hui au centre de scandales sans précédent.
Mais tout n'est pas dû à une sécularisation à outrance. La France est d'abord un pays au long passé agricole, organisé en villages avec un fonctionnement clanique; les conflits meurtriers entre petits peuples étaient la norme à l'époque gallo-romaine. De nos jours, des quartiers fonctionnent encore sur ce mode clanique. Le clan est devenu social, professionnel, religieux, politique, mais on fonctionne toujours dans l'entre soi idéologique, le petit groupe identifiant qui exclut inconsciemment (quoique?) les autres. Le laïcisme du siècle dernier n'a fait qu'exploiter un travers existant, a oeuvré là où on l'a laissé faire. Rester entre soi est tellement confortable, aller vers les autres, les différents, est tellement fatigant... et l'homme étant par nature corruptible et distrait, il finit un jour par oublier l'effort, et il l'oublie d'autant plus vite que tout l'y porte; le matérialisme, l'accumulation de biens, la recherche du bien-être, le stress, l'épuisement au travail, ...
Au-delà de toute explication extérieure, interrogez vous intérieurement. La messe est immensément chère au coeur de Jésus, elle est pour le chrétien source inépuisable de grâces et nécessaire à sa survie spirituelle. C'est votre âme que vous nourrissez, que vous fortifiez, que vous ressucitez, à chaque messe; c'est là, dans sa maison, que Jésus vous invite, vous attend, et vous comble de bienfaits. Allez-y pour vous, allez-y pour lui, n'y allez pas pour les autres. Ce serait dommage de l'abandonner (Jésus) juste pour une histoire de personnes.
D'autre part, le christianisme, c'est à dire le fait d'appartenir spirituellement à Jésus, qu'on prend comme professeur, est une démarche intime, personnelle, "cachée" puisque sans matière, aux yeux d'un monde qui ne voit que la matière et par la matière. C'est normal que vous y trouviez une certaine "froideur" ; peut-être vous serait-il possible de vous inscrire à un cours religieux pour adultes, ou un groupe de prière (qui sont souvent très chaleureux)?
Suite à un déménagement familial qui m'a amenée dans une région non choisie, je me suis retrouvée confrontée à ce que vous décrivez. J'ai quitté une paroisse qui me correspondait complètement pour une autre très exclusive, et très "moderne"; je ne m'y reconnaissais pas du tout!
Comme vous j'ai tergiversé longtemps, passant par des phases de pratique régulière, et des phases de fuite, car je voyais bien que je ne serais jamais acceptée dans la paroisse, car n'étant pas "du quartier, du village". J'ai tenté d'autres églises, mais on n'y tient pas dans le temps, vu que depuis 29 ans j'éduque des ados chronophages qui ont la bonne idée d'avoir 12 ans dès que le précédent a 20 ans. Dans une grande ville, c'est peut-être tentable, car parfois, aller à une église ou à une autre, il n'y a pas une si grande différence de trajet?
Et oui c'est désespérant par moment de ne jamais se reconnaître dans un groupe sectaire. Mais au milieu de mes tergiversations, Jésus dans l'Eucharistie me manquait; et j'ai fini par comprendre que si l'entre-soi était orgueil, l'atermoiement sur soi aussi était orgueil. Je ne supportais pas, à l'église, qu'on me voit en train de prier; j'avais l'impression que j'étais à poil, c'était insupportable; et puis je me suis souvenue des mots d'un prêtre (celui justement de ma dernière paroisse tant regrettée) : il faut porter tout ce qu'on a à porter dans la paix. Il m'appartenait de pacifier mon ressenti, de me reprendre. Et sans plus chercher à aller vers des gens qui ne voulaient pas s'ouvrir, je suis allée à l'Eglise connectée à Jésus et à Lui seul, j'y suis allée pour Lui seul, débarrassée de toute attente, paisiblement, et coupée complètement du monde pendant ces moments-là. J'arrivais, je m'asseyais, je rentrais en moi, je priais, et je restais tout le temps que j'avais envie après la messe, et de ce fait, entre arriver avant et partir après, je ne voyais personne; je m'asseyais le plus près possible du Saint Sacrement.
En 20 ans je suis toujours aussi transparente; j'ai beau saluer, sourire, aider le prêtre, le connaître personnellement au point qu'il a mon numéro, je ne suis pas "d'ici", et personne ne m'adresse la parole, ne me remercie pour les fleurs ou l'aide au ménage de l'église, rien. Ce n'est vraiment pas grave, ce n'est plus grave du tout, j'ai trouvé mes marques, et ma relation à Jésus, elle, ne souffre plus à cause des autres. J'ai fini par trouver un groupe de prière près de chez moi avec lequel je partage beaucoup et qui a été déterminant pour mon acceptation des choses, et pour tous les autres je suis inconnue au bataillon.
Cette situation, débarrassée de la moindre mondanité, m'a permis de construire une relation paisible, inconnue et retirée à Dieu, ce qui me permet de la cultiver en profondeur, et c'est très bien ainsi. En fait, si j'avais été très incluse dans le groupe des fidèles, aujourd'hui je me sentirais moins proche de Dieu, moins libre d'être moi, plus bridée par un tel groupe dans l'expression de ma foi en actes.
L’intégrisme est un refuge pour la misère parce qu’il offre un sursaut d’espérance à ceux qui n’ont rien.
Que leur mal disparaisse, et l’intégrisme perdra ses troupes. L'Abbé Pierre
Vis vraiment chaque instant. Fais-le meilleur. Aime-le. Chéris-le. Fais-le beau, bon pour toi-même et pour Ton DIEU. Ne néglige pas les petites choses. Fais-les avec Moi, doucement. Fais de ta maison un Carmel où Je puisse Me reposer. Jésus, Premier Cahier d'Amour