Ce qui contribue à créer l'unité, c'est le moment de la consécration ou le prêtre invite tous les enfants à se mettre en cercle autour de lui et de l'autel. Et nous sommes grâce aux enfants tous autour de lui symboliquement et ainsi très impliqués et non plus spectateurs. C'est aussi qu'au moment du Notre Père, ils nous invite à tous nous tenir les mains.
Bon, là, désolé, mais j'ai la même réaction épidermique que plusieurs dans ce fil. Franchement, ça évoque pour moi une ambiance de jardin d'enfants, et ce genre de pratiques ne peut que contribuer à faire fuir beaucoup de monde.
De façon plus théologique, dans la liturgie chrétienne, l'autel et le sanctuaire qui l'entoure correspondent au Lieu Saint de l'ancien Temple juif, à la Chambre Haute, et seul le sacrificateur et ceux qui ont reçu une bénédiction pour y exercer la liturgie y pénètrent. Le lieu propre du
laos, du Peuple de Dieu rassemblé, a toujours été la nef. C'est justement ce que j'ai reproché plus haut au nouvel Ordo, plus que toute chose, c'est d'avoir fait disparaître la notion de sanctuaire, les rubriques attenantes et donc la séparation entre la nef et le Lieu Saint. Plus généralement, la progression entre l'espace profane (extérieur) et le lieu sacré propre à Dieu (le sanctuaire), qui passe par le narthex, la nef (où les catéchumènes et les fidèles se préparent à la rencontre par l'écoute de la Parole) et la clotûre du sanctuaire (où les fidèles préparés reçoivent physiquement le Corps et le Sang du Christ), avec tous les signes liturgiques attenants (position traditionnelle du baptistère, barrière du sanctuaire et auparavant voile du sanctuaire - devenu l'iconostase en Orient, etc...), a largement disparu, à fortiori dans les églises modernes aménagées selon le principe de l'auditorium.
Evidemment, si on abolit toute distinction entre le lieu de la Présence d'une part, si on ne met plus en évidence la présence divine, le lieu sacré, l'habitation de la Divinité rendu accessible aux fidèles, n'existent tout simplement plus. Il ne reste rien qu'un espace vide qu'on va essayer d'animer tant bien que mal par tout un tas d'inventions discutables et marquant avant tout les idées propres de leur auteur, là où les idées que nous mettons en oeuvre ne devraient être que celles léguées par la Tradition commune d'Orient et d'Occident, qui à ce titre méritent le titre de catholique.
A ce titre, on peut réfléchir sur la notion de repas - je contredirai Suliko sur ce point dans la mesure où on ne peut pas opposer les notions de sacrifice et de repas, puisqu'un sacrifice a toujours été, par définition, un repas. Le partage de la victime et sa consommation complète par les assistants font partie intégrante du sacrifice. Dans le discours de beaucoup de réformateurs liturgique, il faut aller vers des aménagements où tout le monde se voit et se fait face, tout le monde autour de l'autel, parce que c'est plus fraternel, et que ça rappelle la Cène où "les disciples faisaient face au Christ" - nonobstant le fait que d'après l'archéologie, ils étaient probablement tous couchés du même côté d'une table commune (l'autre étant destinée au service).
Mais justement, la différence entre la Cène, ou le repas d'Emmaüs, d'une part, et les liturgies postérieures à l'Ascension d'autre part, c'est que le Christ était présent dans les premières sous sa forme humaine et visible. Dans les secondes, il l'est seulement sous la forme des Saintes Espèces. Or, vers qui devons-nous nous tourner dans la liturgie, avec qui prenons-nous ce repas, qui devons-nous rencontrer? Les autres fidèles, le prêtre? Ou bien, avant tout, le Christ?
Reconnaissons que là où les liturgies catholiques orientent les fidèles vers le sanctuaire et le Christ présent dans les Saintes Espèces, bref vers le Seigneur, source et raison nécessaire de l'amour mutuel, la constante des innovations liturgiques modernes est de supprimer tout ce qui symoblise et rend manifeste la transcendance, l'au-delà vers lequel nous tendons, de supprimer toute verticalité pour n'y substituer que l'horizontal et le profane.
Pas étonnant que les jeunes ne trouvent guère d'intérêt à une telle forme de religion!
In Xto,
archi.