Le cas des divorcés non remariés et l'absolution

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Kyris
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Le cas des divorcés non remariés et l'absolution

Message non lu par Kyris » lun. 11 avr. 2016, 21:27

Bonsoir à tous,

J'ai pris la décision de poster ce sujet suite à la confession que j'ai faite cet après-midi.

Pour vous situer... Qui suis-je ?

Je suis une jeune femme âgée de 30 ans. Je me suis rendue cet après-midi au confessionnal. C'était une décision difficile à prendre. En effet, j'ai été élevée dans une famille croyante, mais non pratiquante. Dieu existait, oui certes, mais c'est tout. J'ai pourtant été baptisée étant bébé, puis j'ai fait ma première communion enfant. Durant ces 4 dernières années, j'ai perdu des personnes qui m'étaient très chères : mon papa d'abord, puis ma meilleure amie. Ils sont partis rejoindre le Ciel. J'ai alors commencé, peu à peu à me retourner vers l'Eglise, que j'avais laissée il y a une bonne vingtaine d'années. J'ai senti ma Foi progresser à l'intérieur de moi. Pour mon trentième anniversaire, ma mère, voyant que je me rapproche de Dieu, m'offre ma première Bible.

Dans les faits... Voici ce qui m'amène

Cet après-midi, après des jours et des jours de préparation, d'hésitation, d'appréhensions diverses, je me lance au confessionnal. Je crois n'avoir jamais eu aussi peur et honte de ma vie. Je suis tombée sur un prêtre qui parlait peu... Pour une première confession, c'est difficile, mais je m'étais bien renseignée et j'ai su m'en sortir. J'ai été le plus sincère possible, avouant toutes les fautes dont j'avais conscience.

Le problème, le voici : en 2009, j'ai fait un mariage malheureux. Je me suis mariée avec quelqu'un qui m'a fait souffrir. J'ai subi des violences psychologiques, morales, verbales. J'ai péché de mon côté aussi car je l'ai également rendu malheureux, malade même car il est devenu obèse par ma faute (après y avoir beaucoup réfléchi). De fil en aiguille, la situation désastreuse de notre couple a fini en divorce, 4 ans plus tard.
Oui, j'ai divorcé, par consentement mutuel. Je ne me suis jamais remariée, j'ai toujours vécu seule depuis. Parce que notre vie ne menait à rien. Parce que nous nous étions trompés tous les deux. Parce que chacun de nous était malheureux. J'ai pleinement conscience aujourd'hui à l'heure où je vous parle, d'avoir violé le sacrement du mariage. Je m'en veux terriblement car à l'époque, je n'étais pas encore revenue à Dieu. Notre préparation au mariage a été mal faite, nous étions trop jeunes (j'avais 23 ans), à y réfléchir je ne comprenais rien et je n'avais aucune conscience de ce qu'était un mariage au yeux de Dieu. J'ai donc péché gravement sans le savoir.

Je prêtre que j'ai rencontré cet après-midi m'a écoutée consciencieusement. Nous avons ensuite discuté de ce que je lui avais confié. A la fin de l'entretien, il m'a d'abord dit que je ne pouvais pas participer à la communion parce que je suis divorcée. Or, je lis ce soir sur internet que puisque je ne me suis pas remariée (c'est-à-dire que je vis en célibataire), j'ai droit à la communion du Christ. Pouvez-vous m'éclairer ? Car j'avoue que je ne comprends plus rien. Je n'ai pas osé contredire le prêtre.
Le prêtre a terminé l'entretien en me disant que je ne pouvais pas recevoir l'absolution à cause de mon divorce. Qu'est-ce que ça veut dire exactement ? Est-ce que mes péchés ne sont pas pardonnés ?
Il a imposé les mains et a récité une prière dans le livret qui était posé devant lui. Il a ajouté que Dieu m'aimait et que je n'abandonne pas, qu'il allait prier pour moi.

Je me sens ce soir comme une criminelle dans le box des accusés, c'est affreux. Est-ce que Dieu ne veut plus de moi ? Si je ne peux pas recevoir le sacrement de réconciliation, comment puis-je continuer ? :-@ Dieu m'a fait relever la tête, au moment où tout basculait. Il est mon espoir. Il est resté présent. Si je ne peux plus communier, si je ne peux plus me réconcilier avec Lui, je vois déjà les barrières se mettre en travers de la route. D'autant plus que cette démarche de pardon que j'ai faite aujourd'hui, je suis allée la chercher jusqu'au plus profond de mon coeur.

Si vous pouvez me conseiller, je vous en serais extrêmement reconnaissante.

Merci

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Héraclius
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Re: Divorcée non remariée, je ne peux pas recevoir l'absolution ?

Message non lu par Héraclius » lun. 11 avr. 2016, 21:53

Le prêtre a terminé l'entretien en me disant que je ne pouvais pas recevoir l'absolution à cause de mon divorce. Qu'est-ce que ça veut dire exactement ? Est-ce que mes péchés ne sont pas pardonnés ?
Oui, cela veut dire que vous n'avez pas reçue le sacrement. Vos péchés ne sont donc pas pardonnés sacramentellement ; mais cela ne veut pas dire que Dieu ne désire pas vous pardonner en voyant votre repentir sincère.

Dieu désire que le pardon soit administré de façon visible, et c'est pour cela qu'il a institué le sacrement de réconciliation en accordant le pouvoir de pardonner les péchés à ses Apôtres (Jean 20, 21). Si bien que sur Terre, nous devons désirer le pardon des péchés dans l'union avec son Eglise, qui est Son Corps. Mais si vous êtes privés de l'absolution sans faute de votre part, cela ne veut pas dire que vous êtes hors de portée de la grâce et de la miséricorde de Dieu. C'est en ce sens qu'il vous faut garder à l'esprit les paroles d'encouragement de ce prêtre ! Votre démarche est belle, elle est même magnifique, et le royaume des cieux est certainement en fête à la seule idée de vos pensées d'Amour pour Dieu !

Maintenant, je ne suis pas en mesure de vous aider sur ce qu'il faut faire pour être en état de recevoir l'absolution ; je ne suis pas très calé en théologie morale. Mais le simple divorce sans remariage n'est certainement pas un obstacle très fort, tant qu'on a conscience que l'on est toujours marié. Peut-être que ce prêtre n'a juste pas compris ?

Vous pourriez envoyer un email à votre évêché pour avoir une réponse à ce sujet, par exemple ! Ou rencontrer un prêtre pour discuter hors du contexte de la confession...


Je prie pour vous,


Héraclius -
''Christus Iesus, cum in forma Dei esset, non rapínam arbitrátus est esse se æquálem Deo, sed semetípsum exinanívit formam servi accípiens, in similitúdinem hóminum factus ; et hábitu invéntus ut homo, humiliávit semetípsum factus oboediens usque ad mortem, mortem autem crucis. Propter quod et Deus illum exaltávit et donávit illi nomen, quod est super omne nomen, ut in nómine Iesu omne genu flectátur cæléstium et terréstrium et infernórum.'' (Epître de Saint Paul aux Philippiens, 2, 7-10)

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Re: Divorcée non remariée, je ne peux pas recevoir l'absolution ?

Message non lu par Toto » lun. 11 avr. 2016, 22:09

Bonjour Kyris,

D'abord, mes félicitations. C'est méritoire de votre part, alors que vous aviez, si je comprends bien, plus ou moins laissé tomber la pratique religieuse, d'être revenue et d'avoir eu le courage d'être allé au confessionnal. Bravo.

Sur le fond : je ne comprends pas les propos du prêtre. Si vous ne vous êtes jamais remariée, vous avez donc respecté votre mariage religieux (le mariage civil ayant certes été rompu, mais cela concerne un autre domaine).

Saint Jean Paul II écrivait : "Le cas du conjoint qui a été contraint au divorce est semblable lorsque, bien conscient de l'indissolubilité du lien du mariage valide, il ne se laisse pas entraîner dans une nouvelle union, et s'emploie uniquement à remplir ses devoirs familiaux et ses responsabilités de chrétien. Alors, son témoignage de fidélité et de cohérence chrétienne est d'une valeur toute particulière pour le monde et pour l'Eglise; celle-ci doit plus que jamais lui apporter une aide pleine de sollicitude affectueuse, sans qu'il y ait aucun obstacle à son admission aux sacrements."

Alors certes, un casuiste pourrait alléguer qu'en divorçant par consentement mutuel, vous n'étiez pas contrainte au divorce puisque de facto, votre accord a favorisé le divorce. Mais bon, cela m'a l'air d'être plutôt du pinaillage qu'autre chose, et je ne vois pas décemment comment, dans le cas d'un mariage qui a malheureusement terminé en échec, et si toutes les possibilités ont été étudiées pour sauver le couple, on pourrait reprocher à un des deux conjoints de préférer en terminer sur un plan civil pour son bien et sa sécurité physique et son équilibre mental, tout en respectant son mariage religieux. Ce genre de discours me paraît bien spécieux, surtout en plus dans la mesure où vous semblez reconnaître et regretter la part de vos torts.

Donc j'avoue que le discours du prêtre m'échappe.

Maintenant, que faire? En théorie, les fidèles sont censés suivre les instructions de leur pasteur. Ici, je ne vois pas sur quoi le discours du prêtre s'appuie. Est-ce pour autant que cela empêche l'obéissance? Je ne crois pas.

Je vois toutefois dans l'immédiat un point pour lequel vous ne devriez pas communier : le prêtre vous a refusé l'absolution. A quand remontait votre dernière confession? Si c'est plus d'un an, la communion n'est pas autorisée.

Vous avez donc deux voies possibles :
1) celle que je vous recommande, c'est d'aller le retrouver pour clarifier tout cela
2) si ce n'est pas possible, l'autre voie serait d'aller trouver un autre prêtre, non pour contourner à tout prix la décision du premier, mais essayer d'y voir un peu plus clair. Si le deuxième, à qui vous aurez pris soin de raconter toute l'affaire, y compris le refus du premier, ne voit aucun obstacle à votre absolution et donc à votre communion, tant mieux!

Courage, ne désespérez pas!

Et non, Dieu veut toujours de nous, là il n'y a aucun doute!

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Re: Divorcée non remariée, je ne peux pas recevoir l'absolution ?

Message non lu par PaxetBonum » mar. 12 avr. 2016, 9:06

Bonjour Kyris,

Tout comme Toto je ne comprends pas le refus d'absolution de ce prêtre. Ce n'est pas le divorce qui coupe de la communion c'est le remariage. Si le divorce est une simple séparation des corps devant une situation de couple devenue dangereuse vous ne péchez pas. En restant seule vous restez fidèle à votre mariage.

Il faudrait éventuellement revoir ce prêtre et en discuté posément. Sinon prendre rendez-vous avec votre évêque.

Que Dieu vous accorde Paix et Joie !
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Re: Divorcée non remariée, je ne peux pas recevoir l'absolution ?

Message non lu par Kerniou » mar. 12 avr. 2016, 9:58

Chère Kyris,
Comme il vous l'a déjà été dit, le refus de prêtre de vous donner l'absolution ne me parait pas normale dans la mesure où vous restez chaste et ne vous remariez pas.
Vous devriez en parler à votre évêque, ce prêtre doit faire la même chose avec d'autres fidèles ce qui ne correspond pas à loi de l'Eglise et encore moins au souhait du Pape François qui souhaite un attitude bienveillante à l'égard des divorcés remariés ou non.
Bon courage à vous.
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Re: Divorcée non remariée, je ne peux pas recevoir l'absolution ?

Message non lu par hussard » mar. 12 avr. 2016, 11:29

Même avis que les précédents intervenants.

Je ne vois pas de raison étant donné les éléments que vous nous donnez pour laquelle le prêtre pourrait justifier de ne pas donner l'absolution. Il est étonnant que le prêtre ne vous ait pas indiqué pourquoi il ne vous donnait pas l'absolution : est-ce une omission de votre part dans votre récit ? ou bien peut-être un indice du manque de connaissance de cet abbé sur la question ?

Je pense qu'écrire à l’évêché serait une bonne idée. D'ici-là, gardez courage car vous êtes de bonne foi et Dieu le sait bien !

Par rapport à la communion, vous ne pouvez effectivement pas communier tant que vous n'avez pas reçu l'absolution de vos fautes par le sacrement de la Confession.

C'est pourquoi la réponse de l'évêque devrait vous permettre de résoudre cette situation rapidement.
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Re: Divorcée non remariée, je ne peux pas recevoir l'absolution ?

Message non lu par gerardh » mar. 12 avr. 2016, 14:07

_____

bonjour,

A mon avis le divorce est une chose. Mais ce qui est grave c'est de se remarier et/ou de commettre (avant ou après d'ailleurs) le péché de chair.


________

Kyris
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Re: Le cas des divorcés non remariés et l'absolution

Message non lu par Kyris » mar. 12 avr. 2016, 19:11

Merci beaucoup pour ces commentaires, ce qui m'a un peu rassurée tout de même.
Une erreur est une erreur, certes elle est grave mais j'en ai tiré les leçons. Lorsque j'ai agi à l'époque, toute jeune, je n'avais pas conscience de l'importance de ce sacrement. Aujourd'hui, je la connais. Je pense que cette épreuve va me faire grandir et fortifier ma Foi.

Mon plus grand regret serait que je ne puisse jamais être pardonnée pour ces erreurs... C'est d'ailleurs ce que j'ai retenu de la finalité de mon entretien avec le prêtre rencontré hier, ce qui m'a chamboulée.

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Re: Le cas des divorcés non remariés et l'absolution

Message non lu par Kyris » mer. 13 avr. 2016, 7:01

Bonjour,

Hussard, une chose à laquelle j'ai pensé sur la raison pour laquelle je n'ai pas reçu l'absolution : notre séparation à été effectuée par consentement mutuel certes, mais c'est moi qui en ai fait la demande.
Mais je ne suis pas remariée et je ne compte pas le faire, donc je ne comprends pas du tout. Je suis croyante, j'ai la foi, j'ai vraiment du mal que l'on puisse dire de moi que je suis "morte spirituellement". Ça me peine vraiment beaucoup car si je me suis séparée, c'est que je ne pouvais pas continuer ainsi.
Depuis cette première confession dans laquelle je me suis lancée avec foi et courage, je ressens comme si Dieu avait pris une distance avec moi :-(

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Re: Le cas des divorcés non remariés et l'absolution

Message non lu par prodigal » mer. 13 avr. 2016, 10:15

Chère Kyris,
quand bien même vous auriez commis des crimes très graves, ce qui n'a pas l'air d'être le cas, rien n'est impardonnable à celui qui se repent humblement.
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Re: Le cas des divorcés non remariés et l'absolution

Message non lu par Foxy » mer. 13 avr. 2016, 15:42

Bonjour Kyris

C'est pour des réactions comme vous en avez eues que justement l'Exhortation du Pape a été faite : que les prêtres soient mieux préparés à conseiller.

Alors, le conseil que je pourrais vous donner, c'est de rencontrer un autre prêtre. Il y en a, soyez en sûre, qui vous écouteront et vous conseillerons.

Bon courage.
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Re: Le cas des divorcés non remariés et l'absolution

Message non lu par hussard » mer. 13 avr. 2016, 16:00

Bonjour Kyris,

le fait d'être à l'initiative de la séparation ne pose pas de problème tant que cette décision est justifiée.

Encore une fois, la séparation des corps (= divorce) est licite tant qu'il y a une raison grave : violences conjugales, incompatibilité sévère, etc. en gros s'il n'y a rien à faire qui puisse résorber le problème.

Bien à vous,
Hussard
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Re: Le cas des divorcés non remariés et l'absolution

Message non lu par archi » mer. 13 avr. 2016, 16:44

Bonjour,

Le refus d'absolution sans autre forme de procès, si c'est bien le cas, paraît effectivement surprenant.

Il me semble qu'il faut néanmoins rappeler que le divorce est en lui-même - quand il n'est pas justifié par une raison sérieuse du genre de ceux exposés ci-dessus (d'après nombre d'écrits patristiques, on devrait rajouter à ces motifs l'adultère du conjoint) - un péché grave. Beaucoup de catholiques semblent croire que tant qu'on ne se remarie pas, tout va bien. Mais c'est faux! "Ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare point".

[Edit: en relisant le message de départ, je me rends compte qu'il y était effectivement question d'une raison sérieuse pour la séparation, avec violences morales et verbales. Merci de ne garder ma réflexion que comme une considération générale et non comme pertinente pour le cas présent.
Mea culpa, j'aurais dû relire plusieurs fois le fil avant d'écrire :oops: ]


La différence entre le divorce simple et le divorce suivi de remariage, c'est qu'un remariage met celui qui se remarie et a des relations sexuelles avec son nouveau conjoint en état de péché permanent, d'où l'impossibilité de recevoir l'absolution dans ces conditions.

Le Pasteur d'Hermas (IIe Siècle) décrit la discipline en vigueur dans l'Eglise primitive sur le sujet - essentiellement la même qu'aujourd'hui - mais donne également les raisons de cette discipline, et notamment du fait que le fidèle victime d'une séparation, ou bien qui a dû se séparer d'un conjoint adultère, doit s'abstenir de se remarier tant que ledit conjoint est en vie: il s'agit de conserver la possibilité d'une réconciliation.
Le Pasteur d'Hermas, XXIX a écrit :4. Je lui dis : « Seigneur, permettez-moi de vous poser quelques questions. — Parle, dit-il. —
Seigneur, dis-je, si quelqu’un a une femme qui croit au Seigneur, et qu’il découvre qu’elle est adultère, est-ce qu’il commet un péché à vivre avec elle ?
5. — Tout le temps qu’il l’ignore, dit-il, il ne commet pas de péché ; mais s’il apprend le péché de sa femme et qu’elle, au lieu de se repentir, persiste dans l’adultère, à vivre avec elle le mari partage sa faute et participe à l’adultère.
6. — Que fera donc le mari, Seigneur, dis-je, si la femme persiste dans cette passion ? — Qu’il la renvoie, dit-il, et qu’il reste seul. Mais si, après avoir renvoyé sa femme, il en épouse une autre, lui aussi alors, il commet l’adultère (Mr 10.11; Mt 5.32; 19.9 ; cf. 1Co 7.11).
7. — Et si, Seigneur, dis-je, après avoir été renvoyée, la femme se repent et veut revenir à son mari, ne faudra-t-il pas l’accueillir ?
8. — Certes, dit-il. Si le mari ne l’accueille pas, il pèche, il se charge d’un lourd péché, car il faut accueillir celui qui a péché et qui se repent, mais non beaucoup de fois. Pour les serviteurs de Dieu, il n’y a qu’une pénitence. C’est en vue du repentir que l’homme ne doit pas se remarier. Cette attitude vaut d’ailleurs aussi bien pour la femme que pour l’homme.
9. L’adultère, dit-il, ne consiste pas uniquement à souiller sa chair : celui-là aussi commet l’adultère, qui vit comme les gentils. Donc, si quelqu’un persiste dans cette conduite sans se repentir, écarte-toi de lui, ne vis plus avec lui ; sinon tu as part à sa faute.
10. Si on vous a enjoint de ne pas vous remarier, homme ou femme, c’est parce que, dans de tels cas, la pénitence est possible.
11. Donc, dit-il, mon intention n’est pas de faciliter l’accomplissement de tels péchés, mais t’empêcher que le pécheur retombe. Pour ce qui est du péché antérieur, il y a quelqu’un qui peut apporter remède : c’est celui qui a le pouvoir de tout faire. »
Je souhaiterais que nos clercs connaissent les choses qui sont si clairement exprimées dans de tels textes, et se basent dessus dans les débats sur le mariage. Malheureusement, on a l'impression qu'il n'existe que d'une part le Magistère récent (Concile de Trente au plus tôt) - déconnecté des témoignages anciens, et de l'autre un appel à la "miséricorde" qui se garde bien de rentrer dans le concret et de proposer des directives ou des critères de discernement fermes. Et entre les deux, sur le terrain, des pasteurs désorientés comme celui dont il est question ici.

Dans tous les cas, il convient de souligner que le comportement actuel de Kyris qui s'abstient de se tout remariage est tout à fait méritoire, surtout dans le monde actuel.

In Xto,
archi.
Dernière modification par archi le mer. 13 avr. 2016, 20:34, modifié 1 fois.
Nous qui dans ce mystère, représentons les chérubins,
Et chantons l'hymne trois fois sainte à la vivifiante Trinité.
Déposons maintenant tous les soucis de ce monde.

Pour recevoir le Roi de toutes choses, Invisiblement escorté des choeurs angéliques.
Alléluia, alléluia, alléluia.

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Re: Le cas des divorcés non remariés et l'absolution

Message non lu par Kerniou » mer. 13 avr. 2016, 20:15

Qui commet un crime et s'en repent, reçoit, me semble-t-il l'absolution. Pourtant la victime est définitivement morte et ne reviendra pas à sa vie sur la terre.
La séparation d'avec son conjoint qui n'est pas un crime serait donc une faute plus grave à pardonner que le meurtre ?
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Re: Le cas des divorcés non remariés et l'absolution

Message non lu par axou » mer. 13 avr. 2016, 20:17

Bonjour Kyris,

pourquoi ne pas lire le document que le Pape vient de sortir, Amoris Laetitia, l'exhortation apostolique aux familles ?
Le Pape place la miséricorde et l"amour inconditionnel de Dieu pour chacun de nous au coeur de nos vies.

Bien à vous,

Axou

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