Méditations pour la période de Carême

« Quant à vous, menez une vie digne de l’Évangile du Christ. » (Ph 1.27)
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Re: Carême 2016

Message non lu par Fée Violine » dim. 28 févr. 2016, 17:41

Grand écart

La parole de Dieu
« Des gens qui se trouvaient là rapportèrent à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer. »
Évangile selon saint Luc, chapitre 13, verset 1

La méditation (par le Fr. Lionel Gentric, du couvent de Strasbourg)
C’était un samedi matin, après une nuit peuplée de cris, de coups et de larmes. Paris était déserte. Tout juste un promeneur aventureux, quelques coureurs. Le bus 83 filait dans les artères de la ville. Il faisait beau.
Rendez-vous était donné, dans un de nos couvents — à bonne distance du lieu des attentats. C’était l’heure du bilan de notre dernier pèlerinage du Rosaire. De l’avis de tous, nous avions vécu, à Lourdes, un beau et paisible pèlerinage. Les images étaient là pour en témoigner. Comme chaque année, une caméra avait immortalisé quelques-uns des gestes de tendresse, des sourires, des larmes d’émotion, comme autant de fruits de la grâce de Dieu, tellement présente. Somptueuses images, cette année encore.
Sur mon smartphone, d’autres images défilaient, d’une infinie violence. Il n’était pas question de choisir. Je n’ai pas réfléchi. C’était l’un et l’autre. La mémoire encore vive du vacarme des hélicos et le souvenir, à peine plus lointain, des chants du pèlerinage. Tout ensemble, en vrac.
Je ne sais pas comment ces expériences peuvent se rejoindre. Le pourraient-elles seulement ? Elles sont irréductibles l’une à l’autre ; aucune des deux ne saurait engloutir l’autre. Le massacre du Bataclan m’a plongé dans la stupeur et le souvenir de notre dernier pèlerinage dans l’action de grâce. Il y a eu un moment où j’ai été tout à la fois dans la stupeur et dans l’action de grâce. C’était un samedi matin.
Il en est un qui a connu cette multiplicité des expériences, cet écart. En lui, les expériences les plus diverses — de la plus crucifiante à la plus exaltante — se fondent. Jésus. Il a tout connu, tout traversé sans en être déchiré. Ici, nous touchons peut-être quelque chose de ce que les théologiens désignent savamment comme le « mystère du Verbe incarné ». Quand Jésus rencontre la veuve de Naïm — elle vient de perdre son fils —, quand il est interpellé sur le massacre des Galiléens — sur ordre de Pilate —, il éprouve comme nous toute la violence du monde. Il frissonne et pleure avec nous. En lui jaillit pourtant, dans le même instant, la joie qui surpasse toute joie : il demeure uni à son Père.
Y a-t-il un chemin qui ouvre sans détour à cette joie capable de s’allier avec l’épreuve de la dureté du monde ? Probablement pas. Jésus, pour sa part, nous invite simplement à le suivre, à mettre nos pas dans les siens, à nous convertir. À sa suite, nous apprendrons.

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Re: Carême 2016

Message non lu par Fée Violine » lun. 29 févr. 2016, 12:23

L’amour rend force

La parole de Dieu
« Jésus vit une grande foule.
Il fut saisi de compassion envers eux. »
Évangile selon saint Marc, chapitre 6, verset 34

La méditation (frère Lionel Gentric)
Je me suis demandé plus d’une fois comment il fait. Comment fait le pape François pour déployer une telle énergie sur la place Saint-Pierre, à la rencontre des foules ? Les journées doivent être longues, quand on est pape. Et pas toujours très amusantes. Lui aussi connaît la dureté du monde.
En fait, j’avais une clé, sans le savoir. Je l’ai dit mille fois aux hospitaliers de Lourdes : « L’hospitalier ne puise pas dans ses réserves quand il est au service, quand il délivre un sourire, quand il échange un regard, quand il a une parole de consolation. Tout au contraire, il refait ses forces et sa santé. »
Le service et le don de soi ne sont pas les derniers actes qu’on pose quand on a déjà fait tout le reste — la prière, le travail, que sais-je encore —, quand on est établi dans la vie chrétienne, débordant de ressources. C’est tout le contraire. D’abord, sortir de soi, dans le service, dans le geste du soin, dans la relation d’amitié. Être avec les autres et pour les autres. « L’amour pour les gens est une force spirituelle qui permet la rencontre totale avec Dieu *», écrit le pape François dans son exhortation La joie de l’Évangile. L’amour rend force. L’amour rend foi.
Le chrétien n’est pas missionnaire parce que croyant ; il est plus souvent croyant parce que missionnaire. Ou serviteur. La mission est chemin par excellence de la rencontre de Dieu. Le missionnaire se nourrit de se donner. Il se reçoit quand il s’abandonne. « Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera. »**

* La joie de l’Évangile, numéro 272.
** Évangile selon saint Luc, chapitre 9, verset 24.
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Re: Carême 2016

Message non lu par Fée Violine » mar. 01 mars 2016, 11:07

Immersion totale


La parole de Dieu
« Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être baptisé du baptême dans lequel je vais être plongé ? »
Évangile selon saint Marc, chapitre 10, verset 38.

La méditation (fr. Lionel Gentric)
Un père jésuite écrivait : « Quand on a décidé de partir à la recherche de Dieu, il faut mettre sur son âne tout ce qu’on possède et partir avec tout ce qu’on est, sa carcasse, son esprit, son âme. Il faut tout prendre, les grandeurs et les faiblesses, le passé de péché, les grandes espérances, les tendances les plus basses et les plus violentes… tout, tout, car tout doit passer par le feu. »* À quoi j’ajouterais : et par l’eau.
Ils le savent, les pèlerins de Lourdes qui ont fait l’expérience d’être plongés dans l’eau froide, un simple pagne autour des reins. Ils ont tout laissé — tout ce qui devait être laissé, le vêtement —, mais ils ont tout pris d’eux-mêmes, tout ce qui compte, pour entrer dans l’eau et faire mémoire de leur baptême.
Le baptême n’est pas affaire de quelques gouttes qu’on laisserait ruisseler sur une chevelure, aussitôt essuyées, d’un geste. Être baptisé, c’est être tout entier plongé, livré aux eaux. La tête sous l’eau, sans masque ni tuba. À en avoir le souffle coupé.
Le baptême de Jésus, c’est la plongée du Fils de Dieu dans les eaux de notre humanité. Sans retenue. Il a tout assumé, tout porté, tout vécu. Il n’a rien retenu du rang qui l’égalait à Dieu ; il a fait une expérience totale de notre humanité. Joyeuse, parfois. Souffrante, parfois. Lumineuse et douloureuse, parfois tout mélangé. Mortelle, aussi.
Suivre le Christ, c’est le suivre sur le chemin de son baptême. Grandir, aimer, rire et pleurer. Avoir faim, manger, se mettre en colère, se calmer. Affronter les démons. Rêver, prier, célébrer, prêcher, espérer, souffrir et mourir. Finalement, sortir la tête de l’eau, et respirer à nouveau, pour de bon. Ressusciter.

* Yves Raguin, Chemins de la contemplation. Éléments de vie spirituelle, 1969.

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Re: Carême 2016

Message non lu par Fée Violine » sam. 12 mars 2016, 22:53

Esprit de liberté

La parole de Dieu
« Il fallait festoyer et se réjouir. »
Évangile selon saint Luc, chapitre 15, verset 32

La méditation (par le fr. Patrick Lens, du couvent de Bruxelles)
Dès le premier jour, l'Esprit de liberté est là et enveloppe le père. La parole de Khalil Gibran « vos enfants ne sont pas vos enfants » pourrait être aussi celle du père. Il veut ses enfants libres. Non des esclaves, mais des fils, debout face à lui. C'est pourquoi il fait le choix d'accéder au désir de son plus jeune fils quand celui-ci veut partir. Une folie. La même que celle de Dieu quand il crée l'homme. Le Père prend le risque de notre liberté, de notre histoire humaine, de ses erreurs, de ses errances et même de ses souffrances. Il prend ce risque parce qu'il sait qu'il aimera toujours ses enfants, quoi qu'il arrive, même s'il lui faut en souffrir. Il sait ou plutôt il espère qu'au bout du compte, ses enfants découvriront son cœur de Père. Un simple regard tourné vers lui suffit. Alors quand revient le prodigue, le père pardonne, sans attendre. À cet instant, lui seul est capable de l’aimer pleinement. Il efface d’une parole la dette du péché. D’un geste, il allège du poids de la faute son fardeau. Il offre à nouveau le trésor d’une liberté pleine et entière à son enfant humilié.
Le temps est venu de festoyer. Vite, tuons, non pas un chevreau, ce serait trop peu, mais un veau gras, l’animal gardé pour l’événement unique dans une vie. La fête préparée par le père a quelque chose de démesuré, de surabondant. Il n’est plus question de Miséricorde, car le passé est oublié. Il n’y a place que pour la fête, la joie d’aimer et d’être aimé, librement. Ce jour-là, Dieu nous surprendra par l’abondance de ses dons. Il nous remplira de sa présence. Le cadet gagne un nouvel héritage, sans prix, un père, son père, notre Père.
Méditation enregistrée dans un studio de RCF Bruxelles.

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Re: Carême 2016

Message non lu par Fée Violine » dim. 13 mars 2016, 19:02

Sur elle ? Sur lui ?


La parole de Dieu
« Jésus est un ami, un ami qui nous aime éperdument, de toute éternité, et qui ne cesse de nous poursuivre de son amitié. »
Bienheureux Jean-Joseph Lataste

La méditation (par la Fraternité Bx Lataste)
Ah, personne n’a parlé comme cet homme ! Eh bien, disent les légistes, nous allons le coincer, ce rabbi. Soudain, les regards s’orientent vers un groupe étrange : bottes, cris, insultes, choc de pierres, larmes. Une femme est jetée au milieu, devant Jésus, et, miracle de l’amour, l’amante et l’Amant se reconnaissent, amour de chair et de charité. Regard et silence.
Les condamnateurs gênés se reprennent, les mains prêtes à lancer la pierre. Sur elle ? Sur lui ? Prise sur le fait : adultère, elle mérite la mort, c’est la loi. Toi, qu’en dis-tu ? Lui se tait. Je ne suis pas venu pour condamner mais pour sauver. Elle se tait. Si Dieu est pour nous, qui pourrait condamner* ?
Insistance des condamnateurs, ils ne sortiront pas d’ici sans avoir trouvé un motif de condamnation.
Jésus se redresse, maintenant à hauteur d’homme, les yeux baissés. Une parole pleine de douceur sort de sa bouche : « Que celui qui est sans péché lui jette le premier la pierre. »
À nouveau, il se baisse au niveau de la femme : communion d’amour et de peine. Des pas discrets comme un murmure effleurent le sol, devenant peu à peu une houle : ils partent tous, remués au plus profond d’eux-mêmes par ce regard d’une telle innocence. Leur cœur de pierre, dans leurs mains, devient cœur de chair.
Jésus se redresse, heureux, lumineux : « Femme, où sont-ils ? Personne ne t’a condamnée ? » « Personne, Seigneur. » Elle se redresse, les yeux brillants d’une joie neuve. Moi non plus je ne te condamne pas, je ne sais pas condamner, je suis venu sauver, comme toi je ne sais qu’aimer. Va, ne pèche plus.
L’amour a vaincu la haine. Le passé de l’homme endurci est devenu miel en son cœur, le repentir de l’épouse a supplanté la trahison, chacun se retrouve face à sa vérité et fait la paix avec soi-même et avec Dieu.
Hier n’est plus. Le pardon coule en source d’avenir ; aujourd’hui crée du neuf. Ce que j’aime, dit Dieu, c’est la Miséricorde. Elle a toujours le dernier mot.

Sœur Agnès de Jésus Marie
* Lettre de saint Paul aux Romains, chapitre 8, versets 31 et 34.
Méditation enregistrée dans un studio de RCF Besançon.

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Re: Carême 2016

Message non lu par Fée Violine » mar. 15 mars 2016, 1:30

Amie de l’aube


La parole de Dieu
« Ah ! De grâce, mes frères, quoi que vous ayez fait, quoi que vous fassiez, ne désespérez jamais
de la Miséricorde de Dieu. »
Bienheureux Jean-Joseph Lataste

La méditation
Amie de l’aube, jamais je ne t’appellerai « femme adultère ». Je refuse de te coller une étiquette, comme si tu n’étais que cela…
Tu souffres de cette souffrance qui a pour nom la honte. La honte, tu peux l’avoir traversée une heure, six mois, dix ans, elle laisse une trace indélébile en toi.
Un lycéen m’a, un jour, fait comprendre cette honte. Comme toi, sa vie intime a été jetée en pâture, comme toi, il a été mis à nu contre son gré. Lui sur les réseaux sociaux, toi dans le temple de Jérusalem, devant un aréopage de religieux.
Il me disait : « J’ai envie de raser les murs. Non, en fait, j’ai envie de me transformer en mur. » Voilà la honte : emmurer vivant.
Paralysante. Elle ôte les forces physiques et morales, telle est cette honte : mortifère.
Un regard bienveillant, délicat, pudique, aucune question qui pourrait te gêner, rien qui concerne ta vie intime, cette discrétion, nous essayons de la vivre au quotidien. Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ?
Dans ta chair vulnérable, tu entends alors la Parole : « Je vais ouvrir ton tombeau et je t’en ferai sortir. Je te ramènerai sur ta terre. La terre de l’innocence retrouvée, la terre de la réconciliation, te voilà enfin au milieu du temple véritable : le cœur de Dieu. Là, tu accueilles la vie, le don inouï de la Miséricorde.
Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »
Autrement dit, va et désormais crois au pardon sans limite, quoi qu’il arrive…
Amie de l’aurore, l’aube s’est levée, te voilà passée de la honte à la lumière. Pâque de Jésus-Christ. Car le Christ vivant est aussi le Christ de tes abîmes, et le Christ vivant de tes abîmes est aussi celui de ta résurrection.
Frère Jean-Michel Dunand, communion Béthanie

Méditation enregistrée dans un studio de RCF Maguelone (Montpellier)

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Re: Carême 2016

Message non lu par Fée Violine » mar. 15 mars 2016, 12:14

Deux sœurs


La parole de Dieu
« L'humilité, la chasteté, la foi, toutes les vertus sont chères au cœur de Dieu,
mais ce qu'il aime par-dessus tout, c'est d'être aimé. »
Bienheureux Jean-Joseph Lataste

La méditation
Dans les évangiles, deux femmes ont échappé à la lapidation. Nous connaissons le nom de la première : Marie de Nazareth. Son fiancé aurait pu la faire condamner ; Joseph ne l’a pas fait parce qu’il était un homme juste, ouvert au désir de Dieu et à son écoute.
La femme qu’on amène à Jésus n’a pas de nom ou plutôt elle a le mien et le vôtre. Elle peut être chacun de nous avec notre péché, nos refus d’aimer Dieu, les autres ou nous-mêmes, car le péché n’est rien d’autre !
Avec elle nous voici devant non pas un juste mais devant le seul juste, le seul qui peut nous rendre juste à ses yeux, nous ajuster ou nous réajuster à l’amour du Père miséricordieux, donnant ainsi une folle espérance aux plus abîmés, aux plus perdus, aux plus pécheurs. « Va et ne pèche plus » a toute cette signification : Va. Je ne te condamne pas. Je te fais confiance. J’espère en toi. Je t’aime.
Certains voudraient peut-être entendre un explicite : « Je te pardonne. » Mais non. L’absence de condamnation, l’envoi pour une vie nouvelle, là est le pardon. Que veut-on de plus ? La Miséricorde accueille, pardonne, espère.
Le bienheureux Jean Joseph Lataste l’a dit et montré aux 400 détenues de la Maison centrale de Cadillac. Son témoignage et ses paroles ont porté du fruit. Il a simplement prêché l’Évangile de la Miséricorde. Avec la Miséricorde, nous avons de quoi arrêter toutes les lapidations qui pourraient nous atteindre ou par lesquelles nous pourrions atteindre les autres. Lapidations non par les pierres, mais par les paroles jetées qui condamnent, excluent, calomnient, médisent.
Monseigneur Gérard Daucourt

Méditation enregistrée dans un studio de RCF Besançon.

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Re: Carême 2016

Message non lu par Fée Violine » mer. 16 mars 2016, 10:19

Gare aux pharisiens !


La parole de Dieu
« La main qui a relevé les unes est la même qui a préservé les autres de tomber. »
Bienheureux Jean-Joseph Lataste

La méditation
Ce qu’ils veulent, c’est mettre Jésus à l’épreuve, pouvoir l’accuser. La situation de cette femme, sa conduite, son salut, tout cela leur importe peu. Car ce qui les scandalise vraiment, eux, les scribes et les pharisiens, ce n’est pas l’adultère de cette femme, c’est la prédication de Jésus. Cette prédication qui rappelle la place juste de la Loi, qui annonce un salut gratuit offert à tous, n’a que faire des mérites et des honneurs de ce monde. Cette prédication démasque le salut qu’ils professent, un salut réservé à une élite de « bons » croyants. Une nouvelle fois, les scribes et les pharisiens se rassemblent pour demander des comptes à Jésus.
Alors Jésus leur donne une double leçon. D’abord, il rappelle que nul n’est exempt de péché : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Remarque d’abord la poutre dans ton œil au lieu de te fixer sur la paille dans celui de ton voisin. Apprends aussi à aimer, non pas le péché, mais le pécheur. Le Christ est venu non pour les justes, les bien portants, mais pour les malades, les pécheurs. L’Église, reflet du visage du Christ est un hôpital de campagne, et non pas un tribunal ou un club privé. « Il est inutile de demander à un blessé grave s’il a du cholestérol ou si son taux de sucre est trop haut ! Nous devons soigner les blessures. Ensuite, nous pourrons aborder le reste », nous dit le pape François*. Laissons donc à terre la pierre que nous allions jeter peut-être. Recevons plutôt dans nos mains le baume de la Miséricorde pour guérir nos blessures et panser aussi celles de nos proches.
Frère Thomas-Marie Gilet.

* Entretien du pape François aux Revues culturelles jésuites, août 2013.
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Re: Carême 2016

Message non lu par Fée Violine » jeu. 17 mars 2016, 14:10

Plus bas que toi

La parole de Dieu
« L’homme n'a pas encore parlé et déjà Dieu a tout compris, tout accordé ; il n'a pas encore demandé et déjà il a tout reçu. »
Bienheureux Jean-Joseph Lataste

La méditation
Le peuple assoiffé boit Jésus. Et surprise ! Une femme va venir à lui, malgré elle, jetée à ses pieds, au milieu, par ses accusateurs, qui ne savent pas ce qu’ils font.
Jésus se tait et son corps s’abaisse : mystère de la Parole de Dieu faite chair. Jésus s’abaisse. Son corps, dans son silence enveloppant d’Amour, se fait tout petit aux pieds de la femme, plus bas qu’elle. La seule présence de Jésus parle, cœur à cœur, âme à âme, dans la vérité nue qui rend la femme à sa liberté : « Ne crains pas, je suis le Très-Bas, plus bas que toi, pour qu’en me relevant tu te relèves toi aussi ! »
Quand je suis en adoration devant Jésus-Eucharistie, la présence du ressuscité dans ce petit morceau de pain éclaire doucement, patiemment, mes zones d’ombre. Là, silencieux, il mendie et frappe à la porte de mon cœur. Il voit mon désir et défait imperceptiblement les nœuds de mon âme. Je bois à la source d’eau vive, je reviens à la vie.
Alors Jésus se redresse et il lui dit : « Femme, où sont-ils ? Personne ne t’a condamnée ? » La femme sent comme une eau vive couler sur elle, celle d’un regard qui relève, qui la renvoie à la vie, qui la libère du regard accusateur, du mensonge, et qui la rend à elle-même. Elle se redresse, sort de son silence et proclame sa foi : « Personne, Seigneur ! » Jésus lui dit : « Moi non plus je ne te condamne pas. Va, désormais ne pèche plus ! »
Et toi, où as-tu vu Jésus s’abaisser devant toi pour te relever ?
Sœur Marie-Emmanuelle.
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Re: Carême 2016

Message non lu par Fée Violine » ven. 18 mars 2016, 18:35

Le milieu de nous

La parole de Dieu
« Dieu est le meilleur de nos amis, et pour un ami, tous les repentirs possibles ne valent pas un bon "je t’aime !" »
Bienheureux Jean-Joseph Lataste

La méditation
Au centre du cercle, au cœur du temple, voilà cette femme, accusée par les hommes du temple, menacée, condamnée bientôt. Sans comprendre ce qu’ils font, ils la placent au milieu, c’est-à-dire là où est Jésus, lui qui est « le milieu de nous », le cœur de nos relations, « l’entre nous », le cœur de Dieu, le point focal de la Miséricorde.
En la mettant au milieu de leur cercle pour l’accuser, les hommes du temple placent la femme en compagnie du Christ, et dans le même mouvement l’accusent, lui, implicitement, de désinvolture devant la loi de Moïse. Subrepticement, Jésus prend la place de la femme, de l’accusée, à tel point que bientôt c’est lui que l’on cherchera à lapider. Ce geste, il le fait avec chacun de nous. La non-condamnation de la femme est en même temps la non-condamnation des scribes et des pharisiens. Ils se sont jugés eux-mêmes, cela suffit. Au cœur de nos fautes, il est là, lui le défenseur. Il nous tient la main et reçoit l’offense à notre place. Jusqu’à la croix, où il a porté la condamnation pour nous en délivrer. Il faut se blottir près de lui, jusqu’à se glisser dans son côté ouvert pour recevoir la vie qu’il offre : « Moi non plus, je ne te condamne pas. »
Le Christ, aujourd’hui, te dit cela à toi. Ce faisant, il te fait naître à la vie. Il te crée du dedans. Il fait de toi, de ta chair, de ta peau, son temple. Dans le Saint des Saints que tu es, il n’y a pas de place pour la condamnation. Ni pour l’accusation.
Sœur Anne Lécu.
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Re: Carême 2016

Message non lu par Fée Violine » sam. 19 mars 2016, 21:42

Cœur libre


La parole de Dieu
« Les plus grands pécheurs ont en eux ce qui fait les plus grands saints. »
Bienheureux Jean-Joseph Lataste

La méditation
À ma sortie de prison, j’avais très peur de dire d’où je venais et que l’on m’interroge sur mon passé. Peur d’être jugé. J’avais l’impression que les yeux du monde entier étaient fixés sur moi, comme sur la femme adultère, pour me condamner parce que j’avais failli à la perfection. Nul homme ou femme n’est parfait. Avoir été condamné à trente-deux ans de prison aux États-Unis fait-il de moi un pécheur pire que celui qui n’a pas connu la prison ? Le monde a le pouvoir de mettre notre corps en prison, mais il ne peut pas emprisonner notre âme. Mon âme appartient à Jésus-Christ, et je suis là pour le servir, fleurir là où j’ai été planté, là où je suis.
Surtout nous rappeler que nous sommes aimés, que je suis aimé. Le Christ a suffisamment aimé la femme adultère pour ne pas la condamner. Jésus lui a pardonné comme il m’a pardonné, à moi, et comme il pardonne à qui vient à lui. Dieu, dans son infinie Miséricorde, désire et peut pardonner au plus endurci des pécheurs. Son pardon et sa Miséricorde ne dépendent de rien, sinon qu’on vienne à lui. Même lorsque notre péché est si grand que — nous semble-t-il — nous sommes au-delà de toute possibilité de rédemption, Dieu nous prend par la main pour nous amener au salut.
Comme la femme adultère, nous sommes dans une situation de grande sainteté, dépouillés de tout, de l'extérieur, pour marcher main dans la main avec Jésus. C’est à moi et à moi seul de prendre la décision de suivre Jésus. La Miséricorde est à ma portée, ouverte à tous.
Et maintenant, mon frère, ma sœur, mon cœur est libre, mon âme est dans la joie à la pensée que la Miséricorde divine s’est répandue sur moi, et de même que la femme adultère a été pardonnée, moi aussi, j’ai reçu la grâce de Jésus. J’en suis plein de gratitude. Que Dieu vous bénisse tous !
Robert Gonzalez, opl
L'auteur de cette méditation est un laïc dominicain, comme moi :) :coeur:

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Re: Carême 2016

Message non lu par Kerniou » dim. 20 mars 2016, 10:55

Belle méditation sur le pardon et l'espérance.
" Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu , car Dieu est Amour " I Jean 4,7.

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Re: Carême 2016

Message non lu par Fée Violine » dim. 20 mars 2016, 11:23

Frère David Macaire
Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France (Martinique)

• Dire « Père » comme Jésus •

La parole de Dieu
« Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. »
Évangile selon saint Luc, chapitre 22, verset 42

La méditation
Nous n’aimons pas la soumission, elle sonne mal à nos oreilles ; elle semble contraire à notre liberté, à notre dignité ! Souvent, même, nous lui préférons la domination, même si notre fond chrétien sait que celle-ci est la conséquence du péché.
En tout cas, pour affronter la jungle des relations de notre monde, nous tentons souvent un équilibre entre les deux sur une ligne de crête périlleuse. « Ni domination, ni soumission » (peut-être le slogan de l’honnête homme du XXIe siècle !).
Malheureusement, le maintien de cette stratégie du « ni-ni » ne dépend pas que de la bonne volonté de chacun. Selon les rencontres, les psychologies, les blessures, la situation ou la philosophie du milieu dans lequel nous sommes, nous nous trouvons tantôt dominés, tantôt dominants… Ce n’est pas agréable, mais la jungle est la jungle et elle ne connaît que la loi du plus fort.
Même l’Évangile semble nous présenter ce diptyque : d’un côté, Jésus, le jour des rameaux, dominant la ville et le peuple de Jérusalem, est accueilli comme un roi par des vivats. D’un autre côté, peu de temps après, devenu faible, il est conspué et mis à mort violemment par ce même peuple… Dominant-dominé : une fatalité !?
Mais voilà que la révélation de Dieu comme Père met fin à cette impasse : certes, face aux réalités si puissantes qu’il affronte, chaque être humain ressent sa fragilité, mais alors qu’il est tenté de sombrer dans les voies du désespoir ou de l’orgueil, il découvre que le regard de Dieu est celui d’un Père qui veut faire Miséricorde. En confiant sa vie, avec ses misères, à celui-là seul qui la respecte et qui l’a créée, non seulement l’être humain ne perd rien de sa dignité, mais il brise toute crainte d’être écrasé par un autre. Jésus qui entre à Jérusalem ne domine pas le peuple, Jésus qui pleure à Gethsémani n’est pas écrasé. C’est toujours Jésus, fils unique du Père des Miséricordes, qui, dans la foule comme dans la solitude, se laisse façonner par « ce que veut le Père » (la Miséricorde) et nous entraîne à sa suite dans ce même amour. Veux-tu marcher avec lui ?
Méditation enregistrée dans les studios de Radio Saint Louis (Martinique)
Le frère David Macaire était auparavant prieur du couvent de la Sainte-Baume, où je l'ai vu il y a 2 ans lors d'un week-end de Fraternités laïques dominicaines. Il est très sympathique !

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Re: Carême 2016

Message non lu par Fée Violine » lun. 21 mars 2016, 21:26

Toucher le ciel

La parole de Dieu
« Marie ayant pris une livre d’un parfum de nard pur, de grand prix, oignit les pieds de Jésus, et elle lui essuya les pieds avec ses cheveux ; la maison fut remplie de l’odeur du parfum. »
Évangile selon saint Jean, chapitre 12, verset 3

La méditation (frère David Macaire)
L’instinct féminin de Marie ne l’a pas trompée : guidée par l’Esprit d’amour, elle pose l’acte qu’il faut, où il faut et quand il faut. À la veille de la Pâque, ce geste de la disciple bien-aimée, celle qui avait « choisi la meilleure part », résume prophétiquement le salut de chacun de nous. C’est un geste d’amour personnel, intime, mais il est en même temps un témoignage qui se répand dans toute la maison jusqu’à nous. Alors que certains y verraient une idolâtrie méprisable aux relents machistes, Marie pose un acte d’authentique adoration. Judas et ceux qui lui ressemblent crient au gâchis, mais elle touche la vérité et la beauté suprêmes que les plus grands philosophes et les prophètes les plus éminents avaient cherchées depuis des siècles. En se mettant au pied de Jésus, Marie les surpasse tous. Elle touche le ciel.
Son geste d’humilité, voire d’humiliation, est une consécration à la seule personne qui peut en être digne : celui qui, par sa mort et sa résurrection, va lui donner de devenir fille du Père éternel. Cette onction de nard pur est son baptême à elle, son plongeon dans la mort du Fils : la pauvre fille trempe les pieds de Jésus dans son parfum, mais c’est du sang de son bien-aimé qu’elle sera ensuite couverte au pied de la croix. Cette femme a tout compris. Pour resplendir de beauté et respirer enfin l’air pur du bonheur, pour laver sa misère, pour être regardée et touchée par le Dieu des Miséricordes, il n’y a qu’un moyen : se donner à Jésus. Par lui, avec lui et en lui, le Père fait Miséricorde.
Méditation enregistrée dans les studios de Radio Saint Louis (Martinique)

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Re: Carême 2016

Message non lu par Fée Violine » jeu. 24 mars 2016, 11:45

Vous serez vraiment grands dans la mesure où vous êtes petits


La parole de Dieu
« Sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. »
Évangile selon saint Jean, chapitre 13, verset 1

La méditation (frère David Macaire)
Le plan de Dieu est simple : faire de nous ses fils et ses filles. Merveilleuse entreprise du Dieu amour qui veut restaurer la ressemblance initiale défigurée par le vieil homme. Ainsi, tout le ministère de Jésus consiste à faire en sorte que l’homme nouveau agisse comme lui et aime comme lui. Pour cela, il nous a aimés jusqu’au bout, jusqu’au sacrifice de sa vie dont nous faisons mémoire à chaque eucharistie.
L’orgueil humain est malheureusement capable de s’affranchir de tout et d’abord de Dieu. Il est le virus le plus répandu, le plus dangereux et le plus tenace de nos cœurs… Tout péché, même le plus mignon, s’enracine dans un acte d’orgueil : un moment où nous refusons, les yeux dans les yeux, l’amour et l’intelligence divine et choisissons de suivre notre propre désir. C’est pour cela que le Fils de l’homme a pris le chemin de l’abaissement pour sauver ceux que l’orgueil a perdus : il s’abaisse en prenant chair. Il s’abaisse en lavant les pieds de ses disciples. Il s’abaisse en livrant son corps et en versant son sang. Il s’abaisse et cet abaissement n’est qu’amour pour les hommes qu’il vient toucher et consécration à la volonté du Père. Il s’abaisse, mais c’est pour être élevé plus tard au-dessus des cieux. Il s’abaisse pour que, même si nous sommes tombés bien bas, avec lui nous soyons élevés au rang des vrais adorateurs et des vrais frères. Il s’abaisse jusqu’à nos lèvres et nous devenons ce que nous recevons.

Méditation enregistrée dans les studios de Radio Saint Louis (Martinique)

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