Supra900 a écrit :
J'essaie le plus de vivre selon une vision catholique, donc nous pouvons vivre sur le même paradigme. Mais vous suggérez juste que la sexualité n'est pas la pratique la plus apte à se rapprocher de Dieu, peut-être vous insinuez que puisque la sexualité n'est pas le plus important, il ne faut pas se concentrer juste sur ça et fixer des limites, mais ça ne résout rien directement.
Conclusion : Qu'est-ce que cet "Amour" : la procréation ou l'amour partagé entre deux individus (bien que pas réductible à seulement cela) ?
Mon cher Supra,
Vous avez la gentillesse de me demander mon avis sur ce sujet. En général, je ne réponds pas sur les sujets qui parlent de sexualité... Me voilà donc bien embêté pour vous répondre, mais je vais quand même essayer.
Pourquoi ne m'investis-je pas dans ce passionnant débat ?
Disons, pour faire simple, que Jésus Christ n'a jamais parlé ... ni de sodomie, ni d’éjaculation précoce, ni de fellation et ni autres joyeuses pratiques sexuelles ! Le christianisme n'est à une mystique de water-closet ...ou d’alcôve, (si vous souhaitez une expression plus raffinée). Je connais une religion qui a beaucoup légiféré sur la façon de se torcher ou de s’épiler le pubis. Grâce à Dieu, le christianisme a échappé à ces excès de phobie corporelle : il serait bon qu'il en reste ainsi. Mais comme les hommes aiment bien tout préciser dans des termes de loi, j'ai peur que la théologie ne soit tout de même entrée dans les chambres à coucher... à moins que ce ne soient les médias modernes qui aient insisté pour que l'Eglise limite son discours sur l'amour à l'usage du préservatif (ou autres discours réducteurs).
I / Mais il y a tout de même de grands axes, où il semble légitime que l'Eglise donne son avis :
1/ Définissons les choses d'un point de vue catholique : l'amour n'est pas d'abord un sentiment, l’amour est une décision, c'est la décision libre de vouloir du bien à l'autre.
C'est pour cela et comme cela qu'un chrétien peut aimer son ennemi : il ne s'agit de l'inclinaison niaise et masochiste pour son bourreau, il s'agit du refus de tirer vengeance, et de souhaiter le bien de son bourreau. (Zut ! vous me parliez de gaudriole, et je vous réponds
amour des ennemis : pas fun le mec !)
L'amour n'est donc pas un sentiment... mais un acte libre. Tout cela n'est pas très romantique, n'est-ce pas ? Quand on est un jeune adulte travaillé par sa sexualité, voilà qui est peu agréable à entendre.
2/ Le mariage est donc ordonné à la liberté. C'est le fait de poser l'acte libre de s'engager à vie avec telle femme ou tel homme, avant même que de parler d'amour. C'est étonnant, n'est-ce pas ? Si un jour vous suivez votre parcours (librement) jusqu'à vous marier à l'Eglise, vous aurez la surprise de découvrir (lors de votre préparation du sacrement de mariage), qu'on ne vous demande pas d'être amoureux de votre future épouse, on vous demande si vous êtes libre de vous engager !!!!
3/ La sexualité est ordonnée à la reproduction. Mais faut-il entrer dans le détails des préliminaires amoureux ? Personnellement (et là, je ne sais même pas ce que dit l'Eglise à ce sujet, je vous dis mon sentiment), vos préliminaires amoureux ne me regardent pas et ne m’intéressent pas !
4/ Le mariage est l’alliance d'un homme et d'une femme. Un homme
et une femme à l'exclusion de tout autre ! Un homme et une femme qui sont adultes, puisqu'ils quittent leurs parents.
Ainsi l'a ordonné Jésus-Christ. C'est d'ailleurs la seule fois où Jésus a parlé du mariage, donc de sexualité :
"
dès l'origine de la création « Il les fit homme et femme ». Ainsi donc l'homme quittera son père et sa mère, et les deux ne feront qu'une seule chair. Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Eh, bien ! Ce que Dieu a uni, l'homme ne doit point le séparer. » (Marc 10, 5-7).
5/ Par ailleurs, le couple humain (avec sa sexualité) a été sanctifié par cette sublime comparaison de Paul :
"
Voici donc que l'homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme, et les deux ne ferons qu'une seule chair : ce mystère est de grande portée ; je veux dire qu'il s'applique au Christ et à l’Église. Bref, en ce qui vous concerne, que chacun aime sa femme comme soi-même, et que la femme révère son mari. » (Éph 5, 1-33).
L'homme et la femme unis dans le mariage sont l'image de du Christ et de son Eglise... c'est
un mystère de grande portée dit le chaste Paul (le pas trop rigolo Paul), ... laissons donc le mystère de l'amour humain s'épanouir derrière la porte fermée d'une chambre close. Le christianisme n'est pas une mystique de lavabo.
II / Nous avons vu la théorie (de mon point de vue), voyons maintenant la pratique.
1/ Dans votre propos, vous insistez sur la pratique de la vie catholique. La morale a une utilité, mais elle n'est pas en premier dans la vie chrétienne. Le christianisme n'est pas une orthopraxie (c'est-à-dire une religion qui prétend offrir le salut par la pratique de rituels censés sauver.)
Le Christianisme prêche le salut par la grâce. Dieu, en Jésus Christ, nous sauve.
Croyez vous en Jésus Christ mort pour vos péché et ressuscité le troisième jour pour votre Rédemption ?
Donnez votre foi au Christ.
Aspirez au Christ
Suivez-le.
Tout le reste se mettra en place en son temps.
La vie d'un chrétien est ordonnée au Christ, Il est plus important que votre sexualité, qui est certes fort tyrannique au cours de nos vies d'homme (qui inclut naturellement les femmes).
Parfois, j'en viens à penser que cette piteuse sexualité tyrannique est l'aiguillon qui nous protège du pharisaïsme.
2/ Quand on est adolescent, je sais fort bien (pour m'en souvenir) qu'il est douloureux d'avoir des désirs d'adulte, sans avoir le moyen de les satisfaire saintement. L'adolescence est la période entre la maturité sexuelle de la puberté et l'âge du mariage. Cette période douloureuse n'est pas une invention moderne (due aux études supérieures). Cette période de chasteté a existé au Moyen Age dans toute la société civile chrétienne (l'âge du mariage était en moyenne de 25 ans pour les garçons et les filles au Moyen âge !).
3/ Il y a une ascèse, un apprentissage du contrôle de soi, dans cette période de chasteté imposée.
Rater quelques marches (masturbation et autres vagabondages sexuels prénuptiaux), est signe (tout de même) de bonne santé physique. En reconnaître la faute en confession est signe de maturité spirituelle. Cette ascèse et cette repentance nous protège du pharisaïsme : tout est grâce !
Quand on est marié, on doit toujours pratiquer une forme de maîtrise. La femme n'est pas toujours disponible sexuellement (règles, grossesses à risque, etc) et il n'est pas question d'avoir une seconde épouse pour
se défouler... L'apprentissage vécu (dans la douleur) à l'adolescence est donc fort utile !
Comme je sais que vous n'êtes pas baptisé, il vous est difficile de trouver cet équilibre entre vos pulsions, d'une part, et la sainteté offerte par la pratique du sacrement de réconciliation, d'autre part. Sachez que le jour de votre baptême, tous vos péchés antérieurs seront lavés, pardonnés, oubliés. En attendant, faites tendre vos efforts vers le respect d'autrui. Ne blessez pas, ne salissez pas et n'attristez pas de jeunes filles. On ne joue pas avec l'autre comme s'il était un kleenex.
Je vous donne ici mon avis. J'espère que mon statu de
Pater civilitatis ne m'interdit pas de dire ce que je pense. Le conformisme ne m’intéresse pas.
Merci de prendre donc ce qui précède comme l’expression d'une opinion personnelle. Peut-être l'Eglise a-t-elle une autre opinion sur ce sujet.... c'est possible. Je vous ai juste dit ce que je ce que je pense sur le sujet !
Bon courage
Supra,
Héraclius... et autres jeunes adultes du forum !
Sachez-le, nous aussi nous avons été jeunes... c'est votre tour maintenant
, profitez-en bien ! Quand votre prostate vous réveillera la nuit, vous aurez quelques regrets de vos 20 ans
!
Tomber amoureux, se marier et avoir des enfants : c'est quand même génial !