Money, money, money

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coeurderoy
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Re: Money, money, money

Message non lu par coeurderoy » mar. 29 sept. 2009, 9:32

philémon.siclone a écrit : Et voilà ! Et vous voudriez qu'on rejoigne cette mêlée ? Allez, quand je vois ça, finalement je ne trouve pas si grave d'être privé d'ambition professionnelle, sentimentale, familiale et matérielle. Le bonheur du monde appartient aux forts, aux ours, aux loups, aux tigres. Survivre n'est pas si mal, en fin de compte. On nous culpabilise, mais en fait il n'y a aucune raison, vu qu'il n'y en a pas pour tout le monde, et que beaucoup n'hésitent pas à tuer père et mère pour se tailler une bonne part du gâteau.
Mais il peut y avoir une part de démission, paresse, manque de courage dans cette attitude non ? : ne pas vouloir exercer certains talents (énergie qui coûte...) peut laisser le champ libre à ceux qui exerceront les leurs au détriment d'autrui, un peu comme si dans un jardin les bonnes plantes se laissaient, par désespoir, totalement envahir par les mauvaises herbes. Nous sommes aussi les jardiniers de notre âme et devons veiller, en sarclant, défrichant, à ce que nos talents puissent s'épanouir pour le bien de notre famille ou de la cité terrestre...
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Re: Money, money, money

Message non lu par etienne lorant » mar. 29 sept. 2009, 14:06

Sans vouloir vous blâmer, Philémon, je donne raison à Coeurderoy: le match n'est pas joué avant le coup de sifflet final. Et selon ce que je crois, le coup de sifflet final ne viendra pas au même moment pour chacun de nous. Il faut recommencer et repartir. Ce matin, à nouveau, j'ai été tenté, pendant plus de vingt minutes, de ne pas me lever. Il se produisait en moi un dialogue à la mode Stephen King, avec la voix de la raison (ou de la conscience) qui dit : "La situation est grave mais pas désespérée" et l'autre qui lui répond, toujours en italique: Tu débloques ? Non seulement la situation est grave mais elle est désespérement grave, oui !

Bref, j'ai une fois de plus coupé les parasites de pensées, je me suis souvenu de la joie qui m'a habité plusieurs années de suite à ma messe du matin, et j'ai eu raison car c'est une magnifique journée qui commençait. Vraiment, non, pas question de baisser les bras. Hier soir, j'ai suivi un épisode de
"Dr. House" : il y avait, entremêlée dans le scénario, une histoire d'un clochard qui vient mourir à l'hôpital, atteint d'un cancer incurable. Sur la fin, la femme médecin veut lui injecter un puissant anti douleur, mais l'autre lui explique que n'ayant plus personne au monde, il tient à laisser une image de courage qui contredise la façon dont il a vécu. Eh bien, cette histoire affreuse m'a bien réconforté !
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Re: Money, money, money

Message non lu par philémon.siclone » jeu. 01 oct. 2009, 23:37

papillon a écrit :
Oui, on peut le dire, les femmes aussi en savent quelque chose du sale usage de l'argent!
ok, vous avez raison... mais je me sentirais mal à l'aise d'être avec quelqu'un qui me soupçonne de vouloir l'asservir. Cette espèce de crispation, où l'autre serait perçu comme un danger potentiel, n'est-elle pas un frein à l'amour ? Lorsqu'on met le hola, disant : stop, ici est la limite infranchissable, n'avance pas plus loin, chacun chez soi, le "vivre ensemble" ne se change-t-il pas en une espèce de cohabitation ? L'amour est confiance, l'amour est abandon... Si l'amour se transforme en expérience humiliante, quel intérêt ? Autant arrêter de travailler, laisser toutes les joies à ceux qui les recherchent avidement, et vivre comme un homme des bois. Je sais bien qu'il faut respecter l'autre, mais le fait d'exiger ce respect avant même que l'autre ait fait ses preuves met fin au charme innocent de l'amour. A partir de cet instant, homme et femme deviennent des espèces d'ogres rivaux prêts à en découdre à la moindre entrave au respect de l'autre. Franchement, s'il faut vivre comme ça, autant se faire moine.
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Re: Money, money, money

Message non lu par philémon.siclone » jeu. 01 oct. 2009, 23:45

coeurderoy a écrit : Mais il peut y avoir une part de démission, paresse, manque de courage dans cette attitude non ? : ne va vouloir exercer certains talents (énergie qui coûte...) peut laisser le champ libre à ceux qui exerceront les leurs au détriment d'autrui, un peu comme si dans un jardin les bonnes plantes se laissaient, par désespoir, totalement envahir par les mauvaises herbes. Nous sommes aussi les jardiniers de notre âme et devons veiller, en sarclant, défrichant, à ce que nos talents puissent s'épanouir pour le bien de notre famille ou de la cité terrestre...
Cher ami, nous ne sommes plus à l'époque où chacun était indispensable au bon fonctionnement de la société. Des millions de chômeurs. Ceux qui ont un travail se sentent chanceux, privilégiés, ou bien culpabilisent d'avoir ce que d'autres n'ont pas. Et nul n'est irremplaçable, nul n'est indispensable. Se battre pour avoir un travail intéressant lorsqu'on a un travail lassant, voire abrutissant ? Soit. Et après ? Il y aura de toute façon quelqu'un pour occuper le poste en question, alors ? Moi ou lui, quelle importance ? Et que je perde mon travail, et qu'un autre le retrouve, quelle importance ? Le nombre de chômeurs ne s'en trouvera en rien diminué, alors ? Et le nombre de bouches inutiles non plus. D'ailleurs on nous le répète chaque jour : il n'y aura pas assez de richesses pour tout le monde, la planète est en déclin, faut pas gaspiller.
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Re: Money, money, money

Message non lu par philémon.siclone » jeu. 01 oct. 2009, 23:49

etienne lorant a écrit :Sans vouloir vous blâmer, Philémon, je donne raison à Coeurderoy: le match n'est pas joué avant le coup de sifflet final. Et selon ce que je crois, le coup de sifflet final ne viendra pas au même moment pour chacun de nous. Il faut recommencer et repartir. Ce matin, à nouveau, j'ai été tenté, pendant plus de vingt minutes, de ne pas me lever. Il se produisait en moi un dialogue à la mode Stephen King, avec la voix de la raison (ou de la conscience) qui dit : "La situation est grave mais pas désespérée" et l'autre qui lui répond, toujours en italique: Tu débloques ? Non seulement la situation est grave mais elle est désespérement grave, oui !

Bref, j'ai une fois de plus coupé les parasites de pensées, je me suis souvenu de la joie qui m'a habité plusieurs années de suite à ma messe du matin, et j'ai eu raison car c'est une magnifique journée qui commençait. Vraiment, non, pas question de baisser les bras. Hier soir, j'ai suivi un épisode de
"Dr. House" : il y avait, entremêlée dans le scénario, une histoire d'un clochard qui vient mourir à l'hôpital, atteint d'un cancer incurable. Sur la fin, la femme médecin veut lui injecter un puissant anti douleur, mais l'autre lui explique que n'ayant plus personne au monde, il tient à laisser une image de courage qui contredise la façon dont il a vécu. Eh bien, cette histoire affreuse m'a bien réconforté !

C'est ça qui me préoccupe le plus : une fois passé de l'autre côté, il faudra bien passer en revue "la façon dont on a vécu". Vraiment flippant... Le problème, c'est l'engrenage.
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Re: Money, money, money

Message non lu par papillon » ven. 02 oct. 2009, 7:32

philémon.siclone a écrit :ok, vous avez raison... mais je me sentirais mal à l'aise d'être avec quelqu'un qui me soupçonne de vouloir l'asservir. Cette espèce de crispation, où l'autre serait perçu comme un danger potentiel, n'est-elle pas un frein à l'amour ?
Bonjour Philemon,
je comprends votre point de vue mais je ne vois pas les choses sous cet angle.

Je crois qu'idéaliser l'amour et son conjoint ne rend service ni à l'amour ni au conjoint.
Nous sommes tous des êtres imparfaits et vulnérables, dotés de forces et de faiblesses. Nous rencontrons des difficultés toute notre vie et sommes soumis continuellement à des désirs, des pulsions, des hésitations, des peurs, des problèmes de discernement. Voir clair en soi ne vient pas toujours tout seul. On ne peut jamais être sûr de rien.

Il ne s'agit pas ici de soupçonner l'autre de vouloir nous asservir. Mais de lui donner sans raison les pleins pouvoirs de le faire n'est pas une marque de respect pour soi-même pas plus que ce n'est un acte de charité pour l'autre. A-t-il besoin de ça? C'est au contraire lui mettre une lourde charge sur les épaules. Ça le rend responsable d'un adulte qui en principe devrait se prendre en charge lui-même, et en cas de dérapage, ce qui peut toujours arriver, l'un en porte tout l'odieux et l'autre se retrouve dans la peau de la pôvre victime. C'est désolant pour l'un comme pour l'autre, et la responsabilité de cette situation n'appartient pas qu'à un seul. Les jeux de dominants/dominés se jouent à deux, c'est comme le tango, n'est-ce pas? C'est dans ce sens que je dis qu'on est responsable et de sa dépendance et du pouvoir qu'on donne à l'autre. Au nom de quoi devrait-on faire ça?
Pour ce qui est de la crispation dont vous parlez, justement, je crois que lorsqu'on sait éviter dès le départ cet écueil de la dépendance par l'argent dans une relation de couple, il n'y a pas de crispation. Combien de fois entend-on parler de disputes dans les couples à cause de l'argent? Cela est inexistant chez moi. L'affaire est classée. Chacun prend ses responsabilités à cet égard et chacun sait qu'il peut compter sur l'engagement de l'autre. Il n'y a pas de tensions. Mon conjoint, qui était un peu style macho (les hommes roses, ça n'a jamais été ma tasse de thé...) n'avait pas l'habitude de ce genre de relation, mais il m'apparaît évident qu'il l'apprécie maintenant.
Je dois ajouter que cette forme de cohabitation ne s'applique qu'à l'argent. Pour ce qui est du reste, c'est autre chose, on ne compte pas. Je l'ai beaucoup aidé à la suite d'un grave accident qu'il a subi il y a onze ans. Maintenant qu'il va mieux, même s'il est resté handicapé, il me rend la pareille et m'appuie et me respecte dans ce que je fais. Ce que j'ai donné, je l'ai donné, je ne considère pas qu'il me doit quoi que ce soit, et il en est de même pour lui quand il m'aide.

C'est ma façon à moi de voir les choses mais oui, ce peut être différent pour quelqu'un d'autre.


(cette parenthèse n'a aucun rapport avec le sujet.....Vous me sidérez monsieur. Plus tôt dans la soirée, je me suis absentée de mon ordi le temps d'aller écouter les actualités, et quand j'y suis revenue pour l'éteindre, vous étiez apparu simultanément sur plusieurs fils de ce forum incluant celui-ci, où vous avez répondu à trois personnes en même temps...
Dites-moi, professeur Tournesol, vous seriez-vous trompé d'histoire? Ne seriez-vous pas plutôt une émule d'Harry Potter? )

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Message non lu par philémon.siclone » ven. 02 oct. 2009, 20:26

Ce que je ne comprends pas, c'est la raison pour laquelle la question de l'argent devrait se poser. Lorsqu'on s'aime vraiment, me semble-t-il, on met tous les biens en commun, et on décide ensemble de ce qu'on en fait, non ? Aucun des deux n'achète quelque chose à l'autre, aucun des deux ne dépend de l'autre. C'est le couple uni qui acquiert des biens à son usage, comme s'il s'agissait d'une seule personne. Voilà pourquoi votre texte me met mal à l'aise. Il y a une forme de désunion sous-jassente, qui semble provenir d'une espèce de peur de l'autre. Comment aimer, ou se sentir aimé, dans de pareilles conditions ? Chacun ses billes, chacun son "espace vital" ? Je ne comprends pas bien le raisonnement.
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Message non lu par papillon » sam. 03 oct. 2009, 3:19

philémon.siclone a écrit :Lorsqu'on s'aime vraiment, me semble-t-il, on met tous les biens en commun, et on décide ensemble de ce qu'on en fait, non ?
Bonjour Philemon,
en lisant la citation plus haut, je me pose la question: pourquoi devrait-ilnécessairement en être ainsi? N'est-ce pas , dès le départ , donner une importance indue à l'argent dans le couple? N'est-ce pas en faire une condition de départ à l'amour? Ne pourrait-on changer l'ordre des mots dans cette citation et dire plutôt: Lorsqu'on s'aime vraiment, on décide de ce qu'on veut faire ensemble et ensuite on met en commun tous les biens et argents nécessaires à la réalisation de notre projet de couple.
C'est ce que nous avons fait dans le nôtre. Finalement, on les partage, nos billes, pour tout ce qui a trait à notre vie en commun. Au-delà de ça, était-il nécessaire de les mettre toutesdans le même panier? Deux questions à se poser:
-qu'est-ce que ça nous aurait apporté de plus? Absolument rien.
-est-ce que ça aurait pû compliquer les choses? Oui. Je m'explique:
Il faut considérer d'autres facteurs que je n'ai pas pensé mentionner. Quand on s'installe dans une vie de couple à 25ans avec l'intention de fonder une famille, c'est une chose. Quand on le fait à un âge plus avancé et qu'on a déjà tous deux une vie derrière soi , c'en est une autre. Si en plus il y a dans le tableau des enfants qui ne sont pas nos enfants communs, ça se corse. Mais abstraction faite de ces facteurs, il y a encore autre chose: qu'on ait 25 ans ou 45ans, quel type d'union sera la nôtre? Vivrons-nous maritalement ou en union libre? Cela fait toute la différence dans les implications que ça suppose.
Peut-être ne peut-on pas dire qu'il fauttout partager pas plus qu'on ne peut dire qu'il ne faut pastout partager. Pour ne pas donner à l'argent un pouvoir indu dans nos relations, il faut à mon avis faire le choix qui convient à la situation et adapter la gestion qu'on en fait aux circonstances de notre vie et de notre union et non pas assujettir notre amour au partage absolu de tout.

Mais par-dessus tout, je reviens toujours à ça, quel que soit le style de vie et de partage qu'on adopte, il faut éviter de se mettre dans une situation d'extrême vulnérabilité. Rien ne justifie cela. L'exemple classique est le suivant:
-deux jeunes décident de vivre ensemble. Ils optent pour une union libre. Ils décident ensuite d'avoir des enfants (2). D'un commun accord la p'tite dame quitte son emploi pour s'occuper des enfants . Après quelques années, arrive ce qui arrive souvent, le couple se disloque et monsieur part. Je ne sais pas ce qui se passe en France dans ces cas, mais voici le tableau ici:
-la plupart du temps, c'est la femme qui a la garde des enfants.
-le père doit payer à son ex-conjointe une pension alimentaire pour ses enfants.
-en ce qui concerne l'ex-conjointe, comme ils n'étaient pas mariés, il ne lui doit absolument rien . Pas de pension alimentaire pour elle, pas de compensation pour toutes les années de salaire perdues.
Alors, en plus de devoir s'occuper seule des enfants, ce qui n'est pas toujours une partie de plaisir, elle doit retourner en catastrophe sur le marché du travail pour subvenir à ses besoins, où elle trouvera un travail peu rémunérateur par manque de formation, ou si elle en a une, elle devra recommencer au bas de l'échelle pour être restée trop longtemps hors du circuit.
Est-ce qu'on s'entend pour dire que la p'tite dame, elle rame fort et que c'est dur, très dur?
Est-ce qu'on s'entend pour dire que sa vie, elle la voyait autrement et qu'elle aurait pu mieux se protéger? Ce n'est qu'un exemple.

Voilà. C'est beau l'amour, j'en conviens. C'est...merveilleux. Mais il ne faut pas tout abandonner entre ses mains, parce que c'est pas vrai que tout le monde il est beau , tout le monde il est gentil, et que ça ira toujours bien.

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Re: Money, money, money

Message non lu par etienne lorant » sam. 03 oct. 2009, 10:06

papillon a écrit : Voilà. C'est beau l'amour, j'en conviens. C'est...merveilleux. Mais il ne faut pas tout abandonner entre ses mains, parce que c'est pas vrai que tout le monde il est beau , tout le monde il est gentil, et que ça ira toujours bien.
Donc, en définitive, c'est "Je t'aime" mais je prends mes précautions. Je t'aime, mais je ne suis pas comme Dieu, qui se livre entièrement. Je t'aime, mais certes pas pour le pire, bien sûr et donc: je ne t'aime pas. Je suis désolé, mais si l'on va au fond des choses, l'amour est un risque tout: il faut qu'il en soiit ainsi, sinon l'amour déclaré est empoisonné dès le départ.

En 199O, j'étais avec une femme que je voulais marier. Je l'avais choisie simplement en fonction de deux critères: catholique et célibataire. Elle avait perdu la foi, mais je priais Dieu de la lui rendre. Un jour, elle me dit: je crains d'être enceinte, si c'est le cas, j'avorte ! Mais je me suis engagé, le cas échéant, de reprendre l'enfant et de la payer pour tous les inconvénients d'une grossesse non désirée. Je l'aimais, ma parole était engagée, c'est-à-dire ma vie aussi. Mais elle n'était pas enceinte et les fiançailles ont été rompues. Je n'ai plus cherché à me marier. Une parole est une parole.
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Re: Money, money, money

Message non lu par philémon.siclone » sam. 03 oct. 2009, 10:43

Cher Papillon,

Votre système repose uniquement sur la peur.

Bien sûr, je sais qu'il existe des cas particuliers de gens qui se marient tard, ou qui ont derrière eux un divorce avec des enfants. Dans ce cas-là, il est certain que la question se pose très différemment.

Rien n'oblige une femme mariée à abandonner son emploi. Il existe des gardes d'enfants à domicile, et les enfants n'en meurent pas ! Mes deux parents travaillaient, et ça ne m'a pas spécialement traumatisé.

Mais lorsque vous dites :
en lisant la citation plus haut, je me pose la question: pourquoi devrait-ilnécessairement en être ainsi? N'est-ce pas , dès le départ , donner une importance indue à l'argent dans le couple? N'est-ce pas en faire une condition de départ à l'amour? Ne pourrait-on changer l'ordre des mots dans cette citation et dire plutôt: Lorsqu'on s'aime vraiment, on décide de ce qu'on veut faire ensemble et ensuite on met en commun tous les biens et argents nécessaires à la réalisation de notre projet de couple.
je trouve votre raisonnement très compliqué et très angoissé. Cela s'appliquerait très bien à deux associés voulant monter une affaire : on discute d'abord du projet, puis du financement, et éventuellement on prend ses précautions au cas où. Mais je ne vois pas très bien la logique du trésor de guerre, ou de la caisse personnelle, dans le couple, à moins de n'avoir absolument aucune confiance dans l'autre (ou en soi). Se marier, c'est non seulement une question d'amour, mais aussi de foi et d'espérance. Ce n'est pas sans raison si Saint Paul compare la relation entre mari et femme et la relation avec Dieu. Si l'on n'a pas confiance dans le couple, il y a des chances pour que tout le reste suive le même schéma.

Il me semble, au contraire, qu'un jeune couple qui se marie voit les choses simplement et naturellement. Evidemment que l'argent est important dans la vie d'un couple, de même que tout ce qui est matériel. Evidemment ! Je disais que ce ne doit pas être une condition sine qua non à l'amour. Mais ensuite, quand il s'agit de vivre ensemble, bien sûr que la question de l'argent se pose à un moment donné. Et un sou est un sou, donc rien ne doit être négligé pour le bonheur de la famille, n'êtes vous pas d'accord ? Et on fait avec ce qu'on a, que ce soit peu ou beaucoup. Mais on fait avec tout ce qu'on a. Je trouve donc que la mise en commun des biens est une façon de vivre plus saine et plus naturelle que la séparation et la constitution anxieuse et suspicieuse d'une caisse de réserve.
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Message non lu par papillon » dim. 04 oct. 2009, 4:11

etienne lorant a écrit :Donc, en définitive, c'est "Je t'aime" mais je prends mes précautions. Je t'aime, mais je ne suis pas comme Dieu, qui se livre entièrement. Je t'aime, mais certes pas pour le pire, bien sûr et donc: je ne t'aime pas.
Ces quelques petites lignes me sont rentré dedans , ça on peut le dire. Vous aimez parler d'amour Etienne, et bien soit, parlons-en.
J'ai toujours travaillé. Quand mon conjoint a eu son accident, il y a onze ans, j'étais aussi bien nantie que lui financièrement. Nous étions ensemble depuis moins d'un an seulement, et en union libre. Devant l'énormité de ce qui s'annonçait (avez-vous la moindre idée de ce qu'est un traumatisme crânien grave?) , j'avais l'option de prendre mes cliques et mes claques et chercher mon avenir ailleurs. Cette tragédie semblait en effet sonner le glas de notre vie a deux. Les membres de sa famille, y compris ses deux filles, s'attendaient naturellement à ce que je parte et ont été les premiers surpris de me voir rester. Je suis restée parce que je l'aimais et ne pouvais accepter le sort qui l'attendait si je m'en allais.
Je suis restée encore quand , quelques temps plus tard, un de ses confrères de travail m'a fait parvenir ses bagages (l'accident a eu lieu sur un chantier très loin de chez moi lors d'un contrat de travail). Dans sa trousse d'hygiène, parmi le dentifrice , la lotion après-rasage et tout le reste, il y avait un assortiment de condoms, alors que nous n'en utilisions jamais. Dans son attaché-case, la note affectueuse d'une 'chérie', tellement désolée d'avoir raté leur rendez-vous...
Je suis restée encore quand trois mois plus tard, nous avons été débusqués par une compagnie de téléphone qui le cherchait depuis des semaines pour le paiement d'un compte en souffrance. Un compte pour une ligne qu'il avait dans un pied-a-terre dans une autre ville. Je connaissais ce pied-a-terre, qu'il utilisait pour son travail, mais pas la ligne . Moi, je ne pouvais le joindre que sur son cel, quand il était ouvert...
Et puis il y a eu la découverte de ce fils adolescent dont tout le monde ignorait l'existence a l'exception d'une belle-soeur. J'en passe, les choses ont continué ainsi. Pendant des mois, ce fut la foire aux surprises. La trahison, la détresse, l'abandon, je les ai connus au moment ou j'aurais eu bien besoin d'autre chose. J'ai pleuré de désespoir et d'incrédulité, j'ai fait le deuil de mes dernières illusions et puis je les ai enterrées, en même temps que les mensonges de mon homme, a qui je n'en ai jamais parlé. Peut-on demander des comptes a un homme que la vie vient de massacrer?
Pendant les premieres années qui ont suivi et qui ont été si difficiles pour moi comme pour lui, j'ai toujours agi pour le rassurer dans la certitude que je ne partirais jamais, car je ne voulais pas ajouter a sa souffrance la hantise de l'abandon. Il savait , quand je partais quelques heures pour m'éloigner de ses crises psychotiques que je ne pouvais plus supporter, que je reviendrais pour le prochain repas, et je suis toujours revenue.
Et je suis encore la aujourd'hui, bien que je vive une souffrance avec laquelle je ne sais plus comment composer, car je suis totalement privée de vie sexuelle depuis plus de onze ans. On ne peut prédire exactement quelles seront toutes les séquelles d'un trauma crânien. Et celle-la, je ne l'avais pas vue venir. Ce n'est pas un choix, ce n'aurait jamais pu être un choix car j'ai toujours aimé l'amour et les hommes et je n'aurais pu imaginer vivre comme une religieuse. Je n'accepte toujours pas cette abstinence qui m'a été imposée par un accident qui n'est même pas le mien. Si cela m'importait peu au début, parce que j'avais trop a faire, c'est devenu un tourment qui m'assaille au point que j'ai pensé a prendre un amant d'occasion. Comme dit Ferré, faut bien que le corps exulte. Mais je n'arrive pas a faire ça. Ça me pose un problème de conscience. Je ne peux pas lui faire ça. Etrangement, mon retour a la foi, tout en me procurant une grande joie ne m'est d'aucun secours dans ce problème-la bien au contraire. Je ne saurais expliquer comment ni pourquoi, cela n'a fait qu'attiser ce feu et aggraver les choses. Alors je suis dans une impasse.

Voila. Pouvez-vous me dire, Etienne, que je n'ai pas aimé cet homme que la vie a placé sur mon chemin, que je ne me suis pas livrée entièrement, que je ne l'ai pas aimé pour le pire, pouvez-vous me dire ça, tout simplement parce que j'ai commis le crime impardonnable de me protéger sur le plan de l'autonomie? Oui, de savoir qu'on peut être abandonnée ou qu'on peut partir sans tomber dans l'indigence rend le bonheur plus confortable. Doit-on en être crucifié? Cela ne repose pas uniquement sur la peur comme le dit Philémon mais aussi sur un certain bon sens , et si il y a une composante de peur en cela elle est viscérale et atavique et largement justifiable par la conscience de tout ce que nos mères, grand-mères et soeurs ont pu vivre a ce chapitre.
Se protéger n'empêche pas d'aimer. Se protéger n'exclut pas l'amour. Peut-être trouvez-vous ces choses inconciliables. Les femmes ,elles, ont l'habitude de concilier des choses qui les heurtent et de continuer a aimer.


Je ne peux répondre a Philemon. J'ai travaillé aujourd'hui, je retravaille demain dimanche et je suis crevée.
Bonsoir

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Re: Money, money, money

Message non lu par etienne lorant » dim. 04 oct. 2009, 12:39

*papillon* a écrit : Etrangement, mon retour a la foi, tout en me procurant une grande joie ne m'est d'aucun secours dans ce problème-la bien au contraire. Je ne saurais expliquer comment ni pourquoi, cela n'a fait qu'attiser ce feu et aggraver les choses. Alors je suis dans une impasse.
C'est un très grand témoignage d'amour, comme je n'en ai pas entendu depuis longtemps. Votre retour à la foi vous apporte une grande joie et la solution se trouve dans cette joie. Vous êtes dans une impasse, mais peut-être pas pour longtemps.
Je reconnais que oui, vous avez aimé cette homme aussi "pour le pire". Quant à moi, le Seigneur m'a suivi dans mes projets de couple, qui échouaient toujours, et de manière de plus en plus grave et douloureuse, jusqu'au moment où j'ai choisi d'être totalement disponible à Dieu. Il m'a fallu encore dix ans pour conquérir la chasteté, et encore, cette lutte-là exige encore de moi beaucoup d'humilité et d'attention...
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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philémon.siclone
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Re: Money, money, money

Message non lu par philémon.siclone » dim. 04 oct. 2009, 13:29

Effectivement, Papillon, devant votre histoire je me sens tout bête. Mon discours était théorique. Mais il est évident que ce que vous vivez sort des sentiers battus. Je pense, en effet, que vous êtes une femme amoureuse, et compte tenu du contexte, il est bien normal que vous vous protégiez un minimum.
Anima nostra sicut passer erepta est de laqueo venantium
Laqueus contritus est, et nos liberati sumus

Notre âme s'est échappée comme un passerau du filet de l'oiseleur,
Le filet s'est rompu, et nous avons été délivrés.
Ps. 123

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papillon
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Re: Money, money, money

Message non lu par papillon » lun. 05 oct. 2009, 4:05

Merci à vous deux...vraiment.

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