La vraie joie

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etienne lorant
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La vraie joie

Message non lu par etienne lorant » lun. 29 déc. 2008, 17:24

Dans un échange de courrier entre J. Green et J. Maritain, ce dernier, sans vouloir mentionner plus qu'une "intuition", parle des âmes du purgatoire et n'évoque pas uniquement leur souffrance mais aussi leur joie. Ces deux termes semblent tant se repousser l'un l'autre qu'on n'ose pas insister, mais je n'ai plus cette précaution de langage depuis la très grande "force de joie" éprouvée le jour où j'ai été délivré du tabac. Sans revenir sur le témoignage que j'ai déjà laissé sur ce thème, il est très clair pour moi que je souhaiterais parfois revivre, ne serait-ce que quelques instants de cet après-midi de mai. De millièmes en millième de secondes, j'avançais vers une délivrance extraordinaire. Eh bien, si tel est le "feu" à travers lequel il faut passer pour être purifié, je ne le crains plus. Cette pensée est encore renforcée du fait que ces âmes voient véritablement "les Cieux ouverts" et elles savent que cette souffrance, immanquablement, les conduit à un bonheur qui ne peut s'exprimer, qui n'a pas de fin, et qui ne cessera jamais de s'accroître. J'envisage d'explorer tout ce qui est écrit par les mystiques (je n'aime pas tellement ces lectures mais je m'y forcerai, voilà tout) à ce propos et je chercherai les associations des mots de souffrance et joie... Oh, mais j'en connais déjà un, que n'y ai-je songé plus tôt :

Jn 16, 21 :La femme qui enfante est dans la peine parce que son heure est arrivée. Mais, quand l'enfant est né, elle ne se souvient plus de son angoisse, dans la joie qu'elle éprouve du fait qu'un être humain est né dans le monde.

S'il en est ainsi pour la chair, qu'en sera-t-il de la naissance dans les Cieux !
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Je prie la Joie pour vous

Message non lu par etienne lorant » mer. 28 janv. 2009, 16:56

Ces derniers jours, j'ai tant entendu de plaintes, de la part de clients de passage (en réalité, ils n'achètent rien mais viennent déposer leurs soucis sur mon bureau) que je reconnais à cette attente volontaire et patiente quelque souffrance que le Christ a pu endurer. Il était poursuivi de partout. Quand ce n'était pas par les scribes et les pharisiens, ou les hommes d'Hérode, c'était par les malades, et souvent par les disciples eux-mêmes, qu'il fallait souvent reprendre et corriger. Je trouve une trace de cette souffrance latente dans ce verset: "En partant de là, Jésus se rendit dans la région de Tyr. Il était entré dans une maison, et il voulait que personne ne sache qu'il était là ; mais il ne réussit pas à se cacher." (Marc 7,24)

Je ne peux m'empêcher d'admirer, mais avec une certaine crainte, car cela me dépasse tellement !, la douceur et l'humilité de Jésus venu visiter notre humanité pécheresse. Comment concevoir réellement Dieu fait homme, ayant comme enfilé cet habit de chair que nos péchés ont souillé... Avec, en plus, les peurs immodérées, les cris de rage, de désespoir, les blasphèmes, les haleines rebutantes ou fétides des hommes de plaisir venus pour voir Jésus de Nazareth comme pour s'offrir une nouveauté ! D'instinct, j'écarte cette contemplation car elle me paraît morbide.

Mais il y a les Béatitudes. Aujourd'hui, peut-être parce que je viens de prier l'heure de la Miséricorde, peut-être aussi parce que je me sens mis à l'écart, j'ai envie de m'adresser à ceux et celles, sur ce forum, qui supportent une injustice, une situation précaire, ou qui sont isolés, malades ou sans emploi - ou les trois ensemble. Aujourd'hui, j'ai dans le coeur cette "Béatitude du rejet", comme je l'ai appelée pour moi, dont la force m'a toujours étonné:

"Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent
et vous repoussent,
quand ils insultent
et rejettent votre nom comme méprisable,
à cause du Fils de l'homme.
Ce jour-là, soyez heureux et sautez de joie,
car votre récompense est grande dans le ciel :
c'est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes."

Dans le langage humain, les paradoxes font s'entrechoquer les concepts contraires pour produire des sons et des images nouvelles, mais ici il y a plus, beaucoup plus, il y a rien moins qu'un début de paradis évoqué au beau milieu des tourments. Et comme c'est paradoxal, j'y puise de la joie. La joie que Dieu donne à certains moments la de vie est tellement supérieure au bonheur ! Le bonheur laisse entendre qu'il faut réunir toutes sortes de conditions, qu'il y a une harmonie à rechercher, et que tout peut être remis en question chaque jour... tandis que la Joie vient sans prévenir, elle apparaît. Elle est là tout d'un coup et c'est vrai qu'elle donne envie de sauter en l'air des deux pieds... c'est vraiment que le ciel est proche, que la récompense est à portée ! J'ai ressenti cela ce matin, dans le froid, à la sortie de la chapelle, toutes mes plaintes effacées et mon front redevenu égal, sans une ride - et à cela, aucune explication hors de la bonté de Dieu.

Aujourd'hui, je prie "la Joie" pour vous.
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

Mac
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Re: Je prie la Joie pour vous

Message non lu par Mac » jeu. 29 janv. 2009, 4:08

" Le monde n'a guère d'estime pour nous parce que nous sommes des enfants de Dieu" ( ASN, 44)

"Les épreuves auxquelles Dieu vous soumet et vous soumettra encore sont autant de marques de bienveillance; ce sont comme des pierres précieuses pour l'âme."

"Si Dieu permet que tu souffres de la dureté de la vie, reste dans le calme et sois patient. Ton amour pour Dieu sera alors tout à fait gratuit; c'est le propre des Saints."

Saint Padre Pio

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Re: Je prie la Joie pour vous

Message non lu par etienne lorant » jeu. 29 janv. 2009, 16:06

Mac a écrit :"
"Si Dieu permet que tu souffres de la dureté de la vie, reste dans le calme et sois patient. Ton amour pour Dieu sera alors tout à fait gratuit; c'est le propre des Saints."

Saint Padre Pio

Ce conseil de saint Padre Pio, je le reçois vraiment comme de Jésus, car je peux ressentir que ma peine n'est pas inutile ni vaine, mais peut être source de grâces. Merci à vous !

Etienne
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La vraie joie !

Message non lu par christiane » mar. 28 avr. 2009, 6:36

Pour ne plus me sentir insatisfaite et frustrée, je suis allée mercredi dernier, m'acheter de beaux vêtements de printemps.Et j'étais heureuse sous le regard indulgent de mon époux.

Mais voilà de la joie que je qualifierai de primaire. Car je peux à moi seule faire naître de la joie chaque fois que je souris ou que je fais un geste vers quelqu'un. A son tour, il m'offre ce qu'il a de meilleur en lui, par son regard ou une parole.

Je suis un passeur et une messagère de la Bonne Nouvelle. Alors Seigneur, donne-moi de te louer davantage car c'est la louange qui me fait éprouver la VRAIE joie !

Christiane
:coeur: :coeur: :coeur: :coeur: :coeur:

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La joie.

Message non lu par christiane » ven. 12 juin 2009, 7:30

La joie, ce n'est pas le plaisir car le plaisir est superficiel alors que la joie est profonde. C'est pour ça qu'elle dure.

Elle n'est pas rattachée à un objet. Quel que soit notre état de vie, on peut tous vivre cette joie, même si elle est cachée par les soucis du jour.

Même dans la rue, on peut la vivre. Pour ça, il faut méditer ce que cela signifie : NOUS SOMMES ENFANTS DE DIEU.
Patrick Sempere

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Re: La joie.

Message non lu par etienne lorant » ven. 12 juin 2009, 12:40

La joie est aussi la force que je reçois de l'Eucharistie. Certains jours elle est accompagnée d'une force que ne donnerait pas un bon repas, une force vive, un entraînement de tout l'être. Je fais partie de ceux qui disent: pour demeurer en état de grâce, il ne faut pas hésiter à communier le plus régulièrement possible.
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Re: La joie.

Message non lu par Diahloquèt » ven. 12 juin 2009, 19:35

etienne lorant a écrit :une force que ne donnerait pas un bon repas,
... OUI !... puisque...

............. "L'homme ne vit pas de pain seulement,
mais de la Parole du Seigneur." (Dt 8.3)

et...

>>> "Heureux ceux qui écoutent la Parole de D'ieu
et la mettent en pratique !" (Luc 11.28)

alors...
christiane.coffy a écrit :Quel que soit notre état de vie, on peut tous vivre cette joie
... ... ... "que ma joie soit en vous
et que votre joie soit parfaite !"
(Jean 15.11) ...

... ... ... !...

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Re: La joie.

Message non lu par Zvjezdana62 » ven. 12 juin 2009, 22:51

La joie est un état d’âme et souvent ca ne dépend pas de notre condition. Il existe des personnes qui ont toutes les raisons d’être heureux et ils ne le sont pas et d’autres qui ont beaucoup de difficultés mais qui restent sereins et optimistes quand même.
"Invoque-moi, je te répondrai, je te révélerai de grandes choses, des choses inaccessibles que tu ne connais pas."

Jérémie, 33, 3

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La joie

Message non lu par etienne lorant » lun. 06 juil. 2009, 15:28

"Votre coeur sera dans la joie, et votre joie, nul ne vous l'enlèvera" (Jn 16:22)

Cette joie apparaîtra, pour ne plus jamais s'estomper, "le jour ou je vous reverrai", dit Jésus. Cette joie, j'en ai vécu à partir du jour de ma conversion, j'en ai vécu en espérance, jour après jour; elle a disparu parfois pour réapparaître soudainement. Je savais que je la retrouverais toujours à l'Eucharistie (même lorsqu'elle ne ressemblait qu'à un mince filet d'eau pure et limpide s'écoulant dans les profondeurs massive de mon égo) - mais aussi par la grâce de l'Esprit Saint quand j'avais à accomplir certaines tâches pénibles ou exigeantes. Cette joie, je l'ai encore, elle est comme une arme secrète, car au moment où je suis le plus abattu, si je me tourne vers le Seigneur, c'est à ce moment que je me relève et que je marche. Cette joie, telle qu'elle est aujourd'hui, qui me la prendrait - pourvu que je n'y renonce pas, puisque moi-même je ne la possède pas, mais je tends à lui appartenir ?

De jour en jour, je découvre des dizaines de raisons, toutes plus solides les unes que les autres, de considérer que l'homme n'est plus réconciliable avec son prochain. Mais la joie bouscule ces raisons, les renverse et les disperse. La joie, c'est ce feu que Jésus est venu allumer sur la terre !
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La Joie, le bonheur sans cause

Message non lu par etienne lorant » mer. 15 juil. 2009, 16:49

Dans le texte qui suit Julien Green parlait des "bonheurs sans cause" qu'il avait connus:

"Je me demande si je pourrai jamais définir ce que j'appelle le bonheur. Je ne parle pas de l'état d'âme que tout le monde connaît, ou a connu, ou pense avoir connu, mais d'autre chose de plus particulier, quelque chose de presque religieux, une émotion paralysante. Il me semble que la première fois que je l'éprouvai, fut vers ma huitième année, dans une salle de classe au lycée Janson. En regardant par la fenêtre je voyais le toit en dos d'âne d'une galerie couverte qui menait du petit au grand lycée et ce fut en regardant ce toit que je fus saisi d'une joie mystérieuse qui fondit sur moi tout à coup. Je crois que je demeurai dans cet état indescriptible pendant plusieurs minutes, ne sachant plus bien ce qui se passait autour de moi, ne sachant pas, surtout, pourquoi je me sentais si heureux. Aujourd'hui, j'ai l'impression que ce bonheur irraisonné est peut-être l'état normal de l'humanité arrachée au mal, je veux dire le bonheur que connaîtrait l'humanité si elle revenait à Dieu. Plusieurs fois par la suite, j'ai connu des moments analogues à celui que je viens de décrire et qui ne dépendaient jamais des circonstances extérieures. C'est même-là ce qui les distinguait des moments de bonheur ordinaire: ce n'était pas parce qu'il faisait beau ou que tout allait bien que j'étais heureux, c'était à cause d'autre chose que je ne comprenais pas, que je ne comprends pas encore. J''ai toujours été frappé, même, du peu de rapport que ce sentiment pouvait avoir avec un sentiment de bonheur purement humain, avec le bonheur que procure l'amour, par exemple. Je l'appelle religieux à cause de son extrême gravité et à cause du mystère de son origine". (JG - Journal 15.10.1943)

Mais Ce que Julien Green appelle un bonheur "religieux", je le nomme sans hésiter "grâce de la joie", que l'on ne peut certes obtenir de ses propres forces, ni par un grand déploiement des vertus, ni par de longues prières ou des sacrifices. Je sais bien que saint François avait parlé de la joie parfaite qui consiste à garder tout son calme intérieur quand bien même on se verrait refouler de sa propre communauté - dehors, par un froid glacial d'hiver. Mais je ne suis pas saint François. Tout ce que je puis dire, c'est que la joie vient si l'on est disposé à la recevoir (c'est-à-dire en étant attentif au Seigneur) et cela même dans des moments de souffrances physiques ou morales. Il n'y a pas si longtemps, une nuit, je me suis réveillé en train de prier et j'ai connu un bonheur qu'on ne peut expliquer non plus par une cause extérieure, car cette cause existait et c'était ma détresse...
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L'Eglise et le dépôt de la Joie - Bernanos

Message non lu par etienne lorant » mar. 11 août 2009, 18:45

A propos de l'esprit d'enfance, de l'Evangile d'aujourd'hui, je ne peux pas manquer de citer, après sainte Faustine, Bernanos, dans son "Journal d'un curé de campagne" - quelle puissance d'expression, et puis aussi quelle anticipation de notre monde où il faut toujours aller plus vite, plus loin, plus haut, pour trouver un pauvre substitut de Joie !!!

« D’où vient que le temps de notre petite enfance nous apparaît si doux, si rayonnant? Un gosse a des peines comme tout le monde, et il est, en somme, si désarmé contre la douleur, la maladie! L’enfance et l’extrême vieillesse devraient être les deux grandes épreuves de l’homme. Mais c’est du sentiment de sa propre impuissance que l’enfant tire humblement le principe même de sa joie. Il s’en rapporte à sa mère, comprends-tu? Présent, passé, avenir, toute sa vie, la vie entière tient dans un regard, et ce regard est un sourire. Hé bien, mon garçon, si l’on nous avait laissés faire, nous autres, l’Eglise eût donné aux hommes cette espèce de sécurité souveraine. Retiens que chacun n’en aurait pas moins eu sa part d’embêtements. La faim, la soif, la pauvreté, la jalousie, nous ne serons jamais assez forts pour mettre le diable dans notre poche, tu penses! Mais l’homme se serait su le fils de Dieu, voilà le miracle! Il aurait vécu, il serait mort avec cette idée dans la caboche – et non pas une idée apprise seulement dans les livres, - non. Parce qu’elle eût inspiré, grâce à nous, les mœurs, les coutumes, les distractions, les plaisirs et jusqu’aux plus humbles nécessités. Ça n’aurait pas empêché l’ouvrier de gratter la terre, le savant de piocher sa table de logarithmes ou même l’ingénieur de construire ses joujoux pour grandes personnes. Seulement nous aurions aboli, nous aurions arraché du cœur d’Adam le sentiment de sa solitude.

Ne s’amuse pas qui veut. La moindre poupée de quatre sous fait les délices d’un gosse toute une saison, tandis qu’un vieux bonhomme bâillera devant un jouet de cinq cents francs. Pourquoi? Parce qu’il a perdu l’esprit d’enfance. Hé bien, l’Eglise a été chargée par le bon Dieu de maintenir dans le monde cet esprit d’enfance, cette ingénuité, cette fraîcheur. Le paganisme n’était pas l’ennemi de la nature, mais le christianisme seul l’agrandit, l’exalte, la met à la mesure de l’homme, du rêve de l’homme. Je voudrais tenir un de ces savantasses qui me traitent d’obscurantiste, je lui dirais: « Ce n’est pas de ma faute si je porte un costume de croque-mort. Après tout, le Pape s’habille bien en blanc, et les cardinaux en rouge. J’aurais le droit de me promener vêtu comme la Reine de Saba, parce que j’apporte la joie. Je vous la donnerais pour rien si vous me la demandiez. L’Eglise dispose de la joie, de toute la part de joie réservée à ce triste monde. Ce que vous avez fait contre elle, vous l’avez fait contre la joie. Est-ce que je vous empêche, moi, de calculer la précession des équinoxes ou de désintégrer les atomes? Mais que vous servirait de fabriquer la vie même, si vous avez perdu le sens de la vie? Vous n’auriez plus qu’à vous faire sauter la cervelle devant vos cornues. Fabriquez de la vie tant que vous voudrez! L’image que vous donnez de la mort empoisonne peu à peu la pensée des misérables, elle assombrit, elle décolore lentement leurs dernières joies. Ça ira encore tant que votre industrie et vos capitaux vous permettront de faire du monde une foire, avec des mécaniques qui tournent à des vitesses vertigineuses, dans le fracas des cuivres et l’explosion des feux d’artifices. Mais attendez, attendez le premier quart d’heure de silence. Alors, ils l’entendront, la parole – non pas celle qu’ils ont refusée qui disait tranquillement: « Je suis la Voie, la Vérité, la Vie » - mais celle qui monte de l’abîme: « Je suis la porte à jamais close, la route sans issue, le mensonge et la perdition. » (p. 46 – 48)
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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La vraie joie

Message non lu par christiane » sam. 21 nov. 2009, 7:40

"Pour réussir l'aventure de votre vie, il vous faut garder la joie".
PERE GUY GILBERT.

Incontestablement, la foi m'apporte la paix et la tranquillité. Mais il est rare que je ressente la vraie joie.

Parfois, cependant, je suis particulièrement heureuse : lorsque j'ai accompli avec soin mes tâches, lorsque je lis une revue chrétienne, lorsque je vois ma famille réunie et particulièrement soudée, lorsque j'ai récité un chapelet de manière parfaitement recueillie.

Il y avait des saints qui ressentaient la VRAIE JOIE presque en permanence. Mais je n'en suis encore pas là.

Alors, en attendant d'être habitée par le Seigneur, je suis déjà bien contente d'être paisible et tranquille.

CONNAISSEZ-VOUS LA VRAIE JOIE ?

PORTEZ-VOUS BIEN !!
Christiane :coeur: :coeur: :coeur: :coeur: :coeur:

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Re: La vraie joie

Message non lu par La Chartreuse » sam. 21 nov. 2009, 17:03

Bonjour, :)

La première chose dont il faut bien nous persuader est que la joie est un de nos plus grands devoirs.

Tout d'abord un devoir envers Dieu, car Dieu nous a crées pour la joie, Dieu a fait de nous des créatures joyeuses, et notre joie est le premier tribut que nous ayons à lui payer, la façon la plus simple et la plus vraie de montrer que nous sommes conscients des dons reçus et que nous savons les apprécier.

Lorsque quelqu'un nous fait un cadeau, ce qu'il attend de nous en retour, c'est moins notre merci que notre joie. C'est notre joie qui le paye vraiment de retour. Il en est de même dans nos rapports avec Dieu. Ayons de la joie pour tout ce que Dieu nous donne.

Cette joie est encore un devoir envers Dieu parce qu'elle est le témoignage le plus direct que nous puissions rendre à sa vérité. Il n'est pas de meilleurs signes que la joie. Peut-être est-elle encore plus convaincante que la charité. Avec la charité on peut tricher, avec la joie on ne triche pas.

Seul ce qui est réel et authentique a le pouvoir de donner de la joie, j'entends une joie profonde et inébranlable. La joie ne trompe pas. Ce qui donne de la joie offre les meilleures garanties de vérité. La joie est donc bien un devoir envers Dieu.

Elle est aussi un devoir envers le prochain

Tous nos devoirs envers le prochain peuvent se ramener à ce simple mot d'ordre: Donner de la joie. Saint Paul disait: '' Porter les fardeaux les uns les autres, c'est ainsi que vous accomplirez la loi du Christ. ''
Porter le fardeau des autres qu'est-ce que c'est?
C'est évidemment essayer de leur rendre la vie plus légère; c'est en somme leur donner de la joie, car la joie est précisément un sentiment de légèreté.

La joie donne envie de danser . On ne danse pas avec un fardeau sur le dos. Donnons aux autres de la joie, et ne négligeons pas les petites joies, celles qui pour être les plus simples et en apparence les plus faciles, sont souvent celles qui font le mieux sentir aux autres que nous les estimons et qu'ils comptent pour nous: une marque d'égard, un témoignage d'intérêt, un compliment, un mot gentil, un sourire. Petits riens, mais qui rendent la vie plus légère, et c'est de cela qu'il s'agit.

Qu'est-ce, après tout, qu'une bonne action?

'' C'est elle qui fait apparaître un sourire sur le visage d'un autre. ''

Faisons de ces actions qui font fleurir un sourire sur le visage des autres. Nous y trouverons nous-même la joie.

Allez, rien n'est meilleur à l'âme, que de faire une âme moins triste.

'' Un peu de parfum adhère toujours à la main qui offre des roses.'' Nous y trouverons la joie et nous aurons accompli la loi du Christ.

Car c'est dans la joie que le Christ nous a visités et non dans l'affliction. Ses mystères à lui sont tous des mystères de joie et de gloire:
Les mystères douloureux, c'est nous qui les avons provoqués.
Il est venu nous annoncer la Bonne Nouvelle et nous donner le moyen de changer toutes nos tristesses en joie et en une joie sans déclin.

Son premier miracle, il l'a accompli au cours d'un repas de noces: il a changé l'eau en vin, et en très bon vin, pour contribuer à la joie des pauvres gens qui l'avaient invité. Et ceci doit nous rappeler une grande pensée: '' On ne peut aimer les hommes sans aimer leur joie. ''

Celui qui aime les hommes aime aussi leur joie. Entre ces choses, le lien est nécessaire.

Aimons-nous la joie des autres et que faisons-nous pour elle?

Voilà une question que nous ne devrions pas esquiver. On ne peut malheureusement pas donner ce qu'on n'a pas. Le Christ nous donne la joie, parce qu'il en a plein le coeur: '' Je vous ai dit ces choses afin que la joie qui est en moi soit en vous et que votre joie soit parfaite. ''

Il nous faut donc cultiver la joie pour accomplir la loi du Christ. C'est un devoir envers notre prochain.
Amicalement
La Chartreuse


Je suis soldat du Christ, si la Vérité est attaquée je parlerai, je tiendrai haut et ferme l'étendard de la foi, l'étendard de mon Dieu.

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Re: La vraie joie

Message non lu par christiane » sam. 21 nov. 2009, 18:22

Merci de tout coeur, La Chartreuse.

Que le Seigneur vous protège !

Christiane

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