Ambassadeur Tou : pourquoi je suis devenu catholique
Par Bernardo Cervellera
Tiré du site AsiaNeaws :
http://www.asianews.it/view.php?l=en&art=6142
Texte du 11 mai 2006.
Lors d’une interview avec AsiaNews, l’ambassadeur de la république de Chine (Taiwan) au Vatican explique ce qui distingue le Christianisme des autres religions et décrit les différentes approches de la liberté religieuse selon Taipei et selon Pékin.
La Cité du Vatican (AsiaNews) – L’élan moral du Confucianisme était insuffisant pour m’apporter la joie et la méditation Bouddhiste n’était pas parvenue à rompre ma solitude, raconte Chou Seng Tou, ambassadeur la république de Chine (Taiwan) au Vatican. Dans le christianisme, il découvert un rapport direct avec Dieu et rencontré la vie exemplaire de beaucoup de gens. Pour toutes ces raisons, monsieur Chou a été baptisé ce 17 avril . Depuis lors, il est une « nouvelle personne » et souhaite travailler pour la liberté religieuse en Chine.
“Il y a une grande différence entre Taiwan et la Chine sur le sujet de la liberté religieuse” explique-t-il. " En Taiwan, il y a une séparation très claire entre l’état et la religion. J’ai dit à mes supérieurs que j’étais devenu catholique seulement après mon baptême. Etre baptisé était ma décision personnelle. Si j’avais été ambassadeur de la république populaire de Chine, j’aurais immédiatement été rappelé et peut-être mis en prison. "
Monsieur Tou a été baptisé par Mgr Javier Echevarria Rodriguez , de l’Opus Dei, dans son église paroissiale de sant’Eugenio. Mgr Giovanni Lajolo, le « ministre des affaires étrangères » et d’autres officiels du Vatican et du corps diplomatique de Rome assistaient à la cérémonie.
Comment êtes vous venu à la foi catholique?
Dans le passé, j’avais déjà eu à faire au monde chrétien, en particulier via le protestantisme. Lors de mes études supérieures, j’allais souvent dans une école protestante et je chantais dans le chœur. Je me rappelle que lorsque j’avais 15 ans, j’étais allé dans un camp d’été avec eux. Au moment de partir, un de ceux qui encadraient le camp nous a demandé de nous avancer si nous avions été touchés par ces vacances. Un de mes amis m’avait poussé en avant, mais je n’avais pas été touché du tout et ces vacances d’été ne m’avaient pas rendu plus heureux, ni ne m’avaient donné une plus grande paix.
En 1962, je me suis marié à l’Eglise catholique parce que ma femme est catholique et de temps en temps, j’allais à l’église avec elle, plus par courtoisie que par foi.
Maintenant, je comprends que tout ceci faisait partie du plan de Dieu, y compris ma nomination en tant qu’ambassadeur de la république de Chine auprès du Saint-Siège. Prendre une résidence à Rome m’a permis d’en apprendre plus sur l’Eglise Catholique, et juste avant d’y aller, j’ai fait de longues visites aux communautés et institutions catholiques de Taiwan, faisant le tour de tous les diocèses. Partout où j’allais, j’étais frappé et j’étais enthousiaste par rapport à ce que je voyais, sur le style, le travail et l’engagement des prêtres et des religieuses.
Qu’est-ce qui vous a le plus touché?
Je me rappelle d’un hôpital pour personnes âgées tenu par des religieuses. Les patients ne pouvaient même pas se déplacer et avaient besoin d’aide pour bouger, même pour leurs besoins physiologiques de base. Quand j’ai visité les chambres, j’ai été frappé par leur propreté, l’absence de mauvaise odeur, la paix des gens qui y étaient, l’absence de tristesse sur leur visage, les soins charitables qu’on leur apportait. Une religieuse de 90 ans avait cuisiné un gâteau pour moi. Pendant la visite, elle m’a proposé de le porter parce qu’il était trop lourd pour elle. Une si grande courtoisie chez une si vieille personne ! Il y a aussi l’exemple de l’amour de ma femme : elle est « le catholique » que je rencontre chaque jour. Toutes ces choses ont ouvert mes yeux à ce que la paix du cœur et la joie peuvent apporter. Finalement, j’ai compris que c’est l’Esprit Saint répandu en nous qui nous apporte cette paix.
Autre chose aussi m’a touché : ce sont les saints. L’Eglise catholique a beaucoup de saints, beaucoup de manières d’expérimenter la foi, qui sont toutes des modèles pour nous. La culture chinoise, Confucius, ne peut générer de tels modèles. Confucius a appelé les gens à être “comme des saints”, donnant des règles de conduites. Mais il n’a pas offert de modèle concret, dans la chair. Au contraire, dans l’Eglise, il y a de nombreux exemples à suivre.
En plus de tout ceci, il y a l’amitié que j’ai développé avec quelques amis diplomates catholiques. A chaque fois que je rencontre l’ambassadrice des Philippines, M Léonida Vera, elle me disait : "Chou, je veux être ta marraine lors de ton baptême ".
Au final, j’ai rencontré un prêtre français de l’Opus Dei qui m’a aidé à étudier le catéchisme et à comprendre les éléments fondamentaux de la foi catholique.
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Qu’y a t il dans la foi chrétienne qui manque à la culture chinoise, et qui vous a amené à la conversion et au baptême ?
Je n’adhérais à aucune religion auparavant. Comme beaucoup de Chinois, je suivais les préceptes confucéens. Je peux dire que je suis un disciple de Confucius qui est devenu chrétien. J’ai beaucoup étudié Confucius, appris comment être un homme bon, moralement droit, respectueux des autres…. Lui aussi, comme dans les Evangiles, disait : « Faites aux autres ce que vous voudriez qu’on vous fasse ». Sur de nombreux niveaux, le christianisme et le confucianisme ont bien des choses en commun. Si la Chine donnait la liberté au christianisme, beaucoup de chinois se convertiraient . Mais dans le christianisme, il y a une chose unique. Quand vous priez par exemple, vous établissez une relation personnelle avec Dieu, en rapport étroit avec Jésus. Dans la culture Chinoise, il y a le silence, la méditation, mais seulement en rapport avec soi-même, pas avec Dieu ! Par la prière, par l’intercession des saints et celle de Notre Dame, on peut réaliser notre appel à la sainteté. La solitude morale de l’homme s’achève ici !
Après votre conversion, quelle est votre relation à la Chine?
J’ai reçu “Christophe” comme nom de baptême ; Christophe, le pèlerin qui a porté Jésus sur ses épaules. Mon souhait est d’apporter Jésus au monde chinois, à la fois à la Chine continentale et à Taiwan. Chaque jour, je prie : « Oh, Seigneur , aide moi à voir ce que je dois faire pour apporter ce que mon nom signifie »
Une chose que j’aimerais faire est de travailler en faveur de la liberté religieuse en Chine. La république populaire de Chine
a une peur bleue de la religion en générale et de l’Eglise catholique en particulier. Et cependant, l’Eglise catholique à Taiwan, à Hongkong, Macao, Singapour, fait des choses merveilleuses, très appréciées par la société en général. L'Eglise exalte les valeurs spirituelles qui soutiennent les bases de la société. Si je rencontre des dirigeants à Pékin, je leur dirai : N’ayez pas peur. Si vous donnez plus de libertés à l’Eglise, il y aura plus d’amour, de paix et de réconciliation dans la société.
Il y a une grande différence concernant la liberté religieuse entre Taiwan et la Chine. En Taiwan, il y a une séparation très claire entre l’état et la religion. J’ai dit à mes supérieurs que j’étais devenu catholique seulement après mon baptême. Etre baptisé était ma décision personnelle. Si j’avais été ambassadeur de la république populaire de Chine, j’aurais immédiatement été rappelé et peut-être mis en prison.
Vous, les missionnaires, êtes les bienvenus à Taiwan; pas comme en Chine où vous devez signer un engagement à ne pas évangéliser si vous voulez rester là-bas !