Ma chère Etincelle,
laissez tomber le "gentille", je ne vous ai répondu que parce que j'ai tremblé pour la souffrance qui s'amoncelle au-dessus de la tête de votre frère. Je connais la souffrance de la famille inquiète persuadée d'être elle et uniquement elle dans le bon droit, le bon chemin et qui pense qu'elle se doit, par amour, de tout faire pour ramener la "brebis divergente" dans le bon chemin. Quand cette famille-là s'abat sur vous, elle vous tue. Même avec les meilleures intentions du monde.
De la même façon qu'on peut tuer la réputation de quelqu'un de mille manières différentes, on peut tuer un membre de sa famille socialement, affectivement, filialement. Si, à cause de votre façon de voir les choses, de votre apitoiement sur vous-même, de votre confort familial et affectif à conserver à tout prix sans remise en question, vous blessez irrémédiablement quelque chose de sensible dans votre frère, et que cette blessure ne peut plus vraiment guérir, vous aurez tué quelque chose en lui, et il portera cette chose morte en lui pour toujours. Par "chose", j'entends une part de sensibilité, cette part suave de l'enfant qui se sent inconditionnellement aimé, porté, choyé, RELIÉ, quoi qu'il arrive, quoi qu'il fasse, à sa famille, son unité psychique pour la vie.
En réagissant à chaud, vous cherchez à vous rassurer vous-mêmes, famille bien intentionnée mais potentiellement ineffablement maladroite, et vous le condamnez lui à porter une blessure
à perpétuité. C'est dans ce piège-là qu'il ne faut absolument pas tomber, QUOI QU IL VOUS EN COÛTE!! Parce que les conséquences, ensuite, sont difficilement maîtrisables, et peuvent resurgir des décennies plus tard.
Je vois que vous êtes dans une famille très croyante, très pratiquante, et c'est très bien, cela va être un tremplin, une ressource pour votre croissance spirituelle.
Mais pour amorcer cette croissance, réalisez vite deux choses :
la première, que c'est Dieu qui vous amène devant une croisée des chemins, et c'est vous qui selon le chemin que vous allez choisir et les conséquences que cela comportera, transformerez votre choix en épreuve incertaine ou en acceptation humble et souple. C'est le moment de se rappeler les épîtres :
Colossiens 3:12
Ainsi donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous d'entrailles de miséricorde, de bonté, d'humilité, de douceur, de patience.
Galates 6:2
Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi de Christ.
Matthieu 11:28-30
28Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. 29Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de coeur; et vous trouverez du repos pour vos âmes. 30Car mon joug est doux, et mon fardeau léger.
et bien sûr les béatitudes :
Matthieu 5 : 3-12
3. Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des Cieux est à eux.
4. Heureux les affligés, car ils seront consolés.
5. Heureux les doux, car ils posséderont la terre.
6. Heureux les affamés et assoiffés de la justice, car ils seront rassasiés.
7. Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
8. Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
9. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
10. Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des Cieux est à eux.
11. Heureux êtes-vous quand on vous insultera, qu'on vous persécutera, et qu'on dira faussement contre vous toute sorte d'infamie à cause de moi.
12. Soyez dans la joie et l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux : c'est bien ainsi qu'on a persécuté les prophètes, vos devanciers
et on pourrait y ajouter beaucoup d'autres textes.
La résignation à porter dans l'obéissance à l'amour ce que la vie vous présente, et ce que le devoir d'état impose (pour vos parents) est la voie de la sainteté que le Seigneur vous réserve, elle est là et pas ailleurs. La sainte résignation est la voie royale de la tempérance et du dépassement de soi. C'est ce défi qui est le vôtre, collectivement, pour votre famille, aujourd'hui.
La deuxième chose à réaliser, c'est que Dieu vous a confié une âme magnifique qu'il aime éperdument, l'âme de votre frère. Vous savez aussi qu'un jour, celui de votre mort ou de votre jugement, vous aurez à rendre compte à Dieu de tous ceux qu'Il vous aura confiés, vos enfants, mais aussi tous ceux qu'Il a confiés à votre affection, votre frère, votre famille et vos parents.
Imaginez que votre frère soit irrémédiablement blessé, meurtri, par une réaction familiale empreinte de pathos, et qu'il meure ainsi, avec son âme endommagée par la souffrance. Voudriez-vous devant Dieu avoir à justifier que le jour où vous avez appris sa souffrance homosexuelle, au lieu de prendre les choses avec recul, discernement et anticipation, avec maturité et réflexion, vous avez préféré les prendre avec larmes, rejet et dégoût, protégeant ainsi votre confort psychologique au détriment du sien, en vous mettant à la première place, pour vous rassurer ou que sais-je d'autre, même si le prix à payer pour lui fut de se sentir anéanti par vos réactions ?
Attention, je ne dis pas pour autant qu'il faille tomber dans le "qui ne dit mot consent"...
Il y a aussi une chose qui transparaît en filigrane des Evangiles : avant de juger (condamner par des mots), Jésus, qui connaît parfaitement l'homme, nous encourage à
attendre un retour au calme et à ne juger d'une chose qu'avec beaucoup de recul, de réflexion profonde et de discernement, et après avoir prié longtemps, longtemps, longtemps. De cette prière qui est union à Jésus, abandon de notre souffrance à Ses pieds, en confiant notre souci à notre douce mère Marie Très Sainte, et dans une union sincère qui essaie vraiment de tout abandonner au Christ, surtout notre jugement, nos préjugés et notre façon de penser, on sent jour après jour que Jésus nous transforme, nous parle au coeur, et nous encourage dans la voie qu'Il souhaite pour nous. Ne vous privez pas de prier, constamment, de parler de tout ce qui vous tourmente et vous inonde de larmes et de dégoût, dans une confiance filiale, à Jésus, à notre Père Aimant à qui nous pouvons tout dire, sans retenue d'usage, sans honte malvenue, car Il sait déjà tout de la nature humaine et de chacune des âmes et des faits qui arrivent dans nos vies. "
Elevons notre coeur et tournons-le vers le Seigneur".
Il est aussi évident que pour vous et votre famille, la situation actuelle est un noeud, quelque chose qui met en conflit en vous plusieurs représentations sociales antagonistes. Dans une situation pareille, outre toutes les réserves que je vous propose pour vous pousser à différer vos réactions jusqu'à ce qu'un véritable apaisement revienne entre tous les membres de votre famille, et pour vous aider à construire un changement de regard de ce que vit votre frère, vous avez peut-être envie/besoin de recevoir des conseils autrement plus fouillés et sages que ceux d'un forum. C'est peut-être le moment d'envisager d'aller voir, à plusieurs si nécessaire, un professionnel de santé qui saura poser les mots pour mieux cerner cette situation douloureuse et du coup dénouer les tensions, poser un baume sur toute cette souffrance qui vous tourmente. Peut-être aussi pourriez-vous vous faire recommander auprès un prêtre engagé auprès des personnes à profil particulier, qui saura poser/construire de la paix sur une situation qui en manque pour l'instant. Ne restez pas seuls à tourner à vide sur une histoire qui vous tourmente, car tant que le coeur n'est pas en paix, tant que quelqu'un peut être blessé par la maladresse d'un proche, le diable lui rit et se frotte les mains.
Ne lui laissez pas la victoire, jamais! Faites vous aider par une personne de confiance, très sage et très sainte, très aimante surtout de la nature humaine; beaucoup de prêtres sont ainsi.
Code : Tout sélectionner
[i]soyez simple et vraie avec votre frère.[/i]
Là, c'est changer pour toujours, ce ne sera plus jamais le cas, c'est au-dessus de mes forces (bien sûr, pas tout le temps mais quand mes pensées se rappellent de cette "malédiction").
Comprenez que pour le moment, là où on vous montre la lune, vous ne voyez que le doigt... Vous n'êtes en rien l'imbécile suggérée par ce proverbe, vous êtes juste en grande souffrance, aussi ne jugez pas, surtout maintenant. La vie ne va pas s'arrêter, elle va continuer et vous vous allez reprendre une évolution positive et calmée, et une évaluation plus décentrée des événements. Ne décrétez rien
maintenant, donnez -vous du temps, offrez-vous de la patience et de la tendresse, et pourquoi pas écrivez votre douleur, des fois ça la calme... C'est un truc de psy; on écrit sa souffrance et après on jette la feuille, il y a des tas d'exercices de ce type.
Priez... n'essayez pas d'accepter ce que vous ne pouvez accepter pour le moment, juste offrez (je me répète!) votre fardeau, vos larmes, votre esprit perturbé, votre coeur dégoûté à Jésus, et vous verrez bien ce qu'il en fait... c'est dans cet abandon que vous vous décentrerez, que vous lâcherez prise à votre insu de tout ce qui vous tourmente trop aujourd'hui. Ne craignez pas de choquer Jésus, parlez-lui avec respect, mais avec tout l'abandon, la sincérité et l'exactitude avec laquelle vous parleriez à votre soeur. On peut tout lui dire, je vous assure. Et on peut tout lui demander. Demandez avec persévérance et patience que sa Volonté soit faite dans vote vie et ne vous occupez plus de rien. Lisez Sainte Thérèse (Martin), c'est la spécialiste de ce genre d'attitude.
Rien en vous n'est changé pour toujours, surtout si vous ne le voulez pas, parce que vous avez conscience que dans toute division, c'est le Diviseur qui se rengorge et que rien que pour
ça, vous ne lui laisserez
jamais prendre le moindre champ.
Calmez-vous, apaisez-vous, reposez votre âme, réfugiez-vous dans l'explosion d'Amour du Sacré-Coeur de Jésus, dans la lecture, le chant, la louange, la prière, la Sainte Messe. Prenez un week-end de rando, d'équitation ou de ce qui vous plaît, ne restez pas entre vous et vous, réagissez de façon à ramener la Paix, la Lumière et l'Amour dans votre vie intérieure, et laissez Dieu gérer votre vie extérieure. Abandonnez ces combats biaisés perdus d'avance qui vous emprisonnement dans le chagrin, le dégoût, le rejet, les préjugés et l'agitation; ces combats, si vous les confiez à Dieu, deviendront les Siens et vous en serez soulagée.
Réalisez que les choix de votre frère ne sont pas les vôtres, et que s'il est de votre devoir de prier pour votre famille, on ne vous demandera jamais de tenter d'imposer votre façon de voir à qui que ce soit. Acceptez que vos proches n'aient pas les mêmes vues que vous, et lâchez prise sur ces sources mauvaises de soucis et de larmes, pour les laisser aller se tarir loin de vous; ce n'est pas votre part. Votre part, c'est d'être un havre de paix en accord avec soi-même qui accueille tout le monde sans aucune préférence.
Allez, haut les coeurs et en avant! Courage, courage, courage!
Que Dieu vous console au creux de Ses Bras Paternels, vous tienne serrée sur Son Coeur Doux et Humble tout le temps qu'il faudra, vous bénisse et vous guide! Réfugiez-vous dans Son Amour Incandescent.
Vous n'êtes pas seule dans votre douleur!
Je prierai avec vous et je pense que beaucoup ici s'uniront à vos prières.
Zélie