Comment pardonner?

[Teano]

Chère Florence,

Ma soeur est un bateau ivre...Je ne sais plus quoi faire pour l'aider alors j'ai renoncé et je pense surtout à me protéger et à prendre soin de ma maman. Je la sur-veille de loin. Mais maintenant qu'elle sait qu'elle est seule responsable de sa maladie et de ses conséquences, bizarrement, elle se tient à peu près tranquille et va voir son psychiatre dès qu'elle se sent partir en crise. Un peu de fermeté ne nuit pas avec les bipo...
Vos mots m'ont touchée. Un conseil de soeur : prenez bien soin de vous, cela n'a pas l'air d'être dans votre caractère mais il y a des hommes qui causent de grands dommages dans la personnalité d'une femme. Ils nous font mettre un doigt dans un engrenage de destruction dont il est difficile de sortir.
Je vous souhaite d'avoir une vie affective heureuse et paisible auprès d'un homme stable et qui prendra soin de vous.

[Florence44]

Je comprends votre douleur Teano... C'est très difficile de trouver comment aider un bipolaire. Les professionnels eux-mêmes n'y arrivent pas toujours... Soyez là quand elle vous réclame, mais protéger vous aussi, ne vous usez pas à lui faire entendre raison quand vous savez pertinemment qu'elle n'est pas prête à entendre ce que vous dites. Il y a des moments pourtant où l'on peut parler sérieusement sans qu'ils se sentent invincibles et au dessus de tout, enfin c'est l'impression des fois que j'en ai eu.

Quand à moi je sais pertinemment que mes blessures resteront avec moi... Mais j'espère un jour pouvoir redonner confiance. Quant au fait de prendre soin de moi, mon plus grand bonheur pour moi c'est de voir les gens qui m'entourent heureux. Vous n'imaginez pas comme un sourire peut guérir bien des maux.

J'en profite de ce message, pour vos remercier tous d'une manière générale pour vos messages de soutien, d'aide, de compassion. Je vous souhaite à tous, un petit peu en avance certes, une excellente année 2012. Beaucoup de bonheur pour chacun de vous et de votre entourage...

[Invité]

Il faut prier pour guérir cet homme. Pardonner, je ne sais pas, mais il est au moins important de ne pas cultiver la haine et de ne pas le salir en permanence. Une personne peut très bien être un monstre de méchanceté avec une personne et s'entendre avec une autre. J'ai hébergé un monstre de ce gabarit, j'ai eu beaucoup de mal à le faire sortir de mon appartement, mais une fois sorti, j'ai lavé toutes ses affaires, je l'ai aidé à déménager, je lui ai donné à manger lorsqu'il est venu pour récupérer ses affaires en plusieurs fois. J'avais porté plainte contre lui, mais je n'ai pas souhaité l'attaquer devant la justice pour ne pas mettre un autre catholique en prison, et surtout pour ne pas gâcher la vie de ses enfants. Après son départ, j'ai évité de parler de cette affaire, et aujourd'hui je suis heureuse d'avoir pris ces décisions, même si les pertes d'argent sont énormes et les blessures toujours vives.

[Florence44]

Je n'ai jamais sali personne ni par mes mots ni par mes actes.. Ni n'ai jamais cultivé la haine... Malgré tout le mal fait je n'ai jamais voulu du mal aux personnes qui m'en ont fait. Je parlé ici plus de responsabilité que d'une volonté de nuire à une personne.

[Mikaele]

Florence, Teano, que cette année nouvelle vous apporte la paix!
Et même si vous êtes allées très loin dans le chagrin et le dépouillement de vous-mêmes, Dieu vous aime et manifestera sa présence, prenez soin de vous à présent dans la pureté et l'intelligence de vos êtres profonds, car vous êtes de belles personnes, c'est ce qui compte au regard du Ciel.

[PaxetBonum]

Il faut prier pour guérir cet homme. Pardonner, je ne sais pas, mais il est au moins important de ne pas cultiver la haine et de ne pas le salir en permanence.

Vous avez mal interprété les messages de Florence44, il n'a jamais été question de haine.
Elle veut même pardonner, et si vous ne savez pas si il le faut, je vous invite à relire les évangiles.
Florence44 ne salit pas cette personne au contraire elle porte de la culpabilité alors que c'est elle la vrai victime.

[Florence44]

Mikaele : merci pour ce message de soutien. Teano aussi sera content de ce message. En espérant que pour vous aussi vous aurez une belle année .

Paxetbonum: merci de l'aide. Je pense que la personne n'a pas lu le post en entier

[Teano]

Florence, dans votre coeur, je sais qu'il n'y a que de l'amour et de la bienveillance !

[Florence44]

Merci Teano... Ces mots sont si gentis... Je vous tiendrai au courant de mon avancée mais pour le moment ma réflexion à ce sujet n'avancera guère pour cause d'examen! À bientôt...

[Teano]

Alors, je vous souhaite beaucoup de succès !

[Florence44]

Il y a ces jours où on sombre dans la colère et où on n'a plus envie de pardonner.

Récit d'un moment de désespoir.

Tant de colère. Je ne pensais pas pouvoir en avoir autant en moi. Je ne pensais pas que je pouvais rester dans une situation sans avoir pardonné aussi longtemps.

Je suis en colère, parce que rien que de repenser au passé je suis envahie d'un tellement grand désespoir que tout ça ce mélange pour donner naissance à une colère. Puis après vient le temps de la culpabilité. La culpabilité de n'avoir toujours pas réussi à pardonner, de ressentir en moi tant de colère.

Je suis en colère parfois, contre les hommes en général. Je suis en colère contre la société qui a perdu toute valeur, et qui amène l'humanité toute entière à ne plus se respecter. Je suis en colère contre tous ces hommes dans la rue qui m'arrêtent, me sifflent, me klaxonnent quand je suis à vélo parce qu'ils sont tellement pervertis qu'ils se croient tout permis. C'est pas comme ça qu'on traite les femmes. Je suis passe-partout pourtant. En jean, en converse, en pull rien de bien voyant, et pourtant. Je suis pas excentrique, je me fais toujours la plus petite et pourtant.

Un jour je promenais mon chien en ville, je revenais du parc, et avant que j'arrive sur le passage piéton une Mercedes rouge passe. Son conducteur, un homme de plus de cinquante ans me regarde. De haut en bas. Puis mon regard croise le sien, j'y vois l'horreur. Un regard de pervers comme jamais j'en ai vu, et comme jamais j'espère en revoir. Il m'a regardée avec tant de ... je ne sais même pas comment décrire ça il n'y a pas de mots suffisamment graves pour décrire un regard aussi perverti. Bref, il m'a regardée, s'est arrêté, et là il a sorti sa langue, et a fait comme si il me léchait. C'était immonde. Je me suis dis que j'ai eu de la chance d'être dans la rue car je ne sais pas ce qu'il m'aurait fait autrement. Alors j'ai beaucoup de colère à faire sortir, et qui ne sort pas. Je suis en colère après les hommes qu'ils se comportent ainsi.

J'ai tant de colère que ça m'envahit parfois et me rappelle à quel point je suis loin encore de digérer, de pardonner à ces hommes totalement égarés et qui ne se rendent même plus compte de leurs agissements.

J'ai envie d'oublier ce que les hommes m'ont fait. J'ai l'impression que tous les hommes ne voient les femmes que comme ce que celui qui m'a détruit m'a dit : "des trous". Je suis en colère, mais j'ai en même temps si peur maintenant d'eux. J'ai tellement peur ou tellement de colère contre le sexe masculin, que j'arrive même plus à me projeter pour parler à un prêtre. Ça devient grave non? Pathétique même! Les hommes d'église sont différents et pourtant j'y arrive pas. J'arrive toujours dans les dernières minutes avant d'être en retard à la messe et je pars toujours la première pour que personne ne m'accoste. J'ai tellement de souffrance en moi, et je suis tellement en colère contre moi de cette situation, de ne pas réussir à me livrer à un homme d'église ni même de me projeter en train de réussir à le faire.

C'est une relation particulière que j'entretiens avec le fait de pardonner. Car à force de tout pardonner j'ai accepté l'inacceptable jusqu'à arriver à des situations impardonnables. Et aujourd'hui j'arrive pas à pardonner. C'est un comble, quand même, que d'avoir tellement pardonné que j'arrive à des situations tellement dures que je n'arrive pas à pardonner.

J'ai tellement de chose que je dois pardonner. Je dois pardonner à celui qui m'a trompée tant de fois avec tant de femmes alors qu'il me promettait que non, je dois pardonner à celui qui, alors même me promettait de se soigner, avait déjà replongé dans l'alcool. Je dois lui pardonner d'avoir mis ma vie en danger lorsqu'il prenait le volant alors qu'il avait bu en cachette avant et que je ne savais pas qu'il était alcoolique (il m'a fallu deux ans et demi pour le savoir). Je dois lui pardonner d'être allé voir ailleurs sans même s'être protégé et d'avoir risqué de me transmettre une MST, peut-être même le sida. Je dois lui pardonner toutes ces insomnies où je pensais à me tuer plutôt que de laisser le Sida le faire. Je dois lui pardonner les angoisses insurmontables en attendant les résultats des prises de sang. Je dois pardonner celui qui m'a tapée. Je dois pardonner tous les mots qui me rabaissaient qu'il m'a dit. Je dois pardonner celui qui m'a forcée, sous la contrainte de me ramener le SIDA. Je dois pardonner des VIOLS quotidiens, lâchons le mot, sous cette menace et sous les violences quand il était tellement imbibé. Je dois pardonner celui qui m'a promis tant de fois et qui n'a même pas tenu ses promesses plus d'un jour.

Pourquoi tant de colère? Je suis pacifique dans la vie. J'ai horreur des disputes, je suis toujours conciliante alors pourquoi LÀ j'arrive pas à pardonner? Je suis en colère contre moi de pas y arriver. De pas faire à nouveau confiance en l'homme. Je suis en colère contre moi d'avoir accepté l'inacceptable. J'aimerais retourner dans le passé trois ans et demi avant ce jour et avoir refusé.

Aujourd'hui, c'est un jour spécial : ça fait quatre ans pile-poil que je suis tombée dans le panneau. Et ça ne fait que quelques mois que j'ai décidé de ne plus accepter. J'ai été longue! Tellement longue! Tellement naïve d'avoir cru que je pouvais changer un homme plein de vices! J'aurais tellement aimé le faire devenir bon. C'est la une faille de l'humanité : ne pas pouvoir changer ses vices alors même que l'on vous aide. Suis-je condamnée à vivre dans une colère envers moi et les hommes? Arriverai-je un jour à donner ce pardon, à accepter ce qu'il m'a fait mais passer outre et me reconstruire une vie meilleure, ou suis-je condamnée à rester dans cette vie où je m'occupe en permanence l'esprit pour ne pas penser au mal fait? C'est quand même dingue, d'être tellement envahie par cette colère, cette culpabilité, cette souffrance d'en arriver à penser certains moments que moi aussi je suis condamnée à une vie de malheur maintenant et qu'il vaudrait mieux en finir tout de suite.

Ce soir c'est dans le gouffre total que je me trouve, excusez-moi pour ces doutes, cette colère. Demain ça ira mieux.

Florence.

[Teano]

Florence,

La colère va te ronger le coeur et te rendra toujours plus malheureuse. Quant à la culpabilité, je ne suis pas sûre que cela soit une solution non plus. La culpabilité m'a jetée dans l'alcool ; le repentir, dans les bras du Christ...

Tu n'es pas responsable du comportement odieux de ces hommes, ni de la maladie de ton ancien compagnon, ni de ce que la société fait des humains. Dans ce que tu écris, je ne te vois jamais que comme une victime et j'ai du mal à comprendre ce que tu dois confesser mais je ne sais pas tous les détails. Tu as été violée, je ne sache pas que ce soit un péché.

Tu es appelée à être une Lumière au milieu des ténèbres, petite soeur. Tu as fait des erreurs quand tu avais 16 ans ? ça prouve que tu es un être humain, ouf, c'est rassurant ! S'il n'y avait que des gens parfaits et infaillibles, ce serait d'un ennui ! Moi j'avais 28 ans, tu vois, j'étais plus expérimentée et je suis tombée dans le panneau pareil.

Avant de pardonner aux autres, pardonne-toi à toi-même de n'être qu'une jeune femme bienveillante et altruiste, avec un coeur énorme !

Des souvenirs douloureux reviennent et ils te torturent. Tu te demandes pourquoi tu as vécu cela et tu as l'impression que tu ne t'en sortiras jamais (tu en veux même certainement à Dieu). Il n'y a que 2 personnes pourtant qui peuvent t'aider : toi et le Christ. Tu n'oublieras jamais ce que tu as vécu mais tu peux décider que ce que tu as vécu n'a plus de prise sur toi pour te faire souffrir et tu vas même t'en servir pour être une femme meilleure, plus pure, plus bienveillante envers les faiblesses d'autrui.

Je n'ai rien oublié de ce que j'ai vécu : un jour, un homme avec qui j'étais sur le point de coucher m'a demandé si "j'étais saine" (il était marié et ne voulait pas utiliser de préservatifs car si sa femme les trouvait, elle aurait compris. Mais il ne voulait pas attraper une saleté avec une fille comme moi). Quelle humiliation ! et pourtant je l'ai laissé faire ! Pendant longtemps cela a été cuisant comme souvenir. Maintenant, c'est fini. Tu vois je raconte ce souvenir, mais cela ne me fait plus mal. C'est remis aux pieds du Seigneur et personne ne pourra me jeter cela en pleine face. Et moi avec tout ce bagage que je me trimballe hé bien j'ai pu communier avec sainteté : les prostituées précèderont les pharisiens dans le Royaume !

Nous ne pourrons jamais dire que nous n'avons pas vécu ces choses-là. Mais nous pouvons choisir de les neutraliser ou même d'en faire "un ornement pour notre âme".


Tu ne seras pas capable de pardonner tant que toi-même tu ne seras pas connectée sur LA SOURCE de tout pardon : le Christ. Tu t'attaches à tes pauvres forces et tu ne trouves que ta fragilité, petite soeur.

Bizarrement, le fait de tout dire à un homme m'a soulagée. Le père Patrice m'a dit : "vous savez, tous les hommes ne sont pas des abuseurs et vous devez porter cela dans vos prières, de voir les hommes de façon positive." J'y travaille désormais. Donne-tout dans la prière.

Que le Christ lève sur toi Sa Douce Face pour te dire "ta foi t'a sauvée"

[Florence44]

Excusez-moi pour mes mots d'hier soir. C'est parfois si dure que pendant quelques heures je me laisse emporter par la colère, l'incompréhension, le désarroi. Je suis une simple cocotte minute : j'encaisse, je dis rien, puis y a un moment ou ca pète, alors désolée d'avoir lâché ces mots ici... Gérer la souffrance que l'on m'a faite c'est parfois dur, et puis il y a cette perpétuelle colère contre moi de m'être ainsi fait avoir, d'avoir toujours cru. Il est vraiment tant que je remette toute ma souffrance à Dieu. Mes examens se terminent jeudi midi et je crois que ce sera bien la première chose que je ferai.

bonne semaine à tous...

[Kerniou]

Florence,
J'espère que vous allez mieux. Il est important pour vous de pouvoir évacuer le dégoût des actes qui ont atteint votre jeunesse.
Que vous nourrissiez de la rancoeur et de l'agressivité à l'égard de l'agresseur, n'a rien d'étonnant et que vous éprouviez du ressentiment est légitime par contre vous en nourrir, le serait moins. Il vous faudra du temps pour prendre du recul et voir les hommes sous un autre jour. Vous avez raison certains sont ignobles et leurs comportements odieux mais heureusement il en est de généreux, respectueux, tendres et aimants ...
Vous ne pouvez pas ligoter vos ressentis ni votre souffrance et faire comme si tout cela n'existait pas: il faut faut en reconnaître l'existence pour vous en libérer, vous en sentir lavée; de plus, il est normal d'éprouver de la souffrance quand on a été maltraitée comme vous l'avez été. Avec le temps viendront le recul, la prise de distance avec les évènements et l'atténuation de la douleur et la diminution de la peur des hommes. Prenez le temps dont vous avez besoin; de toute façon vous ne pouvez faire autrement et quand vous avez des coups de cafard, écrivez-nous.
Prenez bien soin de vous.

[Florence44]

Bonjour à tous...

Voilà les examens sont terminés pour moi ainsi que mon hibernation. Je me dois maintenant d'avancer dans mes problèmes. Je m'en charge dès demain. J'ai hâte de me sentir plus légère d'un fardeau que j'aurais remis aux pieds de Dieu. J'ai hâte de pouvoir me délivrer de mes trois ans de souffrance.

J'espère que les mots sortiront de ma bouche confuse et honteuse. J'espère trouver une personne avec qui je me sentirai en confiance lorsque je parlerais de ces trois ans.

@ Kenriou : Ca va mieux. C'est moments de perdissions ne durent pas longtemps. Il arrive de temps à autre mais ne durent que quelques heures. Le mieux à faire dans ces moments là c'est dormir pour attendre le lendemain, que l'angoisse soit passée, la peur du futur aussi, l'acception du passé oubliée. Mais je prends bonne note et les jours où ça n'ira pas je viendrais ici trouver du réconfort. Merci à vous. Mais merci aussi à vous tous, pour tous vos petits mots qui mit bout à bout me font avancer, me redonne espoir comme courage et volonté.

Je vous tiendrais au courant bien évidemment à tous ceux qui m'ont suivis de mon avancé, tant dans mon pardon au près de dieu, que de mon avancé dans le pardon de l'autre, ainsi que de mes décisions envers ces agissements.

Florence