Apprendre à me modérer

« Heureux vous qui pleurez maintenant, car vous serez dans la joie ! » (Lc 6.21)
Règles du forum
Besoin d'écoute ou de conseil ? Vous pouvez, dans ce forum, partager votre fardeau avec nos lecteurs...

NB : les messages de ce forum sont modérés a priori ; les interventions jugées inopportunes ne seront pas publiées
Charbel
Censor
Censor
Messages : 126
Inscription : sam. 16 sept. 2017, 0:11
Conviction : Œcuménisme

Re: Apprendre à me modérer

Message non lu par Charbel » sam. 14 oct. 2017, 17:47

Bonjour Quejana,

comme vous le mentionnez cette relation à la nourriture est sans aucun doute le fruit d'un vide intérieur.

Personnellement, et je pense que c'est le cas de beaucoup, la nourriture a toujours constitué un échappatoire en cas de stress, car c'est une satisfaction accessible et immédiate : pendant mes études au retour des cours c'était un sandwich, au boulot en cas de contrariété je peux boulotter les petits chocolats qui traînent à proximité, à d'autres moments je me mets à manger des choses que je ne consomme pas habituellement comme des chips... :)
De même qu'en cas de contrariété j'ai du prurit et y succomber est une satisfaction.
Mais quand je suis en paix, notamment en congés en plein-air, ni prurit ni "pulsion" alimentaire.

Et le fait que vous travaillez à domicile n'est bien sûr pas là pour aider car vous êtes totalement "libre" de suivre le "régime alimentaire" que vous voulez.

C'est déjà une grande grâce que vous ayez la Foi, et vous tourner vers Dieu est bien sûr essentiel.
Dans cette optique, si ça peut vous aider, mais il ne faudrait pas non plus trop vous culpabiliser, dites-vous bien que vous devez prendre soin du corps que Dieu vous met à disposition, et que vous l'éprouvez par ce régime alimentaire chaotique, en mettant en péril certaines de ses fonctions en altérant votre fécondité, car bien que vous ayez actuellement un idéal de vie ascétique, il y a mille façons de répondre à l'appel de Dieu, et peut-être pour vous sera-ce de fonder une famille, d'élever vos enfants dans la Foi, et ce don de vous auquel vous aspirez vous le ferez à votre famille.

Quoi qu'il en soit il vous faudrait sans doute diversifier vos activités.

Faites-vous des activités de plein air ?
Je pense notamment à de la randonnée, le plein-air aidant souvent l'esprit à se distraire, ne serait-ce que par la vision de choses diverses et variées changeant de celles vues mille fois de son quotidien, surtout si ce sont des beautés naturelles.
Selon le lieu où vous résidez c'est plus ou moins aisé, mais même à Paris, trou bétonné s'il en est, il y a des possibilités à quelques km, et des groupes en font régulièrement, une fois par semaine pour celui dont je fais partie (bien que j'y sois moins assidu).

Sinon Je suis persuadé que le sport est un bon remède car il incite :
- à penser à autre chose, voire à vous vider l'esprit, presque à vous décérébrer, faisant oublier les soucis,
- à respecter une certaine hygiène de vie en la rationalisant, en établissant notamment un cadre alimentaire, plus ou moins strict selon la pratique, limitant ainsi les débordements,
- à socialiser, ce qui oblige à s'aligner sur des pratiques alimentaires "standards".
Il y a bien sûr aussi des choses moins glorieuses comme la vanité qui pousse à se sculpter le corps pour s'aligner sur les standards de beauté, mais votre foi vous évitera de tomber dans ce travers.

Et ne vous étonnez pas de voir autant de sportifs amateurs de nos jours, cette activité étant aussi souvent le signe d'un vide que beaucoup essayent de combler ainsi, notamment en se fixant des objectifs, en réalisant des performances comme faire un marathon.
Je n'irai pas non plus jusqu'à dire que derrière chaque jogger se cache une ou des névroses, quoique... ;)
Je connais beaucoup de "jeunes cadres dynamiques" qui comblent ainsi les nombreux moments de solitude ; et certains couples y ont trouvé là un liant supplémentaire, en attendant peut-être de fonder une famille.

Au delà de ça, toute activité vous sortant de ce carcan est bénéfique : sans doute du bénévolat dans votre paroisse, et/ou pour une association, vous aideront à casser ce cercle infernal.

Charbel
Censor
Censor
Messages : 126
Inscription : sam. 16 sept. 2017, 0:11
Conviction : Œcuménisme

Re: Apprendre à me modérer

Message non lu par Charbel » sam. 14 oct. 2017, 18:06

Quejana a écrit :
sam. 14 oct. 2017, 16:46
Certes, c'est demander beaucoup à la religion de prendre en charge nos folies et nos névroses. Mais n'est-ce pas justement parce que nous avons de la folie en nous que nous avons tant besoin de Dieu ?
Je pense que vous êtes bien loin de la folie. :)
Peut-être est-ce là une épreuve que Dieu vous inflige, à vous de vous montrer digne de la foi qu'il a mis en vous en la surmontant ; en tout cas ce fil est bien la preuve que vous en avez la volonté sincère.
Et Dieu ne vous fera jamais porter de fardeau trop lourd, et c'est toujours pour un bien au final.
Quejana a écrit :
sam. 14 oct. 2017, 16:46
La question que je me pose aussi, c'est la suivante : ce que nous faisons de mal, est-ce le péché ou la maladie qui nous y pousse ? Quand la paresse n'est qu'une légère mollesse, quand elle n'est pas méchante, qu'elle est anodine, qu'elle nous fait nous attarder dix minutes au lit le matin ou nous pousse à nous asseoir de temps en temps au soleil, quand il fait beau, elle n'est pas un péché puisqu'elle est légère. Quand elle nous paralyse au point de nous empêcher de travailler, de nous détourner de l'essentiel, de nous faire soupirer, de nous donner des idées noires, alors que c'est précisément là qu'elle devient un péché, on ne l'appelle plus "péché" mais "maladie", "dépression".
Ce qui rend la paresse grave, c'est la volonté :
- ne pas prier par paresse est grave, et oui c'est de toute évidence un péché,
- ne pas faire un travail pour lequel on est payé honnêtement par paresse, est aussi un mal, voire un péché selon les conséquences pour autrui notamment.
Mais en cas de dépression, où c'est involontaire, là c'est juste de la maladie, sans qu'on puisse reprocher grand chose au malade.
Quejana a écrit :
sam. 14 oct. 2017, 16:46
Même chose pour la gourmandise, qui légère n'est pas un péché mais poussée à son extrémité, comme cela est mon cas (j'essaye, j'essaye vraiment de me reprendre maintenant), n'est plus appelée "gourmandise", "péché" mais "boulimie".
N'est-ce pas pourtant cette gourmandise-là, cette chose atroce qui m'arrive que certains ascètes ont tant essayé de combattre par des jeûnes ? celle qui nous pousse à manger un carré de chocolat de temps en temps, elle n'est pas importante et n'est pas un péché, puisqu'elle ne nous détourne pas de Dieu.
Dans votre cas je ne pense pas qu'on puisse parler de gourmandise car vous n'y trouvez de toute évidence pas toujours de plaisir, gustatif notamment, et bien au contraire vous en souffrez.

Charbel
Censor
Censor
Messages : 126
Inscription : sam. 16 sept. 2017, 0:11
Conviction : Œcuménisme

Re: Apprendre à me modérer

Message non lu par Charbel » dim. 15 oct. 2017, 16:06

Quejana a écrit :
sam. 14 oct. 2017, 21:43
je vais aller me promener un peu. Je n'habite pas très loin du Sacré-Coeur, cela me fera du bien.
Très bonne initiative.
Et si vous vous sentez de pousser plus loin, voici le groupe de rando que j'évoquais : https://groups.google.com/forum/#!forum ... eurs-paris
Quejana a écrit :
sam. 14 oct. 2017, 21:43
Je sens que la crise est passée, que quelque chose s'est apaisé...
...
Super. :)
Quejana a écrit :
sam. 14 oct. 2017, 21:43
Sans doute, la question n'est pas résolue mais enfin, je comprends que cette envie vorace de nourriture n'était qu'une illusion pour me cacher l'essentiel, une absence qu'il y a en moi et une tristesse de ne pas pouvoir sentir Jésus... Et quand on s'aperçoit qu'on ne peut pas le sentir, on le sent déjà presque un peu.
Je ne sais pas ce que vous entendez par "sentir Jésus", la Foi qui vous habite n'est-elle pas suffisante.
Peut-être le "ressentirez"-vous en accomplissant des œuvres de charité...

Avatar de l’utilisateur
apatride
Quæstor
Quæstor
Messages : 376
Inscription : lun. 06 juin 2016, 1:24
Conviction : Catholique romain

Re: Apprendre à me modérer

Message non lu par apatride » lun. 16 oct. 2017, 2:39

Bonjour Quejana,

Merci pour la confiance que vous nous accordez en publiant un texte aussi dense et personnel.

Sans vouloir m'avancer ni vous appliquer des schémas sans nuance, je me permets d'avancer qu'en psychanalyse, un rapport faussé à la nourriture est souvent symptomatique d'un rapport douloureux à l'amour maternel. Je ne vous connais pas suffisamment pour savoir quelle est la part de vérité d'une telle théorie en ce qui vous concerne. Je ne souhaite pas donner l'impression que je plaque cela sur vous sans discernement.

Par contre, je pense vraiment qu'une démarche thérapeutique serait un excellent complément à toute approche que vous jugeriez appropriée. J'ai pu vérifier sur moi-même qu'analyser sa propre relation aux parents et à la famille est souvent un excellent révélateur de sa relation à Dieu.

A mon sens, ce qui transparaît de vos messages est à la fois une peur de manquer et celle de ne pas être digne de l'amour qui vous est porté, fusse-t-il divin.

Je prierai pour vous.
Je vous souhaite une bonne continuation et espère avoir de vos nouvelles.

Avatar de l’utilisateur
Philon
Barbarus
Barbarus

Re: Apprendre à me modérer

Message non lu par Philon » lun. 16 oct. 2017, 10:19

Bonjour,
eh bien, cela ressemble étonnament à ce que j'ai traversé de ma 16ème à ma 22 ème année, des troubles alimentaires compulsifs avec vers 17 -18 ans une anorexie puis une hyperphagie incontrôlable, qui, de régimes sévères en reprise de poids m'a menée vers l'obésité ( j'ai eu cette obésité pendant trois ans , puis mon corps a retrouvé son équilibre et il s'est régulé lentement jusqu'à atteindre un poids normal). Ces troubles sont apparus dès que j'ai perdu la foi à 16 ans !
Je suis tombée ensuite dans une autre forme de trouble avec un compagnon pervers et sadique, une sorte d'idôlatrie.
Les troubles se sont atténués pour cesser quand vers trente ans, je me suis reconvertie.
J'ai épousé quelqu'un d'autre que ce fou.
Durant cette période athée marquée par ces troubles, je reconnais que médecine, psychothérapie et psychanalyse n'ont pas pu faire grand'chose : en réalité ils sont sur le versant idéologique du refus de l'autorité, ils m'ont poussée à la révolte contre ma famille et à la débauche. C'était dans les années 80, peut-être que cela a changé depuis.

Alors surtout ne lachez rien : confessez-vous, allez à la messe et dites le chapelet TOUS LES JOURS et surtout n'oubliez pas que le vendredi on ne mange pas de viande.
Demandez à votre paroisse s'ils ont un bon prêtre exorciste car bon nombre de ces compulsions addictives qui sont plus fortes que vous relèvent de la possession démoniaque.

Avatar de l’utilisateur
TREBLA
Barbarus
Barbarus

Re: Apprendre à me modérer

Message non lu par TREBLA » lun. 16 oct. 2017, 22:14

Chère Quejana,

Vous êtes en train de marcher dans une vallée spirituelle. C'est une situation grave. Je prie pour vous.
Psaume 23.
Dieu est mon pasteur; je ne manquerai de rien.
2 Il me fait reposer dans de verts pâturages,
il me mène prés des eaux rafraîchissantes ;
3 il restaure mon âme.
Il me conduit dans les droits sentiers, à cause de son nom.
4 Même quand je marche dans une vallée d'ombre mortelle,
je ne crains aucun mal, car tu es avec moi :
ta houlette et ton bâton me rassurent.
5 Tu dresses devant moi une table en face de mes ennemis ;
tu répands l'huile sur ma tête;
ma coupe est débordante.
6 Oui, le bonheur et la grâce m'accompagneront,
tous les jours de ma vie,
et j'habiterai dans la maison de Dieu,
pour de longs jours.
Que le Seigneur vous bénisse.

Charbel
Censor
Censor
Messages : 126
Inscription : sam. 16 sept. 2017, 0:11
Conviction : Œcuménisme

Re: Apprendre à me modérer

Message non lu par Charbel » lun. 16 oct. 2017, 23:22

Bonsoir Quejana,

c'est bien sûr une joie si nous pouvons vous être d'une aide quelconque.
Quejana a écrit :
lun. 16 oct. 2017, 15:51
Il est vrai que la solitude, le fait d'être partie vivre toute seule, sans mes parents et de devoir assurer mon indépendance financière, c'est quelque chose qui m'effraye beaucoup.
Raison de plus pour vous rapprocher d'une communauté de croyants qui sera, je n'en doute pas, une source de belles amitiés. :)
Quejana a écrit :
lun. 16 oct. 2017, 15:51
je commence à faire un peu de bénévolat et que cela me fait du bien.
Top ! :)
Quejana a écrit :
lun. 16 oct. 2017, 15:51
si vous avez des conseils de choses à faire, de textes à lire
Je vous conseillerais de lire la Bible et de partager vos interrogations avec d'autres croyants pour édifier votre foi, notamment ici sur ce forum.
Et pour vous "distraire" il y a pléthore de livres ayant trait à la Foi, et je laisse le soin à d'autres de vous en conseiller.
Quejana a écrit :
lun. 16 oct. 2017, 15:51
ou si simplement vous pouvez prier pour moi, merci à vous.
Je n'y manquerai pas.
Quejana a écrit :
lun. 16 oct. 2017, 15:51
en ce qui concerne la psychanalyse, j'ai peur aussi que le discours d'un psychanalyste me déculpabilise et me conduise à penser que mon passé, ma famille sont les principaux responsables de ce que je suis devenue.
Je suis aussi très circonspect quant à la psychanalyse, en ayant fait une séance par hasard (j'étais venu pour une séance d'homéopathie :-D) ; vous n'y apprendrez sans doute rien que vous ne sachiez déjà, et au contraire vous risquez de vous tromper de causes.
Je vois en revanche 2 bénéfices dans le fait de parler des choses à un tiers :
- ça soulage naturellement, un peu comme pour une confession,
- ça peut permettre de clarifier, comme certaines méthodes de debug en informatique où on explique le bug à un objet, typiquement un canard en plastique, pour que la solution se fasse jour.
Quejana a écrit :
lun. 16 oct. 2017, 15:51
Depuis que j'ai rompu mon voeu de jeûne, jeudi, j'ai perdu le contrôle sur tout. C'est le fait d'avoir rompu un vœu qui me terrifie et non pas poussée par la faim, mais simplement parce que je voulais le rompre et abandonner ma relation à Dieu. Maintenant, j'ai l'impression que quoi que je décide de faire, je ne réussirai pas à le faire puisque je suis passée par-dessus ce qu'il y a de plus sacré... Si même lorsque je fais un vœu à Dieu, je ne suis pas capable de le tenir, c'est que décidément non, je ne peux plus rien respecter et cela me terrifie.
...
J'aimerais recommencer à faire pénitence, mais plus d'une manière déraisonnée comme je l'ai fait et pouvoir prendre encore des résolutions devant Dieu en étant sûre de les tenir.
Tout d'abord je suis convaincu que Dieu ne vous tiendra pas rigueur d'un engagement que vous n'avez pas pris en pleine conscience, donc sans doute n'avez-vous même pas commis de faute.
Et le cas échéant il ne faut pas rester sur un échec, vous avez faiblit une fois, mais cela ne doit pas vous décourager et vous éloigner de Dieu, au contraire.
Vous avez bien engagé votre repentir (techouva) :
- vous avez conscience de votre faute,
- vous l'avez confessée ici,
- vous êtes sincèrement contrite par cette faute,
- vous avez le désir de ne plus la faire.
Vous pouvez maintenant l'exprimer devant Dieu : Acte de contrition,
Puis prendre l'engagement devant Dieu de ne plus la commettre.

De plus vous n'avez sans doute pas pratiqué votre jeûne dans de bonnes conditions.
Je vous conseille de jeûner en randonnant, vous ne penserez pas à manger, et le cas échéant vous serez loin de votre garde-manger.
(En veillant bien sûr à ne pas faire d'efforts extrêmes et à avoir un petit quelque chose avec vous au cas où)
Quejana a écrit :
lun. 16 oct. 2017, 15:51
Pensez-vous qu'un prêtre peut m'y aider ?
Sans doute.
Quejana a écrit :
lun. 16 oct. 2017, 15:51
avez-vous déjà entendu des histoires de personnes qui ont été dans le même embarras que le mien, qui n'ont pas respecté un voeu qu'elles ont fait et qui ont pu revenir vers Dieu ?
Moi. ;)

Quejana a écrit :
lun. 16 oct. 2017, 15:51
vivre ma foi seule, toute seule est devenu quelque chose de bien trop lourd et difficile...
Encore une fois rapprochez-vous d'une communauté de croyants, même si vous n'êtes pas encore certaine qu'elle corresponde exactement à votre foi.

J'ai le sentiment que vous vous imposez des épreuves surérogatoires.
Vous avez la Foi et vous aspirez à accomplir Sa Volonté, c'est déjà l'essentiel, de plus vous semblez rejeter le matérialisme et vous aspirez à une vie simple, enfin vous êtes pleine de contrition pour des fautes qui ne me semblent pas majeures, je connais peu de personnes ainsi.
C'est tout à votre honneur d'aspirer à plus de sainteté, mais consolidez déjà ce que vous avez, c'est déjà beaucoup, et après vous aviserez.
N'essayez pas d'aller trop haut trop vite, il faut prendre le temps de marcher sur le chemin de la Foi, un pas après l'autre. :)

Avatar de l’utilisateur
apatride
Quæstor
Quæstor
Messages : 376
Inscription : lun. 06 juin 2016, 1:24
Conviction : Catholique romain

Re: Apprendre à me modérer

Message non lu par apatride » mar. 17 oct. 2017, 1:27

Quejana, pour commencer vous avez l'air lucide sur votre condition, c'est un excellent point de départ.

En ce qui concerne la psychanalyse : c'est une voie mais il existe bien d'autres approches thérapeutiques peut-être plus adaptées.

Dans mon expérience il s'agit essentiellement de parler à voix haute et de dérouler le fil d'une pensée, en laissant les associations d'idées se faire, et l'analyse procède par "révélations" lorsque des éléments et anecdotes a priori sans lien se mettent à former un tout signifiant. Souvent cette réalisation se manifeste physiquement par des manifestations d'émotions très fortes : pleurs, tremblements, colère, etc. C'est un bon indice qu'un "complexe" a été mis à jour. L'analyste est là pour guider progressivement l'analysé à faire face à ces "angles morts" qu'il a -- volontairement ou non -- ignorés jusqu'alors.

Personnellement je trouve ce travail très révélateur des logiques souterraines qui conditionnent notre rapport au monde, aux gens, à notre famille, à Dieu. Il y a des phases de rejet de sa responsabilité, certes ; mais aussi et parfois dans le même temps, des réalisations sur notre propre responsabilité justement. Par exemple dans le cadre d'une relation complexe et émotionnellement riche à ses parents, il y a certes des souffrances subies, mais il serait injuste d'en rejeter la responsabilité uniquement sur les autres. Souvent la responsabilité nous incombe aussi de ne pas avoir su ou voulu poser les limites, manifester son désir, etc.

Donc non il ne s'agit pas dans une thérapie de se victimiser et de s'en tirer à bon compte, mais bien de voir où nous en sommes à la croisée de nos vulnérabilités et du monde extérieur. Cela implique justement de se "reprendre en mains" et prendre ses responsabilités. C'est en tous cas comme ça que je l'ai vécu et continue à le vivre.

Encore une fois, cela ne doit pas remplacer d'autres démarches (accompagnement spirituel, exorcisme si nécessaire) qui agiront sur d'autres plans tout aussi fondamentaux.

Avatar de l’utilisateur
Philon
Barbarus
Barbarus

Re: Apprendre à me modérer

Message non lu par Philon » mar. 17 oct. 2017, 8:25

Pour ce qui est des méthodes de psychothérapie, elles ont chacune leur efficacité mais celle-ci reste limitée.
Ce que je critique n'est ni la méthode ni la compétence mais le corpus d'idées implicitement contenu chez les psys en général :
1 cette idée que famille, parents, passé, seraient les seuls responsables de vos maux.
Je suis sceptique...car le monde moderne à lui seul crée des souffrances ( solitude, banalisation de la sexualité contraceptive, nécessité pour chacun de gagner sa vie et pour cela de se battre, culpabilisation de ceux qui ne vont pas bien, surestimation de la beauté physique....) et nous incite à pécher.
Pour ce qui est de la famille, je pense qu'elle est un soutien lorsqu'elle conserve les valeurs, les comportements et la morale classiques. Ce sera alors un refuge, un autre son de cloche qui permettra de relativiser les caractéristiques du monde moderne libéral.
Mais les familles "libérées" font bien des dégâts car elles ne sont pas un refuge mais abondent au contraire dans le sens du monde moderne.
2 La modernité , plutôt le "modernisme" des psys veut que leur foi soit dans l'individu supposé maitre de son destin.
Là encore je suis sceptique.
La créature humaine est faible et elle est bien peu de choses. L'humilité chrétienne est à l'opposée de l'"amour de soi" exigé par les psys. ces derniers essaieront de vous adapter aux normes modernistes. Or un Chrétien devrait les interroger tout d'abord car nombre d'entre elles sont en contradiction avec notre foi.

L'âme humaine ne peut se réduire au psychisme. Bien des souffrances diagnostiquées par les psys ont en réalité des souffrances spirituelles pour origine ( éloignement d'avec Dieu, perte de foi, compromission avec les normes modernes, etc.)

Avatar de l’utilisateur
apatride
Quæstor
Quæstor
Messages : 376
Inscription : lun. 06 juin 2016, 1:24
Conviction : Catholique romain

Re: Apprendre à me modérer

Message non lu par apatride » jeu. 19 oct. 2017, 22:45

Philon a écrit :
mar. 17 oct. 2017, 8:25
Pour ce qui est des méthodes de psychothérapie, elles ont chacune leur efficacité mais celle-ci reste limitée.
Ce que je critique n'est ni la méthode ni la compétence mais le corpus d'idées implicitement contenu chez les psys en général :
1 cette idée que famille, parents, passé, seraient les seuls responsables de vos maux.
Je suis sceptique...car le monde moderne à lui seul crée des souffrances ( solitude, banalisation de la sexualité contraceptive, nécessité pour chacun de gagner sa vie et pour cela de se battre, culpabilisation de ceux qui ne vont pas bien, surestimation de la beauté physique....) et nous incite à pécher.
Pour ce qui est de la famille, je pense qu'elle est un soutien lorsqu'elle conserve les valeurs, les comportements et la morale classiques. Ce sera alors un refuge, un autre son de cloche qui permettra de relativiser les caractéristiques du monde moderne libéral.
Mais les familles "libérées" font bien des dégâts car elles ne sont pas un refuge mais abondent au contraire dans le sens du monde moderne.
2 La modernité , plutôt le "modernisme" des psys veut que leur foi soit dans l'individu supposé maitre de son destin.
Là encore je suis sceptique.
La créature humaine est faible et elle est bien peu de choses. L'humilité chrétienne est à l'opposée de l'"amour de soi" exigé par les psys. ces derniers essaieront de vous adapter aux normes modernistes. Or un Chrétien devrait les interroger tout d'abord car nombre d'entre elles sont en contradiction avec notre foi.

L'âme humaine ne peut se réduire au psychisme. Bien des souffrances diagnostiquées par les psys ont en réalité des souffrances spirituelles pour origine ( éloignement d'avec Dieu, perte de foi, compromission avec les normes modernes, etc.)
C'est une vision je trouve réductrice de corpus théorique qui sous-tend ces méthodes. Jamais il n'est question de rejeter l'entière responsabilité de nos maux sur notre famille. Evidemment, il y a un rapport profond au Père et à la Mère (réels comme archétypaux) qui s'ancrent profondément en nous dès la petite enfance, de manière archaïque et non verbalisée, et qui vient teinter toute notre relation au monde. Mais il y a aussi un accord tacite puisque nous acceptons, plus ou moins malgré nous, de souscrire à ces rapports. Il s'agit donc de détricoter tout cela pour mieux comprendre quels sont les assentiments que nous avons posés, pour mieux nous positionner vis-à-vis d'eux.

D'après mes lecture et dans mon expérience personnelle en tous cas, il s'agit de cela. Je ne pense d'ailleurs pas qu'on puisse réellement "réussir" une thérapie si celle-ci se réduit à se victimiser et se décharger de toute responsabilité personnelle. J'ai en tous cas l'expérience personnelle du contraire.

Idem avec l'individu maître de son destin, il suffit d'ailleurs de lire les grands maîtres à penser de la psychologie pour constater qu'ils réservent une grande place au tout Autre, quelle que soit leur confession et le nom qu'Il lui donne.

Mais bref ; encore une fois il ne s'agissait que de proposer une piste, sans caractère obligatoire, qui a été pour moi féconde et m'a (paradoxalement à vous lire) rapproché de Dieu.

Avatar de l’utilisateur
Philon
Barbarus
Barbarus

Re: Apprendre à me modérer

Message non lu par Philon » ven. 20 oct. 2017, 10:33

Pour moi cela a été le contraire. Suite à un nombre impressionnant de diverses thérapies ratées, je me suis (enfin) tournée vers Dieu.
Jadis les psychothérapies n'existaient pas. Elle apparaissent à la fin du XIX ème siècle dans un contexte de dé christianisation , d'industrialisation déjà mondialisée et d'une "foi" illimitée dans la Science.

Comment faisaient les gens autrefois ? Ils se concevaient autrement. Ils souffraient mais pas des mêmes maux. Mais ils avaient aussi un contexte sociétal plus proche de leur réalité, moins déconnecté de leur nature (surtout en ce qui concerne la famille), plus stable.
Entourés de contraintes et confrontés à des conditions matériellement dures, ils ne cherchaient pas en eux-mêmes la cause de toutes les souffrances car il était évident qu'ils n'avaient pas le choix.

Ce qui paradoxalement était un grand soulagement ! L'angoisse de l'homme moderne soucieux de "se réaliser" et se croyant son propre créateur leur était probablement inconnue...Aujourd'hui on se sent carrément coupable de souffrir, c'est aberrant ! Autrefois, ce n'était pas le cas, on partait d'un postulat : ben oui sur cette Terre on a des souffrances et souviens-toi de celles de Notre Seigneur Jésus-Christ. Donc on "portait sa croix" bon gré, mal gré, mais souffrir n'était ni une faute morale ( comme c'est le cas pour les modernes) ni une maladie.
Ce qui est quand même une sorte de consolation : se dire qu'on ne l'a pas mérité !

On se définissait par rapport aux appartenances sociales, à la famille, à un village, à une paroisse. Les liens étaient très serrés, de sorte qu'il y avait toujours au moins une personne avec qui on trouvait plus ou moins compassion et compréhension. C'est loin d'être le cas aujourd'hui et les psys sont loin d'être dans de telles dispositions...

Une femme trompée par exemple allait voir le confesseur et l'opinion publique, si la chose était sue (effectivement les voisines causaient trop), donnait tort à celui qui commettait le péché, les actes mauvais étaient clairement appelés péchés. Cela aussi est très rassurant au fond. Plus en tous cas que la "neutralité" soi-disant "bienveillante" (??????) des psys...

Je pense que nombre de souffrances actuelles sont "iatrogènes", créées par la modernité et la mondialisation libérale : solitude, précarité des relations, déracinement, inculture, athéisme....l'orgueil de l'homme moderne se retourne contre lui ! Le remède n'est pas de chercher dans son inadaptation à ce monde moderne la cause des souffrances, puis de s'y adapter et/ou d'avaler des médocs.. En me convertissant j'ai retrouvé ce que la modernité a perdu. Nous n'avons pas que des parents terrestres mais aussi des parents célestes, ne l'oublions pas .
Quand les gens se "victimisent" c'est parce qu'ils ont oublié qu'on peut offrir les souffrances à Dieu. Et que les souffrances peuvent purifier, voire racheter ! Oui mais cela les psys ne vous le diront pas, ce n'est pas ça leur boulot.

L'homme croyant, bien que souffrant beaucoup parfois, aura un comportement de prière, il pensera qu'on a tous une croix à porter et il déposera les souffrances aux pieds de la Croix. Il se dira "je fais mon chapelet quand même" ou encore "il me restera toujours un ami : Jésus". Mais il ne se dira pas, pour certaines de ses souffrances, qu'il en est "responsable" ( exemple : sa femme part alors qu'il a été un bon mari, on le licencie non parce qu'il a fait une faute mais parce que les actionnaires de la boite demandent des licenciements et qu'il a plus de 45 ans..etc, etc.) L'homme moderne est déclaré "responsable" de tous ses maux ( ce qui va à l'encontre de la réalité , de la charité et de la justice) et en même temps il est "privé de Dieu". Supposé s'autocréer, il se sent donc coupable de toutes les beignes d e l'existence. On est en plein surréalisme, là !

Les psys sont les ardents agents (très médiatisés, se demande -t-on pourquoi ?) de ce nouveau système qui part de l'individu et revient à lui et le croit son propre créateur. Qui ajoute parfois un peu de religion superficielle par-dessus "si ça vous convient"... C'est pourquoi désormais je les évite. J'ai gouté tant de consolation dans les veillées d'adoration que maintenant les psys me paraissent tous petits petits petits...

Avatar de l’utilisateur
Philon
Barbarus
Barbarus

Re: Apprendre à me modérer

Message non lu par Philon » ven. 20 oct. 2017, 17:26

J'ajoute ceci :
très logiquement lorsque vous dites, Apatride, que les sujets même lorsqu'ils sont blessé dans l'enfance par leurs parents ce qui peut "expliquer" certaines choses, auraient , selon les psys, consenti plus ou moins volontairement à ces blessures ou bien encore n'auraient pas pu se défendre psychiquement contre ces violences et porteraient donc une responsabilité dans leur état actuel ou leur mal être....très logiquement il faut en conclure que les petites victimes d'actes pédocriminels, pédophiles, incestuels ou outrageant la pudeur auraient donc plus ou moins volontairement été d'accord pour subir ces choses. C'est révoltant !

Cette inversion des valeurs est en cours en Occident hélas. J'ai vécu et travaillé 14 ans dans un pays qui est plus en "avance" dans ce domaine que la France, plus moderne dans ses mentalités. C'est révoltant d' y entendre les gens au quotidien régurgiter la "morale des psys" qui fait porter précisément la responsabilité non pas sur l'auteur de l'acte OBJECTIVEMENT MAUVAIS ( ceci supposerait une vision de l'homme basée sur l'existence d'une autorité qui le précède, le crée, l'institue et à qui il doit obéissance) mais sur la prétendue responsabilité de la victime et/ou sur son ressenti subjectif. En gros si tu as mal parce qu'on te frappe c'est ta subjectivité qui est en cause, avec un peu de training autogène tu pourrait complètement t'anesthésier tout seul. Ou encore s'il y a dans le voisinage une femme battue les adeptes des psys ne vont pas dire que le responsable est celui-là :boxe: ,( "faut pas porter de jugement", "s'il est heureux comme cela"...) mais que c'est la personne qui "se laisse battre".

Si les psys prennent le pouvoir sur l'opinion publique, jusque dans les moindres actes du quotidiens, jusque dans nos intimités, je vous assure, Apatride, que nous n'aurons plus besoin NI DE POLICE, NI D'EDUCATION, NI DE SYSTEME JUDICIAIRE. Mais de psys, de psys, de psys......pour donner à tout le monde des cours d'autodéfense, des cours d'assertivité, des cours de pensée positive...et pour distribuer des bons points à l'aune d'une morale inverse de celle qui était là notre jusqu'ici. J'ai vu dans ce pays étranger avec 20 ans d'avance ce qui arriverait en France, c'était bel et bien la morale libérale qui vient nous envahir mais grossie à la loupe. Je n'ai pas envie de cela pour les générations futures.

Avatar de l’utilisateur
Philon
Barbarus
Barbarus

Re: Apprendre à me modérer

Message non lu par Philon » ven. 20 oct. 2017, 17:43

Mais nous dévions du sujet.
Les troubles alimentaires avec des compulsions ont souvent comme origine , physiquement parlant, le fait que la personne a essayé de mincir ou n'a pas eu une alimentation suffisante parce qu'elle a voulu se restreindre. Le Dr Zermatti ( dont je recommande les livres) observe que le corps se "venge" en quelques sortes. Plus vous faites de régimes en contrôlant volontairement votre alimentation, plus vous risquez de créer des manques de substances vitales pour le corps et plus celui-ci va "profiter" des moindres choses. Il y aura, c'est une loi naturelle, un "re bond" dans les années suivantes. A long terme, en habituant l'organisme à manger trop peu, la restriction alimentaire crée du surpoids alors qu'à court terme son objectif est l'inverse. De plus vous risquez de mettre en marche une logique de crises boulimiques suivies de vomissements ou de périodes de restrictions sévères. Plus vous allez supprimer des aliments et plus dans une crise de fringale vous allez les consommer en excès.

Le Dr Zermatti recommande donc de laisser tomber un contrôle externe, un contrôle dicté par une méthode amaigrissante. Et de se laisser orienter par ce que vous sentez, quitte à manger "trop" durant un temps. On commence par se laisser guider par sa faim, choisissant ce qui vous fait envie, ce dont vous sentez que vous avez besoin. Le but est de "sentir" que le corps sait se réguler de lui-même, il est équipé pour ce faire. ( exemple si vous avez envie de manger des produits laitiers c'est que vous avez besoin de calcium). Là je pense aussi que la prière, l'eucharistie, la confession, vont aider la personne. Cela demande du temps.

La personne peut accepter son corps et ne plus lui faire de "guerre" lorsqu'elle sent l'amour de Dieu. Dieu vous l'a créé, votre corps, Il vous l'a donné, et tel qu'est votre corps, c'est une partie du Plan de Dieu. Nos société ,hélas éloignées de Dieu ,fabriquent des critères de beauté et des méthodes d'amaigrissement contre-nature. Ce n'est pas l'homme qui choisit sa taille, son sexe, son poids, l'heure de sa mort.

En s'en remettant au bon Dieu, nous allons mieux car nous acceptons mieux notre sort.

Avatar de l’utilisateur
Kerniou
Mater civitatis
Mater civitatis
Messages : 5092
Inscription : mer. 21 oct. 2009, 11:14
Localisation : Bretagne

Re: Apprendre à me modérer

Message non lu par Kerniou » dim. 22 oct. 2017, 1:35

Ce n'est pas parce qu'on est chrétien que l'on doit contrôler tout ce que l'on mange. Entre manger à sa faim et se "goinfrer, excusez l'expression , il existe une marge.
A se priver de nourriture, on finit par ne plus penser qu'à cela ... ce n'est pas sain. Mieux vaut se priver moins et penser à autre chose. La diminution de nourriture est faite pour que l'on puisse se consacrer à la prière te/ou à la méditation. Si la privation de nourriture conduit à ne penser qu' à cela, on obtient l'inverse du but recherché; mieux vaut manger normalement et envisager une autre forme de pénitence ...
" Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu , car Dieu est Amour " I Jean 4,7.

Avatar de l’utilisateur
Kerniou
Mater civitatis
Mater civitatis
Messages : 5092
Inscription : mer. 21 oct. 2009, 11:14
Localisation : Bretagne

Re: Apprendre à me modérer

Message non lu par Kerniou » dim. 22 oct. 2017, 2:18

La psychanalyse n'est pas un mode de vie ni une philosophie de la vie , c'est une démarche curative, une démarche de soin destinée à aller mieux quand on va mal.
Nous avons à prendre conscience de notre fonctionnement et de ce qui génère souffrance et déséquilibre pour modifier nos perceptions et nos comportements pour affronter la vie sereinement: sortir de la toute puissante comme de la victimisation, sans culpabilisation pour devenir des adultes responsables de leurs actes, de leurs paroles et de leurs décisions pouvant dire oui ou non et en accepter et en assumer les conséquences.
" Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu , car Dieu est Amour " I Jean 4,7.

Répondre

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 43 invités