souffrances autour de la perte d'un proche

[Saint-Georges]

Bonjour à tous.

Je suis membre de ce forum, mais peu actif, et totalement absent depuis plusieurs années. Cependant, ne m'en veuillez pas, mais je préfère poster ici en "barbare".

Voilà. J'ai perdu ma grand-mère fin septembre dernier. Bien que très attaché à elle, et que c'était le dernier de mes grands-parents encore en vie, je ne peux pas dire que ce soit le deuil en lui-même qui soit douloureux. La foi est primordiale pour vivre cette étape, et j'ai la grâce de l'avoir.
Ce qui a été, et est encore difficile à vivre, ce sont les circonstances de sa fin de vie et de sa mort. J'énumère un peu comme ça me vient :

- elle n'a pas reçu les derniers sacrements, ni la visite d'un prêtre, alors qu'elle ne s'était pas confessée depuis très longtemps (des décennies je suppose)
- son agonie et sa mort ont eu lieu dans la chambre qu'elle partageait dans une maison de retraite, et sa voisine était tout le temps là (pas d'intimité, et pour la voisine comme pour nous, ce n'est pas agréable)
- elle a subi ce que j'estime être une forme d'euthanasie passive (arrêt de l'alimentation et de l'hydratation artificielles)
- son corps a été confié à une entreprise funéraire qui nous en refusé l'accès (la "présentation") pendant une semaine, sous prétexte qu'ils n'avaient plus de "salon" disponible ; on n'a donc pu veiller et prier auprès d'elle que le dernier jour
- les funérailles religieuses sans prêtre ressemblaient plus à un office protestant, tant au niveau de la forme que du contenu, et de façon générale la dimension religieuse était bien peu présente, comparée aux nombreux verbiages creux et autres musiques profanes
- et enfin, elle a été incinérée

Conclusion logique, me direz vous, pour une suite de faits désespérants, sans transcendance et sans vie.
Tout ceci vécu dans un climat de tensions familiales exacerbées et de communication impossible avec un entourage agnostique indifférent.

Alors j'ai eu l'idée de venir me confier à vous. Je le répète : ce n'est pas ma foi ou mon processus de deuil qui sont en cause, c'est simplement la souffrance d'avoir eu à subir tout cela, et d'avoir été seul pour l'affronter.
Je crois aussi que, sans trop me l'avouer, je me fais du souci pour son âme, à cause du premier et du dernier point...

Merci d'avance pour vos prières et vos éventuels conseils.

Pax

[Fée Violine]

Cher Saint-Georges,

je vous présente mes condoléances pour la mort de votre grand-mère.
C'est dur de perdre quelqu'un, mais le deuil peut en effet être aggravé par les circonstances qui entourent le décès. Un entourage compréhensif, l'entente familiale, une cérémonie de funérailles belle et priante, sont un soutien pour que le deuil se passe bien. J'espère que vous pourrez trouver une aide parmi nous.

je me fais du souci pour son âme, à cause du premier et du dernier point...

Pour le dernier point, la crémation, il n'y a pas de problème, c'est autorisé par l'Église, excepté si la personne veut ainsi montrer qu'elle ne croit pas à la résurrection, mais ça c'était autrefois, de nos jours les gens ont bien d'autres motivations pour se faire incinérer.
Quant au 1e point : comme personne ne sait ce qui se passe dans une âme, il vous reste à espérer qu'elle a pu se tourner vers le Seigneur dans ses derniers instants, et à prier pour elle.

[Suliko]

Cher Saint-Georges,

Comme je vous comprends! J'ai vécu à peu près la même expérience avec une de mes grand-mères (elle ne pratiquait plus depuis des décennies et ne semblait guère croyante, elle est morte brusquement sans sacrements et les funérailles furent lamentables d'absence de foi, que ce soit de la part du prêtre ou des gens présents). Ce qui est dur, c'est de se sentir si seul à penser à la seule chose véritablement importante : le salut! Très inquiète pour ma grand-mère, j'avais passé une bonne partie de la nuit en prière la veille de son enterrement, à supplier Dieu qu'Il lui pardonne ses péchés et ne la condamne pas, tout cela pour entendre le prêtre dire en pleine cérémonie :"Chère X, tu es à présent auprès du Père, dans la joie!"!! Comment voulez-vous que les catholiques comprennent que le but des funérailles est de prier pour le salut de l'âme du défunt si les clercs donnent l'impression que tout le monde ou presque va au paradis?! Sans parler des communions sacrilèges lors de telles célébrations. Véritablement, tout cela m'a brisé le cœur, et je n'y repense pas sans une profonde tristesse. Je crois que tout ce qui nous reste est la foi et la prière. Vous pouvez aussi essayer de parler aux laïcs qui ont "célébré" les funérailles et leur expliquer votre peine et votre désarroi.
D'une manière générale, je n'aime guère les funérailles et les mariages de ce genre, avec des gens non croyants. Je ressens toujours un vide spirituel immense lors de ces cérémonies, et c'est encore plus triste au moment d'un deuil.
Vous serez dans mes prières, ainsi que votre grand-mère. Peut-être pourriez-vous par la même occasion prier pour ma grand-mère défunte et moi?

Suliko

[Saint-Georges]

Bonsoir et merci, Fée Violine !

Votre écoute et votre soutien sont précieux. Par rapport à vos remarques, je suis justement partagé sur ses intentions.

Si elle n'a jamais renié sa foi, ni rejeté Dieu, ni refusé d'assister à une prière occasionnellement, elle avait par contre un sérieux problème avec l'Eglise. Je ne sais pas si l'on peut parler de rejet. En tous cas j'ai la nette impression que c'était fondé sur une expérience personnelle ancienne (avant guerre vraisemblablement).
J'ai des exemples en tête dont elle m'avait parlé (un prêtre sévère qui l'avait placée jeune fille comme gouvernante chez une famille très dure, un autre prêtre qu'elle voyait se changer en civil pour aller rejoindre une maîtresse). Je pense qu'elle ne m'a pas tout dit non plus.
Mais son attitude vis-à-vis de la religion tranchait nettement avec celle du reste de sa famille catholique polonaise.

Concernant l'incinération plus spécialement, c'est une idée tardive qu'elle a eue, peu après être arrivée en maison de retraite. Cet environnement la déprimait sévèrement, et elle a commencé à avoir des idées noires, à vouloir en finir, et à dire que quand on disparaît, autant ne rien laisser derrière soi. C'est de là que provient mon doute.
Le choix n'est pas motivé par un rejet de la doctrine catholique, d'accord, mais il est quand même le résultat d'une profonde désespérance.

L'absence de venue d'un prêtre ne lui est pas imputable directement. Quand la fin approchait, elle était très fatiguée et ne s'exprimait plus de façon compréhensible. Nul ne sait si elle en aurait fait appeler un. Elle aurait dû laisser des directives, on en parler, c'est vrai. Mais au final, je pense que la responsabilité revient plus à mon père qu'à elle. C'est lui le principal artisan de l'irréligion et du relativisme dans la famille, et comme il est le plus proche parent, il avait autorité pour approuver ou tolérer l'ensemble des points douloureux que j'avais évoqués dans mon premier message. Et de fait, à chaque fois que je lui en faisais part, il m'assurait de sa détermination à ne rien faire.

J'espère ne pas avoir été trop long pour vous donner ces quelques explications nécessaires.

In Xto

[Saint-Georges]

Chère Suliko,

Un grand merci à vous également. C'est réconfortant de savoir qu'on n'est pas seul à vivre ce genre de choses douloureusement.
Ce que vous décrivez est malheureusement conforme à la réalité !

Comme vous, j'étais et je suis encore le seul à me soucier de son âme, à comprendre qu'il y a lieu de prier pour elle. Tous les autres se disent qu'elle est heureuse sans se poser plus de questions, et se bornent à s'occuper des vivants endeuillés.
Comme vous, dès que la chambre funéraire a été enfin accessible, j'ai passé le plus de temps possible en prière (le rosaire, notamment), à l'étonnement de mes proches qui n'en voyaient pas l'intérêt.
Comme vous (j'imagine), je parviens peu à peu à faire mon deuil, mais je ne repense pas à tout ça sans une certaine amertume.

J'ai écrit une lettre aux laïcs en question, pour répondre à votre suggestion. Mais je n'ai pas réussi à y mettre autre chose que du positif. Je ne sais pas pourquoi. Une fois devant la feuille blanche, je n'ai pas pu exprimer mes critiques et ma peine.

Je prierai bien sûr avec joie pour votre défunte grand-mère et vous même !

[Invité]

Je dois quand même reconnaître qu'au milieu de ces difficultés, j'ai eu quelques heureuses consolations, en premier lieu de la femme que j'aime. Bien que non catholique, elle a été plus compréhensive que les protagonistes "catholiques". Un comble.

Le secours de la prière, ensuite. Quand ma grand-mère vivait encore, j'ai dit les prières des agonisants à côté d'elle, et le chapelet de la divine miséricorde. Secrètement, pour ne pas gêner sa voisine de chambre.
J'ai aussi fait célébrer deux messes à son intention, une première pour la soutenir dans son agonie, une seconde à l'annonce de son trépas. Je dois dire que les prêtres (traditionnalistes) qui s'en sont chargés ont été d'un grand réconfort et de bon conseil.

Et au début de ce mois de novembre, la messe de requiem et les visites au cimetière ont été aussi d'un précieux secours.

[Relief]

Toutes mes condoléances pour la mort de votre grand-mère.
Je prierai pour le salut de son âme, pour vous Saint-Georges et pour votre famille.

[Kerniou]

Cher Saint-Georges,
Comme vous avez raison, la foi qui donne un sens à la mort est un réconfort dans le deuil. Pour le salut de votre grand-mère, il vous faut vous en remettre à la miséricorde divine. Et puis, qui sait ? Il est possible que votre grand-mère ait imploré le pardon de Dieu avant de mourir.
Par ailleurs, vous pouvez demander le soutien d'un membre de l'équipe de funérailles de votre paroisse. Dans ma paroisse, j'ai proposé d'accompagner les personnes en deuil et, jusqu'à présent, les familles n'en voient pas la nécessité !
Ses cendres sont-elles au colombarium ? Sinon, vous avez la possibilité de poser des fleurs à la Vierge Marie et de vous y recueillir.
Vous pouvez surtout, continuer à prier pour elle et faire dire des messes à son intention, si vous le souhaitez.
Nous continuons à aimer nos proches même quand ils ont quitté cette vie et d'où ils sont, les morts continuent à nous aimer. L'amour qu'ils nous ont prodigué pendant leur vie nous accompagne pour le reste de nos jours. L'amour ne meurt jamais : car ..."seul l'amour demeure "...
Bon courage à vous.
En union de prière.

[François2.0]

Bonjour Saint Georges,

Je vous souhaite beaucoup de courage et de confiance en notre Seigneur dans cette dure épreuve. Comme vous le dites, et pour l'avoir vécu lors d'un décès dans ma propre famille, parfois les conditions du décès et les relations avec la famille sont un facteur de peines et d'angoisses qui au lieu d'apaiser, exacerbent la douleur.
Je ne manquerai pas de vous porter votre grand mère et vous même dans mes pauvres prières à notre Sainte Mère ainsi qu'à notre Père.

Bien à vous,

Fraternellement, François.

[Saint-Georges]

Merci à vous Relief, Kerniou et François.

Kerniou, ses cendres reposent dans un caveau cinéraire. Une sorte de petite tombe carrée. On peut donc y déposer fleurs, plaques et autres objets, même si la place manque vite. C'est pourquoi je me suis contenté de lanternes, voyant que les fleurs ne manquaient pas. Je trouve aussi que la lumière est un symbole chrétien plus expressif.

Union de prière.

[Fée Violine]

Cher Saint-Georges,
d'après ce que vous décrivez, il me semble que votre grand-mère était un peu dépressive, ce qui est autre chose que la désespérance. Dans sa jeunesse elle a souffert de la part de l'Église, et cette blessure lui a laissé une certaine méfiance bien compréhensible. Mais peut-être aimait-elle quand même sincèrement le Seigneur. Elle a fait de son mieux, et le Seigneur cherche tellement notre amour que la moindre marque de bonne volonté de notre part lui fait plaisir. (j'espère que les personnes pointilleuses ne m'accuseront pas de laxisme)
De toute façon, vous priez pour elle avec confiance et amour, elle n'est pas abandonnée.

[axou]

Bonsoir cher Saint-Georges,

les circonstances du départ de votre grand-mère sont bien douloureuses, je vous comprends entièrement et vous pouvez compter sur nos prières, qu'elle soient un baume sur votre coeur.

En vous lisant, je constate que vous avez fait votre part : vous n'avez pu faire la part de votre grand-mère, la part de votre père (cela leur appartient) mais vous avez fait votre belle part : vous avez passé du temps à ses côtés, avez prié le chapelet pour elle, vous l'avez accompagné à la mort et au passage. Elle est dans les mains de Dieu et vos prières et votre présence ont joué un rôle important pour son salut, je n'ai pas de doutes là dessus. Surtout, vous ne l'avez pas laissé seule.

De tout coeur avec vous,

Axou

[Saint-Georges]

Fée Violine, Axou, vous avez sans doute raison, et vous lire m'a apaisé. Merci.

[PaxetBonum]

Cher Saint Georges,

Je compatis pleinement à votre douleur.
J'ai ressenti aussi ce vide spirituel qui laisse le défunt à son triste sort et ne fait que rassurer la famille éplorée lors de nombreuses obsèques dans ma famille. J'entends encore la dame de l'accueil d'une paroisse me répondre : "cela ne se fait plus" quand je venais demander des messes de Requiem pour mon défunt père. Je la revois comme si c'était hier me regarder comme un demeuré… Je suis reparti plein de tristesse.

Mais ne laissé pas tout cela vous accabler. Pour votre part vous avez bien agis, vous étiez là la tenant par la main de la prière au moment où elle s'avançait vers le Souverain Juge. Vos prières actuelles et futures, les messes de Requiem que vous avez fait dire pour elle et celles que vous ferez dire encore seront son salut car Dieu n'appartient pas au temps et les prières que vous ferez encore pour elle dans 10 ans ont déjà produit leurs fruits au moment de son jugement.

Je prierai pour le salut de votre grand-mère que le Seigneur lui accorde le Repos et la Paix !
Je me permets de recommander mon père à vos prières.

Requiem æternam dona ei Domine et lux perpetua luceat ei !

[Trinité]

Cher Saint Georges!

Comme je vous comprends ,j'ai eu le même problème avec le départ de mon petit frère "agnostique" l'année dernière
Nous étions très proches l'un de l'autre et partagions tout ensemble ,mais il y avait deux domaines que l'on ne pouvait aborder :"la politique" et "la religion"
Il a été enterré civilement et incinéré! Il était allé au séminaire quant il était jeune et je crois qu'il y a eu des problèmes.
Il ne voulait surtout pas entendre parler de l'église . Je ne conçois pas ma vie dans l'au delà sans le revoir...
Je prierai pour votre grand mère ce soir!