jerome a écrit :
Et je réitère, la Société est coupable. Ce n'est pas comme si j'étais le premier à être entré chez eux. Ils sont suivis par l'UDAF, par une infirmière, un médecin. Les pompiers sont venus à plusieurs reprises. Des ambulanciers également.
Et vous dites qu'on ne fait rien pour eux ?
jerome a écrit :
Résultat ? On emmène Nanard à l'Hopital, le temps qu'il décuve et que l'on s'assurer que l'alcool ne fera pas mauvais ménage avec ses médicaments. Et on le renvoie chez lui, sans chercher à soigner la cause d'un vice dont il n'a même pas conscience.
Et que voulez-vous que les intervenants fassent, Jérome ? Qu'on l'oblige à suivre une psychothérapie ? Où qu'on l'entraîne dans une psychanalyse qui s'étendra sur quelques années pour l'amener à comprendre ce qui l'a conduit peu à peu au fil des ans à cette déchéance ?
Qu'il s'agisse d'une psychothérapie ou d'une psychanalyse, on ne peut forcer personne à la suivre, ce n'est pas comme d'avaler un cachet car cela exige un travail énorme non pas du thérapeute mais du patient lui-même, une volonté claire de sa part d'aller à la rencontre (et à la découverte) de lui-même, une capacité d'introspection et d'autocritique et un minimum de discernement et de capacité de réflexion. Et aussi bien sûr la capacité de reconnaître et d'endosser la responsabilité personnelle que nous avons tous dans les choix que nous faisons dans notre vie et dans notre façon de réagir aux événements.
Croyez-vous que Nanard a ces capacités ? et la volonté de le faire ?
Il arrive parfois qu'on atteigne un point de non retour, qu'il soit trop tard.
Dans ces cas, on essaie simplement de limiter les dégâts, de relever la personne quand elle tombe, mais on ne peut l'empêcher de retomber.
J'ai eu il y a longtemps de cela un affrontement assez émotif avec un psychologue au sujet d'une jeune femme dont nous nous occupions tous les deux dans des sphères différentes. Cette jeune femme avait un comportement autodestructeur récurrent et réfractaire à toute intervention.
Je réagissais exactement comme vous. "je ne peux pas croire qu'on ne peut rien faire ! " lui ai-je dit un jour avec colère.
C'était un psy compétent et empathique mais il m'a répondu très calmement : "Vous savez, madame, il arrive parfois qu'on ne peut rien faire pour quelqu'un".
C'est avec le temps que j'ai compris qu'il avait raison et qu'il faut savoir l'accepter. Cela ne veut pas dire d'abandonner la personne à son sort mais plutôt de voir de façon objective où sont nos limites et celles des autres, ce qui peut être réalisé et ce qui ne peut l'être.
Vous pouvez très certainement apporter une aide à vos voisins par votre présence, votre écoute, vos suggestions et conseils, votre attitude sympathique et amicale mais je crois que vous ne pourrez vraiment être utile que si vous arrivez à faire aussi un travail sur vous-même, je veux dire par là être capable de regarder ces gens calmement tels qu'ils sont et être capable d'accepter le fait qu'ils en sont rendus là.
Le simple fait que vous cherchiez obstinément un coupable démontre, je crois (mais je peux me tromper, évidemment), que vous refusez d'accepter certaines tristes réalités de la vie et de la nature humaine.