Une jeune fille perdue?

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Catherine93
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Une jeune fille perdue?

Message non lu par Catherine93 » mer. 18 déc. 2013, 5:16

:?:
Bonjour,

Je viens ici car j'ai vraiment besoin de vos conseils. Je ne sais que penser de la situation que je vis actuellement.

Je travaille depuis 8 ans maintenant dans une structure sociale qui accueille des petites jeunes ayant connu de grosses difficultés personnelles. L'une d'entre elles est venue me voir il y a un an environ pour que je lui donne un coup de main dans la préparation d'un diplôme qu'elle a obtenu. C'est une jeune fille de 20 ans au parcours difficile qui a une mère qui n'agit pas en tant que telle. Et cette jeune fille est très carencée affectivement. Son père est mort il y a déjà quelques années. Elle le chérissait et il l'a complètement pourrie, gâtée, lui achetant tout ce qu'elle voulait.

Mais cette petite a quitté la structure où je travaille car elle ne pouvait plus rester, la loi interdisant d'accueillir plus de deux ans les résidentes. Que s'est-il passé qui me pose problème aujourd'hui? Les éducateurs lui ont demandé de faire des économies lorsqu'elle travaillait et d'arrêter de dépenser tout son argent. Elle est obsédée par l'idée de se faire plaisir en allant chez le coiffeur, en se faisant faire les ongles. Elle dépense, elle dépense, elle dépense. Personne n'a pu la raisonner. Parallèlement à l'aide que je lui ai apportée, je me suis rapprochée de Dieu que j'ai remercié de m'avoir fait connaître cette petite. Mais j'ai été trop fusionnelle avec elle qui n'est pas stable.

Aujourd'hui, elle a décidé d'arrêter ses études pour entrer à l'université car elle ne peut plus vivre, elle n'a plus d'argent et ne mange pas à sa faim. Elle a été avertie un nombre incalculable de fois de faire très attention à son argent. Nous y sommes. Lorsque je l'ai vue dernièrement, elle n'avait que le mot "dépenser" à la bouche. Elle n'arrive plus à faire face à ses difficultés. Elle a 20 ans, est majeure donc. Elle ne supporte pas qu'on lui fasse la moindre remarque. Je suis dans une impasse avec elle car j'ai peur qu'elle regrette un jour sa décision et qu'elle s'enfonce encore plus dans cette logique folle de la dépense. Je ne suis pas sa mère et elle est très intelligente. De plus, elle a un petit copain qui comprend son refus de poursuivre les études. J'ai fait tout ce que j'ai pu. Je me suis engagée auprès d'elle mais on me dit (une personne croyante d'une autre religion) que si je la lâche, elle sera perdue pour toujours, que Dieu me l'a mise sur mon chemin (?) et qu'il teste ma foi, mon engagement auprès de Lui. Et je crois que cette petite met les distances avec moi, ce que j'accepte aussi car je ne peux pas faire plus que ce que j'ai fait. C'est son choix, après tout. Elle a été suffisamment entourée et conseillée.

Dieu me teste-t-il réellement? Va-t-il se détourner de moi? M'éprouve-t-Il à travers cette jeune fille que j'ai aidée tant que j'ai pu mais qui a pris, seule, la décision d'arrêter ses études et qui ne veut rien entendre quand on lui dit de modérer ses dépenses?

Je suis "jeune" dans la foi. Et je doute vite. J'ai tendance à retrouver mes réflexes: me détourner de Dieu lorsque je suis déçue, Le délaisser pendant longtemps puis revenir vers Lui quand ça va mal. Un comportement que je qualifie d'immature qui témoigne aussi d'une peur de l'engagement auprès de Lui.

Je ne veux pas Le décevoir. Je Lui demande certaines choses liées à ma vie affective qui est un désert. J'espère honnêtement qu'Il répondra. Je veux Le suivre et être juste, vraie dans cet engagement.

Merci pour vos réponses.

poche
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Re: Une jeune fille perdue?

Message non lu par poche » mer. 18 déc. 2013, 9:41

Dans le cas de cette fille, il faut parfois laisser les gens faire leurs propres erreurs. Nous pouvons l'aimer et nous pouvons prier pour elle.

Peccator
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Re: Une jeune fille perdue?

Message non lu par Peccator » mer. 18 déc. 2013, 10:14

Face à ces questions, je n'ai pas d'autre réponse que de me demander : et Dieu, comment fait-Il avec nous ?

Dieu est un berger étonnant, bizarre même : quand une brebis est perdue, Il laisse-là le troupeau et part à sa recherche jusqu'à ce qu'Il l'ait retrouvée. Mais en même temps, Il n'a pas de chien, et n'empêche aucune brebis de s'écarter si là est son choix... Et la brebis perdue, Il ne l'attrape pas pour la ramener de force : Il vient lui parler doucement en lui proposant de rentrer... Quel drôle de berger !


Vous ne pouvez pas faire avec cette jeune femme plus que ce que Dieu ne fait pour nous. Vous ne pouvez pas choisir à sa place. Vous pouvez l'avertir des conséquences prévisibles des choix qu'elle fait (et ça, vous l'avez fait), mais au final ce sont ses choix. Cela, vous le dites vous-même, d'ailleurs.

Si aujourd'hui elle fait le choix de mettre de la distance entre vous, vous ne pouvez guère l'en empêcher. Tout ce que vous pouvez faire, c'est tenter de garder un contact léger, peut-être une lettre de temps en temps, pour lui dire qu'elle peut revenir vers vous quand elle le désire. Ou un coup de fil, pour prendre de ses nouvelles, lui dire quelques mots aimants, sans la juger, pour lui montrer que vous respectez ses choix et l'aimez même quand vous n'êtes pas d'accord, d'un amour gratuit.

Pourquoi Dieu l'a-t-Il mise sur votre route ? Vous-mêmes dites qu'en accompagnant cette jeune femme, vous vous êtes rapprochée de Dieu : c'est probablement là déjà un début de réponse. Peut-être maintenant souhaite-t-Il vous éprouver dans la persévérance de l'amour, un amour qui continue d'aimer malgré tout. Peut-être veut-Il vous permettre de mieux ressentir Sa souffrance à Lui, qui aime chacune de ses brebis, même lorsqu'elle décide de s'écarter du troupeau, de fuir le berger.
Je ne connais qu'un moyen de découvrir la réponse à ces questions : la prière. C'est en parlant à Dieu que vous pourrez entendre ce qu'Il vous dit. Parfois, la réponse tarde à venir, parce que Dieu doit nous apprendre d'autres choses avant, pour que nous puissions comprendre la réponse à notre question. Mais Il répond toujours, il faut simplement prier.

Quoiqu'il en soit, Dieu ne va pas se détourner de vous. Jamais. Oui, il vous éprouve, parce que c'est l'épreuve qui nous rend plus fort. Si on n'éprouve pas son corps, on devient en mauvaise santé. Si on n'éprouve pas sa foi, elle tombe malade elle aussi. Mais Dieu est toujours à nos côté à travers les épreuves, et ne tolère pas que nous soyons éprouvé au-delà de nos forces.

Délaisser Dieu quand on est déçu, revenir vers Lui quand on en a besoin, avoir peur de l'engagement : rien là que de très ordinaire, nous connaissons tous cela. Mais Dieu Lui n'a pas peur de s'engager à vos côtés : Il est fidèle à Son alliance.

N'ayez pas peur. La peur vient de ce que nous voyons bien que nos forces n'y suffiront pas, que nous pensons que nous ne pouvons pas y arriver. Mais il faut justement en être convaincu : nos forces n'y suffiront pas ! Nous avons besoin que Dieu nous prête la force nécessaire. Nous avons besoin de Lui en toute chose.

Ca tombe bien, nous arrivons justement à Noël : c'est bien là ce que nous fêtons, le jour de Noël : Jésus, Dieu sauve. L'Emmanuel, Dieu avec nous.

Persévérer dans l'amour discret et patient avec cette jeune femme, c'est difficile. Si vous pensez que c'est au-delà de vos forces, alors c'est que vous essayez d'un amour humain. Au contraire, demandez à Dieu de faire grandir en vous l'amour, de vous donner un amour surnaturel pour pouvoir continuer à aimer malgré tout. Lui qui est amour infini, il aime toujours nous en prêter un peu pour nous permettre de continuer à aimer encore quand le nôtre ne suffit plus.
Et demandez Lui de vous apprendre à mieux aimer : de savoir être présent à l'autre comme le souffle d'une brise légère.


Soyez assurée de mes prières pour vous, pour cette jeune fille, et pour son entourage, éducateurs compris, qui essaient de l'aider, et surtout de l'aimer. Et pour sa mère, qui doit beaucoup souffrir de manque d'amour, elle aussi.


Oh, et n'ayez pas peur de l'échec : aucune brebis n'est définitivement perdue pour Dieu. Si vous n'y arrivez pas, allez Le voir, dites-lui "j'ai essayé, mais je n'ai pas réussi : je T'en demande pardon, c'est que j'ai trop présumé de mes forces. La prochaine fois aide-moi davantage, aide-moi à mieux accepter Ton aide, et à deux nous y arriverons sûrement".
Aucune épreuve n'est au-delà de nos forces, mais nombreuses sont les épreuves où nous échouons quand même. L'important est d'en tirer la vraie leçon : toujours revenir à Dieu et s'en remettre à Lui. Nous le savons bien dans notre vie quotidienne : on apprend souvent plus d'un échec que d'un succès ;) N'ayez donc pas peur de l'épreuve, quelle qu'en soit l'issue.
Non pas ce que je veux, mais ce que Tu veux. Mc 14, 36

gerardh
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Re: Une jeune fille perdue?

Message non lu par gerardh » mer. 18 déc. 2013, 12:38

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Bonjour,

Il semblerait que ce soient des achats compulsifs, manie dont même un chrétien peut souffrir. Si c'est bien cela il conviendrait d'avoir recours à la médecine psychologique.


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zelie
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Re: Une jeune fille perdue?

Message non lu par zelie » mer. 18 déc. 2013, 16:32

Si je puis me permettre, votre souci est celui du positionnement. Pas celui de votre protégée, le vôtre.
Effectivement, vous avez besoin de temps pour apaiser et mûrir votre foi, et peut-être vous même.

La jeune femme adulte de 20 ans qui n'est plus petite et qui n'est pas votre enfant:
Elle est majeure, elle veut arrêter ses études, c'est une énorme bêtise, elle dépense tout son argent. Et alors? Et après? Ne savez-vous pas qu'on apprend qu'en expérimentant, et qu'expérimenter c'est d'abord tester ses limites et jeter par dessus bord l'image parentale (vous). Vous ne comprenez pas que quoi que vous disiez elle fera ce qu'elle a besoin de faire pour apprendre à vivre et qu'à harceler quelqu'un vous fixez son comportement?
Vous lui avez dit, et beaucoup trop dit, ce que vous aviez à lui dire. Maintenant que c'est fait, respectez sa liberté et lâchez-la. Elle a besoin d'apprendre par elle-même la valeur du travail, de l'argent, des études, et même si sa façon d'apprendre c'est d'abord de toucher le fond, laissez-la faire! Il n'y a pas meilleure stratégie pour bien remonter de toucher le fond d'abord! C'est sa liberté et sa dignité qui sont en jeu, et plus vous lui serez derrière, plus elle cristallisera l'agissement qui vous épuise, c'est sa façon à elle d'avoir sur vous le pouvoir qu'elle avait sur son père et qu'elle a perdu.
Comprenez-vous que carence ou pas, ça n'en fait pas un ange, et que décès ou pas, ça n'en fait pas une victime?
Comprenez-vous que tout le monde connaîtra un jour le deuil, la souffrance, le manque d'amour, le rejet, la faim, la fatigue du labeur, etc. et que tout ça ce n'est pas terrible, c'est juste normal, et c'est ce qui arrive à tout un chacun. Et que si chez une personne ça engendre un comportement anormal, c'est à elle de se remettre en question, pas aux autres autour de la prendre pour une victime, parce qu'elle n'en est pas une.
Vous n'avez pas à avoir peur pour une femme adulte à qui la vie va apprendre à vivre par les conséquences de ses actes. C'est pareil pour tout le monde. Lachez-la, oubliez-la un peu, soyez son amie/référente sociale, pas son jouet. Positionnez-vous en professionnelle sociale qui connait ses devoirs et ses limites, c'est le meilleur cadeau que vous puissiez lui faire! Et revoyez le décret qui fixe votre rôle, des fois, je vous assure que ça permet de reprendre un bol d'air et de se remettre droit dans ses bottes!


Pour vous:
Voyez Dieu en grand!
Ne laissez jamais une personne non qualifiée, ou d'une autre religion que la vôtre, vous imposez sa vision étroite de Dieu. La vision que vous aurez de Dieu, c'est à vous de la construire, car personne ne peut vous la dicter, et vous la construirez à travers tout ce que vous ferez pour partir à la conquête de la connaissance de Jésus, à travers votre foi et votre culture, (Lisez Mère Térésa, Saint Thomas D'Aquin, Saint Augustin, Sainte Thérèse, Sainte Bernadette, les pères du désert, etc.); lisez, priez, allez à la messe, aidez d'autres personnes qu'une seule.
Dieu ne vous demande pas des choses insensées ou irréalisables, jamais. Il vous demande juste, dans chaque situation qui se présente à vous, de vous exercer à l'humilité, au silence, à l'amour. A quitter votre orgueil ou votre amour-propre, même légitime, par exemple.
Et se placer en sauveuse obligée de qui que ce soit est un bel acte d'orgueil!
Il ne vous demande jamais de réussir. Combien de fois de grands saints ont mis l'énergie de toute une vie de sainteté et ont échoué sur le fil du rasoir parce que des tas de choses imprévues, des personnes encombrantes leur ont gâché leur groove? Et vous croyez que Dieu ne voit pas tout ça, tous ces renoncements cruels par lesquels il faut parfois passer? Les saints sont les champions de l'échec douloureux, de la vie qui a pris un tour inattendu, d'attentes de 60 ans et plus pour avoir une once de réussite à peine, de tout ce genre de choses!

Vous dites que vous êtes jeune dans la foi et on le sent. Apaisez votre position, ne cherchez pas à en faire trop avec précipitation. Prenez le temps de mûrir vos choix, priez, beaucoup, beaucoup, car il n'est meilleur maître que d'être proche de Dieu et de le laisser agir en vous, même si vous ne sentez rien, ne voyez rien. Abandonnez tout à Lui; le comment faire, le quand le faire, les moyens pour y arriver, le résultat de tous vos projets. Pour vous, tenez-vous en à votre devoir de chrétien : à chaque situation réagir selon votre devoir d'état, avec amour, patience et compassion. Mais un devoir d'état professionnel, c'est aussi savoir rester professionnelle... Sur le plan professionnel, pensez que vous n'êtes pas la première à voir des cas épineux, et que des personnes très bien formées ont pensé à définir un cadre professionnel; ce cadre est là pour fixer les espaces de liberté et les limites de vos actions; cela pour vous protéger d'un zèle qui pourrait vous dévorer et tout ficher par terre, cela aussi pour protéger vos "clients". Donc revoyez ce cadre et désormais accrochez-y-vous fermement. Et si vous voulez le voir évoluer, syndiquez-vous, faites les choses comme une adulte, mais n'allez jamais courir comme une mère poule derrière son petit canard, car à ce jeu on finit par marcher sur la tête, et personnellement je pense que vous en êtes pas loin... Pensez que la dépression au travail commence toujours par l'auto-dénigrement, et que si vous relisez votre post, vous y êtes un peu, dans l'auto-dépréciation et l'épuisement... C'est usant mentalement le travail social, ne l'oubliez jamais; les "j'ai fait tout ce que j'ai pu", "je suis dans une impasse", et autres tournures devraient vous interpeller...

Bon, je suis un peu dure, mais aimer c'est aussi savoir extirper et pas être complaisant.
Bises et bonne route,
Zélie

Que Dieu vous bénisse et vous garde sur son Coeur!
L’intégrisme est un refuge pour la misère parce qu’il offre un sursaut d’espérance à ceux qui n’ont rien.
Que leur mal disparaisse, et l’intégrisme perdra ses troupes. L'Abbé Pierre
Vis vraiment chaque instant. Fais-le meilleur. Aime-le. Chéris-le. Fais-le beau, bon pour toi-même et pour Ton DIEU. Ne néglige pas les petites choses. Fais-les avec Moi, doucement. Fais de ta maison un Carmel où Je puisse Me reposer. Jésus, Premier Cahier d'Amour

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Kerniou
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Re: Une jeune fille perdue?

Message non lu par Kerniou » mer. 18 déc. 2013, 20:52

Chère Catherine,
La réponse de Zélie est très claire. Dans le cadre professionnel, vous restez professionnelle, vouloir changer de cadre n'est bénéfique ni pour vous ni pour cette jeune fille qui pourrait tester jusqu'où va votre engagement vis à vis d'elle et cela pourrait vous mener très loin. Dans aucun cadre on ne peut aider et encore moins "sauver" les gens malgré eux, sachant que vous n'êtes pas là pour la sauver.
Si Dieu a mis cette jeune fille sur votre route, c'est dans le cadre professionnel où le fusionnel n'a pas sa place. Cela ne veut pas dire que vous n'avez pas à vous impliquer dans votre travail; il s'agit d'un travail relationnel où vous investissez une part de vous -même pour aider cette jeune fille à se reconstruire. Il ne s'agit pas d'un investissement sans limites de toute votre personne. Votre vie à vous continue même si vous vivez un immense échec professionnel.
Les travailleurs sociaux, éducatifs et médicaux ne sont pas "tous puissants". C'est pourquoi le cadre professionnel définit la nature des actions entreprises, circonscrit les interventions et sert de garde-fou pour protéger les usagers des services et les professionnels qui y travaillent. Vous êtes payée pour accomplir une tâche assignée, contrôlable et définie dans le temps.
Cette jeune fille a de gros problèmes: elle les avait avant de vous connaître et les aura après le travail qui a été entrepris pour elle. C'est pathétique, regrettable, douloureux mais surtout pathologique. On ne peut pas soigner quelqu'un qui ne veut ou ne peut pas guérir.
C'est la triste réalité que la professionnelle vous êtes ne peut contourner.
Bon courage à vous
" Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu , car Dieu est Amour " I Jean 4,7.

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Re: Une jeune fille perdue?

Message non lu par p.cristian » sam. 21 déc. 2013, 1:54

Bonjour,

Je ne rajouterais qu'une seule chose à la très bonne réponse de Zelie.
Il y a un outil psychologique assez classique, le triangle dramatique de Karpmann, qui schematise certains jeux psychologiques auXquels la plupart d'entre nous se laissent entraîner et qui est assez frequent dans les relations d'aide.

http://www.osez-oser.com/article-triang ... 69525.html
On y trouvera des extraits de "oui mais.." film de Yves Lavendier avec Gerard Jugnot, qui illustre le propos. Le premier semble coller parfaitement à la situation.

Je prie pour que vous trouviez la bonne distance avec cette personne, et également pour que vous trouviez un compagnon de route, puisque cela semble vous chagriner ne pas encore en avoir trouvé un.
N.B. le P. de mon pseudo ne veut pas dire "père".

Tout ce que vous voudriez que les hommes fassent pour vous, vous aussi, faites-le de même pour eux, car c'est ce qu'enseignent la loi et les prophètes.

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Re: Une jeune fille perdue?

Message non lu par Catherine93 » dim. 22 déc. 2013, 14:53

Bonjour à toutes et à tous,

Merci pour vos réponses que j'accepte pleinement. A savoir aussi que je ne suis présente qu'une fois par mois dans cet établissement et que l'ambiance y est délétère. Ce n'est pas mon vrai travail. Un membre du personnel a été sèchement renvoyé dernièrement et on a bien cru que j'allais démissionner. J'ai laissé courir la rumeur.

Cette jeune fille vient de trouver un travail à temps plein et elle va pouvoir dépenser à sa guise. C'est son problème, plus le mien. Sachez qu'elle me considère comme une amie. Pour ma part, on verra car j'attends la suite.

Je suis "jeune" dans la foi et je me demande même si je ne réagis pas, parfois, de façon superstitieuse, incongrue. J'ai décidé de faire une retraite spirituelle une fois par mois dans un prieuré afin de consolider ma foi. Je souhaite être suivie par une religieuse.

Merci encore.

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Re: Une jeune fille perdue?

Message non lu par Kerniou » dim. 22 déc. 2013, 19:52

Vous savez, Catherine, c'est une question de positionnement et il n'est pas toujours facile de trouver la bonne place ni d'instaurer la bonne distance tout en restant proche ! La quadrature du cercle est parfois difficile à établir. Par ailleurs les carencés affectifs sont d'une part très attachants mais ils arrivent rarement à combler de manque inhérent à leurs carences. Ils comblent comme ils peuvent et souvent par des comportements inadéquats voire parfois dangereux le vide qui les habite. Les achats compulsifs de cette jeune fille sont un symptôme de son mal-être que les rappels à la raison ne peuvent juguler. cependant, vous pouvez lui prodiguer de bons conseils mais il ne faut pas attendre qu'elle les prenne en compte durablement. Elle est prise par quelque chose qui la dépasse et qu'elle ne maîtrise pas dans le temps. La peur de manquer la fait réagir immédiatement au principe de plaisir auquel elle ne peut résister.: "c'est toujours ça de pris"... même si ce n'est pas ce dont elle a besoin.
Vous pouvez établir une relation amicale qui lui apportera un soutien, mais n'attendez pas qu'elle devienne raisonnable a fortiori dans une période de changement pour elle. Il est important poue elle d'avoir des relation stables sur lesquelles elle pourra s'appuyer. Vous ne pourrez pas la changer; c'est elle qui doit en décider et cela peut demander beaucoup de temps et des rechutes.
Bon courage à vous.
" Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu , car Dieu est Amour " I Jean 4,7.

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Re: Une jeune fille perdue?

Message non lu par Catherine93 » dim. 22 déc. 2013, 21:48

Bonsoir,

Pour le compagnon de route, comme je dis toujours, on verra bien. Ma véritable préoccupation, soulagée à moitié, est celle de la stabilisation de ma vie professionnelle. Bon!! J'ai quand même obtenu, en travaillant comme une forcenée, un diplôme de niveau I qui me permet de continuer à exercer ma véritable profession.

Merci pour vos messages que je lis et relis.

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