Bonjour, Mademoiselle "Fille d'Ava". Désolé de vous appeler ainsi : vous n'avez pas indiqué comme vous souhaitez être appelée, nous ne connaissons que le nom de votre amoureuse (Aurélie).
Votre message provoque en moi une certaine douleur, car alors que le Christ nous demande de vous accueillir, vous vous être sentie rejettée. C'est qu'il y a quelque chose qui ne va pas : nous n'avons visiblement pas su montrer assez d'amour, pas assez de délicatesse dans nos réponses. Vous avez le droit "d'être déçue".
Donc, Mademoiselle, je vais commencer par vous dire que moi, je prie pour votre bonheur, et pour que vous connaissiez l'Amour. Et je sais n'être pas le seul : beaucoup de chrétiens vous diraient la même chose. Y compris (et à commencer par) le Pape.
Si vous voulez bien, je souhaite malgré tout reprendre quelques extraits des réponses faites à votre mère :
Ben, votre fille, c'est bien plus qu'un type de sexualité, non ?
Le mieux que vous puissiez faire est de continuer à l'aimer.
Lui montrer que votre amour est gratuit, qu'elle est votre fille telle qu'elle est.
Les enfants nous sont en quelque sorte confiés et ne nous appartiennent pas.
Nous les éduquons, du mieux que nous pouvons mais ils sont propriétaires de leurs corps et de leurs idées.
Ne laissez pas l'amour que vous avez pour votre fille se dégrader, au contraire.
Parfois, Dieu nous donne surprises que nous ne voulons pas.
la meilleure chose que vous pouvez faire dans ce cas est d'aimer votre fille
Il est indéniable que les réponses ont dû vous choquer. Même dans ces extraits, pourtant soigneusement choisis, je perçois encore un rejet de votre orientation sexuelle. Mais il me semble que le conseil donné à votre mère, c'est d'abord et surtout de vous aimer telle que vous êtes.
Effectivement, certains invitent à prier pour que vous soyez hétéro. Cela peut être car ces personnes sont conscientes que vous aurez à affronter plus de difficultés dans votre vie que les personnes hétérosexuelles (à commencer par le fait que vous allez devoir affronter l'homophobie qui est bel et bien une réalité). J'espère que c'est là ce que pensaient les personnes en question, et leur réponse aura été maladroite. Bien sûr je n'ignore pas que cela peut traduire une tendance plus ou moins consciente au rejet de l'homosexualité, et alors c'est carrément regrettable (pour rester poli).
Et en particulier, Anthony le Terrible a répondu d'une manière qui montre une grande immaturité et méconnaissance de l'homosexualité. Désolé Anthony si vous me lisez, mais je pense ce que je dis. Vous n'avez probablement pas rencontré beaucoup d'homosexuels au cours de votre vie. On ne devient pas hétéro simplement parce qu'un jour on embrace la bonne personne. A la rigueur, on découvre qu'on est attiré avant tout par des personnes, et pas par leur sexe. Mais au fond, ne devrait-il pas en être ainsi de chacun ?
La question de la continence est, dans une certaine mesure, indépendante de votre orientation sexuelle. Mais sincèrement, vous attendiez-vous à une autre réponse sur un forum catholique ? Ce n'est pas à proprement parler une question d'orientation sexuelle : l'enseignement de l'Eglise a toujours été qu'il faut rester continent tant que l'on n'est pas marié. Je sais bien que c'est difficile à entendre. Moi non plus, je ne suis pas marié. Je suis donc concerné autant que vous, exactement au même titre que vous. Et je n'en suis pas plus capable que vous. Et ma vie de foi n'est pas plus facile que si j'étais homosexuel.
Je veux bien discuter avec vous de la question de la continence, ainsi que du sens du mariage, mais c'est un sujet difficile, qui demande je pense un long cheminement de foi avant de pouvoir être compris. En tout cas, il en a été ainsi pour moi. Il me semble donc nettement préférable de mettre ces questions de côté : elles ne sont pas au Credo, et donc elles ne sont pas directement au coeur de la foi.
Si quand j'ai commencé à me rapprocher de l'Eglise, on m'avait dit "tu sais, tu ne peux pas être chrétien tant que tu as des relations sexuelles en dehors du mariage", j'aurais fui ! D'ailleurs, on me l'a dit, et c'est probablement l'une des raisons qui a fait que j'ai eu tant de difficultés à me convertir.
Mais même en confession, ce n'est un sujet que mon confesseur n'ont abordé que très tard, quand il a été confiant que je saurai comprendre. S'il avait commencé par là, il ne m'aurait probablement pas revu. Et même si aujourd'hui je comprend un peu mieux, je n'y arrive toujours pas.
N'allez pas croire que Jésus vous condamne, ni que l'Eglise vous condamne. Bien au contraire. Et vous n'avez pas à "prouver votre droit d'être heureuse" : tout être humain a ce droit. Je connais personnellement des couples homosexuels qui vivent ce qui m'a tout l'air d'être une belle relation d'amour, stable et visiblement pérenne (pour autant que je puisse juger de ce que vit un couple, qu'il soit homo ou hétéro).
Je constate que vous dites "votre dieu". J'en déduis que vous-même n'êtes pas chrétienne.
J'espère que vous ne m'en voudrez pas si je prie malgré tout pour que vous puissiez vous aussi découvrir que Jésus vous aime telle que vous êtes ; qu'Il ne vous demande pas de changer pour avoir droit à Son amour. Pour que vous vous ouvriez à Son amour, parce qu'Il vous apprendra à aimer : et donc, à aimer encore "mieux" les personnes que vous aimez. Je peux vous dire qu'aimer ma compagne m'apprend à aimer Dieu, et que Dieu m'apprend à aimer ma compagne. Il ne fait aucun doute pour moi qu'il en serait de même pour vous.
Contrairement à une idée reçue, les homosexuels ne sont pas excommuniés. L'Eglise ne les rejette pas. Il y a des homos qui sont actifs dans l'Eglise. Il y a même des associations de chrétiens homosexuels.
Si un jour vous avez envie d'en apprendre plus sur Jésus et sur l'Eglise catholique, peut-être pourriez-vous vous rapprocher d'une de ces associations : j'espère que vous y rencontrerez des gens qui vous accueilleront sans vous juger.
(malheureusement, je ne peux pas en être sûr : il y a aussi des homosexuels homophobes...).