Message non lu
par renè » jeu. 27 mars 2014, 5:49
Bonjour à tous et à toutes
Merci Cécile de ton mot...
Paxet Bonum; je ne suis qu'un homme parmi d'autres qui tente de vivre, se survivre, avec sa foi, au milieu des autres.Je ne me sens pas du tout "extra" ordinaire; vous êtes toujours trop gentil, si tant est que l'on puisse reprocher une pareille chose..
Cinci, mon ami merci de vos réflexions.La pertinence de vos propos et de quelques autres font la richesse de ce forum.
Depuis quelques temps et strictement en fonction de "ma forme", je tente de m'investir dans le monde associatif quant au don d'organes.Nous intervenons souvent en corollaire avec l’Établissement Français du Sang.Cet après midi, une gifle, une déception, cela arrive , nous a été dispensée.
Une conférence à la faculté de pharmacie de Montpellier et un don de sang en parallèle.
Il y a à peu prés 25OO inscrits à cette faculté.
Intervenants compris, nous étions 18, 18 personnes dans un amphithéâtre, c'est...peu !!
Nous étions 4 greffés, et une maman qui a donné les organes de son enfant décédé.La lumière de cette journée...
Je vous laisse imaginer notre peine , notre déception; cela arrive !
Mais je viens de dire au sujet de cette maman "la lumière" et je le ressens comme cela.En effet, au milieu d'une ambiance quelque peu triste, j'ai eu la joie de voir, de connaître une personne magnifique.
Cinci ,vous me dites que je suis accompagné dans mes "aventures", oui; oui, je trouve toujours une motivation, une surprise, un homme ou une femme qui m'aide à relever la tête.
Autre illustration, pendant des mois et des mois, voire plus...comme beaucoup , pas tous, de greffés bi pulmonaire, une douleur assez violente, de l'ordre de 6 ou 7 sur l'échelle de 10, persiste et ne peut être soulagée de façon efficace.Il faut subir, subir durant des heures, et des jours, partout et constamment.
Il y a une dizaine de jours, lors d'un contrôle au CHU,j'ai rencontré un camarade de galère, hospitalisé pour cause infectieuse. De suite, à son visage, j'ai compris et il a compris en me regardant.Lui aussi, connait ce mal depuis sa greffe.Je ne suis pas seul ,je suis compris par d'autres êtres humains, je partage, je compatis.Il y a comme une compassion partagée.
On m'a ouvert le thorax comme à d'autres et il a été nécessaire de "trancher" dans le vif pour accéder aux poumons.Tous les muscles de la cage thoracique ont été concerné et les pectoraux aussi.
Il y a quelques semaines déjà,un "faux " mouvement a entrainé une déchirure quant à mes pectoraux.Les mouvements, la toux, l'éternuement, le rire (!!), tout peut provoquer la douleur et elle es vive....j'ai aussi là aussi , des camarades de souffrance.
On m'a enlevé une sonde de gastrotomie en décembre et cela ne cicatrise pas...les sucs gastriques par contre, eux, continuent de s'évacuer en petite proportions bien sur, par cet orifice, et ça brule, ça brule !!!!!!
Je ne baisserai pas la tête !!!!!!
Et, je ne la baisse pas !!!!!
Il va être 4 heures du matin et cela fera une nuit banche de plus à ma collection mais je ne baisserai pas la tête !!!
Je refuse de tout mon être de lasser place au désespoir, au doute, au pessimisme, à la colère, au dégout de ce corps qui fait tant mal.
Ces heures creuses, ces heures blanches, ces heures de souffrances, je veux les offrir, je veux les partager et je les partage avec mes frères de souffrance, pour mes idée, pour ma foi,pour l'autre parce que cela ne peut pas être inutile.
Cet après midi ,j'ai vu, oui, vu la souffrance ; la souffrance de cette maman qui pleurait en expliquant à 18 personnes que la mort de son enfant ne pouvait pas être inutile, qu'il fallait l'utiliser.
Je remercie le Seigneur de me laisser souffrir parce que je touche à l'essentiel, à l'authentique.Je touche à la foi.Marthe Robin disait qu'elle commençait à toucher les rivages du ciel.
Je commence à comprendre, parce que je commence à ressentir.Mais il ne faut pas en déduire que le Seigneur veut que je souffre.Non; pas du tout.
Et il ne faut pas le rendre responsable de tout et de rien.
Ma souffrance et celle des autres n'est pas inutile.
Je tente de dire, d'expliquer, que mes maux me permettent de vivre autre chose que le quotidien. Je suis dans ma vérité, dans ma foi, dans mes espérances, dans mon devenir de chrétien.
Je ne suis pas devenu fou quand j'écris que je remercie le Seigneur de me permettre de souffrir.Je commence à comprendre seulement qu'il y a une autre vie que celle que nous connaissons et je vous le dis, je tente de vous le dire
Il y a comme un dépassement de sa condition humaine.J'ai besoin de boire, de manger, de respirer, mais j'ai aussi besoin de faire vivre mon âme, j'ai besoin d'un au-delà dans lequel je puisse me réaliser complétement
La souffrance ne me laisse pas le choix; il faut dépasser ce corps, il faut , parce que c'est insupportable.
Je découvre par là même une autre dimension à ma vie , que je ne connaisais pas.J'ai le sentiment d'être sur un chemin âpre, dur , mais porteur d'espérance et de joie.
Si vous êtes dans le malheur, si vous êtes dans la souffrance, ne baissez pas la tête, il y a une foule de chose à voir quand on a le regard haut et fier.
Bon sang, mes frères, je ne suis pas fada et je suis sur que ce que je vis , est vrai, authentique, profond.
Cela comporte un côté un peu effrayant presque,simplement parce que il y a une part énorme d'irrationnel et nous avons besoin de rationnel pour nous rassurer.
Et la foi, et l'amour que l'on porte à une compagne ou à un compagnon, à un enfant, et tant et tant, c'est rationnel ?????
Ma foi, ma tentative d'explication de la souffrance, mon expérience du partage dans le mal, je ne le sais pas encore, mais je le sens.Je tente de partager, mais je crois que c'est réellement difficile à exprimer et à comprendre.
En tous les cas, ne perdez jamais l'espérance; l'espérance et la joie d'aimer.
Parce que il est bien question d'amour.Dieu m'a laissé libre; libre de me laisser aller à la désespérance mais aussi et surtout, libre de lutter contre le mal ,contre tout ce qui pourrait me faire douter.Et, c'est là , c'est lui montrant, en le vivant , que je dis au milieu de la souffrance , je crois en toi parce que la vraie vie est à, à ma portée.
La souffrance me montre , me démontre que notre existence a deux faces.
Celle qu'il est évident de voir de ressentir et une autre où les valeurs ne sont pas les mêmes.Je suis dans la certitude.
Pardon de mes insuffisances
Dormez bien, nous sommes nombreux à ne pas pouvoir, mais ce n'est pas du temps de perdu !!!!!
Amitiés
René