Re: L'adoration perpétuelle
Publié : ven. 12 mai 2017, 9:11
Se recueillir c'est pouvoir se laisser cueillir inlassablement par le Christ. Merci de tout cœur Jerome pour ce partage, vraiment, merci.je me suis laissé cueillir
Pour l'intelligence de la foi
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Se recueillir c'est pouvoir se laisser cueillir inlassablement par le Christ. Merci de tout cœur Jerome pour ce partage, vraiment, merci.je me suis laissé cueillir
Il semblerait que l'on puisse tout faire ou presque devant le Saint-Sacrement.Jéjé :
Je me posais la question de savoir comment on fait une adoration au Christ, car j'ai lu quelque part que ça nous rapprochait de Dieu et que ça nous sanctifiait . J'aurais bien aimé savoir comment on fait et qu'est-ce qu'il faut faire ?
L'Adoration
Les premiers disciples du cardinal de Bérulle ont toujours fait gloire à leur père d'avoir remis en faveur une vertu alors trop oubliée : la vertu de religion, dont l'adoration est l'acte essentiel.
"Ce que notre très honoré Père, écrit Bourgoing, a renouvelé en l'Église, autant que Dieu lui en a donné le moyen, c'est l'esprit de religion, le culte suprême d'adoration et de révérence. Devoir indispensable de l'homme vers la majesté divine et du chrétien vers Jésus-Christ. On élève plus les âmes tendres par la douceur de la dévotion et dans une certaine familiarité avec Dieu, que dans un abaissement et dans une sainte terreur devant lu. Mais ici nous sommes enseignés à être de vrais chrétiens, à être religieux de la primitive religion que nous professons au baptême, et à être du nombre de ceux qui adorent le Père et son Fils Jésus-Christ, en esprit et en vérité. Nous apprenons à adorer les grandeurs et les perfections divines, les desseins, les volontés, les jugements de Dieu et les mystères de son Fils."
Cette citation nous montre quelle importance l'école française attache à l'adoration . C'est qu'elle y inclut non seulement un acte intellectuel et volontaire, orienté vers un objet, mais encore un état d'âme habituel, une tendance essentiellement dynamique qui donne à la vie spirituelle son aspect formel et son caractère distinctif.
Analysons d'abord l'adoration dans ce qu'elle a de traditionnel, de classique, pourrait-on dire, dans son acte et son objet.
A l'acte adorateur concourent nos deux facultés maîtresses : intelligence et volonté. Tout acte religieux suppose, en effet, une certaine connaissance et, par conséquent, un acte intellectuel. C'est pourquoi la nature inanimée, incapable de connaître, n'adore pas Dieu, au sens obvie du terme. Elle se contente d'étaler à nos yeux ses opérations et ses ornements.
"Elle ne peut voir, dit Bossuet, elle se montre : elle ne peut adorer, elle nous y porte; et ce Dieu qu'elle n'entend pas, elle ne nous permet pas de l'ignorer. Mais l'homme, animal divin, plein de raison et d'intelligence, et capable de connaître Dieu par lui-même et par toutes les créatures, est aussi pressé par lui-même et par toutes les créatures à lui rendre ses adorations. C'est pourquoi il est mis au milieu du monde afin que, contemplant l'univers entier et le ramassant en soi-même, il rapporte uniquement et soi-même et toutes choses, si bien qu'il n'est le contemplateur de la nature visible qu'afin d'être l'adorateur de la nature invisible qui a tout tiré du néant par sa toute puissance."
En d'autres termes, l'homme est le Pontife de la création, chargé de glorifier Dieu au nom de tout ce qui existe. Il le fait en reconnaissant que Dieu est une nature parfaite et dès là incompréhensible; que Dieu est une nature souveraine, bienfaisante ... et nous sommes porter à révérer ce qui est parfait ... à dépendre de ce qui est bienfaisant ... à adhérer à ce qui est bon.
L'adoration consiste donc, en sa phase initiale, à reconnaître les grandeurs et les bontés divines. Et cette vue intellectuelle entraîne à son tour la volonté qui s'abaisse devant la majesté suprême. Elle s'abîme comme créature devant son Créateur. Justice élémentaire qui eût existé dans l'état de nature pure [avant la chute d'Adam], comme elle existe dans notre monde de grâce. Si tel est l'acte d'adoration, on comprend aisément quel en est l'objet. C'est Dieu considéré en lui-même et dans ses mystères, dans sa souveraineté, son excellence et sa puissance créatrice.
Telle est la notion communément reçue, et l'on sait combien l'adoration, ainsi comprise, a été cultivée dans la longue théorie des siècles, par les écoles de vie monastique et de spiritualité.
Dans l'ordre de Saint Benoît, le premier devoir du religieux est d'accomplir l'oeuvre de louange que l'Église doit à Dieu dont elle est le corps mystique, c'est là le but de sa vie, qui sera liturgique. Chez les Frères mineurs et chez les Prêcheurs, même souci d'adoration : la vie de saint Dominique est une incessante conversation avec Dieu ... il défend les droits de Dieu contre les hérétiques; toujours il rappelle que le devoir de tout homme est de glorifier Dieu par l'exercice des vertus. Saint François d'Assise trouve, dans la contemplation de la nature, une occasion constante de louer Dieu. Saint Ignace, après sa conversion, reste un soldat qui se met au service du Roi des rois. La première phrase des exercices est la suivante : "L'homme a été crée pour louer, honorer et servir Dieu Notre Seigneur, et par ce moyen sauver son âme." Et il le répète, dans ses Constitutions seulement, jusqu'à 259 fois, et sans doute un plus grand nombre de fois dans ses lettres.
Si la notion d'adoration s'était estompée parmi les fidèles, on voit qu'elle restait encore bien vivante dans certains Ordres religieux. Mais cette notion, l'École française la reprend, avec la préoccupation de l'universaliser, de lui donner une importance capitale dans l'économie de la piété chrétienne, de la renouveler et de la rajeunir.
Adorer, écrit le fondateur de l'Oratoire, c'est avoir une très haute pensée de la chose que nous adorons et une volonté rendue soumise et abaissée à l'excellence et dignité que nous savons être en elle. Cependant l'adoration bérullienne a ceci de particulier qu'elle élargit à la fois son acte et son objet. Par-dessus tout, elle pénètre la vie intérieure dans ses moindres replis, elle en devient la caractéristique dominante, et lui donne un esprit. L'École française n'a d'autre but que de faire de ses disciples des "religieux" de Dieu, toujours en posture adorante. Réaliser la grandeur divine, la louer sans cesse, s'y référer sans repos, s'y soumettre par tout son être, s'oublier soi-même pour se perdre en elle, telle est, en gros, cette notion bérullienne de l'adoration que nous devrons encore préciser.
La religion de Bérulle est un "amour adorant" ou une "adoration d'amour". Si l'adoration devient ainsi plus complexe elle devient aussi plus tendre. Elle atteint Dieu plus à fond et le saisit à la fois dans sa magnificience et sa miséricorde, car "s'il est loin de nous par sa grandeur, sa charité le rend plus proche ... Il est infiniment rigoureux et infiniment délicieux". On soupçonne ainsi le rôle de l'amour dans la spiritualité de l'École française. Qu'on le considère en Dieu ou dans sa créature, il unifie, il agit, il transforme. En Dieu, il relie les augustes Personnes et il les conduit à se pencher vers nous.
"Dieu est amour, et amour infini", écrit monsieur Jean-Jacques Olier, il est amour de complaisance et de bienveillance; il se complait infiniment en soi ... Mais cette complaisance adorable de Dieu ne s'arrête pas à soi, elle s'étend jusqu'à la créature qui devient comme un sujet de sa dilatation et de sa béatitude éternelle."
Source : Jean Gautier, Ces Messieurs de Saint-Sulpice, Paris, Fayard, p.90
A ce lyrisme des prophètes répondra, bien des siècles plus tard, celui de l'École française, qui chantera la réalisation, dans le temps, des promesses divines. C'est avec enthousiasme que Bérulle, Olier et leurs disciples entonneront l'hymne de louange aux merveilles qui ont précédé et suivi la naissance de Jésus.« Je me tiendrai en vigie, dit l'un d'eux, mes pieds ne quitteront pas le sommet de la tour, et je veillerai pour saisir les paroles qui me seront adressées. Car, pour le moment, la vision est encore loin, attendez, mais elle paraîtra à la fin. Si elle tarde encore, attendez, car elle ne trompera pas votre attente. » Un autre s'écrie : « O mon Dieu, ô mon Dieu, pour toi je veillerai dès l'aube du jour. De Toi mon âme a soif au milieu du désert, là où il n'y a ni route, ni source d'eau vive. »
Et cet autre enfin : « Oh! Puisses-tu fendre les cieux et descendre vers nous! Les montagnes fondront en ta présence, elles fondront comme sous l'action du feu; les eaux deviendront brûlantes. Et depuis le commencement du monde, l'oeil n'a pu voir, ô mon Dieu, les merveilles que tu as préparées pour ceux qui dans l'attente à Toi sont attachés. »
Quelle satisfaction personnelle et réconfort même de lire tous ces messages sur ce site.jerome a écrit : ↑jeu. 11 mai 2017, 22:03
Il n'y a décidément pas de hasard... Depuis des mois, je ne m'étais pas connecté au forum, et je tombe sur ce post !
"Mais" je ne sais pas adorer. "Mais" je ne vais tout de même pas prier un morceau de pain (cf mes derniers posts d'il y a quelques mois où je doutais du concept de transsubstantiation)."