Vatican II en quelques mots
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- Barbarus
Vatican II en quelques mots
Quelqu'un est il capable, ici, de résumer le Concile Vatican II en quelques mots, et en citant des extraits précis ?
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- Barbarus
Re: Vatican II en quelques mots
bonjour,
Votre question n'entraînera pas une réponse courte et concise pour les extraits.
Malheureusement il va falloir bûcher sur Lumen Gentium et les autres textes conciliaires.
Pour faire très très simple, et très très rapide, disons que Vatican II est un renouveau dans l'Eglise.
Au moment de l’ouverture de Vatican II, il y a une volonté de passer de l’Église-institution à l’Église-communion, du Corps du Christ à Peuple de Dieu.
Cordialement.
Votre question n'entraînera pas une réponse courte et concise pour les extraits.
Malheureusement il va falloir bûcher sur Lumen Gentium et les autres textes conciliaires.
Pour faire très très simple, et très très rapide, disons que Vatican II est un renouveau dans l'Eglise.
Au moment de l’ouverture de Vatican II, il y a une volonté de passer de l’Église-institution à l’Église-communion, du Corps du Christ à Peuple de Dieu.
Cordialement.
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- Barbarus
Re: Vatican II en quelques mots
Ce qui m'a toujours étonné, c'est qu'il est possible de résumer brièvement les décisions de chacun des conciles, en termes clairs, mais pas Vatican II. Dès qu'on aborde le dernier concile, les idées deviennent subitement vagues ou compliquées, et on est renvoyé à la lecture, ou plutôt l'étude, de textes très longs.Christophe67 a écrit : ↑ven. 21 avr. 2017, 13:56bonjour,
Votre question n'entraînera pas une réponse courte et concise pour les extraits.
Malheureusement il va falloir bûcher sur Lumen Gentium et les autres textes conciliaires.
Pour faire très très simple, et très très rapide, disons que Vatican II est un renouveau dans l'Eglise.
Au moment de l’ouverture de Vatican II, il y a une volonté de passer de l’Église-institution à l’Église-communion, du Corps du Christ à Peuple de Dieu.
Cordialement.
D'où ma question. Ce que j'aimerais surtout, c'est faire la part entre ce qu'a vraiment dit et acté le Concile, et ce qu'on appelle l'esprit du concile, réputé l'avoir trahi.
Re: Vatican II en quelques mots
Cher Pierre,
Mais Vatican II a pour particularité de ne pas avoir produit de condamnations solennelle ; il n'a pas été réuni pour contrer telle ou telle hérésie, mais pour formuller une réponse à la question : qu'est ce que l'Eglise doit faire face à la modernité ? L'idée était de faire une sorte de mise à jour, de ré-actualisation de l'Eglise pour lui rendre un dynamisme qu'elle avait un peu perdu.
L'instrument principale de ce renouveau était ce qu'on a appellé le Ressourcement, c'est à dire un retour aux sources bibliques, patristiques et médiévales de la Tradition et de la Doctrine, retour au sources jugé nécessaire pour enrayer le déclin du Catholicisme en Occident.
- Lumen Gentium est une Constitution Dogmatique qui parle de l'Eglise en définissant sa structure et son rôle. Elle est parfaitement traditionnelle mais elle s'emploie à mettre d'avantage l'accent sur le laïcat. Elle rappelle que l'Église ce n'est pas juste une hiérarchie cléricale, c'est avant tout la communion d'amour de tous les baptisés, tous également appellés à la sainteté. Le but est de rompre une espèce de vision de l'Eglise entre ceux qui s'intéresse au Christ à temps plein et ceux qui le font comme activité du Dimanche matin ; tous sont au même niveau, et chaque baptisé est appellé à se sanctifier, à être missionnaire, à grandir dans le Christ ; pas besoin d'être membre du clergé pour cela.
- Dei Verbum est également une Constitution Dogmatique. Elle a pour but de ramener l'attention sur la Bible, qui depuis la révolte protestante avait tendance à être reléguée au second plan par rapport à la théologie systématique ; en gros on enseignait la Doctrine sans la connecter avec l'Écriture dont elle était issue. La Consitution encourage son retour à la première place qu'elle occupait à l'ère patristique et au moyen-âge ; elle invite aussi sa diffusion parmi les laïcs et son usage pour l'enseignement de la foi.
- Gaudium et Spes est une Constitution Pastorale, qui est difficile à résumer mais qui en gros, parle du rapport de l'Eglise au monde. Une de ses nouveautés, si on peu appeller cela comme cela, est de s'appliquer à voir ce qui se fait de bon dans le monde, même en dehors de l'Eglise, et de bénir tous ce qui dans le monde est bon et juste comme quelque chose qui appartient en droit au Christ.
- Sacrostanctum Concilium est la Constitution sur la Sainte Liturgie. Elle appelle, dans la continuité du Mouvement Liturgique, à une réforme des rites destinée à purifier un rite romain qui était rempli d'un certain nombres de bizarreries depuis le Concile de Trente. Elle appelle à un renouveau de la formation en liturgie, vue comme une discipline quasi-théologique, et pareil qu'ailleurs elle insiste sur les racines bibliques et patristiques et médiévales de la liturgie. Plus de place à l'écriture sainte, plus de diversité dans les usages locaux, insistance sur l'usage du grégorien, etc... En sus de cela on veut rompre avec une certaine attitude du laïcat dans la messe qui consiste à écouter la messe, à y assister de loin en priant dans son coin avec son manuel de dévotion ou son chapelet : il s'agit de refaire du peuple de Dieu assemblé un des acteurs de la liturgie - la fameuse participatio actuosa.
"L'esprit du Concile", à mon avis, procède d'une lecture du Concile comme un évènement sans forcément s'appuyer sur les textes. Elle voit surtout le Concile comme une rupture avec le Catholicisme tridentin qui l'a précédé, ce que le Concile est bel et bien en partie. Mais la où le Concile a voulu, d'une certaine manière, remédier à un certain nombre de dérives de l'esprit tridentin, de l,esprit de "l'église forteresse" du début du 20ème siècle, certains en ce réclammant de l'esprit plutôt que de la lettre du Concile ont voulu y voir un rejet total de ce passé et sont tombés dans les dérives symétriquement inverses de celles dont ont accuse la période pré-conciliaire. On est passé d'un extrême à l'autre.
Pour savoir à quelle point il y a une différence entre la lettre et "l'esprit du Concile" qui a motivé l'application des réformes post-conciliaires en France, lisez les textes. Un point particulièrement apparent, c'est la liturgie. Le Concile appelle au maintient du Latin, et on le fait disparaître. Le Concile appelle à donner au chant grégorien la première place, et aujourd'hui en dehors de trois monastères il est mort et enterré. Le Concile appelle à une attention renouvellée à l'art sacré et on s'est retrouvé avec des ponchos en polyester en guise de chasubles. On peut continuer la litanie indéfiniment...
C'est tout le travail de Benoît XVI que d'avoir voulu rendre visible ce paradoxe et d'avoir appellé à mener une hérméneutique de continuité, de lire le Concile dans la Tradition, dans la continuité avec l'histoire de l'Église et en fidélité aux textes conciliaires. A noter qu'il était lui-même en son temps, un réformateur qui a participé au Concile comme théologien ; mais comme tout une frange des réformateurs (Les de Lubac, les Bouyer, les Balthasar, etc...) il est devenu critique de la mise en application des réformes dans l'après-Concile.
Héraclius -
Oui et non. Le Concile de Trente, par exemple, est difficilement résumable à une formulle.Ce qui m'a toujours étonné, c'est qu'il est possible de résumer brièvement les décisions de chacun des conciles, en termes clairs, mais pas Vatican II. Dès qu'on aborde le dernier concile, les idées deviennent subitement vagues ou compliquées, et on est renvoyé à la lecture, ou plutôt l'étude, de textes très longs.
Mais Vatican II a pour particularité de ne pas avoir produit de condamnations solennelle ; il n'a pas été réuni pour contrer telle ou telle hérésie, mais pour formuller une réponse à la question : qu'est ce que l'Eglise doit faire face à la modernité ? L'idée était de faire une sorte de mise à jour, de ré-actualisation de l'Eglise pour lui rendre un dynamisme qu'elle avait un peu perdu.
L'instrument principale de ce renouveau était ce qu'on a appellé le Ressourcement, c'est à dire un retour aux sources bibliques, patristiques et médiévales de la Tradition et de la Doctrine, retour au sources jugé nécessaire pour enrayer le déclin du Catholicisme en Occident.
Pour voir ce qu'a vraiment dit le Concile, je ne peux que vous engager à en lire les documents. Il y a 4 grandes Constitutions du Conciles, qui globalement consituent le coeur de la démarche du Concile.D'où ma question. Ce que j'aimerais surtout, c'est faire la part entre ce qu'a vraiment dit et acté le Concile, et ce qu'on appelle l'esprit du concile, réputé l'avoir trahi.
- Lumen Gentium est une Constitution Dogmatique qui parle de l'Eglise en définissant sa structure et son rôle. Elle est parfaitement traditionnelle mais elle s'emploie à mettre d'avantage l'accent sur le laïcat. Elle rappelle que l'Église ce n'est pas juste une hiérarchie cléricale, c'est avant tout la communion d'amour de tous les baptisés, tous également appellés à la sainteté. Le but est de rompre une espèce de vision de l'Eglise entre ceux qui s'intéresse au Christ à temps plein et ceux qui le font comme activité du Dimanche matin ; tous sont au même niveau, et chaque baptisé est appellé à se sanctifier, à être missionnaire, à grandir dans le Christ ; pas besoin d'être membre du clergé pour cela.
- Dei Verbum est également une Constitution Dogmatique. Elle a pour but de ramener l'attention sur la Bible, qui depuis la révolte protestante avait tendance à être reléguée au second plan par rapport à la théologie systématique ; en gros on enseignait la Doctrine sans la connecter avec l'Écriture dont elle était issue. La Consitution encourage son retour à la première place qu'elle occupait à l'ère patristique et au moyen-âge ; elle invite aussi sa diffusion parmi les laïcs et son usage pour l'enseignement de la foi.
- Gaudium et Spes est une Constitution Pastorale, qui est difficile à résumer mais qui en gros, parle du rapport de l'Eglise au monde. Une de ses nouveautés, si on peu appeller cela comme cela, est de s'appliquer à voir ce qui se fait de bon dans le monde, même en dehors de l'Eglise, et de bénir tous ce qui dans le monde est bon et juste comme quelque chose qui appartient en droit au Christ.
- Sacrostanctum Concilium est la Constitution sur la Sainte Liturgie. Elle appelle, dans la continuité du Mouvement Liturgique, à une réforme des rites destinée à purifier un rite romain qui était rempli d'un certain nombres de bizarreries depuis le Concile de Trente. Elle appelle à un renouveau de la formation en liturgie, vue comme une discipline quasi-théologique, et pareil qu'ailleurs elle insiste sur les racines bibliques et patristiques et médiévales de la liturgie. Plus de place à l'écriture sainte, plus de diversité dans les usages locaux, insistance sur l'usage du grégorien, etc... En sus de cela on veut rompre avec une certaine attitude du laïcat dans la messe qui consiste à écouter la messe, à y assister de loin en priant dans son coin avec son manuel de dévotion ou son chapelet : il s'agit de refaire du peuple de Dieu assemblé un des acteurs de la liturgie - la fameuse participatio actuosa.
"L'esprit du Concile", à mon avis, procède d'une lecture du Concile comme un évènement sans forcément s'appuyer sur les textes. Elle voit surtout le Concile comme une rupture avec le Catholicisme tridentin qui l'a précédé, ce que le Concile est bel et bien en partie. Mais la où le Concile a voulu, d'une certaine manière, remédier à un certain nombre de dérives de l'esprit tridentin, de l,esprit de "l'église forteresse" du début du 20ème siècle, certains en ce réclammant de l'esprit plutôt que de la lettre du Concile ont voulu y voir un rejet total de ce passé et sont tombés dans les dérives symétriquement inverses de celles dont ont accuse la période pré-conciliaire. On est passé d'un extrême à l'autre.
Pour savoir à quelle point il y a une différence entre la lettre et "l'esprit du Concile" qui a motivé l'application des réformes post-conciliaires en France, lisez les textes. Un point particulièrement apparent, c'est la liturgie. Le Concile appelle au maintient du Latin, et on le fait disparaître. Le Concile appelle à donner au chant grégorien la première place, et aujourd'hui en dehors de trois monastères il est mort et enterré. Le Concile appelle à une attention renouvellée à l'art sacré et on s'est retrouvé avec des ponchos en polyester en guise de chasubles. On peut continuer la litanie indéfiniment...
C'est tout le travail de Benoît XVI que d'avoir voulu rendre visible ce paradoxe et d'avoir appellé à mener une hérméneutique de continuité, de lire le Concile dans la Tradition, dans la continuité avec l'histoire de l'Église et en fidélité aux textes conciliaires. A noter qu'il était lui-même en son temps, un réformateur qui a participé au Concile comme théologien ; mais comme tout une frange des réformateurs (Les de Lubac, les Bouyer, les Balthasar, etc...) il est devenu critique de la mise en application des réformes dans l'après-Concile.
Héraclius -
''Christus Iesus, cum in forma Dei esset, non rapínam arbitrátus est esse se æquálem Deo, sed semetípsum exinanívit formam servi accípiens, in similitúdinem hóminum factus ; et hábitu invéntus ut homo, humiliávit semetípsum factus oboediens usque ad mortem, mortem autem crucis. Propter quod et Deus illum exaltávit et donávit illi nomen, quod est super omne nomen, ut in nómine Iesu omne genu flectátur cæléstium et terréstrium et infernórum.'' (Epître de Saint Paul aux Philippiens, 2, 7-10)
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- Barbarus
Re: Vatican II en quelques mots
Cher Héraclius, merci d'avoir pris la peine d'écrire ce compte-rendu. Je pense que vous avez fait un très bon résumé. C'est clair et synthétique.
- Voyageur
- Rector provinciæ
- Messages : 580
- Inscription : dim. 13 déc. 2009, 13:12
- Conviction : Catholique
Re: Vatican II en quelques mots
Merci Héraclius.
Tu m'as montré les chemins de la vie,
Tu me rempliras de joie par ta présence.
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- Kerniou
- Mater civitatis
- Messages : 5092
- Inscription : mer. 21 oct. 2009, 11:14
- Localisation : Bretagne
Re: Vatican II en quelques mots
Résumé, en effet, clair et concis, Héraclius, merci !
" Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu , car Dieu est Amour " I Jean 4,7.
- apatride
- Quæstor
- Messages : 376
- Inscription : lun. 06 juin 2016, 1:24
- Conviction : Catholique romain
Re: Vatican II en quelques mots
Merci Héraclius pour cette excellente introduction sur un sujet aussi intéressant que difficile d'approche.
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- Barbarus
Re: Vatican II en quelques mots
bonjour,Pierre Carhaix a écrit : ↑ven. 21 avr. 2017, 17:00Ce qui m'a toujours étonné, c'est qu'il est possible de résumer brièvement les décisions de chacun des conciles, en termes clairs, mais pas Vatican II. Dès qu'on aborde le dernier concile, les idées deviennent subitement vagues ou compliquées, et on est renvoyé à la lecture, ou plutôt l'étude, de textes très longs.
Il est très difficile de résumé l'esprit des conciles et surtout à bases d'extraits comme vous le sollicitiez.
Cela a été un choix volontaire de ne pas procéder sous forme de fiches pour bachoter car les textes sont d'une dizaine, merci à Héraclius d'avoir pris la peine de synthétiser les principaux, mais pour comprendre l'esprit de Vatican II il faut aller plus loin, et même que la lecture des textes.
Car si on reprend le concile de Trente, qui comme chaque Concile précédent était en réaction à une déviation de la foi, on peut au final le synthétiser plus facilement que Vatican II qui lui est une réorientation, un retour vers les origines (Eglise-communion, lecture des Ecritures ...).
D'ailleurs l'ordonnancement des articles dans LG place bien la notion de "Peuple de Dieu" avant la précédente , l'Eglise hiérarchique.
Mais on ne peut expliquer tout cela sans partir dans une étude de l'histoire de l'Eglise sur les trois derniers siècles.
Ce qui peut être intéressant de retenir c'est qu'il a fallut environ 60 ans pour que le Concile de Trente soit compris, il en va de même pour Vatican II, peut être même plus au regard du bouleversement amorcé sur les derniers siècles.
Cordialement.
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