abdulwahid a écrit :Mais il est vrai que juger est difficile...d'ailleurs, dans la tradition islamique, le juge qui juge selon la loi de Dieu avec sagesse a sa place dans les hauts degrés du Paradis...quant a celui qui juge selon ses passions, il sera dans l'autre monde jugé comme il a jugé ici bas...ce n'est pas pour rien qu'on parle de jour du Jugement...c'est également un des messages que Jésus - sur lui la paix- fait passer à la foule dans la parabole de la femme adultère, il me semble...
Le message que Jésus donne, et que ses interlocuteurs comprennent très bien, c'est que si on estime être en mesure de juger son prochain, alors on doit s'appliquer à soi-même la même manière de juger.
Les personnes venues défier Jésus en lui soumettant ce cas étaient tous des gens très pieux, qui s'efforçaient de leur mieux de respecter les commandements de Dieu. Jésus les a amené à réfléchir sur eux-même, et aucun ne s'est finalement reconnu juste : tous savaient trop bien que personne n'est juste. Tous faisaient leur ce verset du psaume 142 :
N'entre pas en jugement avec ton serviteur : aucun vivant n'est juste devant toi. Tous entendent ce passage du psaume 13, où Dieu regarde les hommes sur terre :
Tous, ils sont dévoyés ; tous ensemble, pervertis : * pas un homme de bien, pas même un seul ! Tous se rappellent les paroles de Salomon, dans le 1er livre des Rois (8, 46) :
Quand ils pécheront contre toi -- car il n'y a aucun homme qui ne pèche --...
Comment implorer pour soi la clémence de Dieu, quand on s'estime en mesure de condamner à mort son prochain, mais qu'on ne s'applique pas la même peine à soi-même ?
Vous expliquez qu'en Islam, on enseigne que l'on sera jugé comme on juge ici-bas : celui qui juge selon la Loi de Dieu sera jugé selon la Loi (et donc, puisqu'un tel homme est juste, ira au Paradis), celui qui juge selon ses passions humaines sera jugé de même.
Mais pour juger selon la loi de Dieu, encore faut-il déjà connaître et comprendre la loi de Dieu. Notre compréhension humaine n'en est que trop imparfaite, et toujours nous mêlons, même inconsciemment, nos passions d'hommes à ce que nous comprenons de la volonté de Dieu.
Jésus, Lui qui est le Juge, Lui qui reviendra pour juger les vivants et les morts, nous montre qu'Il choisit le pardon et donne au pécheur la possibilité de se convertir, plutôt que la condamnation. Il réprouve le péché, mais choisit la clémence en appelant cette femme à se convertir, à ne pas persévérer dans le péché ("Va, et ne pèche plus").
Il accomplit ainsi ce que Salomon priait Dieu de faire :
1 Rois, 8, 46-50 a écrit :46Quand ils pécheront contre toi -- car il n'y a aucun homme qui ne pèche --, quand tu seras irrité contre eux, [...] 47 s'ils se repentent et te supplient [...] Nous avons péché, nous avons mal agi, nous nous sommes pervertis,48 s'ils reviennent à toi de tout leur coeur et de toute leur âme [...] 49 écoute au ciel où tu résides,50 pardonne à ton peuple les péchés qu'il a commis envers toi et toutes les rébellions dont ils furent coupables
(j'ai fait quelques coupes pour abréger la citation, j'espère sans en altérer le sens)
Je laisserai conclure à ma place le psaume 129, qui lie de façon magistrale la crainte de Dieu à son pardon, alors que trop souvent on pense que c'est la colère de Dieu qu'il faut craindre :
Si tu retiens les fautes, Seigneur Seigneur, qui subsistera ? *
Mais près de toi se trouve le pardon pour que l'homme te craigne.
PS : petite précision de vocabulaire : le passage de la femme adultère est une péricope, pas une parabole. Ce n'est pas une histoire racontée par Jésus pour aider les gens à comprendre, mais un enseignement qu'il donne par sa manière d'agir concrètement dans le monde.