Quand je discute avec un traditionnaliste...

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Yves54
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Quand je discute avec un traditionnaliste...

Message non lu par Yves54 » jeu. 08 mai 2008, 13:34

Bonjour, au hasard de mes rencontres j'ai dialogue avec un membre de la FSSPX qui a tenté de m'expliquer tant bien que mal que le Concile était une rupture par rapport à La Tradition antéconciliaire. Avec comme réponse de ma part, la soumission à l'Eglise comme règle de foi, mais j'aurais aimer pouvoir lui répondre de manière théologique et je me suis retrouvé dans l'incapacité culturelle de lui répondre. Alors je vous sollicite pour trouver avec moi une réponse sachant qu'il y a de bons théologiens sur le forum.



1. La philosophie du Concile est contraire à la philosophie de la Tradition antérieur au Concile.

2. Le catéchisme de l'Église est en contradiction avec le Magistère antérieur :

Catéchisme de l'Église catholique a écrit :Le devoir social de religion et le droit à la liberté religieuse

2104 " Tous les hommes sont tenus de chercher la vérité, surtout en ce qui concerne Dieu et son Église ; et quand ils l’ont connue, de l’embrasser et de lui être fidèles " (DH 1). Ce devoir découle de " la nature même des hommes " (DH 2). Il ne contredit pas un " respect sincère " pour les diverses religions qui " apportent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes " (NA 2), ni l’exigence de la charité qui presse les chrétiens " d’agir avec amour, prudence, patience, envers ceux qui se trouvent dans l’erreur ou dans l’ignorance de la foi " (DH 14).

2105 Le devoir de rendre à Dieu un culte authentique concerne l’homme individuellement et socialement. C’est là " la doctrine catholique traditionnelle sur le devoir moral des hommes et des sociétés à l’égard de la vraie religion et de l’unique Église du Christ " (DH 1). En évangélisant sans cesse les hommes, l’Église travaille à ce qu’ils puissent " pénétrer d’esprit chrétien les mentalités et les mœurs, les lois et les structures de la communauté où ils vivent " (AA 10). Le devoir social des chrétiens est de respecter et d’éveiller en chaque homme l’amour du vrai et du bien. Il leur demande de faire connaîtrele culte de l’unique vraie religion qui subsiste dans l’Église catholique et apostolique (cf. DH 1). Les chrétiens sont appelés à être la lumière du monde (cf. AA 13). L’Église manifeste ainsi la royauté du Christ sur toute la création et en particulier sur les sociétés humaines (cf. Léon XIII, enc. " Immortale Dei " ; Pie XI, enc. " Quas primas ").

2106 " Qu’en matière religieuse, nul ne soit forcé d’agir contre sa conscience, ni empêché d’agir, dans de justes limites, suivant sa conscience en privé comme en public, seul ou associé à d’autres " (DH 2). Ce droit est fondé sur la nature même de la personne humaine dont la dignité lui fait adhérer librement à vérité divine qui transcende l’ordre temporel. C’est pourquoi il " persiste même en ceux-là qui ne satisfont pas à l’obligation de chercher la vérité et d’y adhérer " (DH 2).

2107" Si, en raison des circonstances particulières dans lesquelles se trouvent des peuples, une reconnaissance civile spéciale est accordée dans l’ordre juridique de la cité à une société religieuse donnée, il est nécessaire qu’en même temps, pour tous les citoyens et toutes les communautés religieuses, le droit à la liberté en matière religieuse soit reconnu et respecté " (DH 6).

2108 Le droit à la liberté religieuse n’est ni la permission morale d’adhérer à l’erreur (cf. Léon XIII, enc. " Libertas præstantissimum "), ni un droit supposé à l’erreur (cf. Pie XII, discours 6 décembre 1953), mais un droit naturel de la personne humaine à la liberté civile, c’est-à-dire à l’immunité de contrainte extérieure, dans de justes limites, en matière religieuse, de la part du pouvoir politique. Ce droit naturel doit être reconnu dans l’ordre juridique de la société de telle manière qu’il constitue un droit civil (cf. DH 2).

2109 Le droit à la liberté religieuse ne peut être de soi ni illimité (cf. Pie VI, bref " Quod aliquantum "), ni limité seulement par un " ordre public " conçu de manière positiviste ou naturaliste (cf. Pie IX, enc. " Quanta cura "). Les " justes limites " qui lui sont inhérentes doivent être déterminées pour chaque situation sociale par la prudence politique, selon les exigences du bien commun, et ratifiées par l’autorité civile selon des " règles juridiques conformes à l’ordre moral objectif " (DH 7).

Contre le Syllabus de Pie IX :
Syllabus de Pie IX a écrit :LXXVII. A notre époque, il n'est plus utile que la religion catholique soit considérée comme l'unique religion de l'État, à l'exclusion de tous les autres cultes (16).


LXXVIII. Aussi c'est avec raison que, dans quelques pays catholiques, la loi a pourvu à ce que les étrangers qui s'y rendent y jouissent de l'exercice public de leurs cultes particuliers (12).


LXXIX. Il est faux que la liberté civile de tous les cultes, et que le plein pouvoir laissé à tous de manifester ouvertement et publiquement toutes leurs pensées et toutes leurs opinions, jettent plus facilement les peuples dans la corruption des mœurs et de l'esprit, et propagent la peste de l'Indifférentisme (18).

Source pour le Syllabus : http://www.christ-roi.net/index.php/Syllabus
Source pour le Catéchisme : http://www.vatican.va/phome_fr.htm


Donc que peut on leur répondre, sachant que cette personne considère le Syllabus comme infaillible. A vos clavier !!


In Xto

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Re: Quand je discute avec un traditionnaliste...

Message non lu par Christophe » jeu. 08 mai 2008, 15:47

Bonjour Yves

C'est un gros morceau auquel vous vous attaquez là...
Sur la doctrine conciliaire de la liberté religieuse, je vous recommande la lecture du fil Dignitatis humanae - Déclaration sur la liberté religieuse.

Cela étant dit, à mon humble avis vous perdez votre temps... :roule:

PaX
Christophe
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Re: Quand je discute avec un traditionnaliste...

Message non lu par Yves54 » jeu. 08 mai 2008, 16:14

Merci Christophe, ce fil me donne de très bons arguments.


Ne vous inquiétez pas pour mon temps, je ne compte pas discuter éternellement avec lui, même s'il a l'air sympathique à première vue.


PaX

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Re: Quand je discute avec un traditionnaliste...

Message non lu par Christophe » jeu. 08 mai 2008, 16:57

Cher Yves,

Je reproduis ci-dessous une édition "revue et corrigée" d'une réponse que j'avais faite à un ami qui m'interrogeais sur le même sujet.

Que Dieu vous bénisse !
Christophe
Christophe a écrit :Je commence par quelques généralités...

D'une façon générale, la position de la FSSPX me semble intrinsèquement incohérente. Ou bien l'Église ne peut se tromper, et dans ce cas là les actes du concile œcuménique de Vatican II ne contiennent pas d'erreur. Ou bien elle peut se tromper - (simple hypothèse d'un raisonnement par l'absurde) -, et alors l'enseignement dit "traditionnel" n'est pas davantage infaillible que celui dit "conciliaire" (à supposer que l'un diffère de l'autre), et donc pas de raison a priori de donner la préférence à l'un sur l'autre.

Vous remarquerez que pour les "traditionalistes" FSSPX, la sainte Tradition de l'Église s'arrête à Vatican II. Mais surtout que tout ce qui est antérieur à Vatican II est "traditionnel". Pour synthétiser, la sainte Tradition, pour un traditionaliste version FSSPX, c'est "tout l'enseignement de l'Église antérieur à Vatican II". De même que pour les schismatiques de l'Union d'Utrecht, l'enseignement catholique authentique c'est "tout l'enseignement de l'Église antérieur à Vatican I". Et que pour certains récalcitrants contemporains du concile de Trente, l'enseignement catholique authentique était "tout ce qui est antérieur au concile de Trente". Bref, à la source de toutes ces crises post-conciliaires, il y a - à mon humble avis - un problème de compréhension du concept de sainte Tradition. Prions pour que les prochains Souverains Pontifes sachent clarifier et expliquer - peut-être par une encyclique - cette notion difficile.

En effet, la lecture des actes romains ou pontificaux à travers les siècles met en évidence bon nombre de contradictions apparentes ou réelles. Il importe donc de savoir comment discerner (et qui est compétent pour effectuer ce discernement...) ce qui relève effectivement de la sainte Tradition, et de ce qui relève des erreurs bien humaines - aussi bien ancrées soient-elles - à apurer. Il faut également avoir une compréhension approfondie des deux dogmes de l'infaillibilité ecclésiale et de l'infaillibilité pontificale : conditions, domaine d'applications... Bref, ce n'est pas parce que le Pape Machin ou saint Bidule (exclusivement s'il est antérieur à Vatican II) a écrit ci ou ça, que cela est infaillible et/ou relève nécessairement de la sainte Tradition. Enfin, la distinction entre le Magistère ordinaire et universel, le Magistère extraordinaire et le Magistère simplement ordinaire permet d'y voir un peu plus clair... Néanmoins, le débat devient rapidement complexe et affaire de théologiens...

______________________________

Concernant la doctrine sur la liberté religieuse, vous écrivez qu'il y aurait "contradiction de Vatican II avec le magistère de l’Eglise". Je serai bien curieux de savoir précisément quel est le Magistère de l'Église antérieur à Vatican II sur cette question...

Le Syllabus errorum est - comme son nom l'indique - un index ou une "compilation" d'erreurs. En lui-même, il ne contient rien d'autre que des renvois vers différentes encycliques de Pie IX qui traitent d'une manière plus approfondie les propositions condamnées. Certains prétendent que ce Syllabus jouit du caractère de l'infaillibilité, notamment parce que l'avant propos de l'encyclique Quanta cura - à laquelle est adjoint le Syllabus - semble répondre aux conditions de l'infaillibilité. Ce qui - si l'on suit cette interprétation - donnerait à l'œuvre quasi-exhaustive de Pie IX le caractère de l'infaillibilité. Il faut aussi remarquer que l'encyclique Quanta cura a été publié avant que le premier Concile de Vatican ne définisse les conditions de l'infaillibilité pontificale. Personnellement, mon opinion est plutôt que si l'infaillibilité s'applique, elle ne s'applique qu'à l'encyclique Quanta cura, et non pas au Syllabus errorum qui en est une appendice mais n'en fait pas partie stricto sensu.

En général, c'est la proposition n°XV du Syllabus qui est citée par les détracteurs de la liberté religieuse : "Il est libre à chaque homme d'embrasser et de professer la religion qu'il aura réputée vraie d'après la lumière de la raison". Cette citation renvoie à la lettre apostolique Multiplices inter du 10 juin 1851 et à l'allocution consistoriale Maxima quidem du 9 Juin 1862 : deux documents qu'il est indispensable de consulter si l'on souhaite connaître exactement la position du bienheureux Pie IX sur cette question. Quoiqu'il en soit, il n'y a aucune raison de la considérer comme davantage "traditionnelle" que celle de Vatican II, sauf à prouver le contraire. NB : Un fil est ouvert sur le Syllabus : http://www.cite-catholique.org/viewtopic.php?t=150

Je considère, mais peut-être me trompes-je, qu'il n'y a pas contradiction entre l'enseignement de Vatican II et celui du "Pape de la Réaction". Je crois tout simplement qu'ils ne parlent pas, au fond, de la même chose et qu'ils se complètent naturellement. Je m'explique : Dignitatis Humanae proclame le droit naturel à la liberté civile en matière religieuse (qu'il appelle, par commodité et conformité à l'usage du siècle : liberté religieuse) et affirme en même temps l'obligation morale pour tout homme de rechercher la vérité en matière religieuse et d'y adhérer lorsqu'il la connaît. Or c'est précisément cette obligation morale qui est niée par les hérétiques indifférentistes et latitudinaristes et qui est rappelée par le bienheureux Pie IX par la condamnation de son antithèse.
Bref, Pie XI parle d'obligation morale personnelle quand Vatican II parle de droit civil public (après avoir néanmoins rappelé l'obligation morale personnelle)...
Il faudrait apporter une petite précision : ce droit à la liberté civile en matière religieuse n'est pas la consécration positive d'un pseudo droit moral "d'embrasser et de professer la religion qu'il aura réputée vraie d'après la lumière de la raison", mais est l'expression du droit naturel de ne pas être contraint ou empêché en matière religieuse par une autorité humaine - l'ordre public juste étant sauf.

Pour conclure sur le sujet de la liberté religieuse, je crois que le plus important dans ce débat, ce ne sont pas les arguties avec les lefebvristes à coup de citations, mais le débat de fond et la recherche sincère de la vérité : César a-t-il le droit (avant même le devoir) de séparer le bon grain de l'ivraie ? Cela semble bien plus pertinent que le verbiage de certains "traditionalistes" lefebvristes qui mettent tous leurs efforts à discerner si l'avant-propos de Quanta Cura remplit toutes les conditions de l'infaillibilité...

La position de Vatican II me semble bien plus conforme à la vérité et à l'Évangile que celle des traditionnalistes qui veulent embrigader sous leur bannière - et sans doute contre leur gré - tous les Papes avant Paul VI (alors que seuls deux ou trois grand maximum se sont brièvement exprimés sur le sujet, tous au XIXème siècle).

Concernant les théologiens "invités" au concile, je ne suis pas compétent pour vous répondre. Il y avait des progressistes et des conservateurs. Chacun a pu s'exprimer et s'en est trouvé satisfait puisque la recherche du consensus était de rigueur. Jusqu'à Monseigneur Lefebvre qui a - participé lors du Concile à la préparations de certains textes et qui les a signés. (Je n'ai aucune référence sur ce sujet). Que certains "progressistes" enthousiastes y aient vu une victoire de leurs idées est une position qui n'engage en aucun cas l'Église...

Christophe
« N'ayez pas peur ! » (365 occurrences dans les Écritures)

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