Je n'ai jamais vu un semblable enseignement de Thomas d'Aquin excusez-moi. Je ne l'ai vu ni directement dans un de ses textes ni chez des commentateurs de son oeuvre. Si vous avez une référence ? Faudrait voir comment il amènerait son explication éventuellement. Et pour nous dire quoi ?Coco lapin a écrit :
Premièrement, selon Thomas d'Aquin et certains théologiens, Dieu pourrait éviter de brûler les âmes au Purgatoire sans que la justice soit lésée, non pas parce que Jésus ou d'autres ont payé à leur place, mais parce que la miséricorde de Dieu ne serait pas liée par sa justice. Bref, Dieu serait libre de pardonner sans exiger de satisfaction, et la justice ne s'en porterait pas plus mal.
A priori, rien qu'à voir ce que vous écrivez ici : il faudrait penser que le sacrifice douloureux de Jésus sur la croix eût été pire qu'inutile : mauvais. Dieu aurait pu s'en passer facilement. Et pardonner à tous depuis le premier jour, en commençant avec Adam. Quelle histoire de vouloir faire souffrir l'humanité depuis le début ! La miséricorde de Dieu ne serait pas liée à sa justice. C'est vous qui le dites. Il faudrait conclure en un Dieu cruel, etc.
Chrétiennement : il serait plus normal de penser que la miséricorde de Dieu s'exerce au travers de sa justice, avec sa justice. L'un des termes n'excluant pas l'autre. Avec l'exemple du purgatoire, c'est bien ce qui se passe. Ce qui advient du baptisé est pour son bien en fin de compte, pour le sanctifier, le diviniser en quelque sorte. Il s'agit bien de faire miséricorde à une pauvre créature humaine, pour l'amener à pouvoir participer à un état supérieure d'existence, une chose que par elle-même la créature serait fort incapable d'atteindre. Toutefois, Dieu n'opère pas cela en escamotant la justice.
Il ne s'agit pas de masochisme en effet.Deuxièmement, les âmes du purgatoire ont beau vouloir "payer leurs crimes", je pense qu'au bout de quelques minutes à rôtir, elles ne désirent qu'une chose : que leurs tourments s'arrêtent. Donc c'est le même problème que pour l'enfer, on ne peut pas imaginer que les âmes subissent des "tortures bonus" seulement parce qu'elles le veulent bien. Le masochisme a des limites.
Non, la peine est imposée, que ce soit le purgatoire ou l'enfer éternel. Le sujet ne choisi pas d'aller ou non au purgatoire. Dieu décide pour lui.
Le terme «volontaire» chez moi réfère à l'attitude personnelle intime de la personne et qui n'est pas là même au purgatoire qu'en enfer. Le saint expérimente positivement l'épreuve qui lui est imposée, à la différence du damné qui reste un révolté. Le saint accepte la peine, le fait de devoir souffrir pour Dieu ou de se laisser purifier. C'est pourquoi l'Église enseigne que le saint ou le baptisé ayant pu suffisamment peiné pour Dieu de son vivant ici-bas, ayant suffisamment expié pour ses propres péchés, pu être martyrisé pour la cause divine : il peut directement entrer dans la gloire divine, sans plus rien devoir purifier quoi que ce soit chez lui.
Le Christ peut servir lui-même d'indicateur de ce qu'il faut comprendre.
Jésus n'a pas choisi à proprement parler de souffrir sur une croix comme un masochiste. On pourrait penser le contraire. Mais c'est juste qu'il ne se défile pas de l'épreuve qui lui est imposée (à cause du péché des hommes), et lui par amour pour Dieu, pour la gloire de Dieu, le salut de l'humanité, le rachat de la création. Et «Père, glorifies ton Fils».
Pour ces souffrances que Jésus a accepté librement de supporter, non pas pour ses propres péchés dans son cas (pour cause, ils n'en avaient pas), mais afin que ses amis soient définitivement libérés de l'emprise de Satan qui les tenaient, eux ainsi que toute l'humanité, dans l'esclavage de la mort. Agissant tel un représentant de notre humanité, comme pour être à notre tête (nouvel Adam), Jésus s'avère être infiniment plus juste que le premier Adam, par son obéissance et tout ce qu'il a pu accepter de souffrir pour ne pas trahir Dieu : il a détruit ce droit dont le diable pouvait encore se réclamer pour tenir captif tous les hommes.
Cette histoire que les baptisés devraient quand même accepter, ça et là, de souffrir pour la justice, pour Dieu, pour autrui : cela tient de ce que le fidèle est censé être membre du corps du Christ. Et que pour avoir part à la gloire, tous les membres de ce même corps doivent aussi bien partager l'épreuve. Le disciple n'est pas au-dessus de son Maître.
A la question pour qui Jésus se sera-t-il sacrifié mais il faut répondre son Père premièrement, ensuite au bénéfice de tous ceux et celles à qui il aura complut au Père de vouloir les lui donner comme autant de frères et soeurs.