Corps et catholicisme

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Cepora
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Re: Corps et catholicisme

Message non lu par Cepora » jeu. 07 mars 2019, 23:33

Bonjour Quejana,
Quejana a écrit :
jeu. 07 mars 2019, 11:31
Néanmoins, le catholicisme a été longtemps corrompu par une vision néo-platonicienne du corps, établissant la dualité corps-esprit.
Non, l'Église n'a jamais établi une dualité entre le corps et l'esprit ; elle s'est toujours opposée, au moins depuis saint Irénée, à ce dualisme âme/corps. L'Église a toujours affirmé que l'être humain n'est ni le corps ni l'âme, mais la composition des deux. Elle enseigne que l'être humain a une forme substantielle unique, une unique substance composée d'un corps et d'une âme. En cela, sa conception métaphysique se rapproche davantage de l'hylémorphisme aristotélicien.

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prodigal
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Re: Corps et catholicisme

Message non lu par prodigal » ven. 08 mars 2019, 12:00

Parce qu'elle incline au péché, tout simplement. Pourquoi chercher une autre raison? :)
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Re: Corps et catholicisme

Message non lu par Fée Violine » ven. 08 mars 2019, 12:34

Il y a eu aussi l'influence du jansénisme, qui a duré quelques siècles.

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Re: Corps et catholicisme

Message non lu par Cepora » ven. 08 mars 2019, 13:15

Quejana a écrit :
ven. 08 mars 2019, 10:48
Merci pour ce précieux éclaircissement Cepora ! :)
En revanche, n'est-il pas vrai que l'Eglise a eu une mauvaise image de la chair ? Comment expliquer que les saints aient voulu mortifier cette dernière ?
Bonjour Quejana,

Je crois que l'ascèse chrétienne est peut-être mal comprise par certaines personnes. Il est vrai que les austérités corporelles, auxquelles se livrent certains croyants, peuvent surprendre par leur sévérité et leur rigueur. Ce sont des pratiques de pénitence qui n'impliquent pas une condamnation de la chair, mais seulement une lutte contre les mauvais penchants de celle-ci. La corps en lui-même n'est pas mauvais, au contraire, car il est appelé à être glorifié et à participer à la vie de Dieu.

Aussi, nous devons tous, en tant que chrétiens, lutter contre nos mauvaise inclinations qui nous portent au péché. Ceci même par de petits sacrifices quotidiens, des jeûnes, etc. sans que cela soit fait de manière ostentatoire.

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Re: Corps et catholicisme

Message non lu par Fée Violine » dim. 10 mars 2019, 2:11

Fée Violine > Merci pour cet éclaircissement. Pouvez-vous me dire quelle était la vision janséniste du corps ? y avait-il dualité dans leur conception de ce dernier ?
Je ne saurais pas vous donner de réponse approfondie. Je sais par exemple que Pascal interdisait à sa soeur d'embrasser ses enfants. :s
Mais les jansénistes n'étaient peut-être pas tous aussi austères.

En cherchant des informations, je tombe sur ce texte qui semble très intéressant.
http://www.aasm.ch/pages/echos/ESM083013.pdf

Notamment :
Reprenons pour en mesurer les répercussions sur l'histoire de la mentalité catholique, quelques thèmes issus du jansénisme ou en tout cas privilégiés par lui. D'abord le rigorisme : en ce qui concerne la chair, ou le corps, il n'est pas exagéré de voir dans l'attitude janséniste un certain mépris qui va parfois jusqu'à la défiance du sacrement de mariage. Un des traités d'éducation les plus importants de la France du XVIIIe siècle, daté de 1700 et intitulé : Règles chrétiennes pour faire saintement toutes ses actions fait la guerre à la nudité (des pieds et des bras...) et enseigne la « sainte haine de sa propre chair et de celle des autres » 29. Le « mépris du monde » passe évidemment par le rejet des spectacles et de l'art, faits de mensonges et d'idolâtries qui corrompent l'âme. On peut mesurer le fossé que Racine avait établi entre ses éducateurs et lui jusqu'à sa conversion. Mère Angélique disait : « Par l'esprit de Jésus-Christ j'aime tout ce qui est laid » et à Port-Royal, elle avait fait mettre les tapisseries à l'envers pour satisfaire à la nécessité (c'est-à-dire de garder la chaleur) et de supprimer en même temps la beauté. Quant à Le Maistre de Sacy, il s'oppose aux voyages car on y trouve « le diable habillé en toutes sortes de façons, à l'allemande, à l'italienne... mais c'est toujours le diable ! »

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Re: Corps et catholicisme

Message non lu par prodigal » dim. 10 mars 2019, 11:28

Chère Quejana,
je ne crois pas une seconde que l'occident ait négligé le corps! Il serait moins excessif, à mon sens, de dire que les penseurs occidentaux ne parlent que de cela plutôt que de dire qu'ils ne s'y intéressent pas! :-D
Mais s'intéresser au corps ne veut pas dire juger que le corps est bon, ni mauvais d'ailleurs.
C'est ainsi que la pensée la plus hostile à l'assimilation du corps au mal est peut-être le christianisme, qui n'y a pas été de main morte pour combattre le catharisme dont c'est un dogme fondamental (l'existence d'un mauvais principe dont le corps émanerait). Mais le christianisme nous invite aussi à la mortification, puisque nous sommes en carême nous ne pouvons pas l'oublier.
Ce n'est pas une contradiction, c'est la constatation d'une ambivalence. Le corps est comme toute chose, bon ou mauvais selon le cas.
Ce qui peut contribuer à éclairer la chose, ce serait de dire que le mal n'est pas le fait du corps, mais le fait de soumettre l'esprit au corps. Une fois que l'on dit cela, à chacun de trouver le meilleur moyen de faire en sorte que l'esprit soit le maître et le corps le serviteur. Une possibilité pour cela est d'y aller fort, de mater brutalement le corps. Il existe aussi heureusement des méthodes plus douces. :)
Il vaut mieux, cela va de soi, trouver son propre équilibre dans la joie et la sérénité que de se laisser aller à un dolorisme malsain. Mais chacun doit trouver le régime qui lui convient.
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Re: Corps et catholicisme

Message non lu par Cepora » dim. 10 mars 2019, 13:13

Bonjour,

Je me permets de citer un extrait de la New Catholic Encyclopedia au sujet de la mortification corporelle :
New Catholic Encyclopedia (2003):

« Mortification. Maîtrise délibérée des pulsions naturelles de l’homme visant à soumettre progressivement ces pulsions à la raison éclairée par la Foi et les transformer en sujets de sanctification. Jésus-Christ demandait ce renoncement si quelqu’un voulait marcher à sa suite (Luc 9,29). La mortification, ce que saint Paul appelle crucifixion de la chair avec ses vices et concupiscence (Gal 5, 24), est devenu le signe distinctif de ceux qui appartiennent au Christ.

Tous les théologiens sont d’accord sur le fait que la mortification est nécessaire pour le salut de l’homme. Fortement enclin au mal à cause de la triple concupiscence du monde, de la chair et du démon, il doit apprendre à y résister pour ne pas être conduit au péché grave. Si l’on veut sauver son âme, on doit au moins fuir toutes les occasions immédiates de péché mortel. La fuite elle-même comporte une certaine mortification. En plus de ces mortifications qu’exige la condition de l’homme, l’Église, reprenant l’insistance des Évangiles, en impose d’autres aux fidèles (préceptes du jeûne et de l’abstinence). À ceux qui sont dispensés de cette règle, pour une raison ou un autre, l’on demande de faire une autre mortification. »

Ceux qui cherchent à progresser dans la perfection chrétienne doivent se mortifier plus que les croyants ordinaires. Le Christ a fait de la Croix le prix à payer pour le suivre de près (Lc 14,33).

Depuis les débuts de l’ère chrétienne, nombreux sont ceux qui ont embrassé une vie de mortification en imitation du Seigneur. Ceux qui atteignent une grande sainteté sont constamment poussés à lui ressembler dans ses souffrances. Mais, parce que les grandes mortifications représentent un certain risque, il est conseillé de soumettre toutes les pénitences à l’approbation d’un directeur spirituel sage ».
Cet extrait est consultable sur le site internet de l'Opus Dei : https://opusdei.org/fr-fr/article/lopus ... orporelle/

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Re: Corps et catholicisme

Message non lu par prodigal » lun. 11 mars 2019, 19:52

Je suis tout à fait d'accord avec vous, et d'ailleurs aussi avec ce janséniste de Pascal! :D
Mais dompter son corps fait partie de la panoplie des moyens d'être en paix avec soi-même. Cela prend parfois des tours névrotiques, indiscutablement, mais pas forcément. Tout sportif apprend à dompter son corps, par exemple.
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