Bonjour Alexandre,
Absolument pas. Ainsi que l'explicite l'un des liens que je vous ai donnés, le catholicisme oriental ne reconnaît pas l'idée selon laquelle nous serions entachés par le péché originel dès la naissance. Par conséquent, le dogme de l'Immaculée Conception n'a pas d'intérêt particulier dans leur tradition d'interprétation puisqu'il s'applique à tous les hommes et non spécifiquement à Marie. C'est la raison pour laquelle de nombreux fidèles croient que ce dogme s'applique à Jésus ainsi que le stipule le lien.
Les Orientaux ne croient pas que le péché originel engendre une culpabilité (la "tache"). Il n'est donc pas "pardonné" par le baptême, parce que ce n'est pas le caractère coupable de la faute qui est transmis, seulement ses conséquences. Mais ils croient certainement qu'il soit responsable de la chute de la nature humaine et de la concupiscence (= notre tendance "naturelle" au péché). De ce fait, naître avec ou sans le péché originel n'est de tout évidence pas interchangeable.
Seul le blasphème contre l'Esprit Saint semble être mortel selon la parole de Jésus puisque impardonnable.
Ne confondons pas tout. Le péché contre l'Esprit est impardonnable justement parce qu'il est intrinsèquement un refus de la repentance, un refus de se reconnaître pécheur et de demander pardon à Dieu. Il est justement au coeur de la doctrine du péché mortel.
Le problème, c'est que l'Evangile est très clair sur le fait que les autres péchés peuvent être pardonnés à la condition que ce pardon soit demandé, soit qu'il y ait repentance. Ainsi, un chrétien, régénéré dans le baptême, qui deviendrait un meurtrier sans se repentir, en restant dans son péché et en ne demandant pas pardon à Dieu, se saurait être pardonné. Comme dit Saint Paul, en exhortant les Corinthiens (I, 6, 9) : "Ne savez-vous pas que les injustes n'hériteront point le royaume de Dieu? Ne vous y trompez pas: ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les outrageux, ni les ravisseurs, n'hériteront le royaume de Dieu.…"
Et c'est là le coeur de la doctrine du péché mortel : si on se repent pas de ces péchés, on commet le blasphème contre l'Esprit Saint, le péché contre l'espérance, et on se damne.
Quelles sources fiables pourriez-vous me citer pour accréditer votre thèse selon laquelle "les Catholiques Orientaux ont une distinction" ? Je n'ai rien trouvé dans leurs catéchismes et canons.
La situation des Catholiques Orientaux par rapport à cette distinction est un peu celle de l'Occident avant le développement des concepts de péchés véniels et mortels : ils n'ont pas ces concepts mais ils les reconnaissent implicitement dans leurs pratiques. Les Orientaux s'abstiennent ainsi de l'eucharistie lorsqu'ils ont un péché grave sur la conscience. La différence principale est que les Orientaux sont moins binaires ; la gravité du péché est pour eux davantage un continuum qu'autre chose.
L'Occident, héritier du droit romain et de la scolastique, généralement aime bien des distinctions très précises et les catégories claires. La doctrine du péché mortel a essentiellement été développée pour désigner les péchés qui doivent absolument être confessés (même si la confession des péchés véniels est encouragée). Les Orientaux n'ont jamais ressenti ce besoin pastoral et donc invitent les fidèles à confesser leurs péchés sans chercher à savoir quelle est la limite du strict minimum.
Mais les Orientaux, et c'est là le point essentiel,
pensent qu'un chrétien peut se damner par ses péchés après son baptême. Or comme de toute évidence "oublier de se brosser les dents par négligence" ne damne personne, la question est de savoir à quel niveau de gravité est-ce que le péché damne.
Je n'ai pas d'avis tranché sur la doctrine selon laquelle l'Ecriture est inspirée. Elle est essentiellement le témoignage d'hommes qui relatent les faits auxquels ils sont assistés.
Je trouve ça plutôt intéressant et assez cohérent comme position. La plupart des textes de l'AT et du NT en effet ne s'authentifient pas comme des écriture inspirées.
En revanche, que la transposition par écrit d'événements survenus antérieurement soit inspirée de Dieu, cela mérite réflexion me semble-t-il. A moins que je n'aie pas saisi cette doctrine.
Vous remarquerez que la totalité des chrétiens de toute confessions l'ont toujours cru. Lorsque je parlais de votre "individualisme théologique"...