Tout d'abord, il faut comprendre ce que signifie la séparation des sexes dans la mentalité traditionnelle. L'Ancien Monde a certes assigné une place précise à la femme, et une place précise à l'homme ; la distribution des rôles était claire. Mais demandez-vous pourquoi il en était ainsi : quel était le sens de cette ségrégation ? Était-elle le fruit du hasard ? De la volonté dominatrice et machiste des hommes et du patriarcat ?
En réalité, l'Ancien Monde reconnaissait tout simplement la différence des sexes, ce que lé féminisme et le modernisme nient en bloc : ces derniers voudraient des hommes-femmes et des femmes-hommes, voire des hermaphrodites ou des personnes sans sexe. C'est une négation de la Réalité.
Quelle était réellement la place des femmes dans l'Ancien Monde ? Quel en était le sens symbolique et pratique ?
Croyez-vous qu'une mère de famille paysanne du moyen âge, par exemple, était beaucoup plus malheureuse qu'une femme d'aujourd'hui, célibataire et caissière dans un supermarché ?
Je n'ai pas la place ici pour détailler les arguments tendant à relativiser la prétendue oppression patriarcale, mais songez ne serait-ce qu'à ce phénomène extraordinaire du moyen âge européen, j'ai nommé l'amour courtois. Est-ce que c'est là le reflet d'une société misogyne et haineuse ? Vraiment ?
Bien dit.
Il importe de situer ces propos dans leur contexte, littéraire d'une part (on ne saurait faire d'exégèse sérieuse en isolant une citation du paragraphe, du chapitre et du livre auquel elle appartient) et historique d'autre part.
Excusez les approximations de la suite, par souci de simplification du propos.
Il fût un temps, disons jusqu'à 18ème siècle environ, où l'humanité vivait au sein de petites communautés auto-suffisantes, où tout le monde se connaissait. Dans ces sociétés dites "patriarcales", les hommes héritaient certes du pouvoir symbolique, mais il est désormais notoire que les femmes y disposaient d'un pouvoir réel très important. Les rôles des hommes et des femmes étaient pensés comme complémentaires, avec des activités et travaux réservées aux hommes et d'autres aux femmes, et il y régnait une égalité non pas de symétrie mais de dépendance mutuelle.
A cette époque on ne pensait pas en termes d'individus et de sociétés, mais plutôt de familles et de communautés. Ainsi si l'homme avait voix politiquement parlant, il représentait avant tout la voix de sa famille et non pas la sienne propre uniquement. C'est ainsi qu'on peut relativiser l'apparente exclusion des femmes dans les démocraties grecques par exemple.
Une autre illustration parlante est celle du mariage. On s'en fait traditionnellement l'image du jeune homme allant demander la main de sa future épouse au père de celle-ci, ce dernier consentant alors à la donner en mariage. La réalité est tout autre puisque ce sont les femmes du village qui décidaient et organisaient les alliances, et une fois que tout était convenu, il y avait une mise en scène rendant le pouvoir symbolique au chef de famille.
C'est à partir du 18ème siècle et les migrations vers les centres urbains que cela a changé, avec des hommes mettant en vente leur force de travail, et des femmes au foyer devenues dépendantes des revenues de leurs époux. Le capitalisme a eu un fort effet diluant sur les anciennes communautés, atomisant les individus, ne reconnaissant plus de genres - une notion qui ne l'intéresse pas - mais de la main oeuvre pour l'effort industriel. Cette dilution consommée, et les individus en mal de reconnaissance dans de gigantesques centres urbains aveugles et anonymes, le capitalisme proposait alors aux femmes comme moyen de reconnaissance l'accès au travail, le droit de vote, etc. Puis la consommation comme ostentation de son statut et vecteur de reconnaissance dans la société. Mais c'est une autre histoire.
On peut critiquer les organisations traditionnelles des anciens temps, mais gardons-nous de leur appliquer hâtivement un filtre moderne.