jovanni a écrit : ↑lun. 26 févr. 2018, 0:58
Bonjour!
Je trouve cela dommage de réduire le courant de pensée Nihiliste à une simple notion de "si je te tue tu m'en voudras pas du coup?". L’énonciation est fausse dans sa structure même: Comment en vouloir à quelqu'un qui nous a tué, si on est de toute façon mort?
elle n'est problématique que pragmatiquement, pas théoriquement: nous pensons à notre propre mort, sans que nous soyons morts.
Le fait de ne croire en aucune valeur n'implique pas de forcément se comporter comme si rien n'importait..... L'idée sous-jacente du nihilisme est concentré vers les concepts essentiels relatifs à la cosmologie et les questions existentielles en général.
Qu'on le veuille ou non notre quotidien sera jonché d'une infinité de jugement moraux, de valeurs, et de croyances divers et variées. Personne n'y échappe, pas même le plus nihilistes des nihilistes.
cdt,
C'est ce qui fait qu'un nihilisme est généralement sectoriel, eg. dans le domaine des jugements esthétiques certains disent que le beau et le laid n'existent pas, sont des notions vides.
Ce qui arrive souvent cependant, c'est que les limites du secteur sont problématiques: les raisons invoquées pour un secteur vont déborder logiquement vers un autre et des incohérences peuvent s'ensuivre, eg. un positiviste qui serait nihiliste en théologie naturelle parce que la physique ne dit rien là dessus, va s'apercevoir que la physique ne dit rien non plus en philo morale et va être obligé d'être aussi nihiliste moral (et la morale est nécessaire à l'édification de la physique).
Si un nihilisme est sectoriel, il est très difficile de justifier rigoureusement que en certains domaines on n'est pas du tout nihiliste, tandis que c'est le cas en d'autres.
Ensuite, un nihiliste volontariste (je neveux pas y penser) est généralement indéfendable par des raisons valides, parce qu'il tend à se situer en dehors de la validité elle-même. Il vaut mieux parler de relativisme ou subjectivisme que de nihilisme.
Anthony Franchini a écrit : ↑sam. 24 févr. 2018, 18:01
C'est dans les grandes lignes, la théorie du surhomme de Nietzsche. Que l'Homme accepte son absurdité pour développer des valeurs individuelles propres à chacun. C'est bien plus compliqué que ça, bien sûr, mais je résume.
Je crois au progrès en tant qu'émancipation de l'individu, oui.
-nietzsche était un psychopathe mort enfermé et il n'est pas clair que c'était sans rapport avec ses positions
-bien que l'interprétation soit complexe en raison de son manque de rigueur, le nietzschéisme souffre des problèmes de tous les relativismes généalogiques même modérés (dits perspectivismes): comme marx (classes sociales), freud (inconscient passionnel), il est obligé de se dire vrai en soi, ce qui est contraire à sa propre position, car les causes (généalogie) des discours sont extrarationnelles (passionnelles au sens classique). Il est assez piquant qu'avec un psychopathe il serait très facile de dire que la cause psychologique du discours nietzschéen c'est la psychopathologie et que donc sa valeur de vérité est nulle ou faible.
Bien sur pour Aristote et St Thomas cet argument serait sophistique (sophisme ad hominem) comme tout argument généalogique en matière démonstrative (cette restriction est importante; eg. Il est adultère donc son théorème de math.est faux),mais alors c'est tout le nietzschéisme qui tomberait par l'autre coté parce qu'il est lui même centré sur le généalogisme.
Autrement dit si le nietzschéisme est vrai il sape sa base de vérité en soi (d'ailleurs il attaque la notion de vérité);
Et s' il est faux, eh bien il est aussi non vrai...
Idem pour Marx et Freud, mais moins pour ce dernier.
Bref ce qu'on appele à juste titre la pensée du soupcon est obligée de se soupconner elle même.