Héraclius a écrit : ↑ven. 04 mai 2018, 11:48
D'une part je n'ai pas dit que les preuves cosmologiques prouvaient la foi catholique. Le théisme et la foi catholique se sont pas identiques, cela va de soi. La métaphysique nous amène à constater l'existence d'un être nécessaire, acte pur, intelligent et bon. De là on peut être Juif, Catholique, Musulman ou tout autre forme de monothéisme.
Oui la théologie naturelle (et avant elle Parménide et Empédocle) présente un argumentaire raisonnable et étayé qui conduit à présumer qu'il y a une volonté à l'origine d'un univers ordonné. Mais cela prouve juste que le concept d'une transcendance créatrice est raisonnable.
Donc c'est une démonstration du théisme parce que : la création d'un univers ordonné par une volonté transcendante est plus probable que l'ordre résultat du hasard.
Mais je conteste que cela prouve le monothéisme : cela ne prouve pas que Dieu (quelque soit ce que nous mettons derrière ce mot) est unique , cela prouve juste qu'il est (ce qui par ailleurs est dit dans la bible).
Par ailleurs, les monothéismes religieux que vous citez (juif, catho, musulman) admettent tous une entité maléfique (diable, satan, etc) qui passe son temps à embêter Dieu et à tourmenter les hommes : cela ne cadre pas bien avec la théologie naturelle. Et à mon opinion cela ne cadre pas non plus avec un monothéisme strict qui devrait envisager le mal comme nécessaire à l'ordre de l'univers.
D'autre part ces 3 monothéismes (et beaucoup de polythéismes) sont basés sur une ressemblance : "Dieu a crée l'homme à son image" qui induit un lien particulier entre Dieu et les hommes : la théologie naturelle a peu d'arguments pour étayer cette ressemblance et ce lien particulier, sauf l'argument postulé par Empédocle : le monde a été créé et se maintient par amour (par affinité harmonieuse et attraction) et cet amour du beau et du bien se retrouve (faiblement ?) chez l'humain.
Il existe, bien évidemment, des raisons d'être catho et non pas juifs, mais ces raisons ne sont pas démonstratives. Elles sont néamoins des evidences au sens ou les philosophes evidentialists de la tradition analytique comme Russel l'entendent.
Est-ce que ce sens est bien celui ci :
Person S is justified in believing proposition p at time t if and only if S’s evidence for p at t supports believing p.
Soit "une personne S est justifiée à croire une proposition p au temps t si et seulement si les preuves de S pour p à t soutiennent la croyance de p "
Si vous dites que les raisons d'élection d'une religion ne sont pas démonstratives, elles sont alors de l'ordre des sentiments, de l'intime conviction, de la confiance envers ceux qui ont enseignés cette croyance, et du bien que ça nous fait de croire : un ensemble de sentiments qui peuvent pour S être en français une évidence , mais ne sont pas une preuve (evidence en anglais).
Par exemple : j'ai l'intime conviction d'avoir entendu la voix de mon père quelques jours après sa mort : pour moi c'est un fait évident et une réalité ; mais ce n'est pas une preuve puisque je sais (au temps t) que cela peut être une hallucination auditive.
D'autre part c'est vous qui dites, sans jamais les avoir étudié en profondeur, que les preuves cosmologiques sont circulaires. L'existence de Dieu n'est dans les prémisses d'aucun argument cosmologique.
Les preuves cosmologiques ne sont pas circulaires, je n'ai pas lu Thomas d'Aquin, mais Parménide est déjà relativement clair : il y a un univers, il n'y a aucune raison logique qu'il y ait un univers plutôt que rien, mais il y a bien un univers, donc il y a forcément une raison logique mais qui est au delà de notre compréhension logique.
Cela a l'air circulaire mais c'est très étayé.
Donc Jovanni, vous n'avez pas raison : le raisonnement est celui d'un philosophe, pas forcément d'un croyant . La prémisse n'est pas Dieu mais l'affirmation de l'existence de l'univers avec la vie dedans : irréfutable
Et pour revenir à Russel : il ne nie pas l'existence de Dieu (ou du concept Dieu), il dit qu'il ne sait pas, et il nie la possibilité pour des religions d'avoir une connaissance détaillée de Dieu : ce qui n'est pas si éloigné que ça de la religion catholique, qui insiste assez souvent sur le
mystère de la divinité.
Donc l'analogie de la théière est peut être impertinente, mal reçue à ce titre par des croyants, mais elle n'est pas "bizarre" ni stupide. L'analogie et le raisonnement qui en découle sont légitimes : il me semble que ce que Russell nie c'est la possibilité d'une révélation, d'un dévoilement du mystère à quelques élus. Et cela est hors du champ de la théologie naturelle.