Cinci a écrit : ↑ven. 01 juin 2018, 17:16
Le fait d'associer à l'idée de "meilleur" celle de "plus brutal", celle d'un être "sans scrupule devant imposer sa volonté, assurer sa survie en écrasant littéralement la concurrence, détruisant physiquement les autres". Le racialisme est une première chose, la brutalité criminelle une autre. Or le nazisme combinait les deux !
Observez une meute de loups. Le mâle alpha assure sa survie (et le privilège de disposer des femelles) en écrasant la concurrence. C'est donc en effet ainsi qu'on désigne les meilleurs dans le règne animal.
La survie individuelle importe peu en vérité. Ce qui compte c'est la survie des gènes, donc de l'espèce.
C'est aussi ce que pensait Hitler.
Le darwinisme postule seulement, comme un fait d'observation, qu'il y aurait survie des organismes les mieux adaptés. Le maître-mot est "adaptation". Or l'adaptation ne rime pas forcément ou nécessairement avec "force brutale" ou "obligation d'étrangler son adversaire dans un combat au finish avant que ce dernier n'ait le temps de vous assassiner dans votre sommeil".
Vous confondez ici plusieurs notions.
Dans le règne animal, si un mammouth ne s'adapte pas au changement climatique, en changeant son alimentation par exemple, il disparaît en tant qu'espèce.
De même pour les civilisations humaines : les Indiens d'Amérique, contrairement aux Japonais, ont été incapables de s'adapter à la modernité occidentale. Ils ont péri comme les mammouths laineux.
S'adapter signifie donc, pour les hommes, s'aligner sur la civilisation détentrice de la plus grande puissance de feu. C'est ce qu'ont fait les Japonais entre le XIXe siècle et 1945. C'est ce que n'ont pas fait les Indiens d'Amérique.
En politique, tout comme dans une meute de loups, la force brutale est effectivement la
seule et unique raison qui fait de pays comme les États-Unis, la Chine ou la Russie des grandes puissances. Si ces pays disposaient non pas de leurs armées surpuissantes, mais de forces équivalentes à celles du Zimbabwe, ils seraient stratégiquement aussi importants que le Zimbabwe.
Dans la nature, avec l'adaptation, on trouve la collaboration, la symbiose, l'équilibre des profitabilités, une forme d'entraide naturelle si l'on peut dire. L'adaptation chez les singes implique aussi une certaine sociabilité qui met en place des mécanismes pour juguler l'agressivité, pour régler les conflits afin de faire le moins de victimes possibles.
Bien entendu. Et après ? Les nazis aussi connaissaient
une certaine sociabilité qui met en place des mécanismes pour juguler l'agressivité, pour régler les conflits afin de faire le moins de victimes possibles. Mais cela ne valait qu'à l'intérieur du clan (= de l'Allemagne nazie). En Russie, les chimpanzés allemands étaient tout de suite moins sociables.
Le déséquilibre dans la nature c'est justement lorsqu'un prédateur réussirait à faire place nette de ses concurrents, si une famille de lions d'Afrique parvenait trop bien à dévorer tous les zèbres, après être parvenu aussi à faire disparaître tous les hyènes, guépards, etc. Le super lion serait un monstre plus qu'autre chose. Le nazisme lui-même pourrait être associé à une monstruosité. Ce n'est rien de naturel en soi.
L'idée de Hitler n'était pas de faire disparaître les autres races humaines. Il semblerait même que la décision du génocide des Juifs n'ait été prise qu'au plus fort de la guerre, en 1942, au moment où se faisaient sentir les premières difficultés. Hitler ne l'a peut-être pas préméditée. Il fut même question, au début, de déporter les Juifs allemands à Madagascar.
Quoi qu'il en soit, la Shoah est liée au délire monomaniaque d'Hitler, qui, comme le remarque avec beaucoup de justesse Apatride, revêt une signification symbolique extraordinaire.
Mais ce n'était pas le sort qu'il réservait aux autres peuples d'Europe. Pour reprendre votre exemple, il souhaitait en quelque sorte que les zèbres et les gazelles soient les esclaves des lions allemands. Il ne souhaitait pas leur disparition. Il ne voulait pas exterminer les Français ou les Italiens, mais les soumettre.
Exactement comme un gorille à dos argenté domine ses rivaux.