Lucifer était parfait au sens ou sa nature était parfaite. C'est dans l'ordre de la surnature qu'il a chuté.S'ils ont choisi de se rebeller ils n'ont rien de "parfait" dans ce cas. La liberté de choix n'est en rien une excuse dans la mesure où dans leur perspective de pensée parfaite ils n'aurait même pas pensé à se rebeller de leur père bien aimé.
Je sais pas si vous réalisez ce qu'implique le concept de perfection.
D'autant que si la perfection implique la liberté, de toute façon, elle implique la possibilité de la chute. La peccabilité est nécessaire chez une créature rationnelle capable de liberté et d'amour. Dieu lui-même ne peut pas créer une créature moralement infaillible. Ce serait comme lui demander de créer des triangles carrés.
Deux choses ;-Maintenant même scénario, sauf que, avant même que vous ayez le temps de sauver le pauvre enfant de votre plein gré, un homme riche et influent surgit et vous somme d'y aller en vous proposant de réaliser tous vos rêves, que ce soit jouer dans le prochain star wars ou n'importe quoi. Mais dans le cas contraire, si vous refusez de sauver l'enfant, il vous fera briser les genoux par des lascars à son service. Ça ne change rien au fait que vous alliez sauver le gosse, pourtant, je sais pas vous mais moi je dirai pas non à un rôle dans le prochain star wars, de plus je tiens à mes genoux voyez-vous... Maintenant que pensez-vous de cette action? Eh bien j'avais une occasion en or de gagner plein d'argent et d'être célèbre, de surcroît en sauvant un enfant! Mais voilà, dans le deuxième exemple, quoi qu'il en soit vous agissez par intérêt, pour ne pas vous faire péter les genoux et pour devenir riche et célèbre. Peut être que vous auriez plongé pour sauver l'enfant sans hésiter dans tout les cas, mais après la proposition du milliardaire de vous rendre célèbre riche et de laisser vos genoux tranquille: oui je ne peux pas m’empêcher de penser aux enjeux quand je sauve l'enfant. Je n'y peut rien la menace et la récompense sont juste trop grandes pour que je puisse en faire abstraction. Du coup je ne peut pas dire que je ne pensais qu'à mon devoir au moment de sauver cet enfant, ce serait malhonnête. Mais du coup quel est le rapport avec la religion me diriez vous! C'est pas compliqué: avec la religion on est dans un scénario qui correspond plus à au deuxième scénario qu'au premier. Sauf qu'à la place du milliardaire il y a Dieu qui vous promet encore mieux: le bonheur éternel dans le royaume de dieu si vous agissez comme il faut, et sinon ce sera une éternité de souffrance en enfer. J'espère que vous comprenez mieux le parallèle maintenant.
- Un, personnelement je trouve que si, si l'homme dont nous parlons est prêt à sauver l'enfant avant la promesse d'une récompense - punition, alors on peut dire qu'il agit de façon désinteressée, en ce que son motif principal et décisif est la charité. Dans la vie normale, hors des exemples simplifiés, nous avons milles motifs différents derrière chaque action. Des bon, des mauvais, des indifférents. Ce qui importe, c'est que la charité soit suffidamment grande pour être décisive.
- Deux, quand on parle de Dieu il faut bien voir que même si la promesse, en gros, que la charité mène au Ciel, est belle et bien là, il n'en demeure pas moins que cette charité reste décrite comme désinteressé. Si bien que savoir qu'il existe une promesse ne change rien à voir à la demande d'une charité authentique. C'est en ce sens que Sainte Thérèse d'Avila - qui au demeurant disait qu'elle aimerait parfois que l'on ôte aux hommes la promesse du Ciel et de l'Enfer pour qu'ils aiment Dieu pour lui-même - distingue (avec toute la théologie catholique derrière elle) deux types de crainte de Dieu. La première est la crainte servile, qui n'est en effet pas "désinteressée". Cette peur de Dieu comme rétributeur n'est pas mauvaise en soi, mais c'est une crainte qui n'est pas suffisante. En second lieu, il y a la crainte filiale, qui craint Dieu en tant qu'elle craint d'offenser quelqu'un d'infiniement digne d'amour. Donc si vous voulez, c'est tout le parcours de la vie chrétienne d'atteindre une certaine forme de désinteressement, d'amour de Dieu pour lui-même. Il s'agit de désirer le ciel comme lieu de l'amour absolu, comme communion avec Dieu et le prochain, bien avant de l'aimer comme lieu de la béatitude.
Mais des phrases comme "l'intention qui compte" procède d'une mentalité chrétienne bi-millénaire qui effectivement, value l'amour pour lui-même en tant que fin et non en tant que moyen.Donc dans le premier cas quand il n'y pas de milliardaire pour me proposer toutes ces choses on est d'accord pour dire que mon action est belle elle noble elle est vraiment morale. Tandis que dans le second cas on voit seulement un type qui agis en fonction de ses intérêts, et ça ne donne pas vraiment l'impression qu'il a agit moralement. Pourtant l'action dans les deux cas est bien exactement la même. Sauver l'enfant était la bonne chose à faire dans tous les cas. Ce qui change c'est l'intention avec laquelle j'agis. Dans le deuxième scénario j'en tire de grands bénéfices à sauver cet enfant et je me sauve les genoux, il est clair que ça pèse dans la balance et que ça participe à mon intention de le sauver. Tandis que dans le premier scénario je n'ai aucun intérêt à le sauver ce gosse, ce qui rend mon action bonne par nature car rien ne m’obligeait à le faire. Pour savoir si une action est vraiment bonne, il fait regarder avec quel intention on a agit, ces deux choses sont indissociables. Ce n'est pas pour rien que la phrase "c'est l'intention qui compte" est entrée dans les mœurs, quand, par exemple, quelqu'un vous fait un cadeau pas terrible.
Le propre des Saints est justement de dépasser largement la considération du paradis comme un lieu de récompense et l'enfer comme un lieu de rétribution. Non pas que la béatitude du paradis soit quelque chose de sale, mais elle est conséquence de la nature du Paradis - la communion d'amour absolu avec Dieu et le prochain. C'est en ce sens que Paul dit parfois qu'il aimerait être damné si cela pouvait sauver d'autres hommes.Au quotidien pour un chrétien c'est un peu comme si ce milliardaire était là tout le temps et au moment de tous vos choix, constamment en train de vous rappeler ce qu'il vous fera si vous n'agissait mal ou bien. Bien entendu que le milliardaire/Dieu influe sur nos décisions, les enjeux sont justes trop gros pour être ignorés.
En fait, faire une bonne action quand on est catholique c'est comme faire un placement ultra rentable, par exemple quand vous donnez de l'argent à un sans abri, "Dieu vous le rendra", même le pape nous dit que:
Au fond que y avait-il de si sublime dans les actions des saints si ceux-ci étaient sûr que tout leur serait rendu en centuple plus tard et mieux encore que leur place au paradis était assurée par le patron himself. Ce n'est rien de plus qu'un calcule égoïste, un peu de souffrance terrestre pour une éternité de bonheur.
Encore une fois, c'est la théologie chrétienne elle-même qui vous donne raison, en subordonnant la crainte servile à la crainte d'amour. C'est cette dernière qui est vraiment charité, qui vraiment nous donne le Ciel. Faire le bien par calcul économique n'est certainement pas compté comme un exemple de charité véritable par l'Eglise.
Dieu vous bénisse,
Héraclius -