La doctrine de l'enfer éternel est-elle supportable aujourd'hui ?
Publié : lun. 31 juil. 2017, 17:03
Bonjour,
je vois une longue discussion ici sur la doctrine de l'enfer. Il me semble très logique que cette question soit discutée aujourd'hui, car c'est en partie à cause de l'incompréhension de cette doctrine que beaucoup se sont détourné de la foi : ils ne veulent pas d'un Dieu "juge" et ne comprennent pas qu'un Dieu d'amour puisse condamner à l'enfer éternel. On peut retourner la question dans tous les sens, elle se pose et est légitime.
Je ne vais pas nier ici le caractère scriptural ET catholique de la doctrine de l'enfer éternel. Elle est professée par le Catéchisme et par l'église catholique - mais moins par l'église orthodoxe, notons-le.
Cette discussion se basait essentiellement sur les Ecritures, mais n'abordait pas deux points fondamentaux :
Point 1 : selon les "standards moraux" contemporains, une doctrine comme celle de l'enfer éternel est-elle encore acceptable ?
Point 2 : ceux qui professent la doctrine de l'enfer éternel y croient-ils vraiment, en assumant totalement cette doctrine ? Si c'était le cas, ne serait-ce pas visible d'une façon bien plus évidente ?
Le point 1 est l'évolution des standards moraux en Occident. Le sociologue Raymond Boudon note une véritable évolution morale : on est passé de l'usage de la torture dans la Justice à l'usage des châtiments corporels puis à leur abolition. Notre vision des châtiments et de la douleur acceptable a changé. Nous critiquons l'idée de "couper la main des voleurs" et la lapidation chez d'autres religions. Nous avons aboli la peine de mort.
Dans un tel contexte moral, il nous paraît encore plus choquant que Dieu puisse laisser dans un enfer éternel (ou intemporel) des êtres sensibles. On pourrait comprendre que Dieu annihile ces êtres, pas qu'Il les laisse souffrir éternellement. Imaginez Auschwitz continué éternellement. Est-ce que Dieu le permettrait ? Sommes-nous meilleurs que Dieu avec nos standards moraux ? Est-il "pire" que nous ? C'est vide de sens.
Actuellement beaucoup d'efforts sont faits par des protestants pour concevoir ce qu'ils appellent l'annihilationisme, une vision de Dieu qui par la "seconde mort" annihile les mauvais.
Le second point a été soulevé par Colas D. dans ses messages. Il a prétendu que le Pape François "ne pouvait pas croire en l'enfer sinon il en parlerait constamment". Cet argument me semble intéressant non pas à propos du Pape, mais à propos des chrétiens de base plutôt. Qui croit REELLEMENT à l'enfer ? Qui est comme Pascal méditant sur l'enfer éternel, et voyant sa vie à l'aune d'un tel enjeu ? Si les chrétiens étaient vraiment pénétrés de cette possibilité de l'enfer éternel, pour eux mais surtout pour tous ceux qui les entourent, leurs proches, leurs amis, leurs frères et soeurs, leurs voisins, ils seraient brûlants de convertir tout le monde, sans cesse et par tous les moyens ! Or la tiédeur des chrétiens, à part des exceptions comme les saints ou le Père Hamel, est visible. U chrétien tiède est un chrétien qui ne croit plus en l'enfer, ou y croit seulement intellectuellement, sans réaliser qu'il s'agit de sauver ses prochains de façon urgente...
Donc il est évident que la plupart des chrétiens ne croient plus en l'enfer... Peut être parce que cette doctrine est im-pensable, quasiment insupportable, une chose qui nous dépasse tellement en horreur que l'on veut tout faire pour s'en détourner et s'en distraire au sens pascalien ? Mais une doctrine aussi inimiginable est-elle vraie ? Est-ce possible ?
je vois une longue discussion ici sur la doctrine de l'enfer. Il me semble très logique que cette question soit discutée aujourd'hui, car c'est en partie à cause de l'incompréhension de cette doctrine que beaucoup se sont détourné de la foi : ils ne veulent pas d'un Dieu "juge" et ne comprennent pas qu'un Dieu d'amour puisse condamner à l'enfer éternel. On peut retourner la question dans tous les sens, elle se pose et est légitime.
Je ne vais pas nier ici le caractère scriptural ET catholique de la doctrine de l'enfer éternel. Elle est professée par le Catéchisme et par l'église catholique - mais moins par l'église orthodoxe, notons-le.
Cette discussion se basait essentiellement sur les Ecritures, mais n'abordait pas deux points fondamentaux :
Point 1 : selon les "standards moraux" contemporains, une doctrine comme celle de l'enfer éternel est-elle encore acceptable ?
Point 2 : ceux qui professent la doctrine de l'enfer éternel y croient-ils vraiment, en assumant totalement cette doctrine ? Si c'était le cas, ne serait-ce pas visible d'une façon bien plus évidente ?
Le point 1 est l'évolution des standards moraux en Occident. Le sociologue Raymond Boudon note une véritable évolution morale : on est passé de l'usage de la torture dans la Justice à l'usage des châtiments corporels puis à leur abolition. Notre vision des châtiments et de la douleur acceptable a changé. Nous critiquons l'idée de "couper la main des voleurs" et la lapidation chez d'autres religions. Nous avons aboli la peine de mort.
Dans un tel contexte moral, il nous paraît encore plus choquant que Dieu puisse laisser dans un enfer éternel (ou intemporel) des êtres sensibles. On pourrait comprendre que Dieu annihile ces êtres, pas qu'Il les laisse souffrir éternellement. Imaginez Auschwitz continué éternellement. Est-ce que Dieu le permettrait ? Sommes-nous meilleurs que Dieu avec nos standards moraux ? Est-il "pire" que nous ? C'est vide de sens.
Actuellement beaucoup d'efforts sont faits par des protestants pour concevoir ce qu'ils appellent l'annihilationisme, une vision de Dieu qui par la "seconde mort" annihile les mauvais.
Le second point a été soulevé par Colas D. dans ses messages. Il a prétendu que le Pape François "ne pouvait pas croire en l'enfer sinon il en parlerait constamment". Cet argument me semble intéressant non pas à propos du Pape, mais à propos des chrétiens de base plutôt. Qui croit REELLEMENT à l'enfer ? Qui est comme Pascal méditant sur l'enfer éternel, et voyant sa vie à l'aune d'un tel enjeu ? Si les chrétiens étaient vraiment pénétrés de cette possibilité de l'enfer éternel, pour eux mais surtout pour tous ceux qui les entourent, leurs proches, leurs amis, leurs frères et soeurs, leurs voisins, ils seraient brûlants de convertir tout le monde, sans cesse et par tous les moyens ! Or la tiédeur des chrétiens, à part des exceptions comme les saints ou le Père Hamel, est visible. U chrétien tiède est un chrétien qui ne croit plus en l'enfer, ou y croit seulement intellectuellement, sans réaliser qu'il s'agit de sauver ses prochains de façon urgente...
Donc il est évident que la plupart des chrétiens ne croient plus en l'enfer... Peut être parce que cette doctrine est im-pensable, quasiment insupportable, une chose qui nous dépasse tellement en horreur que l'on veut tout faire pour s'en détourner et s'en distraire au sens pascalien ? Mais une doctrine aussi inimiginable est-elle vraie ? Est-ce possible ?