Jean 6 et la Cène

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Re: Jean 6 et la Cène

Message non lu par Héraclius » jeu. 27 juil. 2017, 19:18

Cher Gérard,
Non je n’ai pas encore compris, voire même j’ai peur de comprendre. Quelqu’un a dit : quand il y a du flou, il y a un loup. Cela dit je vais prendre le temps d’examiner votre texte. Je plains les francophones qui n’auront pas accès à la conception catholique du salut.
Vous pouvez pas vous empêcher de faire des petites piques continuelles, hein ? :p

Je vous ait mis ce texte parce qu'il est exhaustif et met en parallèle les théologies catholiques et réformées.

Sinon ce qui est beau avec le catholicisme c'est que tout est écrit dans un joli catéchisme : http://www.vatican.va/archive/FRA0013/__P6S.HTM

G : Rendez-moi service en me disant en quoi je ne réponds pas à vos arguments
H : Vous ne les relevez pas. Par exemple, je vous ai, entre autre, montré que l'idée que "consommer le corps et le sang" ne pouvait pas être une métaphore parce que l'expression existait déjà et signifiait "persécuter-haïr". De même, vous n'expliquez pas l'absence de réponse du christ face aux juifs qui interprètent littéralement ses propos. comme condition du salut ?
Sur le premier point, je n’ai rien compris. Où l’expression existait-elle déjà ? D’où vient l’interprétation que vous en faites, et comment se rattache t’elle à notre propos ? A noter que ce n’est pas consommer, mais manger.

Sur le deuxième point, la réponse du Christ est aux versets 62 et 63. Le verset 62 laisse entrevoir la croix. Au verset 63, Jésus explique qu’il ne fallait pas prendre dans un sens matériel ce qu’il venait de dire
Nous avons abondamment abordé ce verset dans nos dialogues, et mes interlocuteurs catholiques se sont défilés lorsque je les ai poussés dans leurs retranchements.

Quels sont les autres versets ?
Romains 6, 4 ?
Galates 3, 27 ?
Colossiens 2, 12 ?
H : Citez moi un Père ou un théologien des 15 premiers siècles qui ait enseigné cela.
Les pères de l’Eglise ne sont pas pour moi des références indiscutables, à la différence de la Parole.
Je sais bien. Mais le fait est que tous les premiers chrétiens, ceux des trois premiers siècles, qui parlent du baptême, l'évoquent comme un sacrement régénératif.

Je sais bien qu'il n'ont pas d'autorité pour vous, mais cela ne vous étonne jamais de voir que sur des matières aussi graves les chrétiens, dans leur totalité et dès la mort du dernier apôtre, aient si gravement erré jusqu'à ce qu'un zurichois du 16ème siècle découvre le pot aux roses ?
G : "Les discussions sur la signification du terme «eau» ont été nombreuses. Nous pensons qu’elle doit être trouvée dans les images de l’Ancien Testament qui viennent d’être rappelées : «l’eau pure» d’Ézéchiel, «l’eau de purification» et «l’eau de séparation» du livre des Nombres. Elles nous parlent de la mort de Christ, non dans sa valeur pour Dieu, mais dans son action sur l’homme. C’est la Parole de Dieu qui apporte à l’âme la mort de Christ dans son pouvoir séparateur et purificateur.
H : Mais toutes ces figures sont des figures... Du baptême !

C’est un dialogue de sourds.
Je sais pas ; mais c'est ce que je crois. On pourrait parler des eaux de la mer rouge, qui sont la figure du baptême dans la grande histoire Christique de la libération du peuple de Dieu de son esclavage.
le baptême EST la nouvelle naissance.
En désaccord total sur ce point.
Evidemment.
G : Une confirmation supplémentaire se trouve en Éphésiens 5:26, où l’eau et la Parole apparaissent comme étant identiques.
H : Mais qu'est ce que cette distorsion du texte ? "Afin de la sanctifier par la parole, après l'avoir purifiée par le baptême d'eau" ; les deux opération sont distinctes
C’est votre version qui distord le texte. Elle est fausse et orientée, je l’espère de manière non intentionnelle. La Parole est l’eau par laquelle Jésus purifie l’Assemblée.
J'utilise la Louis Segond, je crois pas qu'on puisse l'accuser d'avoir un biais catholique.


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''Christus Iesus, cum in forma Dei esset, non rapínam arbitrátus est esse se æquálem Deo, sed semetípsum exinanívit formam servi accípiens, in similitúdinem hóminum factus ; et hábitu invéntus ut homo, humiliávit semetípsum factus oboediens usque ad mortem, mortem autem crucis. Propter quod et Deus illum exaltávit et donávit illi nomen, quod est super omne nomen, ut in nómine Iesu omne genu flectátur cæléstium et terréstrium et infernórum.'' (Epître de Saint Paul aux Philippiens, 2, 7-10)

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Re: Jean 6 et la Cène

Message non lu par gerardh » jeu. 27 juil. 2017, 22:02

_____

Hello Héraclius,

Il me faudra un petit délai pour lire le texte indiqué et répondre à votre dernier message.

A bientôt

________

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Re: Jean 6 et la Cène

Message non lu par Teano » ven. 28 juil. 2017, 19:04

gerardh a écrit :
mer. 26 juil. 2017, 18:42

Hello Fée,

S’agissant de Paul je me suis borné à dire que (...) 2°) qu’il avait eu la révélation particulière, depuis le chemin de Damas, de l’Eglise considérée comme étant le corps du Christ. Il a ensuite enseigné cette vérité aux autres chrétiens au premier rang desquels les apôtres. Auparavant cette vérité n'avait pas été révélée.

_________
Bonjour gerardh,

Non, je suis désolée gerardh, mais rien dans l'Ecriture n'accrédite que Paul aurait eu une révélation particulière de l'Eglise comme le corps du Christ. Paul a développé cet aspect de la foi chrétienne, oui mais comme faisant partie intégrante de celle-ci.

Le Christ s'est révélé à Paul avec un "programme" précis : être l'apôtre des nations et être uni aux souffrances du Christ (Actes 9, 15-16) En 2 Cor 12,1-6, Paul sans se nommer directement, fait état de visions et de révélations du Seigneur, sans pour autant en préciser le contenu.

Vous vous obstinez dans la confusion entre la circonstance accidentelle de l'ampleur de l'activité épistolaire de Paul liée à l'intensité de son apostolat et la nature de son apostolat. La circonstance de l'explication du contenu de la foi chrétienne devient révélation particulière. L'étendue de la doctrine de Paul devient un privilège divin accordé à lui seul.

Une confusion reste une confusion. La vôtre tient au caractère désincarné et a-historique de votre conviction : vous perdez systématiquement de vue que les chrétiens et les apôtres ont vécu dans un temps et des circonstances précises, dont il faut tenir compte pour une saine approche de l'Ecriture. Votre lecture, détachée de la réalité dont l'Ecriture est imprégnée, ne peut vous amener qu'à tirer de fausses conclusions.
Ma triste impression est que beaucoup ne réalisent pas ce que c'est de posséder la vie (éternelle) en eux.
Ma triste impression est que pour vous, la vie éternelle fonctionne comme un livret A.


Dans la joie de Marie,

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Re: Jean 6 et la Cène

Message non lu par Teano » ven. 28 juil. 2017, 19:21

gerardh a écrit :
mer. 26 juil. 2017, 19:09
_______

Bonsoir,

Sur le sujet principal du fil de discussion, voici quelques autres développements que j'ai puisés et adaptés à partir du site Bibliquest, et avec lesquels je suis en plein accord :

Manger Sa chair et boire Son sang signifie d’abord croire en Son œuvre et en sa mort sur la croix, s’approprier par la foi qu’Il est mort pour nous et pour nos péchés. Ceci, nous le faisons une fois. Les verbes manger aux v. 50, 51, 53 et boire au v. 53 sont à la forme verbale aoriste qui indique une action ponctuelle, unique.
_____________
Bonsoir gerardh,

Est-ce que vous faites toujours référence à Jean 6, 50, 51 et 53 ?

Voici le texte grec qui correspond, nous y reviendrons :

οὗτός ἐστιν ὁ ἄρτος ὁ ἐκ τοῦ οὐρανοῦ καταβαίνων, ἵνα τις ἐξ αὐτοῦ φάγῃ καὶ μὴ ἀποθάνῃ. 51ἐγώ εἰμι ὁ ἄρτος ὁ ζῶν ὁ ἐκ τοῦ οὐρανοῦ καταβάς· ἐάν τις φάγῃ ἐκ τούτου τοῦ ἄρτου ζήσει εἰς τὸν αἰῶνα, καὶ ὁ ἄρτος δὲ ὃν ἐγὼ δώσω ἡ σάρξ μού ἐστιν ὑπὲρ τῆς τοῦ κόσμου ζωῆς.
 52Ἐμάχοντο οὖν πρὸς ἀλλήλους οἱ Ἰουδαῖοι λέγοντες· πῶς δύναται οὗτος ἡμῖν δοῦναι τὴν σάρκα [αὐτοῦ] φαγεῖν; 53εἶπεν οὖν αὐτοῖς ὁ Ἰησοῦς· ἀμὴν ἀμὴν λέγω ὑμῖν, ἐὰν μὴ φάγητε τὴν σάρκα τοῦ υἱοῦ τοῦ ἀνθρώπου καὶ πίητε αὐτοῦ τὸ αἷμα, οὐκ ἔχετε ζωὴν ἐν ἑαυτοῖς.


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Re: Jean 6 et la Cène

Message non lu par TREBLA » sam. 29 juil. 2017, 0:28

Cher gerardh,

Merci pour vos contributions.
gerardh a écrit :
mer. 26 juil. 2017, 19:09
_______
(Gerardh - mer. 26 juil. 2017)
Sur le sujet principal du fil de discussion, voici quelques autres développements que j'ai puisés et adaptés à partir du site Bibliquest, et avec lesquels je suis en plein accord :

Manger Sa chair et boire Son sang signifie d’abord croire en Son œuvre et en sa mort sur la croix, s’approprier par la foi qu’Il est mort pour nous et pour nos péchés. Ceci, nous le faisons une fois. Les verbes manger aux v. 50, 51, 53 et boire au v. 53 sont à la forme verbale aoriste qui indique une action ponctuelle, unique. Par la foi en Celui qui est mort, nous avons reçu la vie éternelle ; et celle-ci, qui a son siège éternel dans la personne de Christ, le Fils de Dieu, est devenue notre vie, et nous l’avons en nous-mêmes. Il est solennel que celui qui ne croit pas, n’a pas la vie (v. 53 ; 1 Jean 5:11, 12, 20).
Vous écrivez que les
verbes manger aux v. 50, 51, 53 et boire au v. 53 sont à la forme verbale aoriste qui indique une action ponctuelle, unique.
L'aspect particulier d'une action unique et ponctuelle correspond souvent à la forme verbale aoriste.
Néanmoins, cela ne s'applique pas aux versets cités.
L'aoriste peut aussi servir à marquer un fait général et répétitif.
En français, on emploie typiquement le présent pour exprimer un tel fait.
EXEMPLE : La Terre tourne autour du Soleil.
Jn 6, 53. Jésus leur dit: "En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez ( aoriste ) la chair du Fils de l'homme, et ne buvez ( aoriste ) son sang, vous n'avez point la vie en vous-mêmes.
Il ne s'agit pas d'une « action ponctuelle, unique. »

Veuillez comparer :
Mt 6, 14 Car si vous remettez ( aoriste ) aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous remettra aussi (les
vôtres).
Mt 6, 15 Mais si vous ne remettez ( aoriste ) pas (les leurs) aux hommes, votre Père ne pardonnera pas non
plus vos offenses.
Il ne s'agit pas non plus d'une « action ponctuelle, unique. »

Que le Seigneur vous bénisse.

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Re: Jean 6 et la Cène

Message non lu par Teano » sam. 29 juil. 2017, 10:37

Bonjour gerard et TREBLA,

Merci TREBLA de votre précision !

Voici ce que je trouve dans mon "Nouveau testament interlinéaire grec-français", page 1238 :

"Le plus souvent le grec ne note pas l'antériorité relative dans le passé par un temps spécifique tel que le plus-que-parfait français. C'est alors l'aoriste qui exprime une antériorité qui se déduit du contexte. (...)
Aux modes subjonctif, optatif, impératif et infinitif, l'aoriste ou le présent expriment une manière de considérer l'action (aspect) et non une valeur temporelle.
Il est parfois difficile de rendre en français la nuance qui peut être exprimée entre l'aoriste (action considérée dans sa globalité, comme un tout) et le présent (action considérée sans son déroulement)"

Dans le verset qui nous occupe "φάγῃ" est la 3 personne du singulier, aoriste, subjonctif, voix active du verbe εσθιω.

Ici, un lien très intéressant avec les occurrences du verbe dans le Bible grecque :

http://perseus.uchicago.edu/cgi-bin/phi ... 6:5:66.LSJ

Désolée, gerardh, mais quand vous écrivez :
verbes manger aux v. 50, 51, 53 et boire au v. 53 sont à la forme verbale aoriste qui indique une action ponctuelle, unique.
C'est inexact et irrecevable. Cher gerardh, manifestement l'eau que vous apportez à votre moulin est de mauvaise qualité. Allez-vous continuer à en boire ?


Dans la joie de Marie,

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Re: Jean 6 et la Cène

Message non lu par Teano » sam. 29 juil. 2017, 12:30

gerardh a écrit :
jeu. 27 juil. 2017, 18:11
________

Au verset 63, Jésus explique qu’il ne fallait pas prendre dans un sens matériel ce qu’il venait de dire

Absolument pas, gerardh, vous montrez là encore les limites étroites de votre approche du texte et vous n'hésitez pas à faire du Christ quelqu'un qui reviendrait sur sa parole.

Voici le verset :

C'est l'esprit qui vivifie ; la chair ne sert de rien, les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie


Je crois que ce verset doit être rapproché de Jean 1, 14 : "et le Verbe s'est fait chair"

Dans le texte grec, le mot traduit par chair est σαρξ (sarx) qui désigne la chair de l'homme et des animaux, mais aussi la chair comme aliment.

C'est une chair inanimée qui a besoin d'être insufflée par l'Esprit de Dieu pour devenir véritablement vivante, comme le Logos est venu animer notre chair humaine, comme le pain devient vraie chair du Christ.

Dans la joie de Marie,

Teano
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Re: Jean 6 et la Cène

Message non lu par gerardh » lun. 31 juil. 2017, 10:18

_____

Bonjour à tous,

Vous me donnez un texte important et long à consulter, et me faites de multiples objections. J'en tiendrai compte mais je suis relativement pris en ce moment. Je n'oublie rien, j'examinerai et je répondrai, mais j'ai besoin d'un peu de temps.

A bientôt.

Gérard

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Re: Jean 6 et la Cène

Message non lu par gerardh » mar. 01 août 2017, 21:42

_____

Bonjour Héraclius,

J’ai lu le texte (de Sproul je crois) que vous m’avez indiqué sur le thème affiché par lui de la justification vue en parallèle par les catholiques et les « protestants ». Je n’ai pas regardé sinon en diagonales les divers commentaires annexes, difficile à suivre pour qui ne connaît pas les intervenants. L’auteur, qui apparaît très indulgent, envers les catholiques, me semble être un protestant « classique » du genre luthérien ou calviniste. Il expédie en un court paragraphe le point de vue évangélique (qui en la circonstance, sous réserve de vérification, est proche du mien). Il n’aborde pas certaines questions qui fâchent comme le culte des saints… mais il traite de la question du purgatoire. Ses vues sur le baptême se rapprochent beaucoup des vues catholiques. Le baptême selon ces vues effacerait les péchés précédents voire le péché originel. Je suis totalement opposé à cette doctrine.

Sur la justification, je suis étonné que, sauf erreur l’auteur n’aborde pas la question de « l’accord » officiel qu’il y a aurait eu sur le sujet, en 1997 je crois, entre catholiques et luthériens. Cet accord relativiserait beaucoup le point de vue catholique classique de la justification par la foi et les œuvres, en se rapprochant du point de vue protestant de la justification par la foi seule. L’audace de ce texte avait semble-t-il un peu ému le Vatican, puisqu’un cardinal avait cru bon de le relativiser en éditant un « texte explicatif » précisant bien le rôle que pouvait avoir pour le chrétien ses « mérites ». J’avais beaucoup apprécié cet accord, sauf sur la question de l’effet du baptême, que j’ai indiqué plus haut.

Je note d’après Sproul que pour les protestants, la justification du chrétien est acquise, tandis que pour les catholiques, elle est en cours (comme si elle pouvait être remise en question en cas de défaillances). Pourtant la Parole me semble claire :

Romains 3, 26 : Dieu est juste en justifiant celui qui est de la foi de Jésus

Romains 5, 1 : Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre seigneur Jésus Christ

Romains 8, 29-30 : ceux qu’il a préconnus, il les a aussi prédestinés à être conformes à l’image de son Fils, pour qu’il soit premier-né entre plusieurs frères. Et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; et ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés.

1 Cor 6, 11b : vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du seigneur Jésus, et par l’Esprit de notre Dieu.

_____

Au total Sproul apparaît bien intellectualisant et désincarné. Il ne traite pas de la transformation visible du chrétien lorsqu’il se convertit et devient scellé du saint Esprit. Pour le chrétien en effet, il y a un avant et un après indéniables avec un après merveilleux et béni, et cela ne se ressent pas dans le document.


______

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Re: Jean 6 et la Cène

Message non lu par gerardh » mar. 01 août 2017, 22:19

__

Hello Héraclius,

Vous m’avez indiqué des versets qui traitent du baptême.

Romains 6 : « Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés pour le christ Jésus, nous avons été baptisés pour sa mort ? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême, pour la mort, afin que comme Christ a été ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père, ainsi nous aussi nous marchions en nouveauté de vie. Car si nous avons été identifiés avec lui dans la ressemblance de sa mort, nous le serons donc aussi [dans la ressemblance] de [sa] résurrection ». Le baptême est donc un symbole de mort : celui du Christ et celui de notre mort avec le Christ

Galates 3, 27 : « car vous tous qui avez été baptisés pour Christ, vous avez revêtus Christ ». Il s’agit ici d’un changement de position extérieure.

Colossiens 2, 12 : « étant ensevelis avec [le Christ] dans le baptême ». C’est une allusion dans l’AT aux douze pierres recouvertes par la Jourdain, types de la mort du Christ.

Vous auriez aussi pu me citer un verset plus dur à expliquer : 1 Pierre 3, 20b-21 : « huit personnes, furent sauvées à travers l’eau ; or cet antitype vous sauve aussi maintenant, [c’est-à-dire] le baptême, non le dépouillement de la saleté de la chair, mais la demande à Dieu d’une bonne conscience, par la résurrection de Jésus Christ ». Nous pourrions en reparler.

G : Une confirmation supplémentaire se trouve en Éphésiens 5:26, où l’eau et la Parole apparaissent comme étant identiques.
H : Mais qu'est ce que cette distorsion du texte ? "Afin de la sanctifier par la parole, après l'avoir purifiée par le baptême d'eau" ; les deux opérations sont distinctes
G : C’est votre version qui distord le texte. Elle est fausse et orientée, je l’espère de manière non intentionnelle. La Parole est l’eau par laquelle Jésus purifie l’Assemblée.
H : J'utilise la Louis Segond, je crois pas qu'on puisse l'accuser d'avoir un biais catholique.
J’ai regardé deux différentes éditions Segond :

Nouvelle édition de Genève : afin de la sanctifier en la purifiant et en la lavant par l'eau de la parole

Segond 21 : après l'avoir purifiée et lavée par l'eau de la parole

Peut-être avez-vous une autre édition Segond, qui, elle, serait fautive.

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Re: Jean 6 et la Cène

Message non lu par gerardh » mer. 02 août 2017, 10:15

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Bonjour Teano, vous écrivez :
Non, je suis désolée gerardh, mais rien dans l'Ecriture n'accrédite que Paul aurait eu une révélation particulière de l'Eglise comme le corps du Christ. Paul a développé cet aspect de la foi chrétienne, oui mais comme faisant partie intégrante de celle-ci.
Je ne doute pas que cet aspect important de la foi chrétienne, lequel n'a été révélé qu'après la formation de l'Eglise en Actes 2, ait été présenté par tous les apôtres, docteurs, prophètes et évangélistes. Mais en ce qui concerne les écrits du NT, vous remarquerez que seul Paul en traite dans les épîtres. C'était donc un sujet extrêmement important pour lui. Il en avait pris conscience dès son chemin de Damas, lorsque la voix lui fut adressée : "Je suis Jésus que tu persécutes". Pourtant ce n'est pas Jésus lui-même qu'il persécutait mais les chrétiens. Cela signifiait que persécuter les chrétiens c'était équivalent à persécuter Jésus, dont ils formaient un seul corps, Jésus en étant la tête (en français ancien le chef) glorifiée dans le ciel.

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Re: Jean 6 et la Cène

Message non lu par gerardh » mer. 02 août 2017, 10:28

_________

Bonjour Teano, vous écrivez :
Est-ce que vous faites toujours référence à Jean 6, 50, 51 et 53 ?

Voici le texte grec qui correspond, nous y reviendrons :

οὗτός ἐστιν ὁ ἄρτος ὁ ἐκ τοῦ οὐρανοῦ καταβαίνων, ἵνα τις ἐξ αὐτοῦ φάγῃ καὶ μὴ ἀποθάνῃ. 51ἐγώ εἰμι ὁ ἄρτος ὁ ζῶν ὁ ἐκ τοῦ οὐρανοῦ καταβάς· ἐάν τις φάγῃ ἐκ τούτου τοῦ ἄρτου ζήσει εἰς τὸν αἰῶνα, καὶ ὁ ἄρτος δὲ ὃν ἐγὼ δώσω ἡ σάρξ μού ἐστιν ὑπὲρ τῆς τοῦ κόσμου ζωῆς.
 52Ἐμάχοντο οὖν πρὸς ἀλλήλους οἱ Ἰουδαῖοι λέγοντες· πῶς δύναται οὗτος ἡμῖν δοῦναι τὴν σάρκα [αὐτοῦ] φαγεῖν; 53εἶπεν οὖν αὐτοῖς ὁ Ἰησοῦς· ἀμὴν ἀμὴν λέγω ὑμῖν, ἐὰν μὴ φάγητε τὴν σάρκα τοῦ υἱοῦ τοῦ ἀνθρώπου καὶ πίητε αὐτοῦ τὸ αἷμα, οὐκ ἔχετε ζωὴν ἐν ἑαυτοῖς.
Aussi et peut-être surtout le verset 54, ou le verbe rendu ici par manger signifie se nourrir plutôt que consommer. C'est assimiler la valeur de la mort de Jésus, indiquée par la séparation de la chair et du sang. A noter que le passage fait mention de la chair, alors que pour la cène, Jésus mentionne son corps, ce qui n'est pas la même chose.

Pour le reste je ne lis pas le grec. Voici le matériau spirituel que j'ai à ma disposition dans ma version Darby (mais il y a aussi d'autres bonnes versions, tant protestantes que catholiques) : 51 Moi, je suis le pain vivant qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; or le pain aussi que moi je donnerai, c’est ma chair, laquelle moi je donnerai pour la vie du monde.
52 Les Juifs disputaient donc entre eux, disant : Comment celui-ci peut-il nous donner sa chair à manger ?
53 Jésus donc leur dit : En vérité, en vérité, je vous dis : Si vous ne mangez la chair du fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’avez pas la vie en vous-mêmes.
54 Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai au dernier jour.

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Re: Jean 6 et la Cène

Message non lu par gerardh » mer. 02 août 2017, 10:54

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Bonjour TREBLA et teano,

Par la phrase "verbes manger aux v. 50, 51, 53 et boire au v. 53 sont à la forme verbale aoriste qui indique une action ponctuelle, unique", empruntée à un autre (qui n'était pas un helléniste débutant), j'ai lancé une discussion que je ne suis pas compétent pour soutenir. L'auteur que j'ai cité parle d'une forme verbale aoriste, puisque Jésus s'exprimait verbalement. Cela correspond à la définition rappelée par TREBLA : "aspect particulier d'une action unique et ponctuelle". TREBLA pense que ce sens "ne s'applique pas aux versets cités. L'aoriste pouvant aussi servir à marquer un fait général et répétitif". Néanmoins il n'apporte pas la justification de sa lecture.

Teano, helléniste débutante (j'aimerais pourtant en être à son niveau), apporte des précisions qui ne me paraissent pas absolument convaincantes.

J'ai demandé à Madame Wikipedia de m'apporter son éclairage : L’aoriste (du grec ἀόριστος / aóristos, « non limité ») est un temps et un aspect que l'on retrouve dans certaines langues ... Au départ, l'aoriste ne dénotait aucune valeur temporelle mais un aspect dit « zéro » (ou « perfectif »), c'est-à-dire que le procès verbal (l'« action ») est représenté sans référence à sa durée. Il s'oppose donc directement à l'imperfectif (présent et imparfait) et, en grec ancien, au statique, qui présente le procès comme le résultat présent d'une action passée (thèmes de parfait et de plus-que-parfait). L'aoriste, cependant, en est venu à prendre une valeur temporelle accomplie (passé), ce qui se constate bien en grec ancien, où c'est le cas au mode indicatif seulement.

A mon niveau, je ne peux pas en dire plus, sinon que je confirme ma position, sans avoir la prétention de pouvoir arbitrer absolument le thème.

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Re: Jean 6 et la Cène

Message non lu par gerardh » mer. 02 août 2017, 11:03

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Hello Teano, notre discussion :
Gérard : au verset 63, Jésus explique qu’il ne fallait pas prendre dans un sens matériel ce qu’il venait de dire
Teano : Absolument pas, gerardh, vous montrez là encore les limites étroites de votre approche du texte et vous n'hésitez pas à faire du Christ quelqu'un qui reviendrait sur sa parole.
Votre jugement est bien sévère, alors que la chose est évidente, tant dans le fond que dans la forme. Le Christ ne revient pas sur sa parole mais explicite sa parabole (comme il le fait souvent ailleurs).

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Re: Jean 6 et la Cène

Message non lu par Teano » mer. 02 août 2017, 18:22

gerardh a écrit :
mer. 02 août 2017, 11:03
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Hello Teano, notre discussion :
Gérard : au verset 63, Jésus explique qu’il ne fallait pas prendre dans un sens matériel ce qu’il venait de dire
Teano : Absolument pas, gerardh, vous montrez là encore les limites étroites de votre approche du texte et vous n'hésitez pas à faire du Christ quelqu'un qui reviendrait sur sa parole.
Votre jugement est bien sévère, alors que la chose est évidente, tant dans le fond que dans la forme. Le Christ ne revient pas sur sa parole mais explicite sa parabole (comme il le fait souvent ailleurs).

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Bonjour gerardh,

En effet, il n'est pas rare que le Christ explique à ses apôtres une parabole qu'il a exposée en public. En l'espèce, c'est plutôt l'inverse : les disciples ont bien compris ce que Jésus vient de dire et qualifient ses paroles de dures, difficiles à entendre (certes...). Jésus ne clarifie pas son enseignement et certainement pas pour dire qu'il fallait prendre ses paroles au figuré. Je crois plutôt qu'il en confirme la portée absolument capitale : l'eucharistie est la source de la vie nouvelle.

"Cela vous choque ?" Jean 6, 61

Dans la joie de Marie,

Teano
"« Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, sainte Mère de Dieu. Ne repousse pas nos prières quand nous sommes dans l’épreuve, mais de tous les dangers, délivre-nous, Vierge glorieuse et bénie »"


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