Les postulats de départ que nous partageons tous sont les suivants :
- Le ramadan est une pratique musulmane clairement définie par chaque école de l'Islam.
- Le ramadan s'inscrit dans le cadre du culte musulman.
- La religion catholique est la Vraie religion révélée.
- L'Islam est une religion erronée.
Je crois que pour répondre en vérité à cette question,
il y a 2 questions :
1. Pour savoir si un chrétien peut, ou pas, pratiquer le ramadan, il faut au préalable répondre à la question qui est de savoir si les chrétiens et les musulmans ont le même Dieu ou pas.
2. S'ils ont le même Dieu, alors la question peut faire débat, mais il faut alors répondre à la question qui est celle des motivations légitimes qui pourraient justifier qu'un catholique se joigne au culte d'une religion erronée plutôt qu'à celui de la Vraie religion ;
S'ils n'ont pas le même Dieu, alors évidemment il est tout à fait proscrit de s'associer d'une manière ou d'une autre à ce culte (ou de laisser entendre qu'on n'a une certaine sympathie pour ce culte) : ce serait rendre un culte à une idole, ce qui est évidemment à éviter.
On ne peut pas répondre en vérité à la question soulevée dans ce sujet si on ne répond pas aux question 1 et 2, qui sont d'ailleurs venues naturellement dans la conversation. Je vais répondre à ces deux questions par la suite.
1. Chrétiens-musulmans ont-ils le même Dieu ?
- Pour les chrétiens, la nature essentielle de Dieu est la Trinité : Dieu unique en 3 personnes distinctes : Père, Fils et Saint-Esprit. Dieu s'est incarné en la personne du Fils, Jésus-Christ : cet élément est le point central de notre Foi : l'Incarnation qui nous révèle la nature de l'agir de Dieu : Sa miséricorde.
- Pour les musulmans, Dieu n'est composé que d'une seule personne. La notion de Trinité (qu'ils appellent "association") est absolument condamnée et rejetée, tout comme l'Incarnation.
Il y a donc opposition formelle entre la nature
essentielle et
agissante de Dieu : le Dieu des musulmans n'
est pas notre Dieu, et il n'
agit pas du tout comme notre Dieu.
Il en résulte que fondamentalement, nous n'avons donc pas le même Dieu.
Le fait que nous partagions ensemble certains attributs divins (unicité, immortalité, etc.) ne signifie pas que nous avons le même Dieu pour autant : les satanistes adorent Satan, qui est unique, et immortel également... pour autant nous n'avons pas le même Dieu.
2. Un catholique peut-il légitimement participer au culte d'une religion erronée ?
L'objet du culte est d'honorer Dieu.
Lorsqu'une religion pratique un culte, et vise à honorer le dieu qu'elle vénère.
Si la religion en question adore le même Dieu que nous (en général c'est le cas des autres religions dites
chrétiennes) : on pourrait assister au culte d'une autre religion, mais :
- on doit éviter d'y participer si un culte catholique est disponible à la place ;
- cette participation ne vaudrait pas un culte catholique (on ne peut pas par exemple remplacer l'obligation de la messe dominicale par un culte protestant, même s'il n'y a pas d'autre messe catholique disponible).
Si la religion en question n'adore pas le même Dieu que nous (c'est le cas de l'Islam, cf. question 1.), il est évident qu'il faut absolument éviter de participer à tout culte qui honorerait un autre dieu que Dieu : cf. premier commandement : "Tu n'auras d'autre dieu que Moi".
Un chrétien ne saurait donc participer à un culte musulman.
Il reste une possibilité, qui permettrait d'éviter de répondre aux deux questions posées par la problématique (est-ce profitable de ne pas y répondre ?) qui consiste à rester dans l'orthodoxie catholique : le catholicisme propose une pratique proche du ramadan, qui est
le jeûne.
- Principe : le jeûne consiste à réduire fortement son alimentation pendant une période donnée.
- Durée : 1 jour, 3 jours, 40 jours... le Carême est une pratique du jeûne qui précède Pâques durant 40 jours).
- Contrainte alimentaire: Autrefois, le jeûne consistait en 1 repas au pain et à l'eau, à midi. Par la suite, les règles ont été plus laxes, est on est passé à 1 repas sans viande ni poisson (exemple : pâtes ou riz) et sans condiments (sauce...). On tolère parfois une "collation" le soir (pain, ou soupe) en plus. Les femmes enceintes, les enfants et les vieillards ne sont pas soumis au jeûne. On ne jeûne pas le dimanche.
Vous pourriez envisager de jeûner sur la période pendant laquelle votre mari fait le ramadan, mais cela pose une nouvelle question :
3. Est-ce profitable d'accompagner votre compagnon lors du ramadan, par une pratique catholique qui s'en rapproche (jeûne) ?
Etant donné la réponse à la question 1, à savoir que le ramadan est un culte voué à un autre dieu que Dieu (= idole), il en résulte que la charité vous recommanderait en principe de ne pas encourager votre compagnon dans ce mauvais culte.
Or, l'accompagner dans une démarche similaire serait très vraisemblablement interprété par votre compagnon comme une approbation voire certainement un encouragement dans sa pratique (elle m'accompagne : elle est donc d'accord sur le fond) : ce qui serait dommageable car cela le conforterait dans ses convictions.
En tant que chrétienne vous avez le devoir de lui annoncer l'Evangile, or comment l'annoncer par une attitude ambiguë qui consisterait à le rejoindre sur la forme, sans en partager le fond ?
En union de prière