Merci Cécile. En effet, je crois aussi à cette très riche"spécificité" orthodoxe qui remonte directement au Pères du désert.salésienne05 a écrit : Je ne vais pas paraître très "catholique" mais si la Russie ne reste pas orthodoxe, elle perd une partie de son âme... Fraternellement.
Cécile
La prière du coeur ou de Jésus, joyau de la spiritualité orthodoxe, plonge ses racines dans la tradition hésychaste qui est née chez les Pères du désert du Proche-Orient dans les IVe et Ve siècles.
L'hésychia, mot grec signifiant paix, calme, silence, quiétude, est un véritable art de vivre dans lequel la prière du coeur a une place centrale. Cette prière consiste à invoquer le plus fréquemment possible le nom de Jésus. Elle trouve son origine dans la profession de foi de Pierre (Mt 16,15) et de Marthe (Jn 11,27), et dans la prière du publicain (Lc 18,13):
Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur.
La prière du coeur peut mener aux sommets de la vie spirituelle
comme en témoignent des saints russes des XIXe et XXe siècles:
Séraphim de Sarov, Théophane le Reclus, Silouane l'Athonite. Le coeur, c'est l'intérieur de la
personne, son essence spirituelle; c'est la descente de l'intelligence dans le
coeur. La méditation hésychaste, transmise de père spirituel à disciple,
conjugue contrôle du souffle et invocation de Jésus. L'âme ainsi apaisée
s'ouvre à l'illumination de l'esprit par l'inhabitation mystique du Saint Esprit.
L'hésychaste peut aussi recevoir le don de la prière pure, de la prière
contemplative, où la présence de Dieu l'enveloppe tout entier. Par la grâce
divine, sa prière peut devenir permanente, selon l'exhortation de l'Apôtre
Paul: Priez sans cesse (1 Th 5,17). La tradition orhodoxe recommande que
la pratique de la prière de Jésus soit accompagnée d'une ascèse sincère,
d'une conversion profonde, ce que les Pères appellent la métanoĩa.
À la différence du mantra des religions orientales, la répétition du Nom de
Jésus n'est pas seulement un moyen de concentration de l'esprit pour en
arriver à un dépassement de soi, mais une véritable prière, un appel à Jésus
Sauveur. L'invocation de Jésus peut se faire partout. Pour certains, la prière
sera un rappel à un moment précis de la journée, à toutes les heures par
exemple, où on dira l'invocation. Peu à peu, le souvenir de Dieu deviendra
continuel.
Toutefois, le temps fort consacré à la méditation hésychaste est
irremplaçable et il est bon d'y être initié par une personne expérimentée.
Cette méditation vise à ce que le méditant en arrive à prendre conscience de
la présence aimante et transformante de Dieu en soi et dans tous les êtres
créés. Son âme est déposée nue devant Dieu dans la paix de l'adoration.
Elle devient oblation sainte et vivante (Rm 12,1) avec Jésus Grand Prêtre qui
s'offre, et est remplie de la joyeuse lumière du Christ ressuscité, comme le
chante une hymne ancienne de la liturgie orthodoxe. Elle voit tout être créé,
le cosmos et les personnes, comme pénétrés de la présence divine et les
retourne à Dieu dans un geste d'offrande.
La Theotokos, Mère de Dieu, est le prototype de la prière du coeur.
La présence divine a habité son coeur à tel point que Jésus s'est fait chair en elle.
http://www.reclusesmiss.org/mb/priere/p ... _coeur.pdf