Cgs a écrit :Il me semble que si l'Eglise n'a plus de pasteur suprême, elle n'est plus guidée sur le plan humain. Comment dès lors conserver la foi ? Le fait que l'Esprit Saint assiste l'Eglise en permanence a quand même besoin d'un support et le fait que l'Eglise ait un chef spirituel visible, vicaire du Christ, en est un. Or, si l'idolâtrie du pape est condamnable, réduire l'importance de son rôle l'est tout autant.
Donc à mon sens, si on suppose que la vacance longue du trône de Pierre ne pose pas vraiment de problème, cela signifie que le pape n'est pas vraiment nécessaire à l'Eglise. Du coup, comment comprendre le fait que Jésus veuille garder la foi du pape intacte pour préserver son Eglise ? Ceci n'a plus trop de sens.
En résumé, avoir un pape me semble nécessaire à l'Eglise. Si on considère qu'à un moment donné, il n'y a plus de pape et que cela n'affecte pas l'Eglise, on néglige le rôle particulier du vicaire du Christ.
Cette idée de survie de l'Eglise sans pasteur suprême me semble assez étrange. C'est typiquement un argument utilisé par les schismatiques pour justifier leurs actions. De plus, cela coupe de la succession apostolique et l'histoire nous montre les fruits que cela donne de se couper de la racine catholique de la foi (je pense aux protestants et, dans une moindre mesure aux autres chrétiens séparés de Rome).
Bonjour.
Si l'on regarde les Eglises orthodoxes de diverses obédiences (aussi bien celles en communion avec Constantinople que les Eglises dites "monophysites" et l'Eglise assyrienne, plus discrète), on se rend compte justement que l'absence de pape ne les a pas empêché de garder la foi catholique, et ce parfois de façon plus convaincante que l'Eglise romaine avec ses divers courants aberrants qu'elle n'arrive plus à maîtriser (progressisme desséché, charismatisme excessif, etc...) et l'oubli délibéré de ses traditions (liturgique en particulier).
Dans le cas de l'Eglise assyrienne, elle a même su s'éloigner de l'hérésie nestorienne toute seule comme une grande grâce à Babaï le Grand, 2 siècles environ après sa séparation des autres Eglises.
Par ailleurs ces Eglises ont bel et bien conservé la succession apostolique, qui ne dépend nullement du pape, mais de la transmission sacramentelle de l'autorité d'évêque à évêque.
En revanche, le manque d'unité de ces Eglises est perceptible (il n'y a qu'à voir les difficultés de la préparation grand synode "pan-orthodoxe" prévu pour cette année) et on peut dire qu'elles fonctionnent essentiellement comme des Eglises autocéphales. Dans le cas de la communion de Constantinople, l'unité autour de ce dernier siège a dû peu à peu laisser la place à des autocéphalies nationales. De ce fait, aujourd'hui dans les diasporas orthodoxes en Occident, on trouve des chapelles nationales fréquentées majoritairement par des fidèles d'une même origine. Cela affaiblit certainement ces Eglises, surtout dans leur dimension missionaire. Mais avons-nous, nous catholiques romains, tant de leçons à leur donner quand on voit l'effondrement de la pratique chez les catholiques?
Par ailleurs, si on se penche sur l'histoire ancienne de l'Eglise, si la primauté de l'Eglise de Rome (et pas seulement de son évêque) a toujours été évidente, d'autres primautés locales l'ont été aussi, en particulier celles des autres sièges apostoliques. Avant l'époque impériale, on retrouve plus une primauté des sièges fondés par les Apôtres (Rome étant le plus prestigieux) qu'une monarchie papale telle que Rome l'a conçue au 2e millénaire.
Bref, que l'Eglise puisse être sans pape un certain temps, d'accord. Qu'elle survive en attendant un autre pape, pourquoi pas, à condition que la succession apostolique ne soit pas rompue. Mais que l'Eglise vive une situation chronique sans pape en survivant et en gardant la foi intacte me semble au contraire utopique. Si tel est le cas, cela signifiera que la parousie sera imminente, car l'Eglise ne peut errer dans la foi.
L'Eglise (en tant qu'institution visible) peut errer dans la foi, simplement elle s'éloignera (ce faisant) de la véritable Eglise de Jésus-Christ qui subsistera dans les fidèles et le clergé restés fidèles à la foi catholique révélée. Mais je vous rejoins, si c'est toute la hiérarchie de l'Eglise catholique romaine (donc la plus grande, de loin, des Eglises chrétiennes) qui erre, et non pas une Eglise locale, c'est une situation qui ne peut sans doute pas durer très longtemps puisque, même en présence d'Eglises séparées restées fidèles à la foi catholique, la visibilité essentielle de l'Eglise en serait durablement affectée.
Mais bon, quand un pape, en guise de voeux de Nouvel An, proclame dans une vidéo officielle (avec les armes du Vatican et tout...) que la seule certitude est que nous sommes (quelle que soit notre religion) tous enfants de Dieu, et que Jésus-Christ est relégué dans la dite vidéo au rang des accessoires facultatifs au même titre que le chandelier à 7 branches des juifs ou le Bouddha, et ce dans la plus grande indifférence des autres évêques qui ont mission de défendre la Foi, est-on vraiment loin de l'Apostasie? Notre Eglise professe-t-elle encore vraiment comme Pierre que "je crois que tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant?"
Notre Eglise catholique et romaine ne tend-elle pas à vouloir se transformer depuis quelque temps en une super-religion mondiale et universelle, sans dogme et centrée sur un personnage charismatique, plutôt que comme l'Eglise gardant fidèlement la Révélation de Jésus-Christ et le témoignage et l'enseignement des Apôtres? Et cette transformation n'émane-t-elle pas en grande partie du Vatican et des textes, discours et actions publiques de la papauté? (Le discours à l'ONU de 1965, Assise, etc...)
On peut toujours se voiler la face à coup de contorsions jésuitiques, se donner bonne conscience en affirmant que tel ou tel texte objectivement scandaleux "ne fait pas partie du Magistère infaillible"... Les faits sont là.
On pense ce qu'on veut des divers mouvements issus du "traditionalisme". Je leur trouve quand même un certain nombre de défauts, et ils ne sont pas non plus les seuls dans l'Eglise à s'efforcer tant bien que mal de conduire les fidèles vers la vie éternelle (pour prendre un exemple, je n'ai pas constaté que les prêtres de la Communauté de l'Emmanuel prêchent autre chose). Mais disons que la défiance vis-à-vis des évolutions récentes de Rome, qui caractérise à la base ce mouvement, protège au moins de l'adhésion inconsidérée à toute cette folie du "dialogue" et de l'interreligieux qui n'est ni plus ni moins que de l'apostasie.
Soit dit en passant, on peut en dire autant de l'Orthodoxie, à ceci près que leur défiance vis-à-vis de ce qui vient de Rome remonte à nettement plus loin. Je ne suis pas sûr qu'ils aient toujours eu tort.
In Xto,
archi.