Cher Yukutsu,
À mon sens, c'est une erreur. Il me semble que la "Loi" à laquelle Jésus fait référence n'est justement pas l'Ancien Testament, ou en tout cas, pas celui qu'on connait actuellement.
D'une, Jésus écartait de la Loi les traditions humaines des pharisiens, traditions qu'il qualifie de "préceptes humains". La chose est d'importance. Les pharisiens sont les héritiers des juifs pieux (hassidim) qui se sont soulevés et ont combattu les Séleucides aux côté des premiers Asmonéens avant de se retourner contre leurs successeurs jugés corrompus. Après des conflits civils sanglants, le pouvoir royal juif transigea et accepta que des pharisiens siégeassent à parité avec les saducéens au Sanhédrin. Imbus de leurs doctrines, les pharisiens les prétendaient descendre d'une tradition orale remontant aux sages institués dès l'époque de Moïse. La tradition pharisaïque s'épanouira dans les Talmuds, ces monuments de l'ultra racisme juif.
De deux, du point de vue paulinien qui triompha dans l'Eglise, Jésus a abrogé certains préceptes la Loi pour en substituer d'autres. Les nouveaux préceptes ont trait à l'institution de l'Eglise et aux sacrements. Les préceptes abrogés sont ceux ayant trait à la spécificité juive (circoncision, interdits alimentaires, stricte séparation légale du juif et du goy...). Les judeo-chrétiens stricto sensu, savoir ceux de l'obédience de Jacques le majeur, pensaient tout au contraire que nul ne pouvait être chrétien s'il ne devenait d'abord juif. Mais même admis l'opinion paulinienne, le christianisme reste un judaïsme : un judaïsme amendé, un judaïsme non particulariste mais universaliste : un judéo-christianisme (lato sensu). D'où l'opposition paulinienne de l'Israël de la chair et de l'Israël de Dieu, assimilant les sectes juives anti-chrétiennes à Edom (personnification des puissances hostiles au judaïsme). Bref, les sectes chrétiennes sont et ne sont que des sectes juives antagonistes à d'autres.
Il est désormais admis que la Loi juive a d'abord été transmise oralement avant d'avoir été mise par écrit lors de l'exil à Babylone par des prêtres lévites au Ve siècle avant Jésus.
Partiellement exact.
Si l'on part de ce principe, alors il apparaît clairement que l'Ancien Testament a été falsifié, ce qui explique ses incohérences.
Disons qu'ils ont rajouté des textes, modifié ceux déjà existant, y introduisant des développements théologiques. Mais en tant que les traditions surajoutées sont contenues dans l'AT, les chrétiens orthodoxes les considèrent comme inspirées et révélées.
Comment peut-on croire que Dieu demande l'amour universel entre les Hommes, pour aboutir à un Moïse qui trucide les enfants Égyptiens, avec son dieu génocidaire ? ll y ici, à mon sens, une marque assez limpide de falsification. Les prêtres lévites n'ont pu dégager totalement la véritable Loi qui appelait à l'amour universel, mais il l'ont accolé de leurs propres délires racistes et puritains, l'Ancien Testament prévoyant des sanctions aberrantes pour des infractions stupides, la religion juive étant par essence totalitaire.
Les théologiens catholiques médiévaux se sont penchés sur cette question, et tous ont admis que Dieu a commandé l'extermination de peuples entiers... Car si le christianisme est religion d'amour, il s'agit d'amour de Dieu (et du prochain par amour de Dieu) : le christianisme est un théocentrisme. Voyez par exemple Thomas d'Aquin, Docteur de l'Eglise :
- [+] Texte masqué
- 1/ La haine du mal découle de l’amour du bien : Ia IIæ Q.29.
« De même que tout être se trouve en consonance ou harmonie naturelle avec ce qui lui convient -ce qui est l’amour naturel-, de même, à l’égard de ce qui s’oppose à lui et le détruit, tout être manifeste une dissonance naturelle, qui est haine naturelle. Ainsi donc, dans l’appétit animal ou dans l’appétit intellectuel, l’amour est une espèce de consonance de l’appétit avec ce qui est saisi comme lui convenant ; la haine, au contraire, est une sorte de dissonance à l’égard de ce qui est perçu comme opposant et nuisible. Or tout ce qui convient, en tant que tel, a raison de bien ; pareillement, tout ce qui s’oppose, en tant que tel, à raison de mal. Par conséquent, de même que le bien est l’objet de l’amour, ainsi le mal est l’objet de la haine. » (Ia IIæ Q.29 a.1).
« L'amour, avons nous dit à l'article précédent, consiste en une certaine convenance de l'aimant à l'aimé, et la haine en une sorte d'opposition ou de dissonance. Or, en toutes choses, il faut considérer ce qui s'accorde avant de considérer ce qui oppose ; car si une chose s'oppose à une autre, c'est parce qu'elle est de nature à détruire ou empêcher ce qui s'accorde. Il s'en suit nécessairement que l'amour précède la haine et que rien ne peut être objet de haine sinon parce qu'il est contraire au bien que l'on aime. C'est ainsi que toute haine est causée par l'amour ». (Ia IIæ Q.29 a.2).
« L'amour et la haine sont contraires quant ils portent sur le même objet. Mais quant ils sont sur des objets contraires, ils ne sont plus contraires, ils sont corrélatifs et s'engendrent l'un l'autre : aimer une chose et haïr son contraire relèvent d'un même principe. Ainsi l'amour d'une chose cause la haine de son contraire. » (Ia IIæ Q.29 a.2 sol.2).
2/ De la haine du mal à la haine du méchant :
a/ La haine pour le péché :
« L'amour est dû à notre prochain selon ce qu'il a de Dieu, c'est à dire selon la nature et la grâce. Mais l'amour ne lui est pas dû selon ce qu'il a par lui même et par le diable, à savoir le péché et le défaut de justice. Et ainsi il est permis de haïr dans notre frère le péché et tout ce qui un manquement à la justice divine. C’est pourquoi il est permis de haïr chez son frère le péché et tout ce qui est manquement à la justice divine, mais on ne peut haïr sans péché la nature et la grâce de son frère. Haïr chez son frère le péché et le défaut de bien, cela relève de l'amour du prochain : c'est pour la même raison que nous lui voulons du bien et que nous haïssons son mal. » (IIa IIæ Q.34 a.3 ).
b/ La haine pour le pécheur :
« Dans les pécheurs on peut considérer deux choses : la nature et la faute. Par leur nature, qu'ils tiennent de Dieu, ils sont capables de la béatitude, sur la communication de laquelle est fondée la charité, nous l'avons dit. Mais leur faute est contraire à Dieu, et elle est un obstacle à la béatitude. Aussi, selon leur faute qui les oppose à Dieu, ils méritent d'être haïs, quels qu'ils soient, fussent-ils père, mère ou proches, comme on le voit en saint Luc (XIV 26). Car nous devons haïr les pécheurs en tant qu'ils sont tels, et les aimer en tant qu'ils sont des hommes capables de la béatitude. C'est là véritablement les aimer de charité, à cause de Dieu. » (IIa IIæ Q.25 a.6).
« Le prophète haïssait les impies, en tant qu’impies, en détestant leur iniquité, qui est leur mal. C’est la haine parfaite dont il dit (Ps. CXXXIX 22) : ''Je les haïssais d’une haine parfaite''. Or, détester le mal d’un être et aimer son bien ont une même motivation. Aussi cette haine parfaite t’elle de la charité ». (IIa IIæ Q.25 a.6 sol.1).
Pour ce qui est des actes génocidaires, les théologiens médiévaux les justifièrent par le raisonnement suivant : les habitants des villes de Canaan étaient des idolâtres, vouées aux peines éternelles de dam et de sens ; puis donc Dieu est le maître du monde, et que tout sur Terre lui appartient, il était libre de transférer l'usufruit de la Terre aux israélites, comme il était libre d'imposer aux idolâtres la peine temporelle de l'extermination. Pas très politiquement correct, j'en conviens.
Quand donc les talmudiques disent que seul le juif est un homme (le goy étant réputé par eux un animal à figure d'homme), et que l'ensemble des richesses de la Terre revient de droit aux seuls juifs, ils ne font que durcir une thèse vétérotestamentaire. Paul de Tarse, qui connaissait bien ces doctrines, concluait des juifs qu'ils sont les ennemis du genre humain... Toujours pas politiquement correct...
Aussi, ce que Jésus est venu faire, c'était bien rétablir la véritable Loi avant que celle-ci ne soit pervertie par les membres de la tribu de Juda. C'est du moins ce que je ressens et ce que mes différentes lectures sur le sujet m'amènent à penser. Mais j'aimerais l'avis de chrétiens qui respectent pieusement l'Ancien Testament de contredire ce que je viens d'écrire. À moins d'y voir une falsification, je ne peux pas expliquer le caractère profondément violent de cet ouvrage.
Ce qui revient à rejeter l'AT. Ce que faisait Marcion,un hérésiarque condamné par l'Eglise...