Bonjour,
Voici un petit résumé de ce que Dawkins dit dans les deux premières parties du chapitre 7 :
L'Ancien Testament et
Le Nouveau Testament vaut-il mieux ?. Ça n'a pas vocation à être exhaustif : j'ai relevé ce qui m'intéressait le plus et je suis sûre que d'autres feraient beaucoup mieux.
Dans ce chapitre, le but de Dawkins est de montrer que très peu de gens, même parmi les croyants, tirent leurs principes moraux et leurs règles de vie de l’Écriture (= de la Bible), et qu'il serait d'ailleurs dangereux de le faire. Pour lui, la Bible ne comporte pas que des mauvaises choses, mais forme un ensemble disparate et bizarre, souvent modifié au cours des siècles, dont les auteurs sont le plus souvent inconnus et qui ne peut prétendre être fiable.
L'Ancien Testament
Bizarrement, Dawkins écrit des choses que je ne serais pas étonnée de retrouver sous la plume de certains catholiques ici. Il s'en prend notamment à un certain « relativisme » (ce n'est pas le mot) qui permet aux chrétiens de picorer à leur guise dans l'AT : « on choisit à sa convenance les fragments de l'écriture qu'il faut croire, et ceux qu'il faut laisser de côté en tant que symboles ou allégories. Ce choix est une affaire de décision personnelle [et donc] une morale au petit bonheur. » (p. 301). Cette idée est reprise un peu plus loin, à la page 308 : « ce que j'essaie de dire pour l'instant, c'est qu'en fait nous ne prenons pas nos principes moraux dans l'écriture. Ou si c'est le cas, que nous y sélectionnons les passages sympathiques et que nous rejetons ceux qui sont déplaisants. [...] Il nous faut un certain critère indépendant qui nous permette de décider quels passages sont moraux : un critère qui, d'où qu'il vienne, ne peut venir de l’Écriture elle-même et dont on peux penser que nous le possédons tous, croyants ou pas. ».
Dawkins se moque aussi des croyants pour qui les catastrophes naturelles ne découlent pas de causes naturelles mais sont une punition divine des péchés des hommes. En ligne de mire : le télévangéliste Pat Robertson.
Mais dans ce sous-chapitre, Dawkins veut surtout montrer que les grandes figures de l'
Ancien Testament, que les croyants sont censés prendre comme modèles, ont eu un comportement que la majorité des croyants jugent eux-mêmes, aujourd'hui, immoral. En gros, d'après ce que j'ai compris, Dawkins dit quelque chose comme « ces gens sont censés être bons et justes, ils ont été choisi par Dieu, ils sont des modèles mais en fait ils agissent d'une façon horrible » :
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Lot, le seul homme juste dans tout Sodome, n'a pas hésité à proposer aux hommes violents qui voulaient s'attaquer à ses deux invités ses propres filles (
Genèse 19:8). Dawkins y voit la marque du « [peu de] respect accordé aux femmes dans cette culture intensément religieuse » (p. 304). Ce mépris de la femme, selon Dawkins, se retrouve dans l'histoire de la concubine violée par les hommes de Gibéa au
chapitre 19 du Livre des Juges. Comme les similitudes entre les deux histoires sont importantes (des hommes viennent voir le maitre de la maison pour lui réclamer son invité, et le maitre de la maison refuse et propose sa/ses fille(s)), il y voit en outre un signe supplémentaire du peu de fiabilité de la Bible (un copiste aurait recopié deux fois la même histoire, quelque chose dans ce genre). Pour le coup, je comprends Dawkins. Lot est censé être juste mais n'aurait pas trop de scrupules à envoyer ses deux filles se faire violer : tant de bonté, c'est confondant...
De plus, il fustige le comportement des filles de Lot, qui ont enivré leur père pour coucher avec lui et concevoir, et conclut en disant que c'est une famille à problèmes (plutôt qu'une famille modèle). Il fait également une petite remarque sur la femme de Lot, pour dénoncer l’injustice de son sort (transformée en statue de sel juste pour s'être retournée).
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Abraham a fait passer sa femme Saraï pour sa sœur auprès de Pharaon afin de ne pas avoir d'ennuis (
Genèse 12:13). Dawkins se demande (moi aussi) pourquoi Dieu punit Pharaon et non Abraham (c'est Abraham qui trompe Pharaon, alors pourquoi punir le trompé et non le trompeur ?) et s’interroge sur la moralité de cet acte (= tromper les gens et « livrer » sa femme comme concubine). Comme pour Lot, la ressemblance entre les histoires mettant en scène Abraham et Pharaon puis Abraham et Abimélek (
à qui il fit également croire que Saraï était sa sœur) pousse Dawkins à dire que le Bible n'est pas fiable.
Il s'intéresse ensuite à Isaac, qu'Abraham était prêt à offrir en sacrifice pour obéir à Dieu. Pour lui, il s'agit de maltraitance sur un enfant et la justification d'Abraham (= il ne fait qu'obéir aux ordres de Dieu) ressemble à ceux avancés par les responsables nazis durant le procès de Nuremberg (= ils n'ont fait qu'obéir à des ordres qui venaient de plus haut). Dawkins ne voit pas quelle morale on peut tirer de cet épisode. Il relève le fait que Dieu a sauvé Isaac, mais a laissé Jephté sacrifier sa fille unique (il avait promis de sacrifier le premier être vivant qu'il verrait en rentrant chez lui, cf.
Juges 11-30-32) : pourquoi intervenir dans un cas et pas dans l'autre ?
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Moise, à qui il reproche son attitude vis-à-vis de son peuple lors de l'épisode du veau d'or et notamment ses tueries (sur ses indications, les fils de Lévi passent 3000 hommes au fil de l'épée, cf.
Exode 32:27-28). Il le voit comme un guerrier cruel qui a exterminé le peuple des Madianites (
Nombres 31), commandant la mort des enfants mâles et laissant la vie uniquement aux filles vierges.
- Et, enfin, Dawkins voit
Dieu/Yahvé comme un « monstre malfaisant » (p. 315). Il lui « reproche » (en vrac) : d'avoir noyé tous les hommes sauf Noé et sa famille lors du Déluge, d'avoir ordonné des génocides (
Deutéronome 20), d'avoir donné à Moïse des règles cruelles et absurdes (
Lévitique 20) et d'être d'une « jalousie sexuelle de la pire espèce » puisque beaucoup de ses plaintes concernent les infidélités du peuple hébreu (le veau d'or, Baal, des dieux étrangers...). Ce dernier point surtout lui semble comique.
Conclusion : la religion pousse à faire le mal. Dawkins cite
Steven Weinberg : « [Avec ou sans la religion], il y aura toujours des gens bien qui font de bonnes choses, et des mauvais qui font de mauvaises choses. Mais pour que des gens bien agissent mal, il faut la religion ».
Le Nouveau Testament vaut-il mieux ?
Dawkins, sans insister, lance une petite pique sur l'existence présumée de Jésus (« si tant est qu'il ait existé »). Il n'a rien de spécial contre le personnage, qui lui semble très supérieur aux hommes de l'Ancien Testament, et loue le
Sermon sur la montagne et sa façon de se couper de l’Écriture (« le Sabbat est fait pour l'homme etc. »). En revanche, il critique ses valeurs familiales puisque Jésus rabroue sa mère (?) et demande à ses disciples de couper les ponts avec leur famille, ce qui est caractéristique des sectes.
S'en suit une critique de la doctrine du péché originel : pour Dawkins, la « faute » d'Adam et Ève est bénigne et ils ne méritaient pas d'être chassés du paradis originel pour cela. Cette punition montrerait donc, là encore, un Dieu vindicatif. Cette doctrine qui « condamne tout enfant à hériter le péché d'un ancêtre lointain » lui semble injuste et malsaine, de même que la préoccupation des premiers théologiens chrétiens et des chrétiens d'aujourd'hui pour le péché (« les chrétiens se focalisent d’abord et avant tout sur le péché, le péché, le péché, le péché, le péché, le péché et encore le péché »).
Pour Dawkins, le christianisme verse dans le sado-masochisme, puisque son symbole sacré le plus connu est la croix, qui représentait au temps de Jésus un instrument de torture et d'exécution. De plus, Dieu n'avait pas besoin de s'incarner dans un homme et de mourir sur la croix pour expier les péchés des hommes, puisqu’il pouvait les pardonner sans cela, en choisissant une autre méthode. Il pense que les théologiens actuels ont aujourd'hui beaucoup de mal à justifier cette théorie du bouc-émissaire (un innocent - ici Jésus - paye pour les coupables).
Il veut réhabiliter Judas, qui lui semble victime d'une justice. Selon lui, l'
évangile de Judas (un apocryphe) « démontre que Judas n'a trahi Jésus que parce que celui-ci lui a confié ce rôle » (page 321), et les chrétiens devraient d'ailleurs le remercier, puisque Judas a permis que Jésus meurt et qu’il devienne le rédempteur de tous les péchés. Même raisonnement pour les Juifs.
Enfin, Dawkins tient qu'Adam et Ève n'ont pas existé et la thèse de l'expiation lui semble donc stupide : « Pour s'impressionner lui-même, Jésus s’est fait torturer et exécuter en châtiment par procuration pour un péché symbolique commis par un individu inexistant » (page 322).
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Pfiou, désolée d'avance pour les fautes, les coquilles et les approximations. J'espère juste ne pas avoir dénaturé la pensée de Dawkins.