Dieu est parfait, alors pourquoi le mal ?

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coeurderoy
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Re: Dieu parfait ?

Message non lu par coeurderoy » jeu. 09 juil. 2009, 7:28

L'amour et la liberté du don n'existeraient pas dans un monde "trop parfait", où chaque élément, chaque créature ne reflèretaient qu'une pensée absolue et totalitaire, une création de glace ou d'acier, sans couleurs ni parfums...
Dieu est ordre et fantaisie, ordre de l'amour, liberté et fantaisie de la grâce (ce n'est pas de la haute théologie, je m'en contrefiche en vérité !).
Bref, sans la liberté donnée à l'homme de pécher, sans la venue du Christ Rédempteur, l'effusion des grâces dans le coeur humain et le pardon, nous vivrions hélas dans le monde "parfait" d'une froide robotique...
Nos faiblesses font partie des "magnalia", merveilles de ce monde racheté: peut-être, sans elles, y serions nous des monstres d'orgueil, d'autosatisfaction, d'indifférence : des âmes blindées quoi !

Felix Culpa ! "Bienheureuse faute" chante l'Eglise, dans la Nuit Pascale "qui nous a valu un tel Rédempteur" : le renchérissement de Dieu sur l'Amour, par l'Incarnation, n'est-il pas désir, de sa part d'insister sur ce qui, à Ses yeux, compte le plus dans sa création : la vie aimante, la douceur, force et tendresse de l'Esprit qui remplit le monde et le fait jubiler ?
In Christo !
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Re: Dieu parfait ?

Message non lu par etienne lorant » jeu. 09 juil. 2009, 8:44

coeurderoy a écrit :L'amour et la liberté du don n'existeraient pas dans un monde "trop parfait", où chaque élément, chaque créature ne reflèretaient qu'une pensée absolue et totalitaire, une création de glace ou d'acier, sans couleurs ni parfums..
C'est une règle immuable, que les hommes connaissent aussi bien que Dieu: il n'y a pas d'amour sans liberté. Si quelqu'un se voit obligé d'aimer, quel amour peut-il donner ? C'est une merveille au contraire de se connaître libre pour aimer !
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Re: Dieu parfait ?

Message non lu par Zvjezdana62 » jeu. 09 juil. 2009, 21:03

comment peut-on dire que Dieu est parfait alors qu'Il a créé des êtres imparfaits
Dieu n'a pas créé des êtres imparfaits. Il a créé des êtres divers, plus au moins limités mais pas imparfaites. Mais Il leur a donné aussi la libre volonté et ainsi l’imperfection et le mal ont pu avoir lieu.
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Re: Dieu parfait ?

Message non lu par Libremax » ven. 10 juil. 2009, 14:09

Un touriste a écrit :Bonjour à tous, comment peut-on dire que Dieu est parfait alors qu'Il a créé des êtres imparfaits (nous), si Il est parfait il ne peut que créer des choses parfaites, non ? Comme on peut dire que Dieu, infiniment bon, ne peut créer le mal. Alors comment expliquer que Dieu, parfait, peut créer des choses imparfaites.


Merci de m'aider à démêler ce problème.
La réponse est simple, vraiment:
La réelle perfection, c'est l'amour infini.
Or on ne peut aimer que ce qui est différent de soi.

Dieu qui est donc parfait, ne pouvait que créer des êtres imparfaits, pour que ces derniers puissent L'aimer vraiment.

Nous sommes imparfaits, mais nous sommes perfectibles: nous pouvons aimer, nous pouvons aimer Dieu, nous pouvons nous rapprocher de Lui. C'est en cela que Sa création est parfaite: elle laisse toute sa place à l'amour.

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Re: Dieu parfait ?

Message non lu par Bar_Jesus » dim. 12 juil. 2009, 6:58

pour que l'amour des hommes puisse se manifester envers ces personnes?


en effet il y a des pauvres: ça prend des riches pour leur donner de l'argent

des sans-abri: ça prend des gens pour les loger

des malades: ça prend des gens pour les soigner

des infirmes: ça prend des gens pour s'en occuper


à travers l'amour que des gens portent à ceux-ci se manifeste l'amour de Dieu...

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Re: Dieu parfait ?

Message non lu par coeurderoy » dim. 12 juil. 2009, 9:39

Bar_Jesus a écrit :
à travers l'amour que des gens portent à ceux-ci se manifeste l'amour de Dieu...
Absolument : c'est ce qui fait notre dignité : être de bons "conducteurs de Dieu" : Le manifester à nos frères. Il nous demande d'être des instruments, des serviteurs, de simples "vases" où d'autres puisent s'abreuver à la grâce divine. Les "providentialistes" qui attendent tout de Dieu ou de la seule prière instante oublient (hélas) que le Christ nous demande à boire (comme il le fit à Mère Térésa) en la personne du pauvre, de l'humilié, du vieillard solitaire...
Notre fraternité est bien celle-là, celle de François d'Assise embrassant le lépreux, de Thérèse Martin confiante dans le salut d'un condamné à mort, d'Edith Stein, s'offrant et s'unissant au destin de son peuple...
A côté de tels témoins, les moralistes puritains, les pharisiens observateurs infatigables des prescriptions mosaïques, les ergoteurs de tout poil d'Ecône ou d'ailleurs, me semblent des sépulchres blanchis !
Bon dimanche à vous !
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Re: Dieu parfait ?

Message non lu par Raistlin » mer. 15 juil. 2009, 9:18

Un touriste a écrit :Bonjour à tous, comment peut-on dire que Dieu est parfait alors qu'Il a créé des êtres imparfaits (nous), si Il est parfait il ne peut que créer des choses parfaites, non ? Comme on peut dire que Dieu, infiniment bon, ne peut créer le mal. Alors comment expliquer que Dieu, parfait, peut créer des choses imparfaites.


Merci de m'aider à démêler ce problème.
C'est justement parce que Dieu est parfait qu'Il n'a pu nous créer qu'imparfaits. Car sinon, Il aurait du créer d'autres Lui-mêmes, d'autres "Dieu" ce qui est absurde. C'est justement parce que la Création n'est pas Dieu qu'elle est imparfaite.

Quand au problème du mal, c'est un mystère. La révélation chrétienne est, à mon sens, la seule à donner une réponse satisfaisante à ce problème (vous aurez des éléments de réponses ici), même si nous devons bien comprendre que Dieu ne nous a pas donné une réponse définitive. Nous saurons et comprendrons tout quand nous serons auprès de Lui. Comme dit l'adage : Dieu n'est pas venu éliminer le mal, Il n'est même pas venu l'expliquer, Il est venu le remplir de Sa Présence. Oui, nous croyons en un Dieu qui n'a pas ignoré la souffrance de l'Homme mais qui l'a prise sur Ses épaules.

Cordialement,
« Dieu fournit le vent. A l'homme de hisser la voile. » (Saint Augustin)

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Re: Dieu parfait ?

Message non lu par philippe1 » lun. 24 août 2009, 9:26

Comment se peut-il que Dieu parfait est pu concevoir un monde imparfait. C’est tout le problème du mal qui est posé là.
Raistlin vous dites « C'est justement parce que Dieu est parfait qu'Il n'a pu nous créer qu'imparfaits. Car sinon, Il aurait du créer d'autres Lui-mêmes, d'autres "Dieu" ce qui est absurde. C'est justement parce que la Création n'est pas Dieu qu'elle est imparfaite ».

Vous avez totalement raison et là est le noeud des problèmes, celui du mal et celui de l’acte de créer.
Leibnitz est à la pointe extrême du rationalisme chrétien en tentant de résoudre ce problème car le mal constitue une fausse note dans l’harmonie universelle. L’intuition d’une totalité unique et harmonieuse précède celle des parties individuelles qui lui sont subordonnées. A partir de cette intuition, tout son système va s’élaborer. Le principe d’harmonie appelle comme conséquences directe le principe de raison suffisante et ses deux composantes essentielles, la principe d’identité et le principe de contradiction. Son intuition d’harmonie va se traduire immédiatement en termes logiques. Sa doctrine possède une rigueur abstraite jamais inégalée. Et s’inspirant de la tradition scolastique, l’essence précédant l’existence, les possibles fondent et justifient la réalité.
Leibnitz ne se distingue pas beaucoup de la position traditionnelle Suivant Saint-Augustin et Saint-Thomas d’Aquin, Leibnitz définit le mal comme privation d’être. (Pour Saint-Augustin, le mal est dans le néant). Comme eux il montrera que Dieu n’est pas la cause du mal mais au contraire cause de tout bien. Mais il ira plus loin en disant que Dieu a été OBLIGE moralement d’admettre le mal comme condition sine qua non de l’existence d’un univers, le meilleur possible.
La clef de voûte de son développement est l’affirmation de l’incompatibilité de tous les possibles logiques. De ce fait, certains possibles ne peuvent passer au statut d’existence que s’il y a choix divin qui renvoie donc au concept de raison morale, Dieu infiniment bon choisissant. La liberté de Dieu n’est nullement entravée par quelque déductif trop parfait comme chez Spinoza qui l’amène à l’entière perfection du monde, mais au contraire affirme que la vrai liberté est la détermination au meilleur des possibles.
Au sujet des possibles, si nous prenons une image, on peut par exemple dire qu’une marguerite est une perfection en elle-même et à coté, une vache dans son pré l’est de même. Mais les deux qui se rencontrent ouvrent un choix, ou que ces deux perfections en soi ne soient pas, ou qu’un compossible soit, celui de la vache mangeant une marguerite, un drame pour l’un , un régal pour l’autre et pour le photographe.
Après un développement rigoureux de sa logique, et pourtant ayant au départ à peu près la même conception de cette notion de possible que Spinoza, il en arrive à la célèbre formule que tout est pour le mieux dans le meilleur monde POSSIBLE, formule qui avait fait bondir Voltaire. Il aurait pu dire le moins mauvais des mondes possibles. Comme le dit un commentateur ?, il a choisi cette formule pour la gloire de Dieu.
Bergson disait ceci en faisant référence à la Théodicée de Leibnitz : « le philosophe peut se plaire dans ce genre de spéculations dans la solitude de son cabinet : qu’en penserait-il devant une mère qui vient de voir mourir son enfant ? Non, la souffrance est une terrible réalité et c’est un optimisme insoutenable que celui qui définit à priori le mal, même réduit à ce qu’il est effectivement, comme le moindre bien ».
Ce qu’il y a d’innovant dans la pensée de Leibnitz, c’est sa conception des possibles préexistant dans l’entendement divin et venant à l’existence par choix et volonté divine.
(Je tempère cette notion d’obligation car il est préférable de parler chez lui de nécessité logique ou de permission. Dieu permet le mal, il n’a pas d’autre solution mais ce sera finalement pour un plus grand bien, celui de la liberté de l’homme qui devra le rejoindre et tendre vers lui. Ceci est relativement simple à comprendre. Que vaut un amour où tout serait donné sans que nous n’ayons rien à faire ? L’amour est toujours échange, il ne peut être qu’une relation par le don).
C’est cette notion de POSSIBLE qui est la clef de voûte pour une approche de ce que peut être une création, toute création. Il est d’ailleurs une remarque importante à faire dans un autre cadre concernant cette notion de possible. Les peuples sémitiques et en particulier l’hébraïsme ne raisonnent pas comme nous en ce qui concerne le futur et le passé. Dans la pensée juive il n'y a pas à proprement parler de passé ou de futur mais ces notions deviennent inachevé-achevé inaccompli-accompli, potentiel-actualisé stricto sensu comme la logique de Lupasco à trois termes. Un peu comme l’anglais qui dit Y’m going to, je vais aller, je suis en train d’aller. C’est la façon de raisonner de nombreux kabalistes. Attention de ne pas tomber dans le piège de la croyance en une temporalité circulaire ! Tout au plus parler à notre niveau de cycles qui en engendrent d’autres plus complexes, mais ceci est plus un pressenti à la lecture de la Parole qu’une affirmation démontrée. Il est clair cependant que la Parole fourmille de reprises et de préfigurations intentionnelles. Par exemple au début le désordre, l’inachevé, le tohu bohu, au 7° jour tout est achevé pour Dieu, c’est parfait, tout va se développer et préparer un commencement pour l’homme où on va donc repasser dans une situation d’inachevé. Visuellement nous en avons une illustration avec la croissance d’un végétal où chaque bourgeon (potentiel), va croître et développer à son tour une part de ce qui l’a fait naître.
Ce qu’il y a d’admirable c’est que ce concept de potentiel ou de possible nous ne le trouvons parfaitement exprimé dans le premier mot de la Thorah avec les deux lettres BR qui signifie aussi le mot pur ou grain. Et de plus qui coïncide avec le nombre 26 fort connu de tous les kabalistes puisque c’est le poids numérique du nom de Dieu YHWH. Ceci je le développerai.

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Re: Dieu parfait ?

Message non lu par philippe1 » lun. 24 août 2009, 9:32

Je vous donne ci joint une part de la réflexion de Sylvain René, kabaliste.


………" Dieu connaissant et aimant son monde savait fort bien que l'homme lui tiendrait ce discours au cours des siècles. Et Dieu se dit donc que puisque peu à peu, il allait tout donner à l'homme, il allait se retrouver nu comme un enfant en quelque sorte, Lui qui est gloire, magnificence, perfection, pureté et tout qualificatif qu’on Lui attribue habituellement. Il allait finalement écraser sa créature en la submergeant de sa puissance. En conséquence de quoi, Il se repentit d’avoir pensé un monde si exigeant et se dit que, à bien y réfléchir, il était préférable peut-être de rester seul en sa perfection, et que le mieux était de rester tranquille à sa place.
– « Ne prenons pas de risque. »
Nous avons écrit. Dieu est parfait de toutes les perfections et seul en toute solitude solitaire.
Position intenable ! Cela va un temps. On ne sait que trop ce que peut engendrer ce genre de situation. Et donc, pour ne pas perdre une once de toutes ses perfections, Il se dit qu’Il allait se dédoubler et s’inventer comme un autre Lui-même. Ainsi il pourra monologuer tranquillement avec son vis-à-vis et n’avoir aucun problème de relation avec lui.
Nous avons écrit. Dieu est parfait, Il a inventé le monologue.
Seulement voilà, la situation n’avait guère changé et devint très rapidement inintéressante. Son autre Lui-même n’avait pas fini de penser que déjà Il savait ce qu’Il Lui disait qui Lui-même savait ce qu’Il répondrait. Il n’avait rien de plus par Lui et vice-versa. Il n’était que redondance, ce qui apparut très rapidement comme un comportement quelque peu hédoniste. Dieu soit loué, il n’y avait pas encore d’observateur pour le faire remarquer. Si, Lui-même, ce en quoi, Il prit un peu de distance vis-à-vis de son autre qui eut alors la possibilité d’être ce qu’Il était au départ. Et Lui-même redevint ce qu’Il était. Ils venaient d’inventer la différence, chacun reprenant la situation de départ.
Nous avons écrit. Dieu est parfait. Il a inventé le dialogue en inventant un différent, une petite distance. Il était sauvé. Enfin quelqu'un qui allait pouvoir Lui apporter autre chose qu’une simple redondance. Ce sera un vrai dialogue qui pourra s’instaurer entre les parties puisque chacun aura la possibilité d’informer l’autre de sa position vis-à-vis de Lui, s’enrichir par Lui et ne pas être absolument identique à lui-même. « Quelle belle fierté que d’avoir enfanté la différence, se dit Dieu, aussi minime soit-elle. Et J’en suis la cause ! » Dieu venait d’inventer la primauté d’ETRE. Il appela cela magnificence. Il comptabilisa rapidement. « Ce sera le nombre 1 comme d’ailleurs le pronom Nous. »
Et puis bien sûr il advint que cet autre eut tôt fait de comprendre que puisqu’il était comme à l’identique et image de Dieu, il n’y avait pas de raison pour ne pas se considérer comme un Dieu puisqu’il pouvait reprendre toute l’histoire à son compte sans se soucier de savoir à qui était-il redevable de cette puissance. Il appela celle ci gloire. Dieu appela ceci orgueil………

– « Et voilà, se dit Dieu, j’ai inventé la primauté et n’ai fait que la transférer. Mais regardez-les s’agiter dans tous les sens ! et pour se démarquer des autres ils inventent des mots comme paternité de l’œuvre, royauté, suprématie ! Dieu qu’ai-je fait ? Il va falloir mettre bon ordre à tout ceci. » Et devant cette mégalomanie naissante et petits égos qui allaient peu à peu le submerger, Il se repentit de ne pas avoir pu gérer sa propre solitude en perfection.
– « Je serais plein de miséricorde, dit Dieu, et je leur pardonnerai puisque je suis la cause de tout. Mais je vais leur donner la chance de la liberté. Celle de me trouver et de revenir à Moi s’ils le veulent et de pouvoir dialoguer avec Moi. Et pour ne pas les impressionner par ma primauté d’être et ma puissance de transformation, je serai petit petit, nu, presque rien, comme cendre et poussière, une potentialité d’existence. Je serai parmi eux. Ils ne le croiront pas mais le sauront par dialogue, au gré de chacun et quels que soient leurs langages. »
Nous avons écrit. Dieu est parfait, il a inventé l’Amour et s’est fait enfant qui pardonne à l'homme de s’arroger le droit d’être première puissance. Là est sa puissance, celle du pardon. Et Il transféra cette puissance à l'homme pour qu’il soit capable en toute liberté de se dégager de son orgueil pour aller à Lui.
Dieu est un germe de pureté que nous devons faire éclore. Et toute émergence la fait éclore, comme pour reprendre le créatif de Dieu. Dieu est pur. Est extrêmement significatif le fait que la Tora signifie cette pureté dès la première phrase. L'homme peut écrire ce qu’il veut, mais quand celui-ci fait le premier pas de retour vers Lui, il y a bien longtemps qu’Il nous attendait.
Quant à nous, il reste évident que cette historiette n’est qu’une image née de la conjonction de deux ordres, celui d’un impalpable que l’on sent au plus profond de soi et celui du raisonné à partir d’un informatif dégagé du texte, et qu’elle ne peut en aucune sorte résumer la puissance du Dieu créateur qui a la capacité de se faire exprimer par de multiples voies s’ouvrant en éventail du potentiel à l’existant……… »

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SanAug
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Re: Dieu parfait ?

Message non lu par SanAug » mar. 25 août 2009, 9:41

D I E U



1. Existence de Dieu

2. Simplicité de Dieu

3. Perfection de Dieu

4. Bonté de Dieu

5. Dieu est infini

6. Existence de Dieu dans toutes créatures

7. Immutabilité de Dieu

8. Eternité de Dieu

9. Amour de Dieu


Nous nous appuierons sur les mots géniaux de saint Thomas d’Aquin (cités en italique) pour parler de Dieu, de son existence prouvable et de sa nature appréhendable.
[+] Texte masqué
1. Existence de Dieu

Si Dieu n’existe pas ou s’il est possible de démontrer que Dieu n’existe pas, alors tout propos au sujet de Dieu, aussi beau soit-il, n’a aucune raison d’être ni d’être lu, ni d’être accepté. Si la foi suffit à nombre de chrétiens pour les convaincre de l'existence de Dieu, la raison peut cependant aider les athées si ce n'est rappeler certaines vérités essentielles à certains croyants qui croient que leur foi suffit comme enseignement de la doctrine. Pour ceux qui veulent aller plus loin, l'apologétique est une science bien utile, même si elle n'est pas à la portée de tous.

Pour démontrer l’existence de Dieu, il faut utiliser le principe de causalité : tout effet est issu d’une cause. C’est l’unique méthode rationnelle qui permet à l’homme d’approcher Dieu, de prouver que Dieu est, mais elle n’égalera jamais la foi véritable alimentée directement par Dieu (Ex 3,14 Je suis Celui qui suis), si Dieu existe !

Saint Thomas d’Aquin démontra d’une manière éclatante, par cinq moyens différents, l’existence de ce premier Principe, de qui tout part, par qui tout est créé. Voyons cela brièvement :
1. Le premier Moteur. « Tout dans l’univers est en mouvement, nos sens l’affirment et tout homme le vérifie lui-même. Une chose en mouvement nécessite d’être mise en mouvement par une autre chose, appelée moteur. Il est impossible de procéder indéfiniment, sans quoi nous n’aurions jamais de mouvement. Or le mouvement existe. Donc l’existence du mouvement nous oblige à affirmer l’existence d’un premier Moteur non mû et c’est Lui que nous appelons Dieu ». La science actuelle, parlant d’un Big-Bang, déclare bien, dans sa théorie, qu’avant l’instant zéro, il n’y avait ni mouvement ni matière. Puis, à l’instant zéro, tout explose en une série immense de mouvements. Il y a bien eu un premier moteur extérieur à cela. Certains ont voulu montrer l’erreur de saint Thomas au sujet des séries de mouvements. Mais ce Docteur de l’Eglise parle ici de séries simultanées et non successives, c’est-à-dire qu’il y a un ensemble de moteurs dont tous et chacun doivent actuellement exister et agir puisque chaque moteur dépend des autres moteurs dans leur motion actuelle. Il est alors évident qu’il a bien fallu un moteur extérieur qui donne au premier de ces moteurs le mouvement, sans le recevoir. Cette première démonstration est éclatante, simple et universelle puisqu’aucun homme ne peut affirmer qu’il n’y a pas de mouvement.

2. La première Cause efficiente. Nous constatons qu’il y a autour de nous des créatures qui sont et qui ne furent pas avant un certain temps. « Nous constatons autour de nous des êtres nouveaux, des êtres qui auparavant n’étaient pas et qui sont maintenant. Or, tout être nouveau tient son être d’un être qui n’est pas lui. Et, d’autre part, il ne se peut pas qu’on procède à l’infini dans la série des êtres qui concourent à la production de cet être nouveau. Donc, nous devons arriver à un être qui, lui, sera la première source, la première cause de l’être nouveau qui apparaît. » La démonstration est similaire à ce qui a été vu avec le premier Moteur.

3. Le premier être Nécessaire. Tout être qui agit est puisque l’acte procède de l’être. Par contre, certains êtres portent en eux des principes de dissolution et de ruine. L’être n’est pas indissolublement uni, il peut en être dépouillé et le perdre : il n’est pas nécessaire, il est contingent. Alors qu’ils sont, ces êtres peuvent ne pas être. Tous les jours, des êtres se détruisent et meurent. Les êtres qui portent en eux le principe de destruction ne peuvent pas avoir toujours été. Dès lors qu’ils doivent périr, ils doivent avoir commencé. La fin est le juste écho au commencement et le commencement est le principe de la fin. En remontant dans le passé et en supposant que tous les êtres fussent tous contingents, il fut un temps où il n’y eut pas d’être, de créature. Or, puisque le néant ne peut produire l’être et que nous constatons qu’il y a des êtres tout autour de nous, en plus de nous-mêmes, il faut en conclure qu’il y a des êtres nécessaires, non contingents. Mais, ou ils sont nécessaires par eux-mêmes, tirant leur raison d’être en eux-mêmes, ou ils tirent leur raison d’être en un autre. Et comme nous ne pouvons à nouveau procéder à l’infini, il faut en conclure qu’il y a bien un premier être Nécessaire que nous appelons Dieu.
4. Le premier Etre. Toute créature que nous voyons est formée de matière. La perfection des créatures est la perfection de la matière se mesurant en divers degrés. Le végétal est plus parfait que le minéral, l’animal est plus parfait que le végétal et l’homme est plus parfait que l’animal. « Partout où l’on rencontre des degrés, il est un premier qui occupe le degré le plus élevé. Il y a un être qui est le plus beau, le plus parfait, le plus excellent, qui a le plus « d’être » puisque c’est dans la mesure même où il est qu’un être a plus de perfection et de beauté. Or, ce premier Etre, cause de tout être en tout ce qui est, c’est Lui que nous appelons Dieu. » Saint Thomas d’Aquin part ici d’une réalité et non d’idée, comme l’ont cru certains idéalistes comme Platon, saint Anselme ou Descartes. Il part de l’inégalité des créatures devant la perfection, la beauté et l’excellence, que tout homme, une fois de plus, peut constater de lui-même par ses sens.
5. Le premier Gouverneur. « Autour de nous, il se rencontre des êtres qui son privés de connaissance. Ces êtres agissent cependant pour une fin déterminée : leur action n’est pas le fruit du hasard, puisqu’ils agissent toujours, ou le plus souvent, de la même manière et au mieux de leur intérêt. Il suit de là que nous devons supposer un être dont l’action intelligente dirige tous ces divers êtres et les conduit à la fin vers laquelle ils tendent sans la connaître; c’est ainsi que la flèche est dirigée par l’archer vers le but qu’elle doit atteindre. Or, cet Etre intelligent, qui meut ainsi et dirige toutes les choses de la nature, c’est Lui que nous appelons Dieu. » (Sg 15,1 vous, ô notre Dieu, vous êtes bon, fidèle et patient, et vous gouvernez tout avec miséricorde.) Cette cinquième preuve de saint Thomas porte sur l’harmonie de l’univers, constatée par les sciences même les plus récentes.
Cette cinquième preuve prouve également que ce n’est pas parce qu’il y a le mal dans le monde que Dieu n’existe pas. Saint Thomas s’appuie sur saint Augustin : « Dieu, dès là qu’il est souverainement bon, ne permettrait en aucune manière qu’il y eût du mal dans son œuvre, s’il n’était à ce point tout-puissant, et bon qu’Il tire le bien, même du mal. » (Enchiridion, ch. XI) pour conclure que cela tient à la bonté infinie de Dieu, qu’Il permette que le mal soit et qu’Il en tire le bien. » Le mal que nous voyons dans le monde est dans la créature et dans ses actes extérieurs, et non en Dieu. Ainsi, le mal qu’il y a dans le monde ne perturbe pas les desseins de Dieu, n’altère pas le bien divin et contribue même à ce que ce bien soit révélé à chacun, de différentes manières. Donc conclure que Dieu n’existe pas parce qu’il y a le mal dans le monde, n’est pas une affirmation recevable.


2. Simplicité de Dieu

Puisque Dieu est Esprit (Jn 4,24 Dieu est Esprit), Il n'est pas corporel. Notre connaissance de Dieu est autrement plus parfaite par notre esprit que par notre corps, même si elle reste toujours limitée à cause de notre nature humaine. Car autant notre corps est incapable d’embrasser Dieu dans ses limites infinies, autant notre esprit peut aller au-delà des limites corporelles puisque l’esprit est immatériel, sans avoir la possibilité de l’embrasser totalement, ce qui ferait sinon dire que la nature humaine peut embrasser la nature divine, la rendant ainsi divine, ce qui n’est pas.

Dieu étant Esprit, Il est libre de toute matière :
• sa forme, ou son acte d’être, est libre de toute matière.
• son essence est pure de toute matière.
Ainsi Dieu n’est pas lié à une nature qui serait distincte de Lui et qui se trouverait hors de Lui. Dieu est Lui-même sa propre nature. C’est pourquoi, dire que Dieu est Un, c’est reconnaître l’unicité de la nature divine. Et proclamer que Dieu est Père, Verbe et Esprit, c’est affirmer que ces trois Personnes divines, qui n’ont rien de matériel, sont de nature divine, c’est-à-dire parfaitement et éternellement unies dans cette nature. Ce dogme essentiel à la foi chrétienne n’est pas compris par d’autres religions, comme l’islam, qui ne peuvent et ne veulent l’accepter parce que ayant une conception du divin fondée d’abord et surtout sur une conception humaine du céleste.

Puisque Dieu est pur et indépendant de toute autre nature et de tout matériel, puisque Dieu est sa propre nature qui est parfaite, rien, même de plus parfait en dehors de Dieu, ne vient se "greffer" à ce qu’Il est. En Dieu, tout est Dieu et uniquement Dieu et rien de ce qui n’est pas Dieu est en Dieu. Dieu est (Ex 3,14 Je suis Celui qui suis). Puisque en Dieu, il y a seulement Dieu, Dieu ne peut entrer en composition avec autre chose, contrairement à ce qu’affirment les panthéistes. Dieu est ce qu’il y a de plus parfait, de plus pur et rien ne peut se mélanger à Lui; Il est l’Absolu. Dieu est simple puisqu’Il n’est pas un "corps" composé.

La simplicité de Dieu entraîne sa pureté, sa perfection et sa toute-puissance puisqu’Il ne connaît aucune limite et qu’Il n’est formé que de Lui-même.


3. Perfection de Dieu

Un être humain considéré comme simple est associé à l’imperfection selon sa nature. La simplicité en Dieu est à l’opposé et signifie la perfection absolue de Dieu. En effet, la perfection d’un être se mesure à sa capacité et à son obligation d’avoir. Dieu est Lui-même Dieu, ce qui signifie que Dieu est parfait. Et comme Dieu est l’Etre premier à partir duquel tout est créé, c’est en Dieu seul que la perfection atteint son plus haut degré qui est l’infini.

Comment comprendre la perfection du premier homme, Adam ?

Le livre de la Genèse dit que Dieu créa l’homme à son image et à sa ressemblance (Gn 1,27 Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance). (Notons que saint Paul ne dira pas de Jésus qu’il est à l’image de Dieu mais l’image de Dieu, Col 1,15 Il est l'image du Dieu invisible, né avant toute créature). Faut-il en conclure que la perfection de cet homme égale la perfection divine ou que Dieu ressemble extérieurement à Adam ? Nous avons vu que Dieu est simple parce qu’Il n’est que Lui-même. Par contre, Adam est formé de la terre (Gn 2,7 Dieu forma l'homme de la poussière du sol) et reçoit ensuite le souffle de Dieu (Gn 2,7 Dieu souffla dans ses narines un souffle de vie) ce qui le rend constitué de matière et d’esprit. La nature divine est clairement différente de la nature humaine. Cela suffit pour montrer que la création d’Adam à l’image de Dieu n’autorise pas à dire que Dieu est à l’image d’Adam ni que la perfection de Dieu est à l’image de la perfection d’Adam. Ce type d'erreur s'est toujours rencontré et se rencontre aujourd'hui encore avec le Pater Noster actuel, comme nous aussi nous pardonnons, Dieu ne pardonnant pas comme l'homme pardonne, mais l'homme devant plutôt à apprendre à pardonner comme Dieu pardonne !

En réalité, le terme de ressemblance est plutôt un rapport d’analogie et de similitude entre le Créateur et la créature. Il n’y a pas de rapport d’égalité mais plutôt d’équité lié à la nature. La perfection et l’image d’Adam ne sont qu’un reflet lointain et ténu de la perfection et de l’image de Dieu. Elles sont comme un rayon de soleil qui brille davantage que toute lumière créée par l’homme mais ce rayon n’est rien comparé au soleil lui-même.

Nous disons encore qu’en Adam nous pourrions parler de perfection absolue, si Adam avait reçu une nature ou une forme absolument identique à celle de Dieu. Or le livre de la Genèse montre que tel n’est pas le cas, ni pour Adam, ni pour sa descendance. Donc la perfection adamique est relative et nous ne pouvons parler de perfection en cet homme que par rapport à sa nature et non par rapport à Dieu.

La raison de perfection suit la simplicité.


4. Bonté de Dieu

Parce que Dieu est simple, Il est parfait. Parce que Dieu est parfait, Il est bon. Et parce que rien n’a été créé sans Dieu et que tout est créé en Dieu (Col 1,16 tout a été créé par lui et pour lui), Dieu est la source de la bonté et la bonté elle-même (Mt 19,17 Jésus lui répondit : Dieu seul est bon).

La bonté implique nécessairement un rapport avec l’être puisque pour qu’une créature soit bonne, elle doit d'abord exister. L’être précède le bien. En l’homme qui est, nous pouvons parler de bonté, mais elle est naturelle, c'est-à-dire liée étroitement à sa nature humaine, et n’a pas de rapport direct avec la bonté divine, même si elle doit absolument en découler pour exister en l’homme.
Ajoutons que le beau et le bien sont une même chose puisque reposant sur une même réalité qui est la forme. Voilà pourquoi on loue comme beau ce qui est bien : « Quel beau cœur ! », « Quelle belle âme ! » Néanmoins, la raison les distingue : le bien regarde l’appétit, tandis que le beau regarde la faculté de connaître soit sensitive, soit intellective, qui est la puissance cognoscitive.
Puisque Dieu est la source de tout ce qui est beau, puisque Dieu donne les moyens à l’homme de concevoir de beaux objets et puisque Dieu est la fin, c’est-à-dire la perfection de toute beauté, Dieu est la Beauté même. Il en va de même pour la bonté.

La raison de bonté suit la perfection.


5. Dieu est infini

Puisque Dieu est Esprit et qu’il est l’Etre premier, il est nécessairement infini puisque ne connaissant aucune limite. Il est la perfection sans limite, la perfection de l’infini, l’infinie perfection. Il ne peut cohabiter avec un autre infini, à moins d’être tous deux identiques en tout, ce qui revient à dire que l’infini est unique. Et si les deux infinis n’étaient pas identiques en tout, alors aucun des deux infinis ne serait infini et Dieu ne serait plus Dieu. Puisque Dieu est infini, Il est unique et il n’existe aucun autre infini.


6. Existence de Dieu dans toutes créatures

Puisque Dieu est infini, cela signifie qu’en tout et partout dans l’univers il y a au moins trace de Dieu, même dans les créatures les plus horribles, les plus viles, les plus haïssables.
En tout homme, Dieu est présent par :
1. sa puissance, puisque toutes les créatures sont soumises à son empire (Ps 102,19 Le Seigneur a établi son trône dans les cieux, et son empire s'étend sur toutes choses.)
2. sa présence, puisque Dieu voit tout (Sg 1,7 l'Esprit du Seigneur sait tout ce qui se dit.)
3. son essence, puisque Dieu agit partout (Sg 1,7 l'Esprit du Seigneur remplit l'univers et contient tout.) et partout il est la plénitude de l'être et la cause première de tout ce qu'il y a de réel dans les créatures, leur communiquant sans cesse non seulement le mouvement et la vie, mais l'être lui-même (Ac 17,28 C'est en lui en effet que nous avons la vie, le mouvement et l'être.).

Dans les chrétiens, Dieu vit en l’âme d’une manière particulière, par le don de sa grâce. Et puisqu’il s’agit de la grâce divine qui est infinie, il est juste de dire qu’entre un chrétien et un non-chrétien, il y a un abîme infini, ce qui ne permet cependant pas de conclure que le chrétien est un être (infiniment) supérieur au non-chrétien.

La raison d’existence de Dieu en tout suit l’infini.


7. Immutabilité de Dieu

Parce que Dieu est l’Etre premier et que tout en Lui est Lui qui est absolument parfait, Dieu est immuable, c’est-à-dire qu’il n’y a rien d’imparfait ou rien qui puisse être encore perfectionné en Lui. Dieu est immuable (Mal 3,6 Moi, YHWH, je ne change pas).

De là, nous déduisons que toutes les créatures, même les plus belles et les plus parfaites, ne sont pas immuables parce qu’elles ne se possèdent pas comme l’Etre se possède Lui-même. Leur perfection grandit avec le temps, comme c’est le cas avec toutes les créatures douées de raison, à savoir les Anges et les hommes. Et, touchant les hommes, Dieu leur donne sa miséricorde puisque, contrairement aux Anges, ils sont incapables de rester définitivement dans un certain état de perfection, sauf par un acte de volonté de Dieu. Et comme la volonté de Dieu est de sauver les hommes, Il est miséricordieux envers eux afin de suppléer à leur incapacité de se maintenir dans la perfection actuelle.

La raison d’immutabilité suit la perfection.


8. Eternité de Dieu

Alors que le temps se décompose en un avant et un après, le présent étant la limite entre le passé et le futur, et que le mouvement implique un avant et un après, en Dieu il n’y a ni temps ni mouvement. Le mouvement implique un état d’imperfection vers un autre état moins imparfait, ou un état de perfection vers un autre état plus parfait. Or en Dieu, la perfection est toujours dans un état de perfection absolue et il ne peut en être autrement. Puisque la perfection en Dieu est absolue, il n’y a pas de mouvement. Pas de mouvement, pas de temps. L’avant et l’après, le passé et le futur sont dans le présent, comme compressés (II P 3,8 un seul jour devant le Seigneur est comme mille ans, et mille ans comme un seul jour.). En Dieu, il n’y a que le présent, donc pas de découpage temporel : Dieu est éternel. Et puisque Dieu est unique, lui seul est éternel.

Quant aux créatures douées de raison, l’éternité est accessible, moyennant la grâce du Christ, mais il ne s’agit pas à proprement parler de l’éternité divine.

La raison d’éternité suit l’immutabilité, comme le temps suit au mouvement.


9. Amour de Dieu

La connaissance ou l’intelligence des choses est la capacité de les embrasser. En Dieu, tout est connu puisque Dieu embrasse parfaitement tout ce qui est en Lui-même. Sa connaissance de Lui-même est parfaite et infinie. Tout en Dieu est alors désirable et désiré puisque Dieu est la Bonté même, si bien que le désir excite l’intelligence pour faire naître l’appétit. Cet appétit n’est qu’intellectuel, puisque Dieu est Esprit. De cet appétit naît la volonté de se connaître toujours parfaitement. Et puisque cette volonté est en Dieu, elle est également parfaite et éternelle. Et puisque aimer, c’est vouloir du bien à autrui et que c'est l'acte le plus parfait dans la volonté, Dieu s’aime d’un amour absolument parfait et infini. Cet amour de Dieu pour Dieu vit éternellement partout en Dieu, ce qui fait dire que Dieu est Amour (I Jn 4,8 Dieu est charité). Enfin, puisque Dieu est en tout ce qu'il a créé, il est juste de dire que Dieu aime du même amour qu'il s'aime, d'un amour infini, toute sa création. Ainsi, un homme disant qu'il n'est pas aimé de Dieu, ou peu aimé de Dieu, affirme sa vérité qui n'est pas la réalité.

Le dogme de la Trinité Sainte fait dire que :
1. le Père qui est Dieu, est l’Etre
2. le Verbe qui est Dieu, est la connaissance de tout l’Etre
3. l’Esprit-Saint qui est Dieu, est l’amour de cette connaissance.
Les trois Personnes divines sont distinctes et pourtant parfaitement et étroitement unies puisqu’elles vivent éternellement en Dieu.

Nous voyons que puisque toute créature douée de raison est capable de vouloir pour se satisfaire, elle est également capable d’aimer. Or l’amour qui sauve est un amour qui n’est plus lié à l’amour naturel, l’amour issu de la volonté ancrée dans toute la nature humaine, mais un amour de charité issu de la volonté élevée par la grâce du Christ (Mt 7,21 celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là entrera dans le royaume des cieux) afin de vouloir au-delà des biens terrestres. Reprenant la Parole de Jésus, il est clair qu’accomplir la volonté du Père, c’est vouloir de cette même volonté qui produit un amour parfait pour Dieu et pour sa Création, cet amour dépassant tout amour naturel existant en tout homme, saint ou pécheur.
Bien fraternellement dans le Christ,
SanAug

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Re: Dieu parfait ?

Message non lu par silesius » mar. 25 août 2009, 9:54

Un touriste a écrit :Bonjour à tous, comment peut-on dire que Dieu est parfait alors qu'Il a créé des êtres imparfaits (nous), si Il est parfait il ne peut que créer des choses parfaites, non ? Comme on peut dire que Dieu, infiniment bon, ne peut créer le mal. Alors comment expliquer que Dieu, parfait, peut créer des choses imparfaites.


Merci de m'aider à démêler ce problème.
Au commencement,Dieu a créé l'univers,l'Homme et le paradis terrestre.
Il vit que tout cela était bon.


L'homme s'est chargé du reste.


Silesius.
"Que le Seigneur vous bénisse et vous garde.
Que le Seigneur montre sa face et qu'Il ait pitié de vous.
Que le Seigneur tourne vers vous son visage et vous donne la Paix.
Que le Seigneur vous bénisse!"

Saint-François d'Assise.

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Re: Dieu parfait ?

Message non lu par philippe1 » mar. 25 août 2009, 15:39

Bonjour SanAug.

Un touriste passant par là disait « ……comment peut-on dire que Dieu est parfait alors qu'Il a créé des êtres imparfaits….. ». La problématique est claire, le problème du mal. J’ai essayé d’y répondre.
Mais je ne vois pas en quoi votre post répond à la question demandée.
Amicalement :)

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Re: Dieu parfait ?

Message non lu par SanAug » mar. 25 août 2009, 17:14

Bonjour "philippe1",

Si nous montrons que Dieu est parfait - ce qui a été fait dans le précédent message - alors la proposition "Dieu a créé des êtres imparfaits donc Dieu est imparfait" n'est pas acceptable.

Bien fraternellement dans le Christ,
SanAug

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Re: Dieu parfait ?

Message non lu par coeurderoy » mar. 25 août 2009, 17:51

En tout cas, déviant (volontairement) du thème du fil, j'aime, avançant en âge, l'image , non pas d'un Dieu imparfait mais fragile, vulnérable : celui qui se remet enfant aux bras de Marie et de Joseph l'emportant en Egypte, celui qui se livre à moi quasi insignifiant, méprisé, dans la blanche Hostie, celui que je peux soutenir et aider dans mes frères... Oui c'est un beau mystère que cette fragilité de notre Dieu. Comme Etty Hilleshum j'entrevois seulement que je dois moi aussi "aider Dieu" en me livrant à Lui pour lui être humanité de surcroît...
Fraternellement !
"Le coeur qui rayonne vaut mieux que l'esprit qui brille"

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Re: Dieu parfait ?

Message non lu par etienne lorant » mar. 25 août 2009, 18:04

Belle réflexion... Très souvent, en ville, que ce soit en voiture ou à pieds, je me suis rendu compte que de plus en plus mon regard est comme attiré par des personnes en situation de "faiblesse": soit la vielle dame toute voûtée qui tire un petit caddie, soit le demi-clochard qui s'est abrité dans le recoin d'un bâtiment, ou encore des gosses qui jouent sur une terrasse de café tandis que papa et maman bavardent avec entrain en buvant des bières... Je ne peux rien à ces situations, mais j'ai fini par comprendre que c'est comme si le Seigneur se servait de mes yeux, en me prenant à témoin de toute la misère - qu'on évite si facilement de voir... si l'on n'est pas aidé un peu.
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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