Je me permets de rebondir sur celles-ci. Vos avis m'intéresseraient, si toutefois vous vous en sentez l'envie.
C'est un fait que la lettre aux hébreux est radicalement différente dans ses objectifs, dans son adresse, par rapport aux autres lettres.Fée Violine a écrit :Pour la lettre aux Hébreux, le cas est particulier, ce n'est pas une lettre concrète adressée à une communauté comme les lettres de Paul, c'est un texte plus théorique. J'ai lu je ne sais où que cette lettre aurait été écrite à Alexandrie.
Mais la nature différente d'une texte implique-t-elle un auteur différent? Paul, grand correspondant des communautés qu'il a fondées, était-il donc incapable d'avoir écrit un texte dans lequel il aurait réuni un argumentaire et une problématique différents, pour un public qui n'aurait pas été forcément une de ses communautés? Et si cela avait été un texte que Paul n'avait jamais publié de son vivant, par exemple, ou bien un texte qu'il avait livré comme une oeuvre de vieillesse, à l'intention plus spéciale des chrétiens d'origine juive?
Je ne parviens pas à m'imaginer pourquoi la tradition aurait retenu Paul comme auteur de ce texte plutôt que de le laisse anonyme, comme ça a été le cas pour des textes qui ont eu pourtant une grande autorité aux débuts de l'Eglise, ou de lui laisser son attribution originale.
Origène mettait déjà en doute son origine paulinienne, mais c'était pour les mêmes raisons que nous, finalement : il n'avait visiblement aucun détail à sa disposition quant aux détails de l'origine du texte, et constatant sa différence, il émettait des doutes. Et pourtant, pour lui, la pensée de ce texte était bien celle de Paul...
C'est vrai, le vocabulaire est différent. Mais la question que cela me fait poser est du même ordre : puisque visiblement, ces lettres avaient un autre genre de public (en l'occurrence, elles s'adressaient à des collègues, en quelques sortes, à des personnes en charge), est-ce donc impossible que Paul use de termes réservés à des initiés, à des personnes ayant des connaissances plus avancées sur l'organisation de la communauté? Ces lettres parlent d'épiscope, d'anciens, de doctrine, d'hérétique, par exemple, contrairement aux autres. Ces exemples montreraient bien l'adresse différente de ces lettres. Elles s'adressent à des pasteurs, elles peuvent donc éventuellement utiliser un "jargon" de pasteur, qu'on n'emploierait ps à l'adresse du reste de l'assemblée. Non?Les Pastorales (1 et 2 Timothée, Tite) sont très majoritairement jugés non-pauliniennes. Les raisons invoquées : elles ont un vocabulaire très différents des autres lettres, avec deux tiers de concepts absents des autres textes de Paul, des opinions jugées parfois contradictoires...
L'aspect plus "hiérarchique" des épîtres deutéropauliniennes ne poserait-il pas tout de même particulièrement de soucis aux éxégètes protestants, qui, en plus d'avoir été de grands pionniers en matière d'exégèse, sont plutôt frileux avec tout ce qui touche à l'autorité dans l'Eglise? Sur quoi juge-t-on l'anachronisme d'une installation hiérarchique dès l'époque de Paul, en fait? (quelques-unes de ces lettres ont en commun d'ailleurs des passages assez gênants pour les chrétiens d'aujourd'hui sur la soumission de la femme envers son mari ; ne serait-ce pas aussi une raison de ce rejet?)
à vous lire....