Israël et figures du NT : le célibat consacré.

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Israël et figures du NT : le célibat consacré.

Message non lu par Cinci » jeu. 02 sept. 2010, 20:09

  • «Comme je l'ai expliqué avant, c'est une analyse historique qui nous permet de le savoir et non pas quelque chose d'écrit au mot près. Paul était pharisien, il se considérait même comme un bon pharisien et donc il devait être marié. Pour les juifs les gens doivent être mariés pour répondre à la demande faite en Gn 1, seul les esséniens semble avoir vécu un célibat.

    [...] l'influence de la philosophie grecque, qui montre que la sexualité est quelque chose de condamnable moralement et puis c'est le principe de la chaire or il veut s'élever avec l'esprit. Donc le choix de mettre de côté tout ce qui correspond à la chaire et n'essayer de garder que ce qui est esprit (étude, prière, méditation...)

    la philosophie grecque a eu un impact plus important que la raison pécuniaire.

    [...] je dirais que tout les prêtres n'ont pas couché avec une femme et eu des enfants à gauche et à droite, justement c'est plutôt le contraire, c'est un refoulement et cela peut déboucher à des coincés, des homosexuels, et malheureusement à la pédophilie. Je refuse qu'on dise que les prêtres pédophiles , le sont à cause du célibat, mais ce célibat forcé (même si d'autres diront que c'est un choix), renforce le risque de pédophilie, or dans notre monde il faudrait faire tout pour éliminer ces risques. Mais qu'on ne jette pas la pierre seulement aux prêtres, les bonzes le font aussi dans les temples , certains pasteurs ou musulmans le font aussi et simplement des pères de familles.»

    - Shinran
  • source : le forum du TopC; section réservée pour les échanges avec les catholiques.
BIEN.

Après avoir pris connaissance de l'intervention que je place ici en exergue, je me suis dit qu'un J.P. Meier en touchait pourtant bien un mot de cette question dans son grand ouvrage qui n'est pas encore terminé d'ailleurs, sa recherche sur Jésus au plan historique. Comme le fil de Mandonnaud ''Un certain juif Jésus'' m'avait moi-même relancé pour replonger un peu dans cet auteur, vous comprendrez que je venais d'avoir l'occasion de croiser des lignes de ce dernier, des lignes comme celles que j'aimerais mettre ici dans ce fil.

Je ne sais pas si quelques uns aimeraient prendre connaissance de cet extrait du tome 1 de Meier ? Je dis ça, pour quelques uns comme parmi ceux (comme Shinran justement) qui sont passionnés par l'idée de finir par trouver du vrai. Le chercheur de perles. J'ai pensé que ça intéresserait en le sens que pouvant aider; sait-on jamais ?, à peaufiner davantage son point de vue global. Vous décidez ensuite de ce que vous ferez de ce genre d'informations. Au travers cela, il va sans dire que si un spécialiste ou simple amateur voudrait tenir à étoffer le fil avec quelques extraits d'auteurs chrétiens fort anciens (Pères de l'Église ou autres) et ayant jamais pu s'exprimer sur le sujet du célibat consacré, je ne serais pas chagriné de cela.

Meier, donc :

... au cours des dernières années, la question de la situation familiale de Jésus a été soulevé explicitement par William E. Phipps dans son livre Was Jesus married ? The Distortion of Sexuality in The Christian Tradition. Le sous-titre du livre avertit le lecteur qu'une enquête historique parfaitement légitime sur la situation familiale de Jésus s'est trouvée mêlée à une violente polémique contre les positions chrétiennes traditionnelles en matière de sexualité, en particulier celles de l'Église catholique. Pour être juste, il faut reconnaître que Phipps a quelques arguments valables à présenter concernant les conceptions négatives de la sexualité dans la théologie chrétienne traditionnelle. Cependant, même l'orientation générale de l'histoire qu'il retrace porte la marque des pires tendances des théologiens et des autorités ecclésiales. Les déclarations chrétiennes sur la sainteté du mariage, et notamment le statut de sacrement que lui reconnaît le catholicisme, ont été à l'origine de moments meilleurs et plus lumineux, qui ne reçoivent pas dans le livre la place qu'ils méritent. On pourrait en dire autant de l'avancée remaquable faite par la théologie morale catholique au cours du XXe siècle sur la question de la sexualité. [...]

L'argument de fond sur lequel repose une grande part de l'argumentation personnelle de Phipps est relativement simple : étant donné le regard positif porté par le monde juif de l'époque de Jésus sur la sexualité et le mariage, le silence du Nouveau Testament sur une épouse de Jésus serait à interpréter comme le signe que Jésus a eu effectivement une épouse, au moins à un moment de sa vie. Examinons le mécanisme de l'argumentation : Phipps parcourt l'ensemble de l'Ancien Testament, de la littératire intertestamentaire et de la littérature rabbinique pour faire ressortir que les juifs voyaient la sexualité et le mariage comme une bénédiction accordée à l'humanité par la grâce du Créateur. À l'époque de Jésus, le célibat aurait été impensable en tant que style de vie pour un juif pieux ordinnaire et en particulier pour un maître ou un rabbi. L'image d'un Jésus perpétuel célibataire est le produit d'une théologie chrétienne plus tardive, qui a souffert traditionnellement d'une visions déformée de la sexualité et du mariage. Le silence est à interpréter en fonction d'un contexte donné. [...] Le silence du Nouveau Testament sur ce sujet tient au fait que les plus anciennes traditions sur Jésus auraient simplement considéré le mariage de Jésus comme une évidence.
[...]

Mais que dire du contexte plus large du judaïsme auquel Phipps fait appel ? [...] Le judaïsme du début du Ier siècle de notre ère était remarquablement riche et complexe par la diversité de sa pensée et de son expression. On peut se demander si Phipps a bien pris la mesure de cette vaste diversité, car il fait du judaïsme un portrait relativement monochrome, qu'il construit en rassemblant des matériaux tirés de l'Ancien Testament, de Philon, de Josèphe, des Esséniens et des rabbins. La question est essentielle : il se peut fort bien en effet que le courant qui a émergé et triomphé dans le judaïsme rabbinique plus tardif n'ait pas été plus représentatif de toutes les tendances existant dans le judaïsme du Ier siècle en matière de sexualité et de mariage. Il est important d'être certain a priori que le judaïsme pharisien, par exemple, avait la même position sur le célibat et le mariage que les divers courants ésotériques, prophétiques, apocalyptiques ou mystiques existant au sein du judaïsme à l'époque de Jésus. [...]

Il se trouve en fait qu'un juif de la Palestine du Ier siècle (Josèphe), un juif de la diaspora du Ier siècle (Philon) et un païen très cultivé du Ier siècle (pline l'ancien) ont tous les trois affirmés d'une manière ou d'une autre que la plupart des esséniens, sinon tous, étaient célibataires. [...]

... dans Tout homme vertueux est libre (Quod omnis probus liber, 12-13e chap. 75-91) Philon évoque la présence d'hommes d'âges différents dans la confrérie, assis à des places déterminées d'après leur âge, les jeunes gens en dessous des plus âgés. Il n'y parle pas explicitement de refus du mariage, mais l'accent qui est mis sur les liens étroits de la vie communuataire et sur la pureté parfaite des membres semble impliquer ce refus. Les esséniens ne sont pourtant pas les seuls célibataires dont parle Philon. Il consacre un ouvrage entier à un autre groupe d'ascètes, les thérapeutes établis en Égypte. [...] Les thérapeutes pratiquent l'abstinence sexuelle et la maîtrise de soi, Philon laisse entendre que certains d'entre eux ont quitté famille et amis, y compris femme et enfants. Mais, affirme-t-il également, c'est depuis leur jeunesse que certains des thérapeutes se sont engagés dans cette voie contemplative de la philosophie [...] selon Philon, il existe aussi une branche féminine des thérapeutes qui se joint aux membres masculins pour la célébration du sabbat, bien qu'ils demeurent séparés entre-eux. Il dit expressément que la plupart de ces femmes sont des vierges d'un certain âge ayant volontairement préservé leur chasteté. [...]

La raison précise de cette pratique du célibat à Qumran est encore objet de débat : une théologie de l'alliance au Sinaï exigeant l'abstinence sexuelle en vue de se préparer à la rencontre avec Dieu, l'extension des règles de pureté cultuelle sacerdotale à la communauté tout entière, considérée comme temple vivant adorant Dieu en compagnie des anges; ou la croyance que le groupe était ou serait engagé dans une guerre sainte en compagnie des anges contre les puissances du mal à la fin des temps [...] d'une manière générale, on peut affirmer sans trop s'avancer que, durant une époque de crise dans les institutions sociales et religieuses d'Israël, un certain nombre de ces facteurs ont convergé pour créer une atmosphère propice à la pratique du célibat au sein de certains groupes juifs marginaux. [...] on peut affirmer avec certitude, sans risque d'être contredit, que deux auteurs juifs éminents du Ier siècle de notre ère, Josèphe et Philon, considéraient le célibat comme un fait avéré dans certains groupes juifs marginaux. Et qui plus est, loin d'être choqués ou écoeurés par l'idée du célibat, ces deux juifs l'incluent dans la description très élogieuse qu'ils font des esséniens, ce que fait également Pline. Ainsi donc, non seulement le silence du Nouveau Testament sur une femme ou un enfant supposés de Jésus oriente dans la direction opposée à celle suggérée par Phipps, mais, si l'on envisage tout l'éventail du judaïsme du Ier siècle, on y trouve pas un environnement totalement opposé au célibat religieux, comme le voudrait Phipps. Le célibat, inutile de le préciser, était un style de vie tout à fait inhabituel, qui n'était pratiqué que par un petit nombre de juifs, parmi lesquels un ou deux groupes marginaux. Mais nous aurions tort d'être sceptiques à propos de l'éventuel célibat de ce juif marginal [Jésus] qui est l'objet de notre recherche, un juif si inhabituel à tant d'égards qu'il a pu également manifester sa marginalité par le célibat.

Mais les esséniens, Qumran et les thérapeutes n'étaient pas les seuls exemples de célibataires religieux juifs entourés d'un halo de respect, à l'époque de Jésus. L'Ancien Testament possédait au moins un personnage religieux célibataire [...] ce cas unique de l'Ancien Testament est le personnage pathétique du prophète Jérémie. [...] Nous avons donc au moins un exemple d'un prophète de l'Ancien Testament pour qui le célibat n'était pas une qu'une affaire secondaire, un style de vie en option. C'était sur ordre de Yavhé, une incarnation très littérale et douloureuse du message prophétique de jugement proclamé par Jérémie, pour annoncer la catastrophe imminente qui surviendrait comme châtiment de l'apostasie du peuple de Dieu (Jr 16,1).

Cela nous doit pas nous surprendre totalement si, à l'époque de Jésus, un autre prophète, annonçant le jugement avec véhémence, semble également avoir été célibataire, à savoir Jean le baptiste. [...] le seul fait que ce prophète ascétique, se nourrissant de sauterelles et de miel sauvage, parcourait la vallée du Jourdain et le désert de Judée sans avoir apparemment de domicile fixe, en proclamant un message radical concernant l'imminence du jugement d'Israël, indique probablement qu'il était célibataire. Cela correspond bien à un personnage tel que Jean de souligner que les juifs ne doivent pas compter sur leurs liens de sang et sur leur descendance d'Abraham.[...] Jean n'avait pas rempli son devoir de succéder à son père Zacharie comme prêtre et de continuer la lignée sacerdotale par son mariage et sa progéniture. [...] ce n'est peut-être pas par hasard que Marc termine le récit de l'exécution de Jean par Antipas en ces termes : «les disciples de Jean vinrent prendre son cadavre et le déposèrent dans un tombeau» (6,29). [...] il n'y avait autour de Jean ni femme ni enfant ni aucune famille pour veiller à l'une des obligations les plus sacrées qui incombaient aux membres de la famille dans le judaïsme : organiser les obsèques du mari ou des parents et y prendre part. Dans son ministère prophétique, Jean a-t-il peut-être immité conciemment Élie; ce prophète itinérant du jugement dans l'Ancien Testament a non seulement été interprété ensuite par le judaïsme comme une figure eschatologique (dès Malachie et Ben Sira); mais divers auteurs patristiques (par exemple Ambroise et Jérôme) ont également vu en lui un célibataire.

Le judaïsme ne voyait pas d'inconvénients à ce que l'on dépeigne comme célibataire celui qui fut le premier prophète, le ''voyant'', celui qui donna la Loi, Moïse (mais seulement après le début de ses rencontres avec le Seigneur) Nous savons que cette interprétation commence déjà à se développer chez Philon, au Ier siècle de notre ère. Mais ce qui est plus surprenant, c'est que l'idée apparaît également dans divers textes rabbiniques. Le point essentiel de la tradition s'appuie sur un raisonnement a fortiori. Si les Israélites, au Sinaï, devaient s'abstenir temporairement de relations avec leurs femmes afin de se préparer à l'annonce brève que Dieu allait leur faire une seule fois, à plus forte raison Moïse, à qui Dieu parlait régulièrement, devait-il observer la chasteté de façon permanente ( voir b.Sabb. 87a) La même tradition, mais vue du côté de l'épouse délaissée est rapportée dans le Sifré sur les Nombres 12,1 En général, les rabbins étaient peu favorables au célibat religieux, pour ne pas dire hostiles; par conséquent le fait que cette tradition sur Moïse ait survécu même dans des écrits rabbiniques plus tardifs est le signe qu'il s'agissait d'une tradition très ancienne et largement répandue à l'époque des rabbins. [...] observons bien la typologie que nous avons vue à l'oeuvre pour Jérémie,. Jean le baptiste et le personnage de Moïse tel qu'il est interprété par les rabbins : le prophète qui reçoit directement la révélation de Dieu pour la communiquer à son peuple bien-aimé mais pécheur Israël, voit sa vie tout entière radicalement changée par sa vocation prophétique. Le prophète est profondémment modifié, mis à part, séparé par et pour la Parole de Dieu; et ce changement s'incarne de manière visible dans la rare et impressionnante vocation au célibat, vocation qui, aux yeux de nombreux juifs, est quelque chose de terrifiant.

En règle générale, s'ils acceptaient l'idée qu'un personnage ancien comme Moïse ait été célibataire (au moins durant son ministère au service d'Israël), les rabbins n'autorisaient pas leurs collègues rabbins ni leurs disciples à pratiquer le célibat. [...] alors que lui-même demeurait sans épouse, rabbi Siméon ben Azzaï recommandait paradoxalement le mariage et la procréation. Lorsqu'on l'accusait de ne pas pratiquer ce qu'il prêchait, il répondait : « Mon âme est amoureuse de la Torah. D'autres que moi peuvent assurer la continuité du monde » (b.Yebam, 63b)

Le fait que cette tradition ''déviante'' ait pu être intégrée au Talmud de Babylone peut laisser penser que le célibat, bien que mal vu des rabbins, n'était pas totalement banni dans le judaïsme au cours des siècles qui suivirent immédiatement l'époque du Baptiste et de Jésus. Ajoutons que, même si ben Azzaï est loin d'être un Jérémie ou un Baptiste, son raisonnement en faveur du célibat est fondamentalement semblable à celui de ces personnages plus manifestement prophétiques : un engagement dévorant de toute la vie au service de la Parole de Dieu met quelqu'un en dehors de la voie habituelle consistant à se marier et à élever des enfants. Compte tenu de l'existence de cette tradition marginale dans le judaïsme ancien, il n'est guère surprenant que le spécialiste juif Geza Vermès [1] n'ait pas de difficultés à considérer Jésus comme célibataire et à expliquer cet état inhabituel par le fait qu'il était prophète et qu'il avait reçu l'Esprit.

[...]

Lorsque l'on relie entre-elles toutes ces tendances, on s'aperçoit que le 1er siècle ap.J.C. comptait quelques étonnants individus et groupes célibataires : un certain nombre d'esséniens et de qumraniens, les thérapeutes, Jean le Baptiste, Jésus, Paul, Épictète, Apollonios de Tyane et divers philosophes itinérants. Au Ier siècle ap.J.C. , le célibat était toujours un choix rare et parfois choquant. Mais c'était un choix viable.»


Source : Jean Paul Meier, Un certain juif Jésus, Paris, Éditions du Cerf, 2005, tome 1, chap.X, pp. 205-213

____
[1] Vermès, Jésus le juif, pp.131-135. Prudemment, Vermès note qu'il ne parle que de l'état de Jésus pendant son ministère public. À son sentiment, la recherche historique n'est pas en mesure de parler de la situation de Jésus avant son baptême par Jean simplement du fait de l'absence totale d'information.

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Re: Israël et figures du NT : le célibat consacré.

Message non lu par Cinci » jeu. 02 sept. 2010, 20:17

En complément :
  • Au temps de Jésus, le judaïsme constituait un riche patchwork fait de nombreux courants religieux différents. Les recherches récentes sur Qumrân, les pseudépigraphes (parmi lesquels bon nombre de textes apocalyptiques juifs), les auteurs hellénistiques juifs (notamment Philon et Josèphe) et les sources de la littérature rabbinique postérieure nous ont appris à cesser de considérer le judaïsme comme une seule entité, claire et définissable, appelée ''judaïsme orthodoxe''. Il a fallu attendre 70 ap. J.C. pour que les divers courants du judaïsme fusionnent et forment un seul judaïsme rabbinique ou orthodoxe; et, même alors, des mouvements clandestins ou mineurs comme le mysticisme de la Merkabah, les textes magiques et plus tard la résistance qaraïte à l'enseignement rabbinique, ne disparurent pas totalement. Aujourd'hui, certains spécialistes préfèrent même parler de « judaïsmes » au pluriel, tellement ce phénomème qu'on nomme judaïsme ancien leur apparaît vaste et divers. (ibid., p.65)

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Re: Israël et figures du NT : le célibat consacré.

Message non lu par Shinran » jeu. 02 sept. 2010, 20:42

Bon en résumé qu'est-ce que vous voulez dire? (j'avoue être un peu fatigué et donc de ne pas vouloir lire tout :oops: )

Par contre c'est gentil de s'intéresser à mes propos sur un autre forum, y avez-vous répondu aussi?
" Seigneur, à qui irons-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle." Jn 6, 68

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Re: Israël et figures du NT : le célibat consacré.

Message non lu par DA95 » ven. 03 sept. 2010, 10:38

Bonjour Shinran,

Il semble que Cinci veut nous dire que Jésus était célibataire. Il nous montre par ailleurs que la thèse de Phipps est réfutée par Meier
"Amen, viens, Seigneur Jésus !" Ap 22,20

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Re: Israël et figures du NT : le célibat consacré.

Message non lu par Cinci » sam. 04 sept. 2010, 0:14

Oui, merci DA95

[...]

Shinran,

Ah ? Je vous inflige trop de lecture pour le coup. Peut-être. C'est vrai. Mettez ça sur le compte de la joie à partager de mon côté. Vous me sembleriez être d'un tempérament de chercheur quelque peu. Aussi, je me disais que des trucs dans le propos de Meier auraient pu vous intéresser.

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Re: Israël et figures du NT : le célibat consacré.

Message non lu par Cinci » sam. 04 sept. 2010, 0:26

Ce que je veux dire :

Votre première idée :
  • Paul était pharisien, il se considérait même comme un bon pharisien et donc il devait être marié. Pour les juifs les gens doivent être mariés pour répondre à la demande faite en Gn 1, seul les esséniens semble avoir vécu un célibat.
Meier fait remarquer :
  • Mais les esséniens, Qumran et les thérapeutes n'étaient pas les seuls exemples de célibataires religieux juifs entourés d'un halo de respect, à l'époque de Jésus.
En reprenant par-ici juste dans la première idée, la vôtre :
  • ... pour les juifs les gens doivent être mariés pour répondre à la demande faite en Gn 1
Meier fait ressortir le protype de l'argument :

  • Examinons le mécanisme de l'argumentation : Phipps parcourt l'ensemble de l'Ancien Testament, de la littérature intertestamentaire et de la littérature rabbinique pour faire ressortir que les juifs voyaient la sexualité et le mariage comme une bénédiction accordée à l'humanité par la grâce du Créateur. À l'époque de Jésus, le célibat aurait été impensable en tant que style de vie pour un juif pieux ordinnaire et en particulier pour un maître ou un rabbi. L'image d'un Jésus perpétuel célibataire est le produit d'une théologie chrétienne plus tardive, qui a souffert traditionnellement d'une visions déformée de la sexualité et du mariage. Le silence est à interpréter en fonction d'un contexte donné. [...] Le silence du Nouveau Testament sur ce sujet tient au fait que les plus anciennes traditions sur Jésus auraient simplement considéré le mariage de Jésus comme une évidence.

L'argument de Phipps qui se trouve dans son propre ouvrage Was Jesus married ? The Distortion of Sexuality in The Christian Tradition est exactement le même argument qui vous ferait croire comme une nécéssité au mariage de Paul, un moment donné dans sa vie. Avec ce même argument, Phipps va conclure en quoi Jésus aura été marié nécéssairement. C'est toujours la même raison avancée : le judaïsme ancien. Il serait peut-être de la nuance à introduire pourtant.

[...]

Shinran,

Meier montre que ''le judaïsme ancien'' n'était pas un bloc monolithique et qu'il ne se trouvait pas, de fait, quelque chose comme une règle uniforme, en quoi tous les juifs pieux auraient dû être obligatoirement forcés de se marier, tous et sans exception. Oui, l'on pourrait alors se limiter pour considérer que les pharisiens uniquement. On pourrait dire que les pharisens, eux, auraient dû tous se retrouver dans une condition de gens mariés en tout cas.

Voici :
  • ... alors que lui-même demeurait sans épouse, rabbi Siméon ben Azzaï recommandait paradoxalement le mariage et la procréation. Lorsqu'on l'accusait de ne pas pratiquer ce qu'il prêchait, il répondait : « Mon âme est amoureuse de la Torah. D'autres que moi peuvent assurer la continuité du monde » (b.Yebam, 63b)
En somme, lorsque nous n'aurons pas d'information sur le passé réel de Paul, mais l'on ne pourra pas conclure ''comme d'une évidence'' qu'il aurait dû fatalement être marié lui-même. Ce n'est pas sûr. On en sait rien. Le pharisien ci-dessus et qui remonte circa le Ier siècle : il n'est pas marié. Bref, ce serait bon d'être prudent à ce sujet.

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Re: Israël et figures du NT : le célibat consacré.

Message non lu par Cinci » sam. 04 sept. 2010, 0:48

ENFIN

Mine de rien, c'est plein de petites choses fort intéressantes dans ce que Meier rapporte. Voyez, même cette tradition rabbinique à propos du célibat de Moïse ( Moïse !), son célibat durant tous ses années de vie publique, astreint au service de Dieu et du peuple. Je n'aurais pas deviné spontanément que les rabbins pouvaient avoir une telle conviction.

Il s'avère que pas mal de prophètes d'Israël, et non pas des moindres, auront été chastes et abstinents sexuellement parlant. On pourrait penser qu'il nous en jètte une lumière ici à propos de Paul, bon connaisseur de la Bible et ainsi que de traditions rabbiniques; qu'à l'instar de celle que Meier peut rapporter de son côté. Oui, ici en fait de tradition juive. Il en pourrait permettre de comprendre le fameux conseil paulinien : « Je voudrais que vous puissiez tous être comme moi ». Si on le prend comme un voeu de Paul s'exprimant surtout, pas exclusivement mais a fortiori, comme s'adressant envers des frères appelés au service dans l'Église. Si on imagine ce ''background'' proprement prophétique en arrière-plan : la remarque de Paul peut se comprendre assez facilement. C'est si l'échelle de mesure à Paul n'est pas tellement ce que les pharisiens feront autant que ce que de grands prophètes d'Israël auront fait - or qu'à leur célibat - ici; qu'étant alors comme entièrement ''dévorés'' eux-mêmes par leur service.

On dira que les rabbins poussaient au mariage. Et c'est vrai ! Puis c'est exactement ce que font les prêtres catholiques encore aujourd'hui.

La chose qu'il faudrait considérer cependant : du temps de l'Israël ancien était bien l'idée-force que le service en présence de Yavhé (Face à Lui, dans le Temple; Saint des Saints) recquiérait une abstinence de la part du serviteur. C'était toujours le cas chez les prêtres du Temple, mais du moment qu'ils étaient en service commandé. La question du célibat consacré dans l'Église est un truc qui plonge bien ses racines dans le monde de la Bible. Puis c'est toujours une minorité qui est appelé à ce genre de service. S'il est un prêtre catholique pour cinq cent, mille ou dix mille paroissiens : l'on peut parler d'une minorité. Le modèle de l'Église est celui du sacerdoce royal. Entendre : l'oint. Il est un serviteur qui est revêtu de la puissance de l'Esprit pour un service particulier, au nom de la Parole, pour la Parole et en faveur du peuple. C'est le modèle prophétique en même temps. Cf. Jésus, Jean le baptiste, etc. La charge dans l'Église répond comme au voeu paulinien également : « Je voudrais que vous soyez ...» De là, aurons-nous cette présence dans l'Église de célibataires consacrés.

Les protestants avec leur propre institution du pastorat possèdent une institution qui, par l'esprit, s'apparente à l'institution pharisienne proprement dite. Entendre : les pharisiens étaient des laïcs, mariés la plupart du temps en effet (n'étant pas des prêtres), n'effectuant eux-mêmes aucun sacrifice non plus, plutôt comme une confrérie d'amants de la Parole de Dieu, livrés à l'étude des textes, s'instruisants comme mutuellement entre-eux, délivrant à l'occasion des conseils au peuple, etc. La synagogue est comme le modèle du temple protestant. On dit : une salle commune, profane, un peu ouverte à tous vents, dépourvus de prêtres, sorte de centre culturel placé bien évidemment sous le chapeautage des Écritures, lorsque certains rites sociaux peuvent s'y dérouler (comme le bar-mitzva à l'âge de 12 ans), etc. Le pharisien marié doit vivre de ses mains en occupant un métier quelconque dans le sein de la communauté. On comprend que les protestant soient si rétifs à l'idée du célibat en général; même que consacré. Dans ce modèle : le mariage va de soi mais bien que permettant ''quelques'' exceptions.

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Re: Israël et figures du NT : le célibat consacré.

Message non lu par Christophe » sam. 04 sept. 2010, 10:11

Excusez-moi de prendre la discussion en cours, et peut-être de tomber « à côté », mais il me semble hors de doute que Paul était lui-même célibataire, comme il l'indique dans sa première épitre aux corinthiens :
01 Au sujet de ce que vous dites dans votre lettre, admettons qu'il soit bon pour l'homme de ne pas toucher la femme.
02 Cependant, étant données les occasions de débauche, que chacun ait sa femme, et que chacune ait son mari à elle.
03 Que le mari remplisse son devoir d'époux envers sa femme, et de même la femme envers son mari.
04 Ce n'est pas la femme qui dispose de son propre corps, c'est son mari ; et de même, ce n'est pas le mari qui dispose de son propre corps, c'est sa femme.
05 Ne vous refusez pas l'un à l'autre, sinon temporairement et en plein accord, pour prendre le temps de prier et vous retrouver ensuite ; autrement vous ne sauriez pas vous maîtriser, et Satan vous tenterait.
06 Ce que je dis là est une concession, et non un ordre.
07 Je voudrais bien que tout le monde soit comme moi-même, mais chacun a reçu de Dieu un don qui lui est personnel : l'un celui-ci, l'autre celui-là.
08 A ceux qui sont seuls et aux veuves, je déclare qu'il est bon pour eux de rester comme je suis.
« N'ayez pas peur ! » (365 occurrences dans les Écritures)

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Re: Israël et figures du NT : le célibat consacré.

Message non lu par Shinran » sam. 04 sept. 2010, 12:51

Bonjour Cinci,

merci pour le message qui a suivi c'était en effet plus clair.
Oui je connais les ouvrages de Meier, mais il faut avouer qu'il faut les lire à tête reposée parce que c'est du costaud.

Il est très intéressant, mais pas toujours en accord avec ce qu'on dit habituellement dans nos église, par exemple que Jésus n'est pas né à Bethléem.

Donc comment se positionner par rapport à ses écrits? Lui donner raison sur tout ou bien piocher juste ce qu'il nous convient?

Dans le fond des choses c'est vrai que le mariage de Paul va plutôt donner à spéculer parce qu'on ne sait pas.
La probabilité d'un mariage est forte mais pas certaines.
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Re: Israël et figures du NT : le célibat consacré.

Message non lu par Cinci » sam. 04 sept. 2010, 22:33

Salutation !

Shinran :
Oui je connais les ouvrages de Meier, mais il faut avouer qu'il faut les lire à tête reposée parce que c'est du costaud.
C'est vrai. Il faut prendre son temps. J'ai de ses tomes depuis deux-trois ans. Je n'ai pas encore fini de les lire, les absorber. C'est quasiment un investissement de les acheter (sourire). Mais ça vaut la peine pour le panorama qu'il offre, la synthèse et les références qui se trouvent dedans.
Il est très intéressant, mais pas toujours en accord avec ce qu'on dit habituellement dans nos église, par exemple que Jésus n'est pas né à Bethléem.
Oui. C'est le premier choc que j'aurai eu. Il n'aime pas beaucoup «les évangiles de l'enfance», Meier. Quoique ? Sa position est vraiment subtile en cette matière. C'est ce qui est difficile à voir d'un premier coup d'oeil. Il en prend le temps là aussi pour voir réellement ce qu'il dit. Il me reste encore des réserves par rapport à ce que peut dire Meier dans son chapitre traitant la question; du reste qu'on ne sera pas obligé non plus d'être toujours d'accord avec lui (et il le dit en plus dans son ouvrage). C'est de la prudence.

[...]

Pour Paul : il m'apparaîtrait clair au moins qu'il n'aura pas vécu en union avec une femme le temps de son ministère au service de l'Évangile, soit comme plusieurs années et jusqu'à la fin de sa vie. On dira : jusqu'au temps de son martyr à Rome.

Cinci
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Re: Israël et figures du NT : le célibat consacré.

Message non lu par Cinci » sam. 04 sept. 2010, 23:00

Christophe,

En effet. Pendant la période de ses grands voyages missionnaires, Paul est dans la condition d'un homme qui n'est pas marié. Sa lettre aux Corinthiens n'a de sens que si lui-même est bel et bien célibataire. Et la recommandation qu'il donne aux destinataires de sa missive suppose idéalement (pour ceux qui le peuvent) une vie tout entière dédiée ainsi au Seigneur. C'est le célibat consacré.

[...]

Ce qui est vraiment surprenant, détonnant et formidable est que, lui, Paul, l'ancien pharisien, puisse penser seulement à délivrer une pareille recommandation. Je le dis : c'est renversant à première vue. Un ancien pharisien zélé comme Paul sera capable de conseiller à quelque père de famille laïc de ne pas contraindre sa fille à se marier; il fera même mieux s'il laisse sa fille dédiée sa vie au Seigneur, pour rester célibataire, rester vierge. On ne peut pas imaginer conseil plus contraire aux recommandations habituelles et pressantes des milieux pharisiens.

Ce que dit le dictionnaire encyclopédique du judaïsme :

  • «... Ben Azzaï, érudit talmudique, ne se maria jamais,
    mais lui et ses confrères reconnurent qu'il faisait ex-
    ception (Yev 62b). On ne connaît aucun des rab -
    bins de l'époque médiévale qui ne fût marié, et on
    n'autorisait pas les célibataires à détenir des res -
    ponsabilités dans la communauté juive. Le judaïsme,
    au contraire, encouragea le mariage précoce,
    voyant là un excellent moyen de lutter contre la
    tentation sexuelle.»

    - Dictionnaire encyclopédique du judaïsme,
    Dir. Geoffrey Wiggoder, Sylvie Anne Goldberg
    ( adaptation française), Paris, Cerf/Laffont,
    1996, p.174
C'est un peu moins surprenant cependant, pour Paul, quand on saura que le Christ aura fait irruption dans sa vie (seul élément qui puisse permettre de comprendre cette rupture chez lui d'avec son ancien milieu), tout en tenant compte aussi du ''background'' qu'il est permis de voir avec Meier, au sujet du judaïsme un peu éclaté d'avant l'an 70 ap. J. C., mais encore mieux avec le cas des anciens prophètes d'Israël, soit le prophétisme qui n'est pas du tout le rabbinat et encore moins le rabbinat postérieur au Ier siècle de notre ère. Parce que ce dernier se sera probablement durci avec le temps sur des petites questions comme celle-là.

Quoi qu'il en soit, on a Paul qui valorise le célibat consacré dans l'Église à Corinthe. Encore qu'il serait intéressant de songer, aussi, que l'Église à Corinthe, oui en particulier, est sise dans un territoire antique plutôt connu pour la licence des moeurs qu'on y trouvait : le haut-lieu de la prostitution sacrée. Le contraste est singulier. Dans un tel contexte : un pharisien juif aurait sans doute conseiller le mariage au plus tôt afin de préserver les jeunes de la corruption, la débauche. Paul fait tout de même le contraire en terme de conseils à donner, mais alors de conseils à donner tel qu'envers un père chrétien, et pour qui son propre enfant vit vraiment dans la foi au Christ. Il y a un élément qui est proprement prophétique chez Paul. Le prophétisme fait rupture d'avec le conformisme au siècle. C'est un point de vue qui diffère chez Paul de l'opinion commune qui existe jusque dans le protestantisme de nos jours; opinion dans ce dernier cas qui ne sera pas tellement différente de celle des rabbins en substance*.

L'opinion diffère chez Paul en ce sens qu'il va même recommander ce célibat pour des personnes autres que les seuls grands personnages bibliques d'exception, l'en peut le promouvoir jusque pour des personnes que l'on dirait être ordinnaires. C'est la révolution ''de palais'' qui est chez l'apôtre. En un sens : on peut voir l'affaire telle une élévation de la dignité de simples personnes. Le tout ne consistant pas rien qu'à devoir se soumettre à une ordonnance même divine (''multipliez-vous !'') ou à être dans la crainte ou la peur du mal. Cf. la débauche. La dignité serait plutôt ici dans le fait que même une simple personne (non pas qu'un grand prophète seulement; non pas que l'oiseau rare) peut consacrer toute sa liberté au Seigneur.

[...]

C'est dommage qu'il soit tant de réactions négatives dans le monde protestant (évangélique encore plus; les libéraux l'on en parlera pas) en rapport à l'histoire du célibat consacré. Tant d'accusations ! Mais c'est qu'en réalité le célibat consacré (au-delà d'une apparence première peut-être) est le genre de choses qui s'enracine pour vrai dans le monde de la Bible et dans le Nouveau Testament. La chrétienté primitive l'aura promut aussi. On ne dira pas les rabbins, mais l'Église primitive certainement. Puis, toujours du côté de l'Église primitive : ce ne l'aura pas été non plus du fait telle d'une corruption spéciale étrangère qui aurait dû finir par s'introduire traîtreusement dans son sein.

___

* Ce n'est pas une insulte ou une injure. Vous penserez bien. Plutôt, c'est seulement ce que l'on verra quant à la nature de l'opinion, sa construction.

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