@ cracboum
En revanche le cerveau pense, et la première pensée est celle de sa propre existence pensante.
Heu, et bien, non, justement : la première réalité pensée dans le cerveau, ça n'est pas sa propre existence pensante : la première chose pensée dans le cerveau, c'est l'existence de la réalité extérieure.
Ce n'est qu'ensuite, plus tard, que la pensée peut faire retour sur elle-même et se penser comme pensante.
Ce qui est logique, d'ailleurs.
Je ne vois donc pas comment vous pouvez espérer que l'on considère comme valide un raisonnement qui se fonde sur une première affirmation fausse.
"si la pensée est certaine de son existence et donc d'une certaine réalité, elle ne peut se prononcer sur la nature d'autres réalités qui existent parce qu'elle les pense et dont elle ne peut affirmer l'existence objective que par un ensemble d'informations, certes convaincantes, mais qui relèvent, au final, de son propre fonctionnement.
La pensée est certaine de son existence, mais elle ne pense pas son existence , elle se pense existante, alors qu'elle pense l'existence de tout ce qu'elle pense, elle n'en a donc pas le même degré de certitude."
Non. La pensée ne "pense" pas l'existence de ce qu'elle pense : elle reçoit, elle perçoit.
Nous ne nous disons pas "tiens, je vais penser ici une table", une table apparaissant à ce moment : nous percevons une table à tel endroit, par nos sens, et nous aurons beau penser une table ailleurs, ne serait-ce qu'un centimètre plus à droite, ça ne changera rien à ce que nous percevons par nos sens. Preuve que c'est la réalité extérieure qui conforme la pensée et non l'inverse.
D'autre part, ce que vous écrivez ne peut pas venir en renfort des propos de Gaeldr : il a lui-même fondé et justifié ses propos par l'existence des hallucinations, par les imperfections de la vue, toutes choses qui sont donc considérées et utilisées par lui comme des réalités certaines, alors même qu'elle font partie de cette réalité extérieure dont il nous dit qu'on ne peut rien en connaître de façon certaine.
D'autre part, si on part du principe (et c'était le cas ici) que rien de ce que nous percevons ne peut être certain, car on peut imaginer qu'il s'agit d'un rêve ou d'une illusion, alors il s'ensuit que de la perception par elle-même de la pensée comme pensante on peut tout aussi bien imaginer qu'il s'agisse d'un rêve et d'une illusion, et donc on n'en est pas plus certain ; il est donc faux de dire que la pensée soit certaine de son existence, à partir du moment où on pose comme principe que tout ce que l'on perçoit peut-être erreur ou illusion : le fait même de penser peut-être une illusion.
Donc, prétendre que nous ne pouvons rien connaître de la réalité extérieure, cela ne fonctionne pas (puisque pour l'expliquer, le démontrer, le justifier, on est obligé de faire appel à des faits de la réalité extérieure, reconnus comme vrais),
dire que le premier mouvement de la pensée c'est de se penser comme pensante, c'est faux, puisque dans les faits nous commençons par percevoir et penser, et ensuite seulement, une fois qu'elle pense, la pensée peut se penser comme pensante (ce qui me semble logique).
En conséquence, on est bien obligé d'admettre la première évidence, la première vérité qui fonde toutes les autres, à tel point que, nous l'avons vu, toute tentative de la nier s'effondre en étant obligée de faire appel à ce principe qu'elle voudrait nier : l'existence.
C'est l'existence qui est une évidence avant notre pensée, et l'existence que nous percevons avant même de percevoir notre propre pensée, l'existence qui modèle notre pensée et non l'inverse.