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Mais le bonheur est-il "mesurable" par des "tests" ? Ne tombons-nous pas là dans une illusion/erreur commune à notre temps qui croit soit que tout est mesurable, soit que n'est valable que ce qui se peut mesurer et définir par des taux ?Par exemple, je définis le bien comme la potentialité de l'être humain. Donc concrètement : son aptitude physique, psychologique et cognitive, ses connaissances, sa force de volonté, toutes choses qui peuvent être mesurées objectivement, par exemple par des tests (sinon l'éducation serait impossible car on ne pourrait pas faire d'évaluation des acquis).
Prenez l'exemple des "tests de QI", dont beaucoup voudraient exagérer l'importance : on voudrait s'imaginer qu'ils sont une "mesure" objective de "l'intelligence" de chaque individu ! Alors que des scientifiques plongés dans l'étude de la neurologie et du psychisme sont, eux, plutôt sceptique à ce sujet, et préfèrent parler DES intelligences, qu'on ne peut pas franchement mesurer de façon objective par des tests.
D'ailleurs, si on veut être honnête et précis, on parlera toujours de tests d'évaluation : certaines observations permettant d'évaluer, de jauger, certaines aptitudes d'un individu - et cette évaluation à partir (et non par) des résultats des tests comportera forcément toujours une part d'interprétation de la part de l'examinateur ; non que cette interprétation soit purement subjective - elle sera fondée sur son expérience, ses propres connaissances, sa pratique, son empathie, son intelligence psychologique, etc... ;
mais simplement, il serait donc abusif de prétendre que les résultats bruts de tel tests seraient une "mesure" objective de la capacité de l'individu.
J'exprime donc ma plus grande septicité concernant la "mesure" "objective" de la force de volonté, et même des connaissances, ou de telle ou telle forme d'intelligence.
Quant à l'éducation, de même : comment croire que des tests permettent de "mesurer" les acquis plus objectivement qu'une discussion ou la connaissance de la personne ?
J'ajouterais qu'il en va comme en biologie et en médecine : d'une part, toujours se demander ce qu'on mesure réellement avec un test donné (l'intelligence d'une personne, ou son pur entraînement par habituation à répondre aux critères d'un certain type de test particulier ?), d'autre part, toujours remettre la mesure en perspective, ce qui signifie là encore interpréter en fonction du contexte, des autres mesures, et de nombres d'observations absolument pas mesurables du tout.
Si c'est déjà vrai pour l'évaluation (l'évaluation, donc, pas la mesure) de l'état de santé d'un patient, combien le sera-ce plus encore s'agissant d'une intelligence, de la volonté, des vertus, ... et du bonheur.
D'ailleurs : et l'amour, dans tout ça ? Il contribue au bien et au bon, je suppose. On le mesure comment ? Par quels tests ?
. Le bonheur, la morale : ce qui est bon pour soi.
Soit.
Mais qu'entend-on par là ? Ce que la personne considère bon pour elle, ou ce qui est réellement bon pour elle ? Y a-t-il une différence entre ces deux termes ?
Et qu'entend-on par "bon" ? Ce qui fait plaisir ? Ou tout autre chose ?
Finalement donc, se contenter de cette définition ne nous avance pas - puisqu'après s'être demandé "qu'est-ce que le bonheur ?" ou "qu'est-ce qui est moral ?", on aura simplement reformulé la question en "qu'est-ce qui est bon ?".
Ce qui n'est pas sans intérêt, remarquez. Simplement, les opinions diverses qui s'expriment au sujet de "ce qu'est le bonheur" demeureront les mêmes sur le sujet de "ce qui est bon".