15 novembre Saint Albert le Grand

« Que le juste pratique encore la justice, et que le saint se sanctifie encore. » (Ap 22.11)
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15 novembre Saint Albert le Grand

Message non lu par ami de la Miséricorde » ven. 15 nov. 2013, 14:31

L’Espérance

1. L'espérance parfaite et véritable, c'est l'attente certaine du bonheur futur ; cette attente provient de la grâce de Dieu et de nos mérites précédents ; et il faut ces deux causes à l'espérance, car la grâce de Dieu ne se conserve que par nos mérites, et les mérites seuls, sans la grâce, ne sauvent personne. Sans les mérites, l'espérance n'est plus l'espérance, elle est présomption.

2. Il a la véritable espérance, celui qui, malgré le fréquent exercice des bonnes œuvres, se confie en la seule bonté surabondante de Dieu et en la divine libéralité, mais nullement en ses mérites : sait-il seulement si ses bonnes actions sont agréables à Dieu ? puisque « toutes nos justices sont pareilles à un vêtement souillé » (Isaïe, ch. 64, v.6).

Celui-là possède l'espérance véritable, qui offre à Dieu le juste sacrifice, selon cette parole du Psalmiste : « Offrez des sacrifices de justice, et espérez dans le Seigneur » (Ps.4, v. 6). Ce juste sacrifice, c'est Notre-Seigneur Jésus-Christ lui-même. Fils unique de Dieu, à l'autel de la croix, il s'offrit à Dieu son Père, pour les péchés du monde entier, rançon infiniment supérieure à la dette. Pour racheter tout le genre humain, dit saint Ambroise (1), une seule goutte d'un sang si précieux aurait suffi ; mais il l'a répandu abondamment afin de nous montrer la plénitude de son amour. Et c'est en son sacrifice que se trouve toute notre espérance avec notre salut, selon la doctrine de saint Bernard : « J'ai commis de grands péchés ; ma conscience en est troublée, mais pas totalement, parce que je me souviens des blessures de mon Seigneur. N'a-t-il pas été « blessé à cause de nos crimes ? » (Isaïe, ch. 53, v. 5). Y a-t-il quelque chose de si mortel que la mort du Christ ne puisse détruire ? (2) Que ce remède si puissant et si efficace me vienne donc à la pensée, et aucune maladie désormais, si grave soit-elle, ne pourra m'effrayer. Évidemment, il avait tort, celui qui s'écriait : « Mon crime est trop grand pour que j'en obtienne le pardon » (Gen., ch. 4, v. 13)... Aussi, ce qui me manque de mon propre fond, c'est en toute confiance que je vais le prendre au cœur même de mon Seigneur, parce qu'il s'ouvre par miséricorde, et les ouvertures par où il se répand ne font pas défaut : il a eu les pieds et les mains percés et le côté ouvert par la lance ; grâce à ces blessures, il m'est donc possible maintenant de « sucer le miel du rocher et l'huile qui sort de la pierre la plus dure » (Deutéronome, ch. 32, v, 13), c'est-à-dire, je puis « goûter et voir combien le Seigneur est suave » (Ps. 33, v. 9)... Les clous dévoilent son secret, et le clou qui le transperce me permet de voir la volonté de mon Seigneur. Et qu'est-ce que je vois à travers ? Mais les clous, mais les blessures, tout cela crie et proclame que Dieu est dans le Christ « pour se réconcilier le monde » (IIe lettre aux Cor., ch. 5, v. 19)... Il nous livre les secrets de son cœur par les blessures de son corps. Ce grand signe sacré de la miséricorde se manifeste à nos yeux ; et il se révèle « l'intime de la miséricorde de notre Dieu par quoi le soleil levant nous a visités d'en-haut » (Luc., ch. 1, v. 78). N'est-ce pas son cœur que ses blessures mettent à découvert ? Et y a-t-il moyen, ô Seigneur, de faire paraître plus lumineusement ceci : que vous êtes doux et suave, et d'une immense, miséricorde ? Personne, en effet, n'a une plus grande pitié que celui qui donne sa vie pour des condamnés à mort. Aussi, mon mérite, c'est la miséricorde de mon Seigneur. »

Sa miséricorde, le Seigneur nous l'a manifestée de beaucoup de manières : par ses jeûnes et ses veilles, par ses prières, ses sueurs, ses fatigues et ses larmes ; il a été aussi flagellé ; il a souffert, il a été crucifié, pour suppléer de la sorte à tout ce qui nous manque.

3. Ce qui doit nous porter à l'espérance de la béatitude, c'est l'amour vraiment supérieur du Christ Jésus. N'est-ce pas cet amour qui l'a poussé et comme contraint de mériter notre salut au prix de tant de souffrances ? Et ce salut une fois assuré, pour que nous n'allions pas le perdre, il a mis le plus grand soin à nous donner des Anges protecteurs, les Écritures pour notre instruction, avec ses propres exemples, et les exemples de ses saints, pour nous montrer le chemin ; enfin il nous a donné son corps et son sang qui nous fortifient.

4. II prouve qu'il a la véritable espérance, celui qui résiste au mal virilement, et qui s'affermit dans le bien ; celui-là aussi qui entreprend, en homme de cœur, des œuvres difficiles, et qui y persévère avec courage. Il est écrit : « Ayez bon courage et que votre cœur s'affermisse, vous tous qui espérez dans le Seigneur » (Ps. 30, v. 25).

5. C'est la preuve d'une espérance fausse que de transgresser ses vœux ou les commandements de Dieu, de n'avoir pas le souci de s'amender conformément à l'Écriture, de trop présumer, sans mérites, de la bonté de Dieu. Une espérance semblable est vaine. « L'espérance de l'impie, c'est comme un flocon de laine emporté par le vent, ou une écume légère que disperse la tempête, comme la fumée qu'un souffle dissipe, et le souvenir de l'hôte d'un jour qui passe » (Sagesse, ch. 5, v. 14).


(1) Le P. Berthier (note 3, p. 126) donne la référence suivante : Commentaire de saint Ambroise sur le Ps. 35, préface. On y voit ceci : « C'est un or excellent que le sang du Christ, riche pour nous racheter, il coule abondamment pour laver tous les péchés » (P. L. t. 14, col. 953). Au chapitre 26 (Le zèle des âmes) l'auteur exprime de nouveau la même pensée – : une goutte du sang du Fils de Dieu aurait suffi pour racheter tout le genre humain– qu'il attribue encore à saint Ambroise.

Le P. Robert, dans Aurifodina Universalis (t. 7, p. 55) ou Mine d'or universelle des Sciences Divines et Humaines (éd. de l'abbé Rouquette en 1867, qui reproduit celle de 1680), attribue ce texte à saint Bonaventure, 6e sermon sur le 1er dimanche de l'Avent. On ne trouve pas ce sermon au t. 9 des Œuvres Complètes de saint Bonaventure (éd. de Quaracchi), il n'est donc pas authentique ; dans l'édition de Peltier, Paris, 1868, t. 13, p. 13, l'auteur de ce sermon donne le même texte : « une seule goutte de sang, etc. », en l'attribuant à saint Bernard.

Le P. Robert fait du Paradis de l'âme un titre général dont le traité des Vertus est la première partie. Quelle était la seconde partie ? ?

(2) J'ai eu recours au texte de saint Bernard tel qu'il est reproduit dans Migne (P. L, t. 183, col. 1072). À la place de : détruire (solvere), l'auteur a une autre leçon intéressante (salvare) : y a-t-il quelque chose de si mortel dont la mort du Christ ne puisse guérir (ou sauver) ? Les deux leçons peuvent se soutenir. Laquelle est de saint Bernard ?

Saint Albert le Grand

Sources : livres-mystiques.com

15/11 St Albert le Grand, évêque, confesseur et docteur
http://www.introibo.fr/15-11-St-Albert-le-Grand-eveque

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