10 octobre Saint Daniel Comboni

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laiglejo
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10 octobre Saint Daniel Comboni

Message non lu par laiglejo » ven. 05 mai 2006, 20:40

Source : Journal "30 jours"

Comboni canonisé pour avoir guéri une musulmane
Miracle à Khartoum

C’est une Soudanaise, musulmane pratiquante, qui a ouvert la voie à la canonisation de Daniel Comboni, l’apôtre de l’Afrique


par Stefania Falasca

Les documents du procès canonique le disent clairement. C’est une musulmane, une musulmane pratiquante, qui a ouvert la voie à la canonisation de Daniel Comboni, l’apôtre de l’Afrique. Le conseil des théologiens de la Congrégation pour les Causes des saints n’a eu aucun doute à ce sujet. Le miracle dont a été l’objet cette femme est le fruit de l’intercession du bienheureux Daniel Comboni qui, le 5 octobre prochain, sera proclamé saint. Elle s’appelle Lubna Abdel Aziz. Elle a trente-huit ans. Cinq enfants. Elle vit à Khartoum. Depuis 1986, elle est liée à Khedir El Moubarak, fonctionnaire du régime d’Omar al Bashir et général de l’armée gouvernementale du Soudan, l’un des États africains où est actuellement en vigueur la charia, la loi islamique. Une loi qui a contribué au déclenchement de guerres civiles sanglantes et qui a joué un grand rôle dans les déchirements de ce pays divisé entre le nord, arabisé, et le sud. Mais Khartoum, la capitale du Soudan, est aussi le cœur de l’œuvre de l’un des plus grands missionnaires de l’histoire récente de l’Église. C’est là que le soir du 10 octobre 1881, s’éteignit, consumé par les fièvres et les fatigues, après une vie entièrement consacrée aux peuples africains, Daniel Comboni, le mutran es sudan, le “père des noirs”, comme tout le monde l’appelait. Il fut le premier évêque de Khartoum et fut aussi le premier à fonder dans ces terres lointaines et difficiles des points de mission stables, ouvrant ainsi la voie à l’évangélisation du continent. C’est encore lui qui, le premier, par une décision audacieuse pour l’époque, réussit à faire entrer des femmes consacrées en Afrique centrale. Et non seulement il eut le courage de dénoncer durement auprès des puissants de l’Europe l’ignoble trafic des esclaves, en œuvrant pour leur rachat et leur formation; mais il n’hésita pas non plus, faisant preuve d’un intelligent réalisme, à nouer des liens d’amitié avec les chefs turcs, les grands pachas et les muftis locaux. Sa dépouille mortelle est encore là, disséminée sous l’édifice qui est le siège actuel du gouvernement de Khartoum, là où autrefois se dressait l’ancienne mission catholique qu’il avait fondée. Son image, avec le turban arabe sur la tête, est accrochée aujourd’hui aux murs des écoles des missionnaires comboniens, écoles fréquentées en majorité par des musulmans, et dans l’hôpital de Karthoum géré par les sœurs comboniennes, les Pieuses Mères de la “Nigrizia”: le Saint Mary’s Hospital.
Mais venons-en aux faits.

Chronique d’un miracle

C’est précisément là, au Saint Mary’s Hospital, que Lubna Abdel Aziz entre le 11 novembre 1997. Elle doit subir une césarienne pour la naissance de son cinquième enfant. L’intervention a lieu à 7 h 30. L’enfant naît, mais la femme, le soir de ce même jour, est mourante. «De très graves hémorragies causées par un épaississement du placenta praevia», dit le rapport médical. La femme est donc soumise à deux nouvelles interventions chirurgicales très rapprochées dans la tentative d’arrêter les fortes pertes de sang. Mais après la seconde intervention, les médecins s’aperçoivent que le sang ne se coagule plus et que les nombreuses transfusions auxquelles la jeune femme est soumise ne servent plus à rien. Pour parler dans les termes techniques, qui sont ceux des relations cliniques, «s’est produite une CID (coagulation intravasculaire disséminée) et une fibrinolyse ayant entraîné un choc hypovolémique irreversible, un collapsus cardiaque et un œdème pulmonaire». Bref, il n’y avait plus rien à faire. Les médecins concluent donc: «Pronostic funeste quoad vitam à brève échéance». La documentation clinique est rigoureusement reproduite dans les actes soumis à l’examen du conseil médical de la Congrégation appelé à donner son avis sur ce cas. Figurent aussi dans la Positio, à côté des rapports et des dépositions des médecins intéressés, les interrogatoires et les témoignages des sœurs qui ont assisté la patiente en qualité d’infirmières.
Sœur Maria Bianca Benatelli, responsable du service maternité de l’hôpital, fait le récit suivant: «À deux heures de l’après-midi, la femme est ramenée dans la salle d’opération pour que soit éliminée la cause de l’hémorragie. Mais, à cinq heures, la situation s’aggrave encore. Le sang sortait de partout… il était comme de l’eau, il ne se coagulait plus. Dans l’urgence, lui a été administré du sang qui n’était pas frais et qui n’avait pas subi les contrôles pour le sida. Son mari, qui n’avait pas de mal à se procurer ce qu’il fallait pour les transfusions, a même réussi à trouver deux ampoules de fibrinogène, un médicament qui stimule la coagulation du sang, mais cela n’a pas suffi. Les médecins, finalement, se sont réunis autour de la patiente et le docteur Tadros, hochant la tête, a dit: «“Hopeless”, sans espoir».
«Comment et quand avez-vous commencé à prier pour la guérison de la patiente?», est-il demandé à la sœur au cours de sa déposition au procès.
«La femme répétait: “Aidez-moi”. J’ai éprouvé alors une grande compassion pour cette mère qui s’en allait en laissant derrière elle cinq petits enfants», dit la sœur. «Si elle avait été chrétienne, j’aurais appelé un prêtre pour les sacrements, j’aurais prié avec elle en lui disant de se recommander au cœur de Jésus, de demander l’aide de quelque saint… mais elle était musulmane. Alors, j’ai pensé à Mgr Comboni. C’était aussi le seul dont je pouvais citer le nom à cette femme. Ici, au Soudan, tout le monde le connaît, même les musulmans. J’ai fait appel à lui et je lui ai, à proprement parler, mis cette mère entre les bras: “Regarde, maintenant, il n’y a que toi qui puisses faire quelque chose… il n’y a plus rien à faire, nous ne pouvons plus rien… Mais toi, tu peux le faire… Aide-la! C’est une Soudanaise, une femme de ta terre, une musulmane. Tu leur as fait tant de bien…ne les as-tu pas beaucoup aimés? … n’ont-ils pas une place spéciale dans ton cœur? Sauve-la, ne la laisse pas mourir!”. Il y avait à côté de moi la sœur Orlanda, je me suis tournée et je lui ai dit: “Tu as la foi? Prions Comboni pour qu’il sauve cette pauvre mère”. Je suis alors allée prendre en toute hâte une image de lui et, pendant que je revenais à la chambre, j’ai demandé aussi à Comboni de m’aider à trouver les mots justes pour parler à cette femme. Je me suis approchée d’elle et je lui ai dit: “Lubna, les médecins disent que malheureusement tu es dans un état très grave… Lubna, tu connais peut-être Comboni… si cela ne t’ennuie pas, nous voudrions lui confier ton cas”. Elle a alors demandé: “Comboni, n’est-ce pas celui qui a fait toutes les écoles de Khartoum?”, “Si”, lui ai-je répondu, “mais c’est aussi un ami de Dieu et comme il est près de lui, il peut faire mieux que nous tous. Veux-tu que je laisse là sa photo?”. “Oui”, dit-elle. Il y avait sa mère au pied du lit, musulmane elle aussi. Elle a vu et elle a acquiescé. J’ai mis l’image de Comboni sous l’oreiller [de Lubna], avec le visage tourné vers sa tête pour qu’il la regarde. Et pendant que je mettais la photo sous l’oreiller, je le regardais et je luis disais: “il faut que tu te montres à la hauteur, maintenant”».
Sœur Silvana Orlanda La Marra, l’une des autres infirmières présentes, fait cette déposition au procès: «La femme a perdu connaissance. Le cœur battait de façon imperceptible. Le mari est entré, tenant par la main l’un de ses enfants. Les médecins avaient expliqué à l’homme l’état désespéré de sa femme. Il est resté silencieux. Puis il a pris son fils dans ses bras, il s’est approché de moi et il m’a dit: “Ma sœur, priez vous aussi votre Dieu pour la mère de cet enfant”». La sœur répondit avec tact: «Si vous nous donnez votre accord, nous aurions l’intention de le faire à travers Comboni». «Le mari», poursuit la sœur, «savait qui c’était et il n’y a pas eu besoin d’ajouter autre chose. Il a seulement dit: “Oui. Il a été un grand homme ici”». Toutes les missionnaires commencèrent alors un triduum de prières pour demander la guérison de la femme par l’intercession de Daniel Comboni. Le médecin catholique qui avait opéré Lubna, et les trois médecins obstétriciens coptes se rendirent eux aussi dans la chapelle de l’hôpital.
Mais, alors que tout espoir était perdu, la femme ne rendit pas le dernier soupir et passa la nuit. Le matin, les médecins s’étonnèrent fort de la trouver encore en vie. Elle ne mourut pas non plus quand, dans cette situation extrême et irréversible, on l’opéra une troisième fois. Bien au contraire. Sous les yeux stupéfaits des médecins, la femme reprit conscience et se remit en très peu de temps. Elle se remit même si vite que, quelques jours plus tard, elle sortit de l’hôpital, totalement guérie. Deux médecins musulmans examinèrent la femme et les conclusions de leur examen sont jointes aux actes du procès.
«Tout le monde disait», se rappelle sœur Bianca Garascia, la supérieure, «“comment est-il possible que cette femme qui était morte soit revenue à la vie?”. Tout le monde disait qu’il s’agissait d’un cas inexplicable et prodigieux». «Quand j’ai vu que Lubna s’était totalement rétablie», continue sœur Maria Bianca Benatelli, je lui ai dit: «Dieu t’aime bien, Comboni t’a aidée. Nous avons beaucoup prié pour toi parce que tu es la mère de cinq enfants et que personne ne peut mieux prendre soin d’eux que toi».

Avec un délicat respect

«Guérison soudaine, complète et durable, sans séquelles d’aucune sorte, scientifiquement inexplicable», a reconnu unanimement le conseil des médecins, le 11 avril 2002. Et le 6 septembre de la même année, le conseil des théologiens a reconnu à l’unanimité la guérison miraculeuse par intercession du bienheureux Daniel Comboni. Le cas exceptionnel de ce miracle arrivé à une personne de foi musulmane, s’avérerait être le seul qui ait été présenté à la Congrégation pour les Causes des Saints. Dans la publication du décret, le promoteur de la foi de la Congrégation a voulu aussi souligner «combien peut être providentiellement significatif et éloquent cet événement si extraordinaire à l’heure actuelle, heure où les rapports entre les pays islamiques et les pays occidentaux se font plus difficiles».
«Lubna et son mari cependant n’ont pas été entendus au cours de l’enquête diocésaine super asserto miro qui s’est déroulée à Khartoum, en mai 2001», explique le père Arnaldo Baritussio, postulateur de la cause. «Le tribunal n’a pas jugé bon de les appeler, soit parce que les tests techniques et la documentation relative au cas ont semblé plus que suffisants, soit parce que, comme ils sont musulmans pratiquants, on a préféré, pour des raisons de délicatesse et de prudence, éviter de les appeler. Nous savons qu’après cet événement ils sont allés en pèlerinage à la Mecque», continue le postulateur, «mais nous savons aussi qu’ils ont gardé aujourd’hui encore d’excellents rapports avec les sœurs, à l’égard desquelles ils se sont montrés très reconnaissants». Sœur Assunta Sciota, qui a travaillé pendant quarante-quatre ans au Saint Mary’s Hospital, et qui était présente durant l’hospitalisation de Lubna, confirme ce fait: «Nous sommes restés amis», dit-elle. «Lubna et son mari n’ont pas cessé depuis le début de nous remercier, avec beaucoup de reconnaissance, de ce qui était arrivé. Ce sont des musulmans pratiquants, oui, mais pas des fanatiques». «Il faut dire», continue-t-elle, «que de toute façon, à Khartoum, les rapports communs entre chrétiens et musulmans sont bons et qu’en particulier nous, les sœurs, nous sommes très respectées par les musulmans. Et le respect est réciproque. Cet hôpital existe depuis le début du XXe siècle. En quarante-quatre années de travail dans cet endroit, je n’ai jamais eu de problèmes avec eux. Et il m’ont dit souvent qu’ils préféraient notre hôpital aux leurs, parce que, dans le notre, “c’est comme être chez soi”».


Des fidèles durant une sainte messe dans la cathédrale de Khartoum, au Soudan

L’apôtre de l’Afrique arriva pour la première fois au Soudan, alors sous domination égyptienne, en 1858. Il y retourna en partant du Caire, en 1873. Remontant le Nil et traversant le désert, entre les dangers, les fièvres mortelles et les adversités climatiques, il arriva à Khartoum après un voyage qui dura presque trois mois. Il y avait avec lui les cinq premières missionnaires européennes qui mettaient le pied sur cette terre. Aucun missionnaire, jusqu’alors, n’avait osé emmener aucune sœur avec lui. Il fallut toute la force de caractère de Comboni pour l’obtenir. Il faut dire qu’il était profondément convaincu que, sans elles, il était «impensable de s’insérer au milieu de ces populations».
«Hier, le grand mufti, le chef de l’islamisme au Soudan, est venu chez moi me féliciter d’avoir conduit les sœurs à Khartoum», écrivait Comboni au cardinal préfet de Propaganda Fide, Alessandro Barnabò. «Et quant à leur incomparable présence ici, je vous dirai ce que j’ai constaté au cours de ma longue expérience. Lorsque les sœurs visitent les harems, soit pour exercer la charité, soit pour y baptiser les enfants in articulo mortis, soit aussi pour des raisons d’urbanité et pour rester en bonnes relations avec les femmes des grands, la foi catholique y gagne toujours, entre autres parce que le bon exemple et la conduite des sœurs est une leçon très éloquente pour les musulmans qui sont toujours très admiratifs à leur égard. Le respect qu’elles s’attirent et l’estime que leur vaut le bien qu’elles font sont tels», continue-t-il, «qu’elles acceptent même que l’une ou l’autre d’entre elles se convertisse. Le fait, dont je vous ai parlé, de la très solide conversion de la jeune musulmane qui, dans le saint baptême, a voulu prendre le nom de Vittoria, en est une belle preuve». Dans une autre lettre il avait donné ces informations: «Son Excellence, Ismaïl Pacha, gouverneur général, qui commande jusqu’aux sources du Nil, est venu me rendre visite pour m’offrir son amitié et tout son appui pour réaliser mes désirs concernant la mission catholique. C’est un Turc instruit, un vieux renard, un filou, mais il est extrêmement bienveillant à l’égard de la mission. Il m’a offert son bateau à vapeur pour aller sur le Nil Blanc de sorte que je puisse plus facilement aller vers le sud. Je suis actuellement au Soudan dans une heureuse situation».
Le jour de sa première messe à Khartoum, l’assistance se composait des missionnaires, des chrétiens mais aussi de beaucoup de musulmans. Ceux-ci remplissaient la chapelle, les portiques et la cour de la mission. Il avait voulu en parlant en arabe s’adresser à tous: «Je reviens parmi vous pour ne plus cesser d’être avec vous et de me consacrer entièrement pour toujours à votre plus grand bien. Soyez assurés que mon âme vous porte un amour illimité. Je commence à faire cause commune avec chacun de vous et le plus heureux de mes jours sera celui où je pourrai donner ma vie pour vous». Ce jour arriva huit ans plus tard, après que la fièvre noire et la douleur causée par la tragédie imminente de la guerre mahadiste (l’une des pires dont le Soudan se souvienne) l’eurent mortellement frappé.
Il avait écrit à ses missionnaires, devant la menace du danger: «Tout le monde dit: “Le doigt de Dieu est ici”. Je suis embarrassé et je vois qu’Il se sert toujours des faibles pour les entreprises les plus difficiles… Toute notre confiance est en Celui qui use de miséricorde. N’ayez pas peur… Lorsqu’ensuite nous serons au Paradis, alors, par nos prières incessantes nous supplierons Jésus et Marie, et nous Le prierons tant que, par amour ou par force, il sera obligé de faire des miracles».

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