par papillon » jeu. 29 déc. 2016, 7:03
Bonjour,
personnellement je crois que le prêtre, la police et l'archevêque ont probablement tous des arguments valables pour appuyer leur point de vue.
Leurs positions semblent irréconciliables, mais en fait leurs motivations sont différentes et ils ne regardent pas l'événement par la même lorgnette.
La position qui me semble la plus modérée et sensée est celle de la police.
Mais au-delà de cette anecdote, je m'interroge sur le phénomène des funérailles religieuses grandioses qu'on organise régulièrement pour les chefs ou personnages importants de la mafia ou du crime organisé en général.
Quel est le sens de ces cérémonies ?
Je suppose que tout baptisé a droit à des funérailles religieuses peu importe ce qu'a été sa vie. Comme vous l'écrivez, Cinci, "une messe de funérailles ne peut pas servir de prononcé de jugement sur la vie des gens". Je suis entièrement d'accord avec cela.
La question que je me pose n'est pas de savoir si un individu mérite ou non une cérémonie religieuse (qui sommes-nous pour en juger ?) mais plutôt quel est le but recherché par ceux (famille, clan) qui organisent ces funérailles.
S'agit-il d'offrir simplement à un chrétien des funérailles chrétiennes ou plutôt de donner un bon 'show' dont l'extravagance servira à étaler la puissance que le défunt avait (ou a encore par sa descendance ou son clan) dans le milieu criminel ? Un message au milieu, en quelque sorte.
Un 'show' où s'exhiberont les alliances et les désaveux par la présence ou l'absence de tel ou tel individu ?
Les mafieux ont des rituels et des codes de communication bien connus de la police. Ce n'est pas sans raison que les policiers observent avec attention ce qui se passe autour des salons funéraires, lors des funérailles et aussi des mariages dans ce milieu. Ils y puisent de précieuses informations.
Je ne suis pas particulièrement dévote, je ne m'en suis jamais cachée. Cependant il y a dans tout cela un cynisme qui me gêne, comme lorsque, dans le film "Le Parrain", on voit le jeune Corleone, devenu le chef du clan, faire brutalement assassiner ses opposants par ses hommes, pendant que lui-même récite des prières de foi à l'église pour le baptême de son fils.
J'ai été profondément dérangée, et j'en ai été moi-même un peu surprise, quand l'an passé, je crois, un membre en règle des "Hell's Angels" a eu chez nous des funérailles dans une église catholique. Ce n'est pas la cérémonie religieuse qui m'a dérangée, bien sûr, mais plutôt ce qui s'y est passé.
Tous les petits copains du défunt se sont présentés à l'église en arborant fièrement leurs blousons "full patch", comme on dit dans le milieu, ornés de têtes de mort et de tous les écussons attestant de leur grande criminalité, comme des médailles sur un uniforme militaire.
Comment le prêtre devait-il se sentir devant tous ces hommes qui lui lançaient au visage avec arrogance les "médailles" que leurs crimes leur avaient méritées ?
Ce prêtre était-il obligé de s'imposer cela ?
Est-on obligé par complaisance d'accepter n'importe quoi ?
Ce n'est pas seulement une question de religion mais aussi du savoir-vivre le plus élémentaire et du respect basique qu'on doit aux autres et qu'on doit aussi exiger des autres.
Je ne suis pas bouddhiste, mais je n'entrerais jamais dans un temple bouddhiste sans d'abord m'informer de la façon respectueuse de faire les choses.
Est-ce que l'Église Catholique ne peut pas exiger un minimum de respect ? J'ai souvent critiqué la sévérité excessive de cette Eglise mais j'ai parfois (souvent) l'impression qu'on est passé d'un extrême à l'autre.
Pour en revenir aux funérailles grandioses des mafieux, est-ce que l'Église ne pourrait pas tout simplement imposer une certaine sobriété pour toutes funérailles afin que celles-ci ne soient pas manipulées, instrumentalisées et détournées de leur sens véritable ?
À ce compte, j'ai bien davantage de respect pour les baptisés qui, devenus athées ou restés croyants mais ayant rompu avec l'Église, prennent soin de spécifier dans leur testament qu'ils ne désirent pas de cérémonie religieuse à leur décès.
Cela peut peut-être attrister la famille, mais c'est plus honnête.
Bonjour,
personnellement je crois que le prêtre, la police et l'archevêque ont probablement tous des arguments valables pour appuyer leur point de vue.
Leurs positions semblent irréconciliables, mais en fait leurs motivations sont différentes et ils ne regardent pas l'événement par la même lorgnette.
La position qui me semble la plus modérée et sensée est celle de la police.
Mais au-delà de cette anecdote, je m'interroge sur le phénomène des funérailles religieuses grandioses qu'on organise régulièrement pour les chefs ou personnages importants de la mafia ou du crime organisé en général.
Quel est le sens de ces cérémonies ?
Je suppose que tout baptisé a droit à des funérailles religieuses peu importe ce qu'a été sa vie. Comme vous l'écrivez, Cinci, "une messe de funérailles ne peut pas servir de prononcé de jugement sur la vie des gens". Je suis entièrement d'accord avec cela.
La question que je me pose n'est pas de savoir si un individu mérite ou non une cérémonie religieuse (qui sommes-nous pour en juger ?) mais plutôt quel est le but recherché par ceux (famille, clan) qui organisent ces funérailles.
S'agit-il d'offrir simplement à un chrétien des funérailles chrétiennes ou plutôt de donner un bon 'show' dont l'extravagance servira à étaler la puissance que le défunt avait (ou a encore par sa descendance ou son clan) dans le milieu criminel ? Un message au milieu, en quelque sorte.
Un 'show' où s'exhiberont les alliances et les désaveux par la présence ou l'absence de tel ou tel individu ?
Les mafieux ont des rituels et des codes de communication bien connus de la police. Ce n'est pas sans raison que les policiers observent avec attention ce qui se passe autour des salons funéraires, lors des funérailles et aussi des mariages dans ce milieu. Ils y puisent de précieuses informations.
Je ne suis pas particulièrement dévote, je ne m'en suis jamais cachée. Cependant il y a dans tout cela un cynisme qui me gêne, comme lorsque, dans le film "Le Parrain", on voit le jeune Corleone, devenu le chef du clan, faire brutalement assassiner ses opposants par ses hommes, pendant que lui-même récite des prières de foi à l'église pour le baptême de son fils.
J'ai été profondément dérangée, et j'en ai été moi-même un peu surprise, quand l'an passé, je crois, un membre en règle des "Hell's Angels" a eu chez nous des funérailles dans une église catholique. Ce n'est pas la cérémonie religieuse qui m'a dérangée, bien sûr, mais plutôt ce qui s'y est passé.
Tous les petits copains du défunt se sont présentés à l'église en arborant fièrement leurs blousons "full patch", comme on dit dans le milieu, ornés de têtes de mort et de tous les écussons attestant de leur grande criminalité, comme des médailles sur un uniforme militaire.
Comment le prêtre devait-il se sentir devant tous ces hommes qui lui lançaient au visage avec arrogance les "médailles" que leurs crimes leur avaient méritées ?
Ce prêtre était-il obligé de s'imposer cela ?
Est-on obligé par complaisance d'accepter n'importe quoi ?
Ce n'est pas seulement une question de religion mais aussi du savoir-vivre le plus élémentaire et du respect basique qu'on doit aux autres et qu'on doit aussi exiger des autres.
Je ne suis pas bouddhiste, mais je n'entrerais jamais dans un temple bouddhiste sans d'abord m'informer de la façon respectueuse de faire les choses.
Est-ce que l'Église Catholique ne peut pas exiger un minimum de respect ? J'ai souvent critiqué la sévérité excessive de cette Eglise mais j'ai parfois (souvent) l'impression qu'on est passé d'un extrême à l'autre.
Pour en revenir aux funérailles grandioses des mafieux, est-ce que l'Église ne pourrait pas tout simplement imposer une certaine sobriété pour toutes funérailles afin que celles-ci ne soient pas manipulées, instrumentalisées et détournées de leur sens véritable ?
À ce compte, j'ai bien davantage de respect pour les baptisés qui, devenus athées ou restés croyants mais ayant rompu avec l'Église, prennent soin de spécifier dans leur testament qu'ils ne désirent pas de cérémonie religieuse à leur décès.
Cela peut peut-être attrister la famille, mais c'est plus honnête.