par Cinci » mer. 15 févr. 2017, 8:16
Il faudra que je dépose ici quelques remarques du cardinal Balthasar et auxquels Jean Elluin peut faire allusion.
Ainsi, répondant à ses critiques qui lui envoyaient du courrier vindicatif à domicile, l'accusant de contredire la révélation chrétienne et le Magistère de l'Église, Hans Urs von Balthasar écrivait dans L'enfer une question (pp.62-63):
Or je me trouve là dans la meilleure des compagnie.
Comme je l'ai déjà prouvé naguère, il y a là mes deux maîtres, le Père Erich Przywara et le cardinal de Lubac, mon vieux maître le Père Rondet, son ami le Père Fessard, son Éminence le cardinal archevêque de Paris, le grand Maurice Blondel, Péguy le vieux socialiste qui n'accepte de se dire catholique qu'à condition de pouvoir espérer pour tous , le Claudel du célèbre Cantique de Palmyre, Gabriel Marcel, le fougueux Léon Bloy :"Aucun être humain n'est exclu de la rédemption ...Sinon il n'y aurait pas de Communion des Saints. L'exclusion d'une seule âme du concert si merveilleusement exact du monde est inconcevable ... Ce serait un danger pour l'harmonie éternelle"; il y a aussi, sans le moindre doute, le cardinal Ratzinger, Herman Joseph Lauter, Walter Kasper, Gisbert Greshake et Hans-Jürgen Verweyen [...] Guardini ne manque pas au rendez-vous, et pas davantage, last but not least, Karl Rahner, qui a écrit sur ce thème quantité de pages lumineuses. D'un mot, c'est une compagnie où l'on peut à bon droit se sentir à l'aise.
Comme toujours, les saints auront le dernier mot dans cette histoire. Qu'importe qu'ils croient ou non qu'en enfer se trouvent des hommes; l'idée d'une telle possibilité leur est insupportable :
"Quand nous voyons quelqu'un et surtout une personne amie au milieu de grandes épreuves et de grandes douleurs, il semble que nous sommes naturellement touchés de compassion; et si ses souffrances sont intenses, nous le ressentons très vivement. Mais la vue d'une âme condamnée pour l'éternité au supplice des supplices, qui donc la pourrait souffrir? "(Thérèse d'Avila)
ensuite :
Il vaut mieux suivre Catherine de Sienne, proclamée docteur de l'Église, quand elle avoue à son confesseur, le bienheureux Raymond de Capoue :
"Si j'étais totalement enflammée du feu de l'amour divin, ne prierais-je pas d'un coeur ardent mon Créateur, lui, le véritablement Miséricordieux, de faire miséricorde à tous mes frères?"
Elle parlait d'une voix douce à son Époux, raconte Raymond et elle lui disait :
"Comment supporterais-je, Seigneur, qu'un seul de ceux que tu as fait comme moi , à ton image et à ta ressemblance, aille se perdre et s'échappe de tes mains? Non, en aucun cas je ne veux qu'un seul se perde de ceux qui me sont unis par une identique naissance pour la nature et pour la grâce. Je veux que tous ils soient arrachés à l'antique Ennemi, que tu les prennes tous pour l'honneur et pour la plus grande gloire de Ton Nom".
Comme elle le confesse secrètement à Raymond, le Seigneur lui répondit : "L'amour ne saurait demeurer en enfer, il détruirait l'enfer de fond en comble; on le supprimerait plus facilement qu'on ne laisserait subsister l'amour en lui".
"Si seulement ta vérité et ta justice se révélaient, répliqua alors la sainte, je désirais tant qu'il n'y ait plus d'enfer ou du moins que nulle âme n'y descende. Si je pouvais demeurer unie à Toi tout en me tenant à l'entrée de l'enfer pour en empêcher l'accès au point que personne ne puisse plus y entrer, ce serait la plus grande des joies, car ainsi tous ceux que j'aime seraient sauvés."
[...]
Il y a les cas où le saint voit une foule d'hommes aspirés en enfer (comme des flocons de neige, comme des feuilles mortes qui tombent), et se jette au vu de cette "direction enfer" dans la brèche. Il y a d'autres cas où une expérience personnelle de l'enfer est donnée sans que l'on voie les damnés; c'est là une grâce de Dieu (donnée par exemple à Jean de la Croix et Thérèse d'Avila), grâce qui éveille un désir de substitution :
"... d'où les puissantes aspiration à aider les âmes, au point qu'il me semble qu'en vérité j'aimerais souffrir avec la joie la plus vive mille morts pour que même une seule âme échappe ainsi à un châtiment si effrayant" (Thérèse d'Avila).
Même dans les cas où ce ne sont pas uniquement des images de l'enfer qui se présentent (ce qui est à mon avis le cas de la vision de l'enfer chez les enfants de Fatima) , quand certains élus ont eu la certitude subjective qu'un certain nombre d'hommes est déjà perdu, prédomine pourtant chez eux (et c'est le but de la révélation) le désir de s'opposer à ce qui apparaît, de le rendre pour ainsi dire caduc; ils sont très loin de l'idée qu'au vu de la perdition contemplée par eux, il n'y aurait plus rien à faire.
Il faudra que je dépose ici quelques remarques du cardinal Balthasar et auxquels Jean Elluin peut faire allusion.
Ainsi, répondant à ses critiques qui lui envoyaient du courrier vindicatif à domicile, l'accusant de contredire la révélation chrétienne et le Magistère de l'Église, [color=#0000FF]Hans Urs von Balthasar[/color] écrivait dans [i]L'enfer une question[/i] (pp.62-63):
[color=#0000FF]Or je me trouve là dans la meilleure des compagnie.
Comme je l'ai déjà prouvé naguère, il y a là mes deux maîtres, le Père Erich Przywara et le cardinal de Lubac, mon vieux maître le Père Rondet, son ami le Père Fessard, son Éminence le cardinal archevêque de Paris, le grand Maurice Blondel, Péguy le vieux socialiste qui n'accepte de se dire catholique qu'à condition de pouvoir espérer pour tous , le Claudel du célèbre [i]Cantique de Palmyre[/i], Gabriel Marcel, le fougueux Léon Bloy :"Aucun être humain n'est exclu de la rédemption ...Sinon il n'y aurait pas de Communion des Saints. L'exclusion d'une seule âme du concert si merveilleusement exact du monde est inconcevable ... Ce serait un danger pour l'harmonie éternelle"; il y a aussi, sans le moindre doute, le cardinal Ratzinger, Herman Joseph Lauter, Walter Kasper, Gisbert Greshake et Hans-Jürgen Verweyen [...] Guardini ne manque pas au rendez-vous, et pas davantage, [i]last but not least[/i], Karl Rahner, qui a écrit sur ce thème quantité de pages lumineuses. D'un mot, c'est une compagnie où l'on peut à bon droit se sentir à l'aise.
Comme toujours, les saints auront le dernier mot dans cette histoire. Qu'importe qu'ils croient ou non qu'en enfer se trouvent des hommes; l'idée d'une telle possibilité leur est insupportable :
"[i]Quand nous voyons quelqu'un et surtout une personne amie au milieu de grandes épreuves et de grandes douleurs, il semble que nous sommes naturellement touchés de compassion; et si ses souffrances sont intenses, nous le ressentons très vivement. Mais la vue d'une âme condamnée pour l'éternité au supplice des supplices, qui donc la pourrait souffrir?[/i] "([b]Thérèse d'Avila[/b]) [/color]
ensuite :
[color=#0000FF]Il vaut mieux suivre [b]Catherine de Sienne[/b], proclamée docteur de l'Église, quand elle avoue à son confesseur, le bienheureux Raymond de Capoue :
"[i]Si j'étais totalement enflammée du feu de l'amour divin, ne prierais-je pas d'un coeur ardent mon Créateur, lui, le véritablement Miséricordieux, de faire miséricorde à tous mes frères?[/i]"
Elle parlait d'une voix douce à son Époux, raconte Raymond et elle lui disait :
"[i]Comment supporterais-je, Seigneur, qu'un seul de ceux que tu as fait comme moi , à ton image et à ta ressemblance, aille se perdre et s'échappe de tes mains? Non, en aucun cas je ne veux qu'un seul se perde de ceux qui me sont unis par une identique naissance pour la nature et pour la grâce. Je veux que tous ils soient arrachés à l'antique Ennemi, que tu les prennes tous pour l'honneur et pour la plus grande gloire de Ton Nom".[/i]
Comme elle le confesse secrètement à Raymond, le Seigneur lui répondit : "L'amour ne saurait demeurer en enfer, il détruirait l'enfer de fond en comble; on le supprimerait plus facilement qu'on ne laisserait subsister l'amour en lui".
"[i]Si seulement ta vérité et ta justice se révélaient, répliqua alors la sainte, je désirais tant qu'il n'y ait plus d'enfer ou du moins que nulle âme n'y descende. Si je pouvais demeurer unie à Toi tout en me tenant à l'entrée de l'enfer pour en empêcher l'accès au point que personne ne puisse plus y entrer, ce serait la plus grande des joies, car ainsi tous ceux que j'aime seraient sauvés.[/i]"
[...]
Il y a les cas où le saint voit une foule d'hommes [i]aspirés[/i] en enfer (comme des flocons de neige, comme des feuilles mortes qui tombent), et se jette au vu de cette "direction enfer" dans la brèche. Il y a d'autres cas où une expérience personnelle de l'enfer est donnée sans que l'on voie les damnés; c'est là une grâce de Dieu (donnée par exemple à Jean de la Croix et Thérèse d'Avila), grâce qui éveille un désir de substitution :
"... [i]d'où les puissantes aspiration à aider les âmes, au point qu'il me semble qu'en vérité j'aimerais souffrir avec la joie la plus vive mille morts pour que même une seule âme échappe ainsi à un châtiment si effrayant[/i]" ([b]Thérèse d'Avila[/b]).
Même dans les cas où ce ne sont pas uniquement des images de l'enfer qui se présentent (ce qui est à mon avis le cas de la vision de l'enfer chez les enfants de Fatima) , quand certains élus ont eu la certitude subjective qu'un certain nombre d'hommes est déjà perdu, prédomine pourtant chez eux (et c'est le but de la révélation) le désir de s'opposer à ce qui apparaît, de le rendre pour ainsi dire caduc; ils sont très loin de l'idée qu'au vu de la perdition contemplée par eux, il n'y aurait plus rien à faire. [/color]