Message par Cinci » ven. 31 août 2012, 1:22
D'après un auteur, l'épisode se comprendrait surtout d'un moment où le drame va se jouer, entre le rejet de Jésus par la classe des prêtres qui contrôle le Temple et le rejet de ces derniers par Jésus lui-même.
La malédiction du figuier stérile
(Mc 11-21, Mtt 21,18-20)
Si la pièce de monnaie dans la bouche du poisson est le plus curieux miracle des évangiles qui ne soit pas raconté, la malédiction du figuier stérile pourrait bien être le plus curieux qui soit raconté. Ce récit se retrouve dans Marc en deux parties : Jésus maudit le figuier stérile (11, 12-14), puis procède à la purification du Temple (11,15-19), et, le lendemain au matin, Jésus et ses disciples voient que le figuier est complètement désséché (11, 20-21) [....]
... comme il sortaient de Béthanie, Jésus eut faim. Voyant de loin un figuier qui avait des feuilles, il vint voir s'il pourrait y trouver quelque chose. Et venant auprès de lui, il n'y trouva que des feuilles. Marc ajoute ici de façon mystérieuse : car ce n'était pas le temps des figues. Jésus réagit en disant à l'arbre : «Que jamais plus personne ne mange de tes fruits !» Marc conclut le péricope en observant que ses disciples entendaient Jésus prononcer cette malédiction , et cela prépare le souvenir que Pierre gardera du figuier le lendemain (dans la seconde moitié du récit, v.20-21)
La purification du Temple (11, 15-19) : elle constitue le péricope centrale du chapitre 11. Jésus vint de nouveau à Jérusalem. Entrant dans le Temple, il se met à chasser ceux qui vendent et achètent dans le Temple. Pour se justifier, il cite Is 56,7 et Jr 7,11 : «Ma maison sera appelée une maison de prière pour toute les nations. Mais vous, vous en avez fait un repaire de brigands.» Marc fait remarquer que les grands prêtres et les scribes entendirent Jésus prononcer cette critique prophétique du Temple, et cela prépare la mise en cause de l'autorité de Jésus le lendemain, dans la dernière péricope du chapitre 11(v.27-33). De nouveau, le soir venu, Jésus et ses disciples sortirent de la ville.
Comme l'ont bien vu un certain nombre de commentateurs, dans l'optique rédactionnelle de Marc cette péricope centrale des versets 15-19 n'est pas une purification du Temple dans le sens d'une exigence de réforme ou d'assainissement du culte. Elle fonctionne plutôt, au moins dans la théologie de Marc, comme une prophétie en acte, destinée à symboliser le rejet et la destruction du Temple, que Jésus annoncera directement lorsqu'il quittera le Temple pour la dernière fois, en 13, 2 : «Il n'en restera pas pierre sur pierre qui ne soit jeté bas.»
La découverte du déssèchement du figuier (11, 20-25) : il est clair que cette quatrième péricope est le prolongement de la seconde (12-14). En passant tôt le matin, on peut supposer le lendemain, Jésus et ses disciples voient le figuier désséché jusqu'aux racines. Autrement dit, du jour au lendemain, le figuier maudit par Jésus a complètement dépéri. Se souvenant de ce que Jésus avait dit la veille, Pierre lui fait remarquer : «Rabbi, regarde : le figuier que tu as maudit est désséché.» Le lecteur pourrait s'attendre [...] à ce que Jésus parle du figuier comme symbole de la stérilité du Temple et du rejet dont il sera l'objet, condamné à être détruit. Mais, au lieu de cela, Jésus répond (v.22-25) par un enseignement sur la foi et le pardon mutuel, comme conditions pour que la prière, même la prière pour l'impossible, soit infailliblement exaucée par Dieu.
La remise en cause de l'autorité de Jésus (v.27-33) : de nouveau Jésus vint à Jérusalem. Dans le Temple, les chefs des prêtres, des scribes et des anciens (selon la composition du Sanhédrin qui le condamnera à mort en 14, 53-65) viennent à lui et exigent qu'il leur dise de quelle autorité il fait «ces choses». Étant donné que Jésus n'a rien fait dans le Temple depuis qu'il a chassé les acheteurs et les vendeurs et qu'il a cité les paroles des prophètes critiquant le Temple, ce que les membres du Sanhédrin doivent mettre en cause c'est son action prophétique de la veille. Jésus leur réplique en démasquant astucieusement l'illégitimité de leur autorité d'enseignement; il leur demande si l'autorité de Jean le baptiste était d'origine divine ou humaine. Lorsque ces politiciens religieux réalisent que toute réponse quelle qu'elle soit leur serait préjudiciable, ils refusent d'émettre une opinion sur l'un des personnages les plus importants de leur temps. Ayant mis à jour le vide de leur autorité, dont ils ne peuvent ou ne veulent faire usage en face d'une question franche et directe, Jésus leur fait connaître son rejet de l'autorité à laquelle ils prétendent : il refuse de répondre à leur question sur sa propre autorité. Puis, au début du chapitre 12 («Et il se mit à leur parler en paraboles»), Jésus passe à l'offensive avec la sombre parabole des mauvais fermiers de la vigne, une parabole dans laquelle les autorités se reconnaissent visées.
Source : John Paul Meier, Un certain juif Jésus, tome II (La parole et les gestes), p.649
D'après un auteur, l'épisode se comprendrait surtout d'un moment où le drame va se jouer, entre le rejet de Jésus par la classe des prêtres qui contrôle le Temple et le rejet de ces derniers par Jésus lui-même.
[list][color=#004080]
[b]La malédiction du figuier stérile[/b]
(Mc 11-21, Mtt 21,18-20)
Si la pièce de monnaie dans la bouche du poisson est le plus curieux miracle des évangiles qui ne soit [i]pas[/i] raconté, la malédiction du figuier stérile pourrait bien être le plus curieux qui soit raconté. Ce récit se retrouve dans Marc en deux parties : Jésus maudit le figuier stérile (11, 12-14), puis procède à la purification du Temple (11,15-19), et, le lendemain au matin, Jésus et ses disciples voient que le figuier est complètement désséché (11, 20-21) [....]
... comme il sortaient de Béthanie, Jésus eut faim. Voyant de loin un figuier qui avait des feuilles, il vint voir s'il pourrait y trouver quelque chose. Et venant auprès de lui, il n'y trouva que des feuilles. Marc ajoute ici de façon mystérieuse : [i]car ce n'était pas le temps des figues[/i]. Jésus réagit en disant à l'arbre : «Que jamais plus personne ne mange de tes fruits !» Marc conclut le péricope en observant que ses disciples entendaient Jésus prononcer cette malédiction , et cela prépare le souvenir que Pierre gardera du figuier le lendemain (dans la seconde moitié du récit, v.20-21)
La purification du Temple (11, 15-19) : elle constitue le péricope centrale du chapitre 11. Jésus vint de nouveau à Jérusalem. Entrant dans le Temple, il se met à chasser ceux qui vendent et achètent dans le Temple. Pour se justifier, il cite Is 56,7 et Jr 7,11 : «Ma maison sera appelée une maison de prière pour toute les nations. Mais vous, vous en avez fait un repaire de brigands.» Marc fait remarquer que les grands prêtres et les scribes entendirent Jésus prononcer cette critique prophétique du Temple, et cela prépare la mise en cause de l'autorité de Jésus le lendemain, dans la dernière péricope du chapitre 11(v.27-33). De nouveau, le soir venu, Jésus et ses disciples sortirent de la ville.
Comme l'ont bien vu un certain nombre de commentateurs, dans l'optique rédactionnelle de Marc cette péricope centrale des versets 15-19 n'est pas une purification du Temple dans le sens d'une exigence de réforme ou d'assainissement du culte. Elle fonctionne plutôt, au moins dans la théologie de Marc, comme [b]une prophétie en acte[/b], destinée à symboliser le rejet et la destruction du Temple, que Jésus annoncera directement lorsqu'il quittera le Temple pour la dernière fois, en 13, 2 : «Il n'en restera pas pierre sur pierre qui ne soit jeté bas.»
La découverte du déssèchement du figuier (11, 20-25) : il est clair que cette quatrième péricope est le prolongement de la seconde (12-14). En passant tôt le matin, on peut supposer le lendemain, Jésus et ses disciples voient le figuier désséché jusqu'aux racines. Autrement dit, du jour au lendemain, le figuier maudit par Jésus a complètement dépéri. Se souvenant de ce que Jésus avait dit la veille, Pierre lui fait remarquer : [b]«Rabbi, regarde : le figuier que tu as maudit est désséché.»[/b] Le lecteur pourrait s'attendre [...] à ce que Jésus parle du figuier comme symbole de la stérilité du Temple et du rejet dont il sera l'objet, condamné à être détruit. Mais, au lieu de cela, Jésus répond (v.22-25) par un enseignement sur la foi et le pardon mutuel, comme conditions pour que la prière, même la prière pour l'impossible, soit infailliblement exaucée par Dieu.
[b]La remise en cause de l'autorité de Jésus[/b] (v.27-33) : de nouveau Jésus vint à Jérusalem. Dans le Temple, les chefs des prêtres, des scribes et des anciens (selon la composition du Sanhédrin qui le condamnera à mort en 14, 53-65) viennent à lui et exigent qu'il leur dise de quelle autorité il fait «ces choses». Étant donné que Jésus n'a rien fait dans le Temple depuis qu'il a chassé les acheteurs et les vendeurs et qu'il a cité les paroles des prophètes critiquant le Temple, ce que les membres du Sanhédrin doivent mettre en cause c'est son action prophétique de la veille. Jésus leur réplique en démasquant astucieusement l'illégitimité de leur autorité d'enseignement; il leur demande si l'autorité de Jean le baptiste était d'origine divine ou humaine. Lorsque ces politiciens religieux réalisent que toute réponse quelle qu'elle soit leur serait préjudiciable, ils refusent d'émettre une opinion sur l'un des personnages les plus importants de leur temps. Ayant mis à jour le vide de leur autorité, dont ils ne peuvent ou ne veulent faire usage en face d'une question franche et directe, Jésus leur fait connaître son rejet de l'autorité à laquelle ils prétendent : il refuse de répondre à leur question sur sa propre autorité. Puis, au début du chapitre 12 («Et il se mit à leur parler en paraboles»), Jésus passe à l'offensive avec la sombre parabole des mauvais fermiers de la vigne, une parabole dans laquelle les autorités se reconnaissent visées.
Source : John Paul Meier, [u]Un certain juif Jésus[/u], tome II (La parole et les gestes), p.649
[/color][/list]