par Cinci » ven. 24 nov. 2017, 17:18
Pour mettre le texte de Guénon en perspective.
Peut-être ...
Philippe Bouvier
"Les textes sacrés m'ont appris plus que les textes psychanalytiques"
Philippe Bouvier, psychiatre et psychanalyste,
est le vice-président de l'Association Assistance
médicale toit du monde.
- Est-il possible d'être psychanalyste sans se revendiquer d'une école?
Jusqu'au début des années 1980, non, mais ma génération est celle qui a commencé à se démarquer des idéologies. Personnellement, je ne suis plus référencé à aucune école.
-Quel rôle joue la théorie freudienne ou lacanienne dans votre clinique?
Les écrits de Freud restent une base de référence, mais j'ai plus appris sur la psyché humaine avec mes patients, en pratiquant la méditation ou en lisant des écrits spirituels, que dans les textes psychanalytiques. Ce que je trouve dans Lacan, "l'irruption", le questionnement qui permet de lever ce qu'il y a entre les mots, tout cela est déjà dans le bouddhisme zen.
-Vous êtes aujourd'hui juif pratiquant, après avoir été très proche du bouddhisme. La spiritualité joue-t-elle un rôle dans votre pratique psychana;ytique?
La psychanalyse, pour moi, est complètement liée à l'homme. Que ce soit Freud, Jung ou Lacan, tous se sont servis de ce qu'ils étaient pour affirmer ce qu'ils ont pu dire. Je ne peux donc vous parler de psychanalyse qu'en évoquant mon parcours. Quand je l'ai découverte à la fin de mes études de médecine, j'étais athée et plutôt marxiste. Si l'analyse m'a permis de me libérer de certaines de mes inquiétudes, elle m'a aussi ouvert à des interrogations nouvelles, d'ordre métaphysique, que la psychanalyse ne m'a évidemment pas aidé à résoudre.
Le bouddhisme m'a conforté dans la conviction qu'il existait une intelligence supérieure. La méditation m'a permis de travailler le psychisme différemment. Cela a profondément modifié ma façon de concevoir la psychanalyse. Puis, j'ai évolué et me suis converti au judaïsme orthodoxe.
-Un retour aux sources?
D'une certaine manière, oui, non seulement parce que ma famille a des origines juives, mais surtout parce que la psychanalyse est issue du judaïsme, même si Freud était athée. Il y a dans l'herméneutique de la Torah ou du Talmud, les livres sacrés du judaïsme, comme dans la psychanalyse, une recherche effrénée de sens face à laquelle rien ne résiste : le talmudiste va s'interroger sur le sens d'un mot, d'une répétition, d'une incohérence apparente ... Comme l'analyste, il traque le dysfonctionnement pour essayer de faire surgir la dissonance, le symptôme. Pour moi, la somme de réflexions humaines contenues dans le Talmud est plus riche que les textes de clinique psychanalytique.
- Vous venez de créer une association où se rencontrent des rabbins, des penseurs du judaïsme et des thérapeutes. Voulez-vous, comme Françoise Dolto, offrir une lecture psy des textes sacrés?
Surtout pas. Ce qui m'intéresse, c'est de voir comment ils peuvent nourrir la pensée et la pratique psychanalytiques. C'est de développer un courant de pensée qui permettrait de promouvoir la pensée juive dans la psychanalyse et ce, au bénéfice de la clinique et des patients. Ce qui m'intéresse, c'est d'approfondir l'âme humaine et de mettre en débat cette connaissance du judaïsme avec les acteurs qui côtoient la souffrance humaine au quotidien et partagent ce même besoin de questionner pour faire éclore le sens le plus profond.
Source : Catherine Golliau,"Une interview avec Philippe Bouvier : les textes sacrés m'ont plus appris que les textes psychanalytiques" dans La psychanalyse après Freud. Les textes fondamentaux, Le Point. Référence, septembre-octobre 2013, p. 65
Pour mettre le texte de Guénon en perspective.
[i]Peut-être ...
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[color=#0040BF]Philippe Bouvier
"Les textes sacrés m'ont appris plus que les textes psychanalytiques"
[size=85]Philippe Bouvier, psychiatre et psychanalyste,
est le vice-président de l'Association Assistance
médicale toit du monde.[/size]
[b]- Est-il possible d'être psychanalyste sans se revendiquer d'une école?
[/b]Jusqu'au début des années 1980, non, mais ma génération est celle qui a commencé à se démarquer des idéologies. Personnellement, je ne suis plus référencé à aucune école.
[b]-Quel rôle joue la théorie freudienne ou lacanienne dans votre clinique?
[/b]Les écrits de Freud restent une base de référence, mais j'ai plus appris sur la psyché humaine avec mes patients, en pratiquant la méditation ou en lisant des écrits spirituels, que dans les textes psychanalytiques. Ce que je trouve dans Lacan, "l'irruption", le questionnement qui permet de lever ce qu'il y a entre les mots, tout cela est déjà dans le bouddhisme zen.
[b]-Vous êtes aujourd'hui juif pratiquant, après avoir été très proche du bouddhisme. La spiritualité joue-t-elle un rôle dans votre pratique psychana;ytique?
[/b]La psychanalyse, pour moi, est complètement liée à l'homme. Que ce soit Freud, Jung ou Lacan, tous se sont servis de ce qu'ils étaient pour affirmer ce qu'ils ont pu dire. Je ne peux donc vous parler de psychanalyse qu'en évoquant mon parcours. Quand je l'ai découverte à la fin de mes études de médecine, j'étais athée et plutôt marxiste. Si l'analyse m'a permis de me libérer de certaines de mes inquiétudes, elle m'a aussi ouvert à des interrogations nouvelles, d'ordre métaphysique, que la psychanalyse ne m'a évidemment pas aidé à résoudre.
Le bouddhisme m'a conforté dans la conviction qu'il existait une intelligence supérieure. La méditation m'a permis de travailler le psychisme différemment. Cela a profondément modifié ma façon de concevoir la psychanalyse. Puis, j'ai évolué et me suis converti au judaïsme orthodoxe.
[b]-Un retour aux sources?
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D'une certaine manière, oui, non seulement parce que ma famille a des origines juives, mais surtout parce que la psychanalyse est issue du judaïsme, même si Freud était athée. Il y a dans l'herméneutique de la Torah ou du Talmud, les livres sacrés du judaïsme, comme dans la psychanalyse, une recherche effrénée de sens face à laquelle rien ne résiste : le talmudiste va s'interroger sur le sens d'un mot, d'une répétition, d'une incohérence apparente ... Comme l'analyste, il traque le dysfonctionnement pour essayer de faire surgir la dissonance, le symptôme. Pour moi, la somme de réflexions humaines contenues dans le Talmud est plus riche que les textes de clinique psychanalytique.
[b]- Vous venez de créer une association où se rencontrent des rabbins, des penseurs du judaïsme et des thérapeutes. Voulez-vous, comme Françoise Dolto, offrir une lecture psy des textes sacrés?
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Surtout pas. Ce qui m'intéresse, c'est de voir comment ils peuvent nourrir la pensée et la pratique psychanalytiques. C'est de développer un courant de pensée qui permettrait de promouvoir la pensée juive dans la psychanalyse et ce, au bénéfice de la clinique et des patients. Ce qui m'intéresse, c'est d'approfondir l'âme humaine et de mettre en débat cette connaissance du judaïsme avec les acteurs qui côtoient la souffrance humaine au quotidien et partagent ce même besoin de questionner pour faire éclore le sens le plus profond.
Source : Catherine Golliau,"Une interview avec Philippe Bouvier : les textes sacrés m'ont plus appris que les textes psychanalytiques" [i]dans[/i] [u]La psychanalyse après Freud. Les textes fondamentaux[/u], [i]Le Point. Référence[/i], septembre-octobre 2013, p. 65 [/color]